Mai 2021

Excellents apprentis, mais pas dans les petits papiers

Raphaël Pasquier (texte), Emmanuel Blivet (photos)

Souleymane, chaudronnier ivoirien hors catégorie

Publié le 11 mai 2021

Dans la salle des profs de l’atelier de chaudronnerie, c’est l’heure de la pause café, en attendant que les terminales reviennent de leur cours de sport. À la simple évocation du prénom de Souleymane [le prénom a été modifié], de larges sourires se dessinent sur le visage des formateurs du lycée Jules Verne à Mondeville. Stéphane, qui l’a eu en CAP, salue la belle progression du jeune ivoirien depuis le début de son apprentissage. Le référent des bac pro, Denis, ne tarit pas non plus d’éloges à son sujet. Parmi les qualités du jeune homme de 21 ans, tous citent sa bonne humeur, avant d’ajouter immédiatement qu’il ne s’agit que d’une façade chez un garçon très inquiet.

«Ils sont super : volontaires, impliqués, bosseurs. Ils ont tout pour réussir, mais pour des raisons administratives ils se retrouvent face à un mur.»

Dans la classe de Souleymane, 6 élèves sur 32 sont sans-papiers. Denis a beaucoup d’affection pour ces apprentis venus d’ailleurs. «Ils sont super : volontaires, impliqués, bosseurs. Ils ont tout pour réussir, mais pour des raisons administratives, ils se retrouvent face à un mur.» Avec les autres profs, ils sont obligés de prendre en compte cet aspect du parcours des élèves, car ils sont censés les accompagner pour mener au mieux leurs projets professionnel et personnel.

Désillusions administratives

Ce coup d’arrêt brutal pour un jeune dans son parcours d’intégration a un nom : OQTF, pour obligation de quitter le territoire français, sous 30 jours. Souleymane a reçu la sienne par courrier de la préfecture de la Manche le 10 mars 2020. Il était pourtant inscrit dans un CFA et un patron de Cérences, à côté de Granville, avait signé son contrat d’alternance. C’est la sidération pour l’apprenti chaudronnier. «C’est pas possible ! Qu’est ce qu’il s’est passé ? Ils m’ont dit que je remplissais pas les conditions pour avoir un titre de séjour. Ils me disent que mes parents pourraient m’aider à repartir en Côte d’Ivoire.»

Quel titre de séjour pour les mineurs étrangers isolés à leur majorité ?

Ces conditions sont définies par le Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile (CESEDA) et précisées par la circulaire dite Valls du 28 novembre 2012 relative à l’admission exceptionnelle au séjour des étrangers en situation irrégulière.

Ces titres de séjour sont attribués aux mineurs non européens confiés à l’ASE. Ils peuvent prétendre à une carte vie privée et familiale s’ils ont été pris en charge avant leurs 16 ans. S’ils ont été recueillis entre 16 et 18 ans, ils peuvent prétendre à une carte salarié, travailleur temporaire, ou étudiant, mais à titre exceptionnel et non automatique.

Dans tous les cas, la situation est examinée de façon individuelle par le préfet en tenant compte de la formation suivie par le jeune, de la nature des liens avec la famille restée dans le pays d’origine, et de l’avis de la structure d’accueil sur son insertion.

Plus d’infos sur cet article du site Service-Public.fr

Sur le plan administratif, cette désillusion n’est hélas pas la première pour Souleymane. Il y a d’abord eu l’échec de la prise en charge par l’aide sociale à l’enfance (ASE) en 2017. En avril de cette année là, Souleymane arrive en France après un périple durant lequel il a traversé le Burkina, le Niger, la Libye puis l’Italie. Il tente d’abord sa chance à Angers, où «on accepte vite les mineurs». Sa demande est refusée parce qu’il n’est pas en possession de ses documents d’identité originaux.

Direction cette fois le Calvados. Hébergé chez un ami en périphérie de Caen, Souleymane est ensuite logé à l’hôtel par France Terre d’Asile. L’entretien au Conseil Départemental pour évaluer sa situation se passe mal. Pas encore au fait des codes relationnels français, il échange avec son interlocuteur la tête baissée, sans le regarder en face. La discussion achoppe aussi d’après lui sur un malentendu concernant quelques jours passés à Paris durant sa mise à l’abri à l’hôtel à Caen. S’il est compliqué de restituer l’échange, le résultat est clair : il n’est pas reconnu mineur, donc pas pris en charge par l’ASE.

