Le 31 mai, Emmanuel Macron, en visite à l’hôpital de Cherbourg, annonce la création d’une «mission flash» sur l’état des urgences. L’objectif est de trouver des réponses rapides face à la pénurie de médecins, d’infirmiers, d’aides-soignants ou de lits qui touchent au moins 120 hôpitaux en France.

Aucun territoire n’est épargné, avec au moins 60 départements touchés. L’hôpital de Cherbourg a déjà mis en place un système de filtrage aux urgences par le Samu (concrètement, il faut appeler le 15 pour pouvoir, ou non, accéder aux urgences).A Alençon, cet été, l’hôpital fermera des lits pour permettre à ses salariés de partir en congé.Il manque entre quarante et soixante soignants selon la direction et les syndicats, notamment des aides-soignantes, des infirmières et des sages-femmes.A Caen, Cherbourg,Saint-Lô, Aulnay-Bayeux, Avranches-Granville, Lisieux, Le Havre, on manque de personnel et des fermetures de services sont envisagées (voir la carte des urgences en difficultés publiée par Mediapart).

Soigner d’abord et pas dans une logique comptable

Les syndicats des soignants avaient tiré la sonnette d’alarme bien avant la crise sanitaire liée au Covid-19: manque de personnel, fermeture de lits et de structures. Ilsréclament des investissements massifs, pour soigner d’abord et pas dans une logique comptable.«En dix ans, on a fermé une centaine de lits à l’hôpital psychiatrique de Caen, dénonce un membre du syndicat CGT de l’EPSM (Établissement public de santé mentale) de Caen.Pour diminuer la masse salariale, la réponse de l’administration a été d’anticiper une baisse de l’offre: «Vous êtes assez nombreux, c’est un problème d’organisation, nous disait-on. Il faut rationaliser».C’est ce que disait encore l’ancienministre de la santé, Olivier Véran, en mai dernier. «En réalité, on n’a jamais cessé de se réorganiser. Le problème n’est pas là: on fonctionne, même en temps normal, en service minimum. Cet été, on ne fermera pas de services : les salariés prendront moins de vacances.»

Illustration Marine Duchet (mars 2020)

Adama, jeune migrant de 20 ans, doit retourner au Mali pour faire sa demande de séjour en France, où il vit pourtant depuis trois ans. Il a décroché son CAP boucher et son employeur rouennais l’a recruté en CDI. Ce dernier lance une pétition pour éviter l’expulsion. D’autres histoires de migrants apprentis sur Grand Format.

Julie et Sandrine Leclerc se battent depuis 20 ans pour connaitre la vérité sur l’attentat de Karachi qui a coûté la vie à 12 employés des constructions navales de Cherbourg, dont leur père, le 8 mai 2002. Un procès en appel aura lieu en 2023 sur le volet financier de l’affaire (commissions occultes).

Baptiste Antignani a 17 ans lorsqu’il découvre Auschwitz lors d’un voyage scolaire. Là-bas, à sa grande surprise, il ne ressent rien. Alors, il part à la rencontre de Denise Holstein, survivante de ce camp de la mort, scolarisée dans le même lycée rouennais que lui avant d’être déportée. Il en a fait un documentaire:«Une vie nous sépare».

Anne, Lucile, Philippine et Chloésont les coordinatrices du groupe local Oxfam de Caen qui s’est officiellement lancé le 19 mai dernier. Oxfam est une organisation internationale de développement contre la pauvreté. Plus d’infos ici.

L’ONG Agir pour l’environnement a décortiqué les votes des député.e.s de la dernière mandature sur des amendements«pouvant avoir un impact écologique fort». Interdiction des perturbateurs endocriniens dans les cantines, interdiction du glyphosate, indemnisation des victimes de l’utilisation de produits phytosanitaires, moratoire sur la création de surfaces commerciales en cas d’artificialisation des sols…A partir de l’analyse des scrutins, dont une bonne partie des élus sont absents, l’ONG en tire un classement des bons et des moins bons élèves. En Normandie, le député de la Manche et ancien ministre de l’agriculture Stéphane Travert (LREM/Manche) est un des moins bien classés (en 594e position). A l’inverse, les députées Laurence Dumont (PS/Calvados) et Chantal Jourdan (PS/Orne) arrivent parmi les meilleurs élèves (69^eet 34^e).Découvrez ici les votes de votre député.e.

