Depuis septembre 2021, Vanessa, Yorick et leurs deux enfants ont amarré leur bateau dans le port de plaisance de Caen. Ils y mettent à l’épreuve leur envie de sobriété heureuse et développent un projet associatif écologique et solidaire.
Vivre dans un monocoque, c’est un peu comme vivre dans un camping-car. Vanessa et Yorick Maguin ont donc scrupuleusement réfléchi et ajusté l’aménagement de chaque centimètre carré de la petite pièce à vivre et des 3 minuscules chambres qui composent leur habitat ultra-léger. « On est autant que possible sur une démarche low-tech, donc on se passe par exemple de four micro-ondes », explique Vanessa. « Pour les enfants on n’a pas un gros stock de jouets, mais on le remplace souvent. » En dehors du bateau, le couple et leurs deux enfants possèdent aussi des vélos attachés sur le ponton et une voiture garée sur le port « en cas de besoin ».
Une fois le ponton traversé et l’escalier pour descendre en cabine, l’intérieur s’avère chaleureux et confortable, et on s’habitue vite au roulis du port de plaisance de Caen. Plus que la commodité matérielle, c’est la simplicité liée à ce mode de vie qui plaît aux deux trentenaires. « On peut aller chercher nos enfants à l’école tous les soirs, garder des moments en famille et pour soi », s’enthousiasme Vanessa depuis la banquette du carré. « C’est tellement satisfaisant de ne pas passer son temps dans les bouchons », ajoute Yorick, installé avec son ordinateur sur le lit de la cabine principale.
La fin d’un tour de France
Amarrés à deux pas du centre-ville, ils peuvent facilement acheter au quotidien des produits frais et même glaner les denrées restantes à la fin des marchés. Cette localisation privilégiée du port de Caen les a d’ailleurs séduits lorsqu’ils ont voulu trouver un port d’attache. Férus de navigation et de voyages, ils ont acheté ce voilier en 2019, ont vendu leur maison à Nantes, quitté leur travail, et embarqué pour un tour de France au printemps 2021. Avec leur association Horizons naviguer et partager, chaque étape de ce périple a été l’occasion de mener des actions de sensibilisation aux enjeux écologiques. Au bout de six mois de navigation, ils réalisent que pour faire grandir le projet, il va falloir l’ancrer sur un territoire. Le littoral de la Manche leur semble propice, et ils ont apprécié leur passage à Caen, où ils s’installent en septembre 2021.
Le choix de la sobriété de Vanessa et Yorick leur permet d’avoir des dépenses modérées et donc de passer beaucoup de temps à développer leur projet associatif, pour l’instant bénévolement. Avec la dizaine de membres actifs qui les accompagnent, ils ont déjà mené une cinquantaine d’actions. « Ça nous tient à cœur de proposer des choses concrètes », insistent-ils. « On a commencé autour de la réduction des déchets, et on a élargi le spectre, l’idée générale étant d’apprendre à ne pas se créer de besoins inutiles. » Stands de sensibilisation, ateliers low-tech, création d’escape-games… ils multiplient les propositions avec l’envie de travailler en partenariat et fédérer. Pour 2023, le gros projet c’est « 24h de défis pour la planète » en mai, pour challenger les caennais sur l’écologie via le sport, la créativité ou encore la cuisine.
Même avec un pied marin, le couple rame parfois avec la gestion associative, et surtout la question essentielle de la recherche de financements. Heureusement leur quotidien est aussi constitué d’autres occupations : Yorick a ainsi travaillé dans une épicerie responsable et est embauché de temps en temps par la coopérative de transport Tout en vélo. La famille a aussi bien sympathisé avec ses voisins d’embarcadère et s’est parfaitement intégrée dans le quartier du port. Combien de temps resteront-ils à Caen ? Aucune date de départ n’est fixée pour l’instant. Une chose est sûre : « on ne retournera pas vivre dans une maison ou un appartement ».