Des familles accueillantes

À l’entendre, le jeune ivoirien prend aujourd’hui ces péripéties avec beaucoup de recul. «Ce n’était pas ma chance… Il y a une autre chance qui me guidait : celle de rencontrer ces gens. Il y a une quinzaine de familles qui m’ont accueilli ici à Caen.» Après de nombreuses nuits passées en hébergement d’urgence via le 115, Souleymane est rentré en contact avec le Réseau d’accueil solidaire des exilés (RASE). Plusieurs familles et personnes de ce collectif l’ont alors logé à tour de rôle pour une nuit, un week-end, une semaine…

« Il y a une autre chance qui me guidait : celle de rencontrer ces gens. »

En août 2017, Anne et Jean-Jacques sont les premiers à proposer une chambre à Souleymane, quelques semaines, dans leur maison de Luc-sur-Mer. Scolarisé dès la rentrée, il dort en semaine à l’internat du lycée et passe les week-end au 115. De temps en temps il retourne dans des familles mais ne veut pas s’imposer. Aux vacances de Noël, il se retrouve chez Danièle à Maizières, une petite commune rurale à 30 kilomètres au sud de Caen.

Enseignante à la retraite âgée aujourd’hui de 77 ans, Danièle se souvient de l’arrivée de Souleymane dans la grande maison en pierres qu’elle habitait seule jusque là. «Un pur hasard». Elle apprend via une amie que le RASE cherche quelqu’un pour accueillir trois jeunes, que la fameuse Anne de Luc-sur-Mer ne peut pas loger pour cause de réunion familiale impromptue. Elle répond sans hésitation : «Ici il y a de la place s’ils veulent venir ils peuvent. Mais c’est de la pleine cambrousse donc faut déjà aimer.»

Danièle, une deuxième mère

Les trois jeunes passent une semaine chez Danièle. «On a eu un coup de cœur, Souleymane et moi.» Les deux autres n’auront pas l’occasion de revenir à Maizières. Lui est resté. «Ici il a un étage, une salle de bain, une télé, un canapé pour lui. Il préfère venir là, ce qui est normal.» Le jeune ivoirien n’hésite pas en contrepartie à rendre service : bricoler, jardiner, ou encore nourrir l’âne de la propriété. Le jour de notre visite, on le retrouve en compagnie de David, un voisin bricoleur. Ils rénovent la maison d’à côté que la retraitée vient de remettre en location.

Danièle et ses proches ont développé au fil des années une grande affection pour Souleymane. «Il fait l’admiration de tout le monde. Tous les copains qui le connaissent sont sidérés et voudraient tous avoir un gamin comme ça.» L’ancienne directrice d’école l’a embarqué au cinéma où elle est bénévole, lui a donné le goût de la lecture, et aussi celui de la gastronomie française. Elle en apprend chaque jour sur son protégé. Comme l’autre jour où elle a découvert que s’il parlait aussi bien français, c’est parce qu’il avait suivi à son arrivée dans le Calvados les cours prodigués par trois associations différentes.

Un jour, Danièle et Souleymane sont à table, quand elle lui évoque la solution de l’adopter. Une adoption simple, parce que même s’ils sont extrêmement pauvres et à des milliers de kilomètres, Souleymane a encore ses parents. «Ça ne lui donnerait rien pour son titre de séjour, mais au moins, ça marque un lien», explique la septuagénaire. «Si elle n’était pas là, je ne serais pas resté en Normandie», affirme de son côté le jeune homme.

Pas de récépissé, pas de boulot

Lorsqu’il est arrivé en France, Souleymane imaginait percer dans le football. Il a joué pendant un mois au club de la Maladrerie Omni Sport, à Caen, avant de laisser tomber. Ça devenait trop compliqué d’aller aux entraînements alors qu’il n’avait pas de domicile fixe. Aujourd’hui, il joue de temps en temps avec des amis, pour le plaisir. Et côté professionnel, il se concentre plutôt sur le métier de chaudronnier, qu’il apprend depuis bientôt quatre ans.

«J’ai vu comment vous travaillez, je vous prends.»

Le patron du fabricant de citernes

Quand l’apprenti obtient son CAP en 2019, il est déjà majeur. Au vu de sa situation administrative, la conseillère d’orientation l’oriente vers un bac pro en alternance, afin de faciliter ses démarches. Il trouve rapidement un CFA et une entreprise prête à l’accueillir : un fabricant de citernes à Cérences, près de Granville. Après une journée d’essai, le patron lui annonce : «J’ai vu comment vous travaillez, je vous prends.» Dans la foulée, «le contrat était signé par l’entreprise et par la CCI (chambre de commerce et d’industrie, ndlr)», insiste Souleymane.

Le montage de dossiers se remet en route pour le jeune ivoirien. Mal renseigné, il s’adresse d’abord à la Préfecture du Calvados, avant de se tourner vers celle de la Manche, concernée en l’occurrence par sa demande de titre de séjour. Accompagné par Karen, une travailleuse sociale membre du RASE, il est reçu de façon «très accueillante» par le bureau des migrations et de l’intégration.

Retour au lycée

Les mois passent, la rentrée scolaire arrive, et Souleymane attend toujours le récépissé consécutif à sa demande. Seul ce document lui permettrait de commencer à travailler et d’avoir des aides au logement. Il peut seulement démarrer les études au CFA, mais doit s’acquitter pour cela de 112 euros par semaine, et se retrouve désœuvré une semaine sur deux quand ses camarades sont au travail. Dépité, il retourne suivre son bac pro au lycée Jules Verne. À défaut d’alternance, il continue ainsi de suivre des stages en entreprise.

