Janvier 2023

Pédaler pour ne pas tomber

Lucille Derolez (texte) - Yannick Lecoeur (dessins)

« C’est comme gravir une montagne »

Publié le 10 janvier 2023

En décembre 2020, Solveig et Aude vivent l’impensable : leur fils d’un an et demi, Maël, décède d’une leucémie très rare. Pour continuer de le faire vivre et remercier les gens qui les avaient aidées financièrement, elles entreprennent un « Détour de France ». Un long voyage thérapeutique à vélo, pour essayer d’avancer et raconter Maël, encore et toujours.

Un mercredi matin du mois de juin pas comme les autres à la Maison du vélo, à Caen. Une chanteuse vient présenter son nouveau titre, « Jeannie Treize Or », à une équipe de France 3 Normandie. Le décor est parfait. Derrière cet accueil musical d’un jour, dans le grand atelier, sont jonchés ici et là cadres de vélo, boîtes à outils et autres pièces détachées, où vont et viennent des personnes venues réparer leur bolide, entourées des mécano-vélos.

Parmi eux et elles, Solveig, salariée à mi-temps depuis début 2022. Ce jour-là, elle accompagne un jeune homme hébergé en Institut médico-éducatif, venu faire un stage en mécanique. Solveig est attentive, patiente et concentrée, prête à transmettre ses connaissances. Pourtant, dans ce domaine, on peut dire qu’elle est presque novice. Il y a trois ans, rien ne lui laisser présager un tel avenir.


En 2019, Solveig est photographe indépendante. Elle vit à Mondeville, à côté de Caen, avec sa compagne, Aude, professeure d’EPS. Cette année là, elles attendent un heureux événement : leur fils Maël naît, c’est le bonheur. « Jusqu’au jour où on a appris qu’il était atteint d’une leucémie. C’était en octobre 2020, Maël avait 16 mois. Après avoir fait une prise de sang, notre médecin traitant nous a dit de l’emmener aux urgences pédiatriques. Les résultats n’étaient pas bons. Je suis allée chercher Aude et Maël chez la nounou. Il a été hospitalisé pendant une semaine », raconte avec douleur Solveig.

Dans le cas de la leucémie – cancer touchant les cellules souches du sang – différents processus de soins sont possibles, selon le type de la maladie. La chimiothérapie soigne certaines formes, les greffes de moelle osseuse d’autres. Solveig et Aude apprennent qu’il s’agit d’une forme rare, ne se soignant que par des greffes. « Suite à l’hospitalisation d’une semaine entière, Maël retournait à l’hôpital deux fois par semaine, se souvient Solveig. A côté de ça, il fallait trouver un donneur et tout un processus s’est mis en place. On devait attendre pour la greffe parce qu’il n’y en avait pas à Caen. On était assez confiantes. »

En novembre, un mois après le diagnostic, l’état de Maël s’aggrave. Il a de la fièvre et du mal à respirer. Il est hospitalisé en décembre. Tout va très vite. Solveig a la gorge serrée, à peine deux ans après : « Il est arrivé en réanimation pédiatrique un lundi, le soir il était mort. »

Une bouée de secours

Pour les deux mamans, impossible de reprendre le cours normal de leur vie. Elles ont besoin d’une « bouée de secours » pour avancer et ne pas sombrer. Avant le décès de Maël, elles apprennent que leurs proches ont mis en place une cagnotte pour les aider financièrement. Solveig et Aude ont mis leur vie professionnelle de côté. « On a été surprises et étonnées. Chaque membre de notre famille avait fait jouer son réseau. Au début, on connaissait les gens qui participaient à la cagnotte, après plus du tout ! On s’était dit qu’une fois Maël guéri, on partirait tous les trois faire un tour de France à vélo pour remercier tous ces gens. » Parce qu’Aude et Solveig veulent continuer à faire exister Maël, l’idée du voyage reste après son enterrement.

Elles préparent en janvier 2021 un « Détour de France » de 6 000 kilomètres, à raison de 90 kilomètres par jour, en moyenne : « On a acheté une carte de France et on a punaisé tous les gens chez qui on voulait aller. On a rejoint les punaises avec des fils de manière assez cohérente. La carte ne faisait pas juste le tour. Il y avait pleins de détours. » Et puis des trous, très vite remplis avec des gens qui entendent parler de leur histoire. Albums photos de Maël dans les sacoches, elles partent de Normandie fin février 2021 et rendent visite à leurs proches, ceux qui n’avaient pas pu faire la rencontre de leur fils avec le Covid. Solveig et Aude deviennent des « ambassadrices », « en mission » pour Maël. Avant de partir, elles ont lu des choses sur le deuil et savent que « raconter encore et encore ce qui s’est passé fait partie du processus. » Tous les jours, elles remplissent le carnet de bord sur leur page Facebook intitulée « En selle avec Maël », et sont suivies de près par la presse locale.

Elles sont rejointes le temps d’une étape par un proche ou un curieux venu faire leur rencontre. C’est le cas d’Axel qui avait fait la route depuis la Belgique pour retrouver Aude et Solveig à Metz. « Il avait besoin de ce partage d’expérience. Il s’était renfermé après la mort de sa fille, huit ans avant. Il était admiratif du fait qu’on a décidé, avec Aude, d’en parler tout de suite », se rappelle Solveig. Bien que ce ne soit pas « dans sa nature de parler » facilement, Aude a tout de suite conscience de ce « contexte particulier qui faisait que la parole s’ouvrait facilement » et de la « nécessité de ne pas se renfermer ».

Se raccrocher à la vie

De retour de leur détour en août 2021, Aude et Solveig doivent se raccrocher à la vie, tant bien que mal. Aude est vite rappelée par l’académie de Caen pour reprendre son poste de professeure, soutenue par ses collègues et ses élèves, parfois « sans qu’ils ne le sachent vraiment ». Mais pