Petits Formats
N° 49 – Juin 2025

Les petites infos normandes que vous avez peut-être manquées ce mois-ci

Serres géantes, fin des ZFE, management toxique et brouteur…


Les petites dépêches

Management toxique ~ Le président de l’université de Caen a laissé perdurer une situation d’intense souffrance au travail au sein de sa direction de la recherche et de l’innovation, révèle une enquête du Poulpe. En dépit d’enquêtes mettant en cause le management du binôme de direction, aucune sanction n’a été prise tandis qu’un ancien salarié du service s’est donné la mort il y a quelques mois.

Brouteur ~ Une personne de 82 ans, veuve depuis trois ans, près de Rouen, a été victime d’un « brouteur », un escroc rencontré sur Facebook. Persuadée de vivre une idylle, elle est partie rejoindre cet homme de 28 ans en Côte d’Ivoire. Ses comptes ont été vidés, soit plus de 100 000 euros, et chaque mois, sa pension de retraite est retirée en deux jours. Malgré les alertes de sa famille, elle refuse de revenir en France et demande qu’on la « laisse vivre sa vie ».

Pénurie médicale ~ La mairie de Sainte-Mère-Eglise, dans la Manche, a profité des commémorations du 6 juin pour attirer l’attention sur l’absence imminente de médecins dans sa commune, en affichant un compte à rebours sur sa façade. Les deux derniers généralistes vont partir à la retraite, laissant 3000 patients à eux-mêmes. La municipalité avait anticipé en ouvrant en 2021 un pôle de santé, mais seuls deux des quatre cabinets de médecin ont trouvé preneurs.

Abus sexuels ~ Le diocèse de Coutances Avranches a lancé un appel à témoins après avoir reçu plusieurs témoignages, indépendants les uns des autres, concernant des actes d’agressions sexuelles commis sur des mineurs par un enseignant laïc et trois prêtres. Les faits auraient eu lieu dans les instituts Saint-Lô d’Agneaux et Notre-Dame d’Avranches entre 1930 et 1986.

Fin des ZFE ~ Six ans après leur lancement dans une dizaine de villes, dont Rouen et Caen, les députés ont voté la suppression des ZFE, zones à faible émission, qui visent à restreindre la circulation des véhicules polluants dans les agglomérations. La mesure a pourtant permis d’améliorer la qualité de l’air à Paris ou Lyon, engagées les premières, mais on leur reproche d’empêcher les classes populaires d’accéder aux centres-villes (à lire sur Basta!). À l’approche des municipales de 2026, le RN, soutenu par les associations d’automobilistes et le mouvement Les #Gueux de l’écrivain Alexandre Jardin, a agité le spectre de la « re-giletjaunisation de la France ».

Mineurs isolés ~ Depuis un mois, une quarantaine de jeunes migrants, originaires de Côte d’Ivoire, de Guinée ou du Cameroun, campent devant la préfecture de Rouen. Ils réclament une prise en charge par les services de l’enfance et un accès à l’éducation. Le département de la Seine-Maritime a déclaré qu’ils étaient tous majeurs. Mais les associations remettent en doute les tests osseux pratiqués pour déterminer leur âge.

La photo du mois

Ode à la liberté

Depuis 2019, la Région Normandie organise le Prix Liberté. Des milliers de jeunes à travers le monde élisent une personne ou une organisation engagée dans un combat exemplaire en faveur de la liberté. 4000 jeunes de toute la région étaient présents mardi 3 juin pour assister à la remise du prix décerné à Gisèle Pélicot, par l’intermédiaire de son fils, présent à Caen lors de la cérémonie. Le prix Liberté a aussi permis d’honorer une vingtaine de vétérans étasuniens du Débarquement. La cérémonie a été marquée par le discours du président du jury, l’écrivain Ouissem Belgacem, qui lutte contre l’homophobie dans le sport. Il a profité de son discours pour dénoncer la guerre à Gaza.

A découvrir sur Grand-Format

Garden Party

Jardins partagés, jardins familiaux, jardins des Incroyables Comestibles : depuis deux ans, la photographe Aurélie Augé parcourt ces espaces de liberté et d’échanges, où le lien à la terre se partage et se propage, les graines s’échangent et voyagent, et les gestes se transmettent et se répètent.

Le décryptage

Sud Manche • Les tomates de la colère

Après un refus de l’autorisation environnementale par le préfet de la Manche, fin 2024, la multinationale hollandaise AgroCare veut déposer un nouveau projet auprès de la mairie d’Isigny-le-Buat pour étendre ses serres à tomates. Non plus 20, mais 16 ha… Et pour convaincre la collectivité, Rick Van Den Bosch, le président des sociétés françaises qui gèrent l’exploitation des serres, a adressé une lettre pleine de promesses.

Aux riverains, il promet de ne pas éclairer la nuit, ce qui devait déjà être le cas pour les 12 ha de serres actuelles. Aux 90 ouvriers agricoles d’Europe de l’Est et de Turquie, qui travaillent dans des conditions opaques et vivent à l’écart du village, amenés sur site par des véhicules de l’entreprise, il promet des cours de français et un logement communal. Enfin, l’entreprise propose un mécénat de 300 000 euros sur cinq à dix ans pour financer la rénovation des églises d’Isigny-le-Buat ! Précision de la société : le versement commencera dès qu’elle entrera en activité commerciale après la construction de nouvelles serres.

Mais ça ne passe toujours pas pour les opposants au projet d’extension, réunis sous le collectif stop tomates industrielles, qui organisait une nouvelle réunion publique le 30 mai dernier. Il alerte sur ce qu’il considère comme des fausses promesses et sur la production industrielle de l’entreprise : des tomates qui poussent hors sol, sont disponibles toute l’année, même en hiver, grâce à des serres chauffées. Des serres qui sont aussi (et d’abord ?) utilisées pour produire de l’électricité par un système de cogénération : la combustion du gaz produit simultanément de la chaleur pour les serres et de l’électricité revendue à l’entreprise suisse Axpo Solution. Une activité qui a rapporté plus de 11 millions d’euros en 2023 à ses investisseurs et permet de vendre les tomates à moindre coût. En comparaison, les entreprises du même groupe, en charge de la culture des tomates, sont moins lucratives : un million d’euros pour Les Maraîchers de Normandie.

Initiatives !

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À l’agenda

Gazette vivante • Le dernier transfert de la Maison d’arrêt de Caen

Le 3 décembre 2023 à 3h30 du matin a commencé le transfert des détenus de la Maison d’arrêt de Caen vers le nouveau pénitentiaire de Caen-Ifs. Au total, treize convois ont traversé la ville dans la nuit. La Maison d’arrêt de Caen, ou « Duparge », avait ouvert en 1904. Un siècle d’histoire suinte des murs, s’inscrit dans les graffitis, s’échappe par les fenêtres brisées et les rubans des « yoyo » qui volent encore au vent. Pendant un an avant la fermeture, Grand Format a rencontré celles et ceux qui travaillaient à Duparge. Un récit sonore et photographique présenté le 13 juin à 18h à la Médiathèque Alexis de Tocqueville. Entrée libre.

Millénaire de Caen • Parcours Débordions

Dans le cadre du Millénaire de Caen, un parcours arts-sciences-société ouvre au public sur le territoire de la Presqu’ile de Caen, les 27, 28 et 29 juin, auquel participent plusieurs artistes des Ateliers Intermédiaires et du Bazarnaom. Intitulé Débordions, le tracé part du pont Victor-Hugo, longe le canal du même nom, passe par le quai de Normandie et la rue de Cardiff avant de boucler la boucle via le cours Caffarelli. Parmi les escales proposées sur ce parcours de 3,2 km, Divagations, un documentaire sonore au fil de l’Orne de Céline Grillon et Noélie Plé ; Entropie, une expérience immersive en réalité augmentée de Ludmila Postel ; les Loop, sortes de zootropes géants dans lesquels se jouent les petits films d’animation de Yannick Lecoeur et Ginette Ginou. La Place Imaginaire, de Cendres Delort, s’animera tout le week-end au 75, quai Caffarelli. Radio Radeau y enregistrera une dernière émission en direct et en public, samedi 28 juin, de 19h à 20h30. Les huit émissions de la saison sont à réécouter sur Radio Bazarnaom et sur Station B. Le parcours reste ouvert au public jusqu’au 31 août.

Exposition • Les Passagers du château

Monument emblématique de la ville, le château de Caen est aussi un lieu de visite, de passage, de travail, de rendez-vous. Passagers d’une heure, d’un mois, de plusieurs années, ils et elles sont des milliers à arpenter cette enceinte millénaire, en évolution permanente. Lors des récents travaux de réaménagement du château, le photographe Emmanuel Blivet et l’auteur sonore Raphaël Pasquier ont recueilli pendant un an les portraits et les voix des acteurs du chantier et des visiteurs. L’exposition est à découvrir dans l’Église Saint-Georges au château jusqu’au 20 septembre (horaires d’ouverture sur caen.fr)

À lire, à écouter…

Roman graphique • Albertine a disparu

« Albertine a disparu » c’est l’histoire vraie d’une dame qui devrait avoir 99 ans, mais que personne n’a vu depuis… plusieurs années. Pourtant son fils vient la nourrir plusieurs fois par semaine. Elle se porte comme un charme, non ? Si ce n’était pas le cas, ça se saurait, dans un tout petit village de Normandie. Un polar social et déroutant co-écrit par les journalistes Vincent Guerrier (Le Perche) et François Vignolle (M6), illustré par Vincenzo Bizzari, qui parait le 11 juin aux Editions Glénat BD.

Podcast • Des écoliers de Soliers primés

Les élèves de CM2 de l’école Nicolas Copernic de Soliers, accompagnés de leur enseignant, ont participé cette année au concours national des Odyssées de France Inter, qui invite les classes à réaliser un podcast autour d’un personnage historique. Les élèves racontent l’histoire de Mathilde de Flandre, duchesse de Normandie et épouse de Guillaume le Conquérant. Trop souvent reléguée au second plan, elle joua pourtant un rôle politique majeur aux côtés de son époux, avant de devenir reine d’Angleterre. Leur podcast a remporté le prix des meilleurs dialogues et s’est classé dans le top 20 parmi plus de 1 400 projets venus de toute la France. À écouter ici.