Majeur et sans titre de séjour, Souleymane reçoit finalement une OQTF en mars 2020. Aujourd’hui il peut être reconduit de force à la frontière après un simple contrôle d’identité. Cela n’empêche cependant pas Souleymane de continuer sa scolarité, dans un établissement qui est pour lui comme une seconde famille. Jusqu’à récemment il était tout à la fois délégué de classe, délégué de l’internat, délégué au conseil de vie lycéenne. «C’était super. Je me suis vraiment investi, j’ai rencontré plein de gens : les profs, les CPE… Tout le monde me connaît au lycée !»

À l’atelier de chaudronnerie où les terminale passent six à sept heures par semaine, Denis nous explique que ses élèves n’ont en général aucun mal à trouver un boulot. Les meilleurs sont même démarchés avant leur diplôme par les entreprises. Souleymane fait plutôt partie de ceux-là. Ses derniers stages se sont très bien déroulés, et une spécialité commence à se dessiner : il préfère travailler l’aluminium par rapport à l’acier.

Repartir en Côte d’Ivoire ?

Mais au fond, peu importe le matériau utiliser, la priorité de notre apprenti chaudronnier c’est de pouvoir travailler. Pour tenter de changer la position de la préfecture, Souleymane a obtenu des lettres de soutien de plusieurs députés : Laurence Dumont dans le Calvados ; Bertrand Sorre, Stéphane Travert et Sonia Krimi dans la Manche. Le patron de l’entreprise de citernes a pour sa part établi une nouvelle promesse d’embauche.

« Je ne vais pas passer ma vie a obtenir des diplômes et à ne rien faire ! »

Avec le bac en poche et s’il obtient le récépissé de la préfecture, le jeune ivoirien commencerait à travailler dès le 5 juillet. Dans le cas inverse, ça se complique. Il peut bien sûr continuer ses études : mention complémentaire, puis BTS. Et après ? «Je ne vais pas passer ma vie a obtenir des diplômes et et à ne rien faire !» La mort dans l’âme, il «envisage» ou plutôt «anticipe» un potentiel retour en Côte d’Ivoire.

Son entourage n’est pas prêt à le laisser tomber, assure Danièle. «On ira jusqu’au boutde ce qu’on est capable de faire.» «Même si c’est très dur» ils préparent avec lui ce possible retour. Ils envisagent aussi d’autres solutions : «On arrête pas de lui dire qu’il faut qu’il se marie avec une Française.» Pour l’instant, il n’a présenté personne à celle qui est aujourd’hui comme sa deuxième mère.

Amara, apprenti maçon et force tranquille

Publié le 18 mai 2021

Obligation de quitter le territoire français. Décision prise par le préfet, notamment en cas de refus de délivrance de titre de séjour. Elle oblige la personne à quitter la France dans un délai de 30 jours.

25000 signataires en moins d’un mois. La pétition de soutien à Amara lancée en février a rapidement fait le plein grâce à une mobilisation exceptionnelle de ses proches. En attente du recours à la cour d’appel de Nantes pour contester son OQTF, il risquait alors aussi de perdre l’aide de l’aide sociale à l’enfance (ASE) des Hauts-de-Seine et de se retrouver sans ressources.

Association de Solidarité avec Tous les Immigrés : sa mission est d’accueillir les personnes étrangères et de les accompagner dans leurs droits.

Depuis juillet 2020, le jeune ivoirien est résident au Foyer de jeunes travailleurs Horizons Habitat Jeunesse à Hérouville Saint-Clair, à côté de Caen. Très vite, l’équipe du FJT l’a accompagné dans ses démarches de droit au séjour. En janvier, c’est le branle-bas de combat. Bénédicte et Julie, animatrices, se rappellent d’un appel décisif avec l’ASTI des Hauts-de-Seine. Leur contact leur explique qu’il y a « énormément de jeunes dans la même situation » et que « la solution est aussi de faire du bruit dans les médias ».

Au même moment la grève de la faim de Stéphane Ravacley, boulanger de Besançon, pour obtenir la régularisation de son apprenti, est à la une des médias. Cela pèse dans les discussions qui ont lieu au sein du FJT. Amara est partant pour donner de la visibilité à sa situation. Olivier Fradet, le patron qui souhaite le prendre en tant qu’apprenti maçon, est également prêt à passer à l’action.

Stéphane Ravacley, boulanger solidaire

Des jeunes migrants motivés qui se retrouvent privés de travail par une décision préfectorale au grand dam de leur employeur : la situation n’est pas nouvelle. Mais un homme a mis la lumière dessus de façon flagrante : le boulanger de Besançon Stéphane Ravacley. En janvier, son apprenti guinéen Laye Fodé Traoré est menacé d’expulsion. L’artisan se met en grève de la faim et obtient une régularisation au bout de dix jours et un malaise.