Dans la quatrième circonscription de la Seine-Maritime, l’ancien bastion de Laurent Fabius, le socialiste Djoudé Mérabet, maire d’Elbeuf, a maintenu sa candidature face à la Parisienne Alma Dufour, investie officiellement par la Nupes. Sur la circonscription de Lisieux-Falaise, la député sortante Clotilde Valter, ex-ministre de Hollande, a renoncé à une candidature dissidente au vu des scores de l’extrême droite à la présidentielle dans la circonscription (50% au second tour). Comme Bernard Cazeneuve, elle avait quitté le PS après l’accord conclu avec LFI.

Une écrasante majorité des députés sortants briguent leur propre succession. Alain Tourret (LREM) et Laurence Dumont (PS) font exception dans le Calvados, où ils ont décidé de passer la main. Cette dernière est suppléante de son jeune poulain, Arthur Delaporte, sur la deuxième circonscription du Calvados où Mélenchon est arrivé en tête lors du premier tour de la présidentielle. Députée depuis 1997 (réélue en 2017 face au très médiatique juge Eric Halphen, tête d’affiche de LREM), première vice-présidente de l’Assemblée de 2011 à 2017, membre de la commission des affaires étrangères, Laurence Dumont est classée parmi les députés les plus actives au parlement (selon l’observatoire citoyen de l’activité parlementaire). C’est loin d’être le cas pour Alain Tourret, qui lors de son 3^e et dernier mandat, cumule 127 semaines d’activité sur 196 semaines d’exercice.

Le 26 mai, Xavier Brunschvicg, candidat du parti radical de gauche dans le Bessin et la Côte de Nacre, a fait en 12 heures le tour de sa circonscription à vélo, soit 200 km pour rencontrer ses électeurs. En 2012, la future députée Isabelle Attard avait fait de l’auto-stop dans cette circonscription.Sur ses documents de campagne, le sportif de 48 ans, habitant de Lion-sur-mer mais élu à Saint-Cloud, affiche ses exploits: marathon, ironman, triathlons extrêmes. Et la boxe. Mais sur le ring des législatives, il n’a pas remporté l’investiture de la gauche. En février, il a été exclu du PS après avoir déposé plainte en diffamation contre Sandrine Rousseau qui l’accuse de violences sexistes. Dans ses vœux 2022, en maillot de bain, il promettait «d’enlever le bas» s’il est élu député. Ancien communicant de l’industrie du médicament et de la cigarette, il est aujourd’hui consultant en communication «corporate et stratégies d’opinion», actif sur son site et sa chaine youtube Clashman Corp.

Candidat de la Nupes, Noé Gauchard, 22 ans, militant de Youth For Climate est opposé à la nouvelle Première ministre, Élisabeth Borne, dans la circonscription de Vire.Né dans cette ville, petit fils d’agriculteur, le jeune diplômé de Sciences Po Paris joue la carte du local, mais le potentiel de la gauche dans la circonscription n’arrive qu’en troisième position (27 %), à quatre points de l’extrême-droite, et à plus de dix points du centre-droit.

Sur Caen 1, la conseillère municipale et conseillère départementale écologiste Alexandra Beljoudi a été écartée des élections par l’accord conclu au niveau national entre EELV et LFI sous la bannière commune de la Nupes. Une décision que regrettent le parti écologiste et Génération.s (le parti de Benoit Hamon). En Seine-Maritime, la candidature écartée de Laura Slimani sur la première circonscription de Rouen est également pointée.

Adjointe au maire de Caen, Sophie Simonnet (Les Centristes) part en campagne avec Myriam Letellier, maire adjointe de Thue et Mue (LR) sur la première circonscription du Calvados. Un tandem 100% féminin unique dans le département. Elles affronteront notamment le député sortant Fabrice Le Vigoureux (LREM) qui avait rassemblé 65% des voix lors du précédent scrutin.

Le cas de la députée Renaissance (anciennement La République en marche) Sira Sylla a agité la majorité présidentielle jusqu’au dernier moment. La quadragénaire a finalement été à nouveau investie aux législatives dans la 4^ecirconscription de Seine-Maritime, en dépit des accusations de harcèlement moral formulées à son encontre par plusieurs anciens assistants parlementaires et de ses démêlés judiciaires de même nature toujours en cours devant les prud’hommes.

