Un internet à très haut débit, avec une latence minimale partout dans le monde grâce à une constellation de milliers de satellites : c’est la promesse du service Starlink, développé par le milliardaire américain Elon Musk et son entreprise SpaceX. L’offre commerciale vient d’être autorisée en France par l’Autorité de régulation des communications électroniques (Arcep), mais son développement est contrarié par un petit village manchois, à proximité du Mont Saint-Michel.
Pour être déployé sur un territoire, Starlink a besoin d’implanter des stations-relais terrestres. Trois sont prévues en France, dont une à Saint-Senier-de-Beuvron, dans le Sud Manche. Depuis qu’ils ont appris le projet à l’automne dernier, les habitants de la commune sont vent debout contre l’implantation de neuf grandes antennes satellites dans un champ. Parmi les plus inquiets, les voisins directs du terrain convoité par SpaceX : Anne-Laure et Dimitri, villageois depuis quinze ans.
« Quand on choisit de vivre dans un village de campagne, ce n’est pas pour vieillir à côté d’une station pour satellites », explique le couple de quadragénaires à Ouest-France. « Nous ne sommes pas des Gaulois qui veulent stopper l’évolution technologique. Mais des parents inquiets d’un projet qui veut s’implanter sans même étudier les retombées possibles sur ses voisins. »
Dommages collatéraux de la flotte de satellites
Il y a Anne-Laure, Dimitri, leurs deux enfants, leurs animaux… et l’ensemble du village. Le conseil municipal s’est ainsi prononcé à l’unanimité contre le projet en novembre. Et dans leur combat, ils peuvent compter sur le soutien de François Dufour, conseiller régional EELV natif de Saint-Senier-de-Beuvron. « Dans leur course à qui sera le plus riche du monde, ces milliardaires passent outre le temps du débat et le droit à l’information. C’est une vraie violence qu’ils font aux populations. »
Au-delà de la fronde de ces Normands, le projet Starlink inquiète aussi la communauté scientifique. Par exemple, ces deux chercheurs qui énumèrent dans le journal The Conversation la longue liste de dommages collatéraux de la flotte de satellites d’Elon Musk : pollution lumineuse, encombrement de l’espace, prédation des ressources naturelles, privatisation de l’espace.
Cette offre d’internet par satellite apporte-t-elle quelque chose en France ? Le site spécialisé Numérama répond plutôt par la négative. Premier frein : le coût prohibitif de l’abonnement, avec pour l’instant, près de 100 dollars par mois. De plus, la France mise avant tout sur la fibre optique,qui devrait être déployée sur tout le territoire métropolitain d’ici 2025.
©photographie : Jud McCranie, CC BY-SA 4.0,
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