Les animatrices du FJT d’Hérouville ont pu échanger quelques fois au téléphone avec Stéphane Ravacley, via la page Facebook Patrons Solidaires qu’il a créé suite à sa grève de la faim. En plus de ses dix à quinze heures de travail quotidiennes, il prend le temps de répondre à chacun des patrons, associations ou familles qui le sollicitent. Il nous explique les aider «avec les armes qu’on a décidé d’avoir lors de notre premier combat, et notre expérience».

Pour lui une mobilisation radicale, et donc jusqu’à la grève de la faim, est la seule solution efficace. «Le message est simple : je me fais du mal puisque vous ne m’entendez pas. Si on ne le fait pas, ils ne feront rien de leur côté.» Il ne voit pas aujourd’hui «d’assouplissement» dans les décisions préfectorales, mais constate avec satisfaction que de plus en plus de personnes «réfléchissent et se battent».

Le boulanger solidaire est aussi tout simplement pragmatique. «Aujourd’hui il y a des milliers de personnes qui arrivent, évidemment qu’on ne peut pas tous les garder.» Mais pourquoi refuser «ceux qui veulent vraiment s’insérer». Il est atterré par ce paradoxe. «Il y a 9000 emplois non fournis en boulangerie. Combieny en a-t-il dans le bâtiment ? Combien y en a-t-il dans la restauration…? S’ils ne portent pas préjudice à la société française, acceptons les !»

Dans les yeux d’Amara

Un matin de février, ils se réunissent dans les locaux d’Avenir BTP, à Rots, l’entreprise d’Olivier Fradet, en présence d’un journaliste de l’hebdomadaire local Liberté. Ils reprennent ensemble l’histoire et le parcours de l’apprenti maçon âgé de 19 ans. Dans la foulée, la pétition est rédigée par le patron et sa secrétaire, publiée sur la plateforme change.org. Et un article relaie la mobilisation dans la presse.

« Beaucoup de désillusions mais heureusement une grande envie de vaincre »

«Quand nous voyons les yeux d’Amara aujourd’hui, nous y voyons beaucoup de désillusions mais heureusement une grande envie de vaincre », décrit la pétition. «Nous, entrepreneurs, nous renouvelons toute la confiance que nous portons en Amara. […] Nous sollicitons fortement votre aide, vos partages et vos signatures afin de permettre à Amara de vivre des jours meilleurs.»

Entre l’équipe du FJT, celle d’Avenir BTP et les 170 résidents du foyer (avec une trentaine de nationalités représentées), la pétition se propage rapidement. «Chacun s’est donné à fond pour la partager sur les réseaux», se rappelle Bénédicte. La mobilisation bénéficie également du soutien de personnalités locales : le journaliste Raphäl Yem et le cinéaste Jean-Pascal Zadi. D’un appui politique aussi via la députée Laurence Dumont et une motion de soutien votée à l’unanimité au conseil municipal d’Hérouville.

Avec le sourire, et légèrement embarrassé d’être ainsi le centre de l’attention, Amara continue encore aujourd’hui de livrer patiemment son témoignage à ceux que sa situation interpelle. Il connaît la valeur de la solidarité dont il est le destinataire. «Ça fait chaud au cœur, je ne m’attendais pas à ça.» Cela n’aura pas suffi à amadouer la préfecture du Calvados. Le 12 mars dans les colonnes de Ouest-France, le préfet Philippe Court confirme sa décision et le jugement du tribunal administratif : «La loi a été appliquée, […] il est invité à […] envisager son retour dans son pays.»

Construire un avenir

Exil forcé de Côte d’Ivoire (perte de ses parents, menaces de mort). Traversée du désert et de l’océan. Amara raconte un parcours migratoire tragiquement banal, jusqu’à son arrivée en France fin 2017. Il est alors âgé de 16 ans. Pris en charge en tant que mineur non accompagné par le département des Hauts-de-Seine, il est placé dans un foyer pour jeunes à Vassy, au sud-ouest du Calvados.

« Au début je voulais faire agent de sécurité, il n’y avait plus de place. Du coup j’ai choisi maçonnerie »

Établissement régional d’enseignement adapté. Établissement du second degré qui accueille des élèves en grande difficulté scolaire et/ou sociale.

Quand le jeune ivoirien est prêt à être scolarisé, ça commence par une réorientation. « Au début je voulais faire agent de sécurité. Quand je suis allé au CIO [centre d’information et d’orientation], il n’y avait plus de places. Du coup j’ai choisi maçonnerie. Au fil du temps j’ai aimé, du coup j’ai décidé de rester. » Il apprend son métier en CAP à l’EREA Yvonne Guégan à Hérouville. Passionné et impliqué, il obtient des bons résultats : une moyenne de « 14 ou 15 », se souvient-il avec modestie.

