Les films Ghibli, le soft-power environnemental.

Avec la sortie de leur nouveau film Le Garçon et le Héron, le studio Ghibli place leur art au service de la nature. Retour en détail sur le soft power environnemental made in Ghibli.


Par Cédric Boucly et Cassiane Clochard, en L3 Humanités Numériques

Récemment, l’actualité cinématographique fut marquée par la sortie du dernier chef d’œuvre du studio Ghibli au cinéma : Le Garçon et le Héron. Sorti en juillet au Japon et le premier novembre en France, ce dernier a fait unanimement bonne impression auprès des publics japonais et français. Ce film raconte l’histoire de Mahito, un jeune garçon quittant Tokyo suite au décès de sa mère pour aller s’installer à la campagne avec son père. Rencontrant un héron cendré plus qu’atypique, ce dernier fait avancer Mahito dans des aventures poussant le jeune garçon à découvrir les nombreux mystères de la vie.

Affiche officielle du film, Le Garçon et le Héron.

La sortie de ce nouveau titre signé Miyazaki nous donne l’occasion parfaite pour nous replonger dans l’univers Ghibli, réputé pour ses histoires d’une certaine profondeur poétique, son style unique et ses nombreux messages très engagés et récurrents à quasiment tous les films. Et justement, s’il y a bien un thème pour lequel les films du studio Ghibli sont réputés, ce sont justement les thèmes de la nature et de l’écologie, dont Le Garçon et le Héron n’échappe pas justement, qui résonnent intensément auprès des spectateurs dû aux enjeux climatiques et de préservation de l’environnement. Ainsi, avec notre équipe au sein de Radio Culture, nous nous sommes penchés sur la question, celle du soft-power environnemental à la sauce Studio Ghibli.

Une opposition forte entre beauté de la nature et humanité destructrice

L’un des thèmes récurrents dans les films de Ghibli est la manière dont les humains menacent la nature. Dans des films tels que Princesse Mononoké, les actions impulsives et l’avidité des êtres humains conduisent à la destruction des forêts et à la colère des esprits de la nature. Le personnage principal, San, ou princesse Mononoké, est l’exemple parfait de la cohabitation entre l’homme et la nature, portant un masque de loup et vivant avec les loups de la forêt après avoir été abandonnée par ses parents. Son existence même incarne cette dualité entre les deux mondes.

San et la louve, Princesse Mononoké

L’urbanisation est un autre sujet exploré dans les films de Ghibli. Dans Le Château Ambulant, on voit une ville industrielle en constante expansion, dévorant la campagne environnante. Ce thème souligne l’impact négatif de l’urbanisation non régulée sur la biodiversité et la qualité de vie. Le château lui-même est une représentation de cette urbanisation, en constant mouvement et expansion. Les écosystèmes marins sont également à l’honneur dans l’œuvre des studios Ghibli, en particulier dans Ponyo sur la falaise. Ce film met en lumière la beauté des fonds marins et la fragilité des écosystèmes face à la pollution et à la surpêche en revisitant le célèbre conte de la petite sirène. Il incite à la prise de conscience quant à la préservation des océans et à l’importance de l’équilibre entre l’homme et la mer.

La responsabilité de l’Homme dans la conservation de la nature

Le plus célèbre des Ghibli, Mon Voisin Totoro, est comme un câlin chaleureux de la nature. Dans cette aventure, les sœurs Satsuki et Mei rencontrent un esprit de la forêt, et leur voyage les mène à apprendre à coexister harmonieusement avec la nature. Tout est magique : les péripéties, les rencontres, et surtout la leçon de vie que nous offre le Studio Ghibli.

Totoro et les deux sœurs, Mon Voisin Totoro

Simultanément, Nausicaä de la Vallée du Vent (1984), un des premiers joyaux du studio, nous plonge dans un monde post-apocalyptique envahi par des forêts toxiques. Nausicaä, notre héroïne intrépide, incarne la quête de compréhension et d’équilibre avec la nature. Elle découvre les secrets de cet environnement transformé et cherche à vivre en harmonie avec lui.

Ce qui rend les personnages de Ghibli si spéciaux, c’est cette capacité à trouver un équilibre entre l’homme et la nature. Ils nous montrent que la clé du bonheur réside dans la cohabitation respectueuse avec notre environnement. Alors que Satsuki, Mei et Nausicaä vivent leurs aventures, elles nous enseignent la beauté de la nature, la nécessité de la préserver et la joie qui naît de la compréhension mutuelle.

L’urbanisation est un autre sujet important dans les films de Ghibli. Prenez Le Château Ambulant, par exemple. Dans ce film, une ville industrielle ne cesse de grandir, dévorant tout sur son passage, y compris la paisible campagne environnante. Mais au lieu de nous décourager, cela nous rappelle l’importance de trouver un équilibre entre la vie urbaine trépidante et la beauté de la nature.

Des films révolutionnaires

Le Studio Ghibli a réussi à transformer son art en un puissant outil de soft power environnemental. À travers ses films, il a suscité la réflexion, inspiré l’action et éveillé la conscience sur les enjeux écologiques. L’opposition qu’il dresse entre la beauté de la nature et la destruction de l’humanité est devenue une métaphore pour les dilemmes actuels de notre planète. Les studios Ghibli ont également mis en lumière la responsabilité de l’homme dans la préservation de la nature et la nécessité d’un équilibre entre progrès et respect de l’environnement.

Alors que Le Garçon et le Héron rejoint la longue liste des chefs-d’œuvre du Studio Ghibli, il rappelle au public du monde entier l’importance de préserver notre planète. Le soft power environnemental de Ghibli est un exemple exceptionnel de la capacité de l’art à inspirer le changement et à promouvoir la conscience environnementale. En fin de compte, le studio Ghibli continue de nous rappeler que l’avenir de notre planète dépend de notre engagement à vivre en harmonie avec la nature.

Les résidences

De quelques jours à plusieurs semaines, les journalistes et photographes de Grand-Format s’immergent dans un établissement scolaire, une médiathèque, une ville... pour y mener des ateliers d’éducation aux médias et un travail journalistique. Avec des jeunes et des moins jeunes, nous construisons ensemble ces éditions spéciales de Grand-Format issues de ces résidences.