Un congélateur collectif, une chaufferie à bois déchiqueté, une grainothèque, une vie associative riche… Au sud du Parc naturel des Marais du Cotentin, dans la Manche, le village de Marchésieux a attiré le regard du photographe Emmanuel Blivet. Pendant quatre saisons, il y est revenu régulièrement pour capturer des images de la vie de ce bourg de 700 habitants, où de nombreuses actions sont menées pour sauvegarder le patrimoine et la nature.
Au premier plan, une stèle en mémoire de Léon Ourry, ancien maire de Marchésieux de 1971 à 1995, engagé dans le mouvement syndical, puis des écologistes dans les années 80. Derrière, le stockage des copeaux accolé à la mairie et l’école du village.
La chaufferie à bois
Premier adjoint au maire de Marchésieux, Roland Lepuissant a en charge le fonctionnement de la chaudière à bois communale, située entre la mairie et l’école. Celle-ci chauffe les bâtiments communaux : mairie, cantine, école, médiathèque, salle des fêtes et plusieurs logements, l’équivalent d’environ 100 tonnes de copeaux par an. Le bois provient d’exploitations agricoles de Marchésieux et des communes environnantes.
Ancien agriculteur, Hubert Ourry est responsable de la plate-forme de l’Aden (Association des énergies renouvelables). Depuis 2007, date de création de la plate-forme de stockage du bois déchiqueté, l’Aden livre chaque semaine, en période hivernale, une remorque de copeaux de bois à la chaufferie de Marchésieux. Le bois provient d’exploitations agricoles de Marchésieux et des communes environnantes. Environ 700 m3 de bois déchiqueté provenant de l’entretien des haies bocagères sont produits par an.
La salle des fêtes de Marchésieux, également équipée de panneaux solaires, l’arrière de l’école communale, la médiathèque et le presbytère, tous chauffés par la chaudière à copeaux communale.
La commune souhaite racheter une partie des logements de la rue principale afin de proposer aux locaux des tarifs abordables. Leur chauffage par la chaudière à bois est à l’étude.
Robin des haies
Forestier de formation, Stéphane Marie s’est spécialisé dans la plantation de haies bocagères. Il répond à des commandes de particuliers et à des appels d’offre dans le cadre du programme de valorisation de la haie avec le Plan bocage, financé par le Département, en partenariat avec le Parc des marais.
Après avoir fait travailler et décompacter le sol par un sous traitant, Stéphane utilise environ dix essences d’arbres différentes, locales, venant du grand ouest, parmi lesquelles le chêne, le merisier, l’érable champêtre, le noisetier, le cornouiller, le charme, le pommier sauvage…. Il plante ces essences sur deux rangs, en quinconce, pour que le talus soit revitalisé rapidement, et puisse à nouveau produire de la matière sèche d’ici quelques années.
Tous les ans depuis longtemps, L’Adame des Marais organise son traditionnel troc plantes et troc graines le lundi 1er mai à la Maison des Marais de Marchésieux. L’idée est simple : échanger de jeunes plants et boutures de fleurs, légumes, aromates et autres vivaces.
Les membres bénévoles de l’association « Café réparation » de Saint-Lô sont invités par l’Adame des Marais à aider les habitants dans le diagnostic d’une panne, et à donner une seconde vie à leur petit électroménager. Les statistiques des résultats sont, selon les bénévoles : 1/3 de succès, 1/3 réparable mais il manque la pièce, enfin 1/3 non réparable.
1/3 de succès, 1/3 réparable mais il manque la pièce, enfin 1/3 non réparable.
Atelier de réparation de vélo animé par Michel Lefranc durant la journée Troc Plantes. Michel propose aussi tous les jeudis une sortie vélo dans les environs de Marchésieux.
Régulièrement, Marie-Eve Boutry, sollicitée par l’association Familles rurales, vient animer le samedi matin un atelier cuisine pour parents et enfants dans une des classes de l’école du village de Marchésieux. Au menu de cette session du samedi de juin: la préparation de gâteaux diététiques et à destination des intolérants.
Le village propose à ses administrés un grand congélateur collectif d’une centaine de compartiments qui peuvent être loués, au gré de leurs besoins. Moins polluant que son équivalent chez les particuliers, ce service de froid collectif s’avère aussi très utile en cas de coupures de courant.
Prendre soin du vivant
Fête de la citrouille, Maison des Marais. Sous le regard de François Dudouit, bénévole à l’association l’Adame des Marais, une fournée de pain vient de sortir du four de la boulangerie à proximité de la Maison des Marais.
Marie Lunel, vannière de la région, qui anime par ailleurs des stages de vannerie, propose ici une introduction à la création d’objets de vannerie, avec des essences locales d’osier.
Un concours des plus belles citrouilles y était organisé.
La grainothèque mobile, née à l’Adame des Marais il y a 4 ans, est animée par Vincent Mazière. Son principe est le même que celui du troc plantes, basé sur l’échange, le maintien et la transmission de semences locales.
Aurélie Bourassin, éleveuse de moutons avranchins à Marchésieux. Avec d’autres éleveurs du Calvados et de la Manche, Aurélie redonne ses lettres de noblesse à cette race rustique au bord de l’extinction il y a encore quelques années, et qui ne supporte pas un enfermement prolongé.
Depuis 2019, Martin Gosselin accompagne les exploitants agricoles pour tout ce qui concerne l’implantation de haies, que ce soit les diagnostics de terrain ou les demandes de subventions. Parce que « replanter une haie, c’est bien, mais en prenant en compte le terrain, le passif des haies et les changements climatiques, c’est mieux. » Technicien bocage au parc naturel régional des marais du Cotentin et du Bessin, il est ici invité par l’Aden (Association des énergies nouvelles) de Marchésieux, pour former à la taille de fruitiers.
Maraîcher bio sur la commune depuis quelques années, Benoît Vaca nourrit l’école communale et ouvre son marché à la ferme tous les mercredis. Partisan du troc, Benoît propose à ses clients d’extraire les graines de leurs tomates et de lui rapporter afin de préserver des semences de qualité, hors des circuits commerciaux contrôlés par les grands groupes.
Pour faire un monde
C’est la chronique d’un retour. Un retour au village. Un village qui fut une terre de promesses. Marchésieux dans la Manche, Marchuus pour les intimes, avait pensé à tout. La préservation de l’environnement, le maintien des petites fermes agricoles, l’autonomie énergétique, l’éducation populaire, les loisirs… Le temps a passé. Tout passe. Où en sont-ils aujourd’hui ? Comment ça marche à Marchuus?
Un documentaire de Rémi Mauger, diffusé en février 2024, à revoir sur France 3 jusqu’au 25 avril.