Son diplôme en poche, il s’inscrit en CFA pour passer un brevet professionnel en alternance. Il sollicite plusieurs entreprises locales, dont Avenir BTP à Rots, qui accepte de le prendre. Olivier Fradet avait alors du mal à trouver un candidat sérieux : «Plus personne ne veut faire ce métier !» Les quelques jours d’intérim qu’a pu effectuer Amara en août 2020 ont laissé un excellent souvenir au patron, qui continue aujourd’hui de prendre régulièrement des nouvelles du jeune ivoirien.

Amara a également fait bonne impression dès son arrivée au FJT, en juillet 2020, aux deux animatrices qui l’accompagnent. Bénédicte l’a accueilli lors de sa première journée et se rappelle d’un jeune «très respectueux, très intéressé», qui «ne parlait pas pour ne rien dire». Julie, qui a pris le relais pendant les vacances a senti que «ça se passait bien avec les éducateurs», et qu’il «savait gérer un logement».

Démarches chronophages

Jeudi 6 août 2020. Amara s’apprête à fêter le lendemain son dix-neuvième anniversaire. Sauf qu’il reçoit un courrier de la préfecture. OQTF. «Tout allait bien pendant deux ans. Et là c’est le monde qui s’écroule.» Le jeune ivoirien ne comprend toujours pas le refus de sa demande de titre de séjour. «Je ne m’y attendais pas, j’étais confiant». Amara explique que les appréciations de ses encadrants de CAP ont pesé dans la balance. «Une ligne d’un professeur sur du bavardage», précisent les animatrices du FJT.

« Tout allait bien pendant deux ans. Et là c’est le monde qui s’écroule »

Un ami déjà confronté à la même situation lui conseille une avocate pour préparer son recours. Il sollicite également l’aide de l’équipe du foyer, épatée par sa rigueur administrative. Bénédicte lui demande une liste de documents, «tout était déjà prêt, c’est rare chez les résidents». En novembre 2020, le tribunal administratif confirme la décision du préfet. Son avocate porte donc le dossier devant la cour d’appel de Nantes, qui l’examinera au plus tôt cet été.

Depuis le début de ces démarches, l’apprenti maçon et ses soutiens ont multiplié les rendez-vous, les appels, la veille administrative. «Des heures incalculables», soupire Amara. Un travail «chronophage», estime Julie. «Force et sagesse» sont d’ailleurs les deux qualités de ce résident pas comme les autres que retient l’animatrice, bien consciente qu’on «lui demande de livrer beaucoup de choses intimes de son histoire». Amara, lui, rebondit sur ce portrait qu’on fait de lui : «Tu es obligé d’être optimiste, il faut pas se laisser abattre.»

Chez Amara, «ils sont rares les moments de colère», continue Julie. Elle est, comme beaucoup au FJT, révoltée par la situation. «Amara est arrivé à 16 ans et on l’a accueilli a bras ouverts parce qu’on ne laisse pas des mineurs crever de faim, mais on ne va pas jusqu’au bout de la démarche.» En effet, sans cet OQTF en août dernier, «Amara ne coûterait plus d’argent à l’État» et au contraire «pourrait en générer par son activité».

Entre attente et espoir

Depuis que la décision de la préfecture a été confirmée, et avant l’audience devant la cour d’appel, c’est une interminable période d’attente qui a commencé. «C’est compliqué, mais j’ai toujours de l’espoir», résume le jeune homme. Actuellement il bénéficie toujours de la prise en charge de l’ASE des Hauts-de-Seine grâce à un contrat jeune majeur, jusqu’à fin juin. Et il va demander sa reconduite pour quelques mois encore.

Les aides dont il bénéficie permettent de financer l’hébergement au FJT et les frais du quotidien. Mais à part ça «tout est stoppé», souligne Bénédicte. «Plus de carte de bus, plus de sécu, plus rien. Il faut se faire discret, si on prend le tram il faut bien payer son ticket…» Même les entraînements de foot à l’ES Cormelles-le-Royal sont impossibles. Pas pour raisons sanitaires, mais parce qu’il est impossible d’établir sa licence officielle.

À défaut des matchs en club, Amara joue régulièrement avec des amis le dimanche. Il garde une autre activité physique, avec beaucoup de déplacements à vélo. Il y a son pêché mignon, les parties sans fin du jeu vidéo de foot FIFA avec d’autres résidents : son ami Ben ou son voisin d’en face Alan. Quand il est au calme chez, lui il écoute également sa musique favorite: le rap de Ninho ou le coupé-décalé de DJ Arafat.

Olivier Fradet, le patron qui voulait embaucher l’apprenti maçon, est «toujours prêt à l’accueillir» dans son entreprise s’il est régularisé. Il estime avoir fait «le maximum» de ce qu’il pouvait faire pour le soutenir, et se concentre aujourd’hui sur le développement de son entreprise.