Le prince Amaury de Bourbon-Parme, descendant des Capétiens, se présente aux élections législatives dans la deuxième circonscription de l’Orne, sous l’étiquette du parti Reconquête! d’Eric Zemmour. Le prince Amaury de Bourbon-Parme est l’arrière-arrière-arrière-petit fils de Robert 1e de Parme, le dernier souverain du duché de Parme et de Plaisance, lui-même descendant de Philippe V d’Espagne, le petit-fils de Louis XIV qui fut le premier Bourbon à régner sur l’Espagne.

Suite à un projet autour de la charge mentale, des habitantes du quartier du Chemin Vert, au Nord-Ouest de Caen, sont en train de créer un collectif. Elles ont partagé leur difficulté de parler du poids des tâches quotidiennes, encore trop attribuées aux femmes.

Faire face à des démarches administratives de plus en plus dématérialisées, des demandes de logement sans réponse et puis penser à tout, tout le temps, pour le bon fonctionnement d’un foyer. Lorsque Chafiaa, salariée du centre socioculturel de la Caisse d’allocation familiale du Chemin Vert à Caen lance son projet dans le cadre d’une formation, elle n’en imagine pas la portée. Pendant plusieurs semaines, elle a mené des entretiens filmés avec une dizaine de femmes rencontrées à la halte garderie du quartier ou aux cours de français du centre socioculturel. A travers ces rencontres, elle s’est rendue compte des problématiques qui lient ces femmes, souvent mères de famille, parfois vivant seules.
Chafiaa décide d’aller plus loin. Elle veut mettre un mot sur ces maux: la charge mentale. Elle va donner rendez-vous tous les jeudis matins à ces femmes, âgées de 18 à 77 ans, pour enquêter et échanger sur les habitudes de chacune. Chafiaa expliqueque «très vite elles ont pris conscience du retour des enquêtes que je menais» grâce aux bienfaits de ces partages de vie. Elles ne sont plus seules. Puis elles sont devenues des «enquêtrices» à leur tour en allant à la rencontre d’autres femmes du Chemin Vert. Chafiaa a alors multiplié les recueils de témoignages.

«On a l’impression qu’il faut être parfaite dans tous les domaines»

Parmi ces femmes, Karina devenue mère à 19 ans. Elle s’est vue confrontée très jeune et seule à cette charge mentale qui la tient au quotidien. «Je ne peux pas me louper, parce que la société et l’administration, elles, ne vont pas me louper», raconte-t-elle. Une échéance administrative dépassée et c’est la sanction. Manon, 26 ans, va même jusqu’à utiliser le mot de «sacrifice» lorsqu’elle a dû renoncer au chemin des études à 19 ans pour ses enfants. Face à ces situations, le monde du travail semble bien trop peu adapté aux familles monoparentales. Pour Laura, il est difficile d’imposer des horaires aux employeurs lorsqu’elle doit aller chercher son enfant à l’école. En peine de payer une nourrice, une place en centre aéré ou en garderie, pour elle, «ce n’est pas évident de trouver du travail en imposant ses contraintes».
Surtout, ces femmes mettent en avant la nécessité de ne pas faire de vague et de la difficulté de parler de cette charge mentale lorsqu’elles ont un conjoint. Marion évoque cette performance à laquelle elle doit se contraindre. «On a l’impression qu’on doit être parfaite dans tous les domaines. Il faut être la bonne mère, la bonne épouse, la bonne secrétaire, la bonne ménagère.Et puis bien sûr être solides psychologiquement! », ironise-t-elle.

Thibaud Hervieux, 35 ans, est formateur agréé en santé mentale. Il forme des citoyens, salariés et étudiants à repérer et prévenir les troubles et les crises.

Qu’est ce que la formation aux premiers secours en santé mentale?
On peut faire l’analogie avec les premiers secours en santé physique. L’objectif est de former des secouristes capables de reconnaître les troubles, de savoir comment réagir et orienter vers des professionnels de santé. La formation aux premiers secours existe depuis 2019 en France, à l’initiative de l’association PSSM qui a importé la méthode d’Australie. Elle a fait ses preuves dans 26 pays et elle est aujourd’hui reconnue par le Ministère de la Santé.