Amara sait que s’il obtient son titre de séjour, il se sentira de nouveau libre. Une liberté qu’il définit de manière très simple : «Profiter de la vie, travailler, aller en vacances. Comme tout le monde.»

Amadou, l’épanouissement après le déracinement

Publié le 26 mai 2021

Le point de départ des pérégrinations d’Amadou n’est pas la Côte d’Ivoire, mais la Guinée voisine. Si beaucoup de jeunes migrants ont du mal à revenir sur le chemin parcouru avant d’arriver en France, souvent traumatisant, ce gaillard de 19 ans arrive à porter un regard apaisé et lucide sur sa trajectoire. Un certain détachement lié aussi aux nombreuses reprises où il a dû livrer ce récit, qu’il raconte aujourd’hui d’une traite, en n’omettant aucune information essentielle.

«Je sais que je suis venu ici clandestinement, mais c’est parce que je n’avais pas le choix», commence par résumer le jeune guinéen. Le premier épisode qu’il raconte en détail est celui de la traversée de la Méditerranée au départ du Maroc. «On était 45 personnes sur un petit zodiac qui devait faire 25. On était serrés comme des sardines.» Une nuit et une journée à voguer et à écoper le rafiot percé. «Tu regardes à gauche, à droite : partout ce n’est que de l’eau. Si le zodiac se renverse c’est fini…» Un bateau de sauvetage espagnol les récupère et Amadou est recueilli par la Croix Rouge.

«Si le zodiac se renverse, c’est fini…»

Son enfance a pourtant été plutôt heureuse, se souvient-il. Un père aimant qui est tout pour lui, plusieurs années de scolarité en primaire, et les parties de foot interminables avec les copains. Tout change au décès de son père. Sa mère se remarie, part au Sénégal, et le confie à une amie. «Il fallait que je fasse des petits boulots pour elle», pour compenser cette nouvelle bouche à nourrir. Au lieu de l’école et du foot, il passe ses journées à vendre des bouteilles d’eau au bord de la route.

Cette situation peu envieuse se prolonge, dans un pays où le code de la route est très sommaire. «Un jour, une voiture m’a renversé. J’ai été 3 heures dans le coma. Je me suis réveillé à l’hôpital.» Avec une méchante cicatrice qu’il garde encore aujourd’hui. Il ne veut pas reprendre le travail qui a failli le tuer, et se retrouve mis à la porte par la femme qui l’héberge. Sans contact avec sa mère, en piteux état physique, et sans perspectives, il finit par suivre un voisin en partance pour l’étranger. Il a alors 15 ans.

Un nouvel abri

Avant le zodiac et l’Espagne, il faut passer trois frontières et le désert. Il faut aussi récolter la somme pour les passeurs et travailler quasiment comme des esclaves sur des chantiers en Algérie. Et finalement se séparer de son compagnon de voyage, qui lui laisse sa place sur le bateau, inquiété par ses blessures mal soignées. De l’Espagne il rejoint la France et passe sa première nuit à Paris dans le recoin d’une gare. Le lendemain un passant solidaire finit par lui acheter des croissants et le conduire à la Croix Rouge.

Mis à l’abri à l’hôtel, Amadou est reconnu mineur et attend plusieurs mois une place en foyer. «Un matin, ils m’ont dit : toi, tu vas dans le Calvados.» En mai 2018, il arrive alors à Missy (10 km à l’ouest de Caen), dans le centre d’hébergement pour mineurs non accompagnés ouvert quelques mois plus tôt par le département du Calvados. Le jeune guinéen a désormais 16 ans, et entame une nouvelle étape.

Au foyer, il découvre un quotidien au rythme bien réglé, avec beaucoup de cours de français. «Pour bien s’intégrer, il faut d’abord apprendre la langue», répètent les animateurs. Après les progrès linguistiques, l’étape de l’orientation a été plus complexe. «Je ne savais pas quel métier me plaisait», s’amuse le jeune guinéen. «Je voulais juste jouerau foot.» Une de ses animatrices lui propose un stage de découverte aux Pépinières d’Évrecy. Satisfait de son travail, le gérant prolonge son stage puis lui propose un contrat en alternance. Amadou s’inscrit donc en CAP production horticole à Coutances.

Après sa première année de CAP, il quitte le foyer de Missy pour être pris en charge par l’association France Terre d’Asile et son Service d’Accompagnement des Mineurs Isolés Étrangers (SAMIE). Il va désormais vivre en colocation avec deux autres jeunes dans un appartement du quartier du Chemin-Vert à Caen. Ce nouveau cadre implique un temps d’adaptation,explique Marie, son intervenante sociale référente à France Terre d’Asile. «Ils viennent d’un collectif où il y a 24 heures sur 24 du monde. Ils arrivent ici, ils sont dans un appartement en semi-autonomie.»

Reconnaissance de minorité et prise en charge

La prise en charge des mineurs non accompagnés (MNA) est gérée par les départements dans le cadre de l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE). Dans le Calvados, c’est depuis 2018 la mission plus spécifique de la Plateforme d’accueil des MNA, rattachée à la Direction des solidarités, suite à un afflux important de mineurs isolés étrangers à cette période.

Les jeunes sont d’abord reçus par un chargé de mission de la plateforme, quelques informations sur leur situation sont recueillies, et ils sont mis à l’abri dans un hébergement collectif. Dans le Calvados, «aucun jeune depuis le 1er janvier 2020 n’est à l’hôtel», précise Sandrine Davis, directrice de la Plateforme MNA.

Ensuite leur minorité est évaluée selon un processus très précis. Évaluation sociale par France Terre d’Asile, puis prise d’empreintes et photos par les services de la préfecture. Là c’est un nouvel entretien à la plateforme pour prendre une décision à partir du faisceau d’indices. Et enfin si un doute persiste c’est le passage du controversé examen d’âge osseux.

Quand le jeune est reconnu mineur, il est pris en charge par l’ASE via un des prestataires partenaires associatifs de la plateforme (France Terre d’Asile, Les Apprentis d’Auteuil, AMIG 14, les PEP 50).

Les jeunes (environ 450 actuellement) restent sous la tutelle du département, qui garde un œil sur leur intégration. «On peut être sollicité pour l’accompagnement sur les démarches administratives, pour un recadrage du jeune, dans les transferts de jeunes sur un hébergement pérenne selon leur projet scolaire et professionnel», explique Sandrine Davis.

Quand les jeunes ne sont pas reconnus mineurs, ils sont orientés par le département vers Médecins du Monde par exemple. L’association «aide ceux qui ne sont pas reconnus mineurs à exercer leur droit de recours et à trouver des moyens de subsistance en attendant», résume Nicolas Martine, coordinateur du programme de soutien aux jeunes isolés et exilés.

Pour les jeunes accompagnés sur les voies de recours et qui vont jusqu’au bout de la démarche, «plus d’un sur deux ont le rétablissement de leur minorité par le juge des enfants (soit 10 à 20 jeunes par an)», précise Nicolas Martine. Pour les autres, «on est comme une plateforme d’orientation» pour l’accès au droit, aux soins. Et aussi à la santé mentale, car «ces jeunes ont souvent vécu des traumatismes».

«Ce qu’on assure ici, c’est une forme d’affiliation à un groupe de pairs, de bénévoles bienveillants et de professionnels compétents. Il faut au moins ça dans leur situation pour ne pas sombrer.

Parcours sans faute

Amadou doit donc prendre de nouvelles habitudes, et il s’en sort plutôt bien. Marie se rappelle avoir été beaucoup sollicitée par ses questions au début de l’accompagnement, ce qui est bon signe. «C’est un jeune qui est investi, qui a capté où il veut aller.» Une première impression à l’aune de la suite de leur relation éducative. «Il prend en considération tous les conseils qu’on peut lui prodiguer. Le lien de confiance s’est établi donc on a travaillé très bien et très rapidement ensemble.»

Avec sa nouvelle adresse et la galère des bus, l’apprenti horticulteur a du mal à être à l’heure exigée à son travail. Pour sa seconde année de CAP, il réussit à trouver une nouvelle entreprise : les Pépinières Genettais à Saint-Contest. Il peut s’y rendre en à peine une demi-heure de marche. Son dossier scolaire impeccable, sa maîtrise du français et sa rigueur professionnelle ont tout de suite plu à son nouveau patron, Éric Genettais. «Il est posé, réfléchi, et travaille avec un mélange détonnant de nonchalance et d’assurance.»

« C’est un jeune qui est investi, qui a capté où il veut aller »

Quand le jeune homme de 19 ans évoque sa belle réussite scolaire et professionnelle, il en parle comme si de rien n’était. C’est pourtant un travail acharné qui lui a valu l’obtention de son CAP avec une mention très bien et une moyenne générale de 18. Excellents résultats en matières techniques : «à l’entreprise j’apprenais beaucoup». En sport aussi : «j’ai toujours eu 20 !» Seuls les maths pêchent un peu : «j’y arrive pas». Au vu de ses résultats, Éric Genettais le pousse à continuer en bac pro, toujours en alternance dans son entreprise. Cette réussite est aussi soulignée par le département du Calvados dans son contrat jeune majeur (poursuite de la prise en charge), avec des félicitations pour son sérieux.

Parce que l’apprentissage ne suffit pas à épuiser l’énergie d’Amadou, il continue de s’entraîner trois fois par semaine (plus un match le week-end) à l’Inter Odon Football Club. Le coach lui propose même de passer une formation pour entraîner les plus jeunes. Un peu par hasard, il s’engage aussi au Conseil Régional des Jeunes. En créant son compte Atouts Normandie pour avoir des aides de la Région, il remplit sans trop réfléchir l’appel à candidatures. Il fait partie des 30 jeunes retenus et a ainsi eu l’occasion lors des réunions mensuelles de se forger de solides amitiés et de croiser plusieurs élus normands, dont Hervé Morin. Cela lui sera d’ailleurs utile par la suite.