Quels sont les enjeux de cette formation?
On a tous rencontré dans notre entourage, personnel ou professionnel, des personnes en souffrance, sans savoir comment réagir. En face d’une dépression, même avec les meilleures intentions du monde, on peut aggraver la situation en cherchant à réconforter. La crise sanitaire a révélé la précarité psychique d’un grand nombre de personnes, parmi les étudiants par exemple.On vit dans une société où il faut toujours dire que ça va. La souffrance psychique est un tabou. C’est pourtant tout l’inverse qu’il faut faire: ouvrir la parole, déstigmatiser, pour repérer, prévenir et agir à temps. J’apprécie beaucoup que des grands sportifs ou des artistes comme Orelsan ou Stromae brisent publiquement la tabou.

« Ouvrir la parole, déstigmatiser, pour repérer, prévenir et agir à temps. »

Concrètement, qu’est ce qu’on apprendau cours de cette formation ?
La formation se déroule sur deux jours (14 heures) au cours de laquelle on travaille un plan d’action en 5 points pour apporter un soutien immédiat sur des problèmes de santé mentale. C’est le même programme qu’appliquent les 400 formateurs agréés par PPSM en France. On l’appelle le plan AERER: Approcher, Écouter, Réconforter, Encourager à aller vers un professionnel de santé, Renseigner sur les autres ressource disponibles.

Crédit photo : PPSM France.

En attendant Palma, le festival d’explorations visuelles et musicales du 21 au 25 septembre 2022, à Caen et Mondeville, l’artiste roubaisien LEM était invité en résidence au collège Roger Martin du Gard à Bellême (Orne) pendant deux semaines. La première semaine, les classes de 5ème ont créé les motifs utilisés pour peindre les poteaux de la cour de récréation ainsi qu’un mur. La deuxième semaine, tous les élèves ont mis la main à la pâte pour un résultat de toute beauté. A Caen, c’est dans le tunnel des cyclistes qui relie l’avenue Albert Sorel à la Prairie que les artistes Damien Auriault et Eko ont déballé les niveaux à bulle et les pochoirs, et se sont mis au travail. Tout le programme du festival Palma ici.

A Alençon, dans les années 1990, on s’ennuie ferme quand on a 17ou 20 ans. Il y a bien un théâtre, un cinéma, une salle de concert. Sinon, il y a l’attente, d’en partir enfin, et puis la forêt et les champs autour. Mais en 1996, à Alençon, un fait divers sans mort et sans blessé défraie la chronique et se fait une place jusque dans les journaux et les télévisions nationales: des nains de jardins sont volés par dizaines dans des propriétés privées, des terrains pavillonnaires la plupart du temps, puis regroupés dans la forêt. Le “Front de libération des nains de jardins”, FLNJ, était né. Un documentaire de Rachel Knaebel à réécouter sur France Culture.

Le 9 mai 2022, les chars et les missiles russes ont défilé sur la place Rouge. Comme chaque année, des millions de Russes participent aux processions du Régiment immortel en glorifiant leurs ascendants qui ont vaincu les nazis. Mais ce 9 mai est très particulier car, pour la première fois dans l’histoire de la Russie post-soviétique, le pouvoir russe se targue non seulement d’envahir, mais dedétruire le plus grand pays de l’Europe, l’Ukraine et l’identité nationale de son peuple en pourchassant les résistants et en forçant les autres à la « rééducation ». L’occasion de relire le livre de la journaliste et historienne franco-russe Galia Ackerman, chercheure associée à l’université de Caen, Régiment Immortel : la guerre sacrée de Poutine (Premier Parallèle, 2019). Une perspective historique et un témoignage qui discernent les origines du discours de Poutine à l’égard de Kiev.

Loin des rivages du Calvados et de la Manche presque saturés de champs ostréicoles, l’élevage d’huîtres sur la côte d’Albâtre n’a lieu que dans un seul village, à Veules-les-Roses. Conditions de travail difficiles, site aussi isolé que restreint et manque d’infrastructure y génèrent une ostréiculture hors du temps et à taille humaine. C’est le prochain reportage à découvrir sur Grand-Format, au cours du mois de juin.