Mauvaise surprise

Été 2020. Le contrat d’Amadou court jusqu’à fin août et les recherches d’un établissement pour continuer en bac pro avancent bien. Il attend la réponse à sa demande de titre de séjour déposée en février. Un matin de juillet, Marie de France Terre d’Asile l’appelle pour lui signaler qu’il a reçu un courrier de la préfecture et le prévient :«Le plus souvent, un recommandé de la préf, c’est pas une bonne nouvelle.» Il arrête prématurément sa journée de travail pour aller récupérer la missive, et se souvient encore du message implacable de l’OQTF : «On vous demande de quitter le territoire français dans un délai de trente jours.»

Le jeune guinéen énumère avec un mélange d’ironie et d’agacement ce qu’on lui reproche alors : «trop récent en France», «pas de famille à nourrir ici», «entré en contact avec sa famille dans son pays d’origine». C’est la sidération également pour sa référente, Marie. «Ça se profilait bien et malheureusement il y a eu un refus assez rapide, auquel il ne s’attendait pas du tout. Auquel moi-même je ne l’avais pas préparé parce que je ne m’y attendais pas du tout.Je pensais que son parcours exemplaire allait pouvoir le sauver de ça.»

« Ça m’a complètement désorienté, j’ai perdu toute ma motivation. »

Bien sûr les argument sont nombreux pour contester cette décision. Il faut avant tout la digérer pour Amadou. «Ils me poussent pour que je puisse devenir quelqu’un demain, et puis la préfecture me dit de quitter le territoire. Tout ce que j’ai fait est tombé à l’eau, que vais-je devenir ?» Angoisses, cauchemars, perte de poids : il vit très mal la période qui s’ensuit. «Ça m’a complètement désorienté, j’ai perdu toute ma motivation.» Sans possibilité de travailler ni d’aller en cours, il n’a même plus la force d’aller aux entraînements de foot. Ce sont l’écoute et la présence de Marie, et aussi les bons petits plats de son colocataire apprenti cuisinier, qui lui permettent de remonter la pente.

L’horizon se dégage

Un recours est déposé devant le tribunal administratif de Caen. Le jeune guinéen récolte de nombreuses lettres de soutien de ses collègues, de son employeur, des jeunes du CRJ et même d’Hervé Morin. «Au vu du dossier et des leviers qu’il a activés dans son cercle personnel et professionnel, on avait tous beaucoup d’espoiravant l’audience », se souvient Marie. Encore une fois, Amadou se rappelle précisément de la teneur du jugement. «Une erreur manifeste» de la préfecture est constatée, «au vu de son intégration». Les autorités ne font pas appel de la décision, lui délivrent un récépissé qui lui permet de recommencer à travailler. Et enfin, début mai, le précieux titre de séjour.

L’apprenti horticulteur a laissé derrière lui les cinq mois de vide et de doutes, reprenant ses projets un temps abandonnés, encore plus déterminé. «Dans la vie il faut se battre, il faut travailler pour construire son avenir.» Il a pour l’instant un peu de mal à suivre en cours au CFA de Fauville-en-Caux, en Seine Maritime, étant donné le retard a rattraper. En revanche, son patron, Éric Genettais, s’est réjoui de le retrouver et continue à lui accorder sa confiance. «Il faut qu’il gagne en assurance, mais il peut tout faire». Pas seulement la production en pleine terre ou le rempotage, mais aussi la vente et pourquoi pas un peu de gestion.

Le patron admiratif du jeune guinéen voit loin pour lui, peut-être même ailleurs que dans l’horticulture. En attendant ces évolutions professionnelles, Amadou profite de cette nouvelle stabilité. «Sorti de toutes ces galères administratives, il peut enfin se concentrer sur lui», résume Marie. Bien décidé à devenir «le plus autonome possible», il va prochainement s’inscrire à l’auto-école et commence à chercher un logement qu’il louerait lui-même. Même ses vacances rêvées semblent désormais accessibles. Ce serait au Portugal, sur l’île de Madère, d’où est originaire son idole : le footballeur Cristiano Ronaldo.

Raphaël Pasquier

Journaliste radio et multimédia, il a travaillé pour plusieurs radios associatives caennaises (Radio TOU’CAEN, Radio Phénix). Il aime raconter des histoires vraies : inspirantes, éclairantes, déconcertantes…

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Emmanuel Blivet

Photographe originaire du Sud-Manche, il réalise ou est à l’origine de commandes et cartes blanches de la presse nationale et d’entreprises locales. Une bonne partie de son travail reste cependant de son initiative personnelle. À chaque projet son langage. Il souhaite rester libre et ne pas s’enfermer dans un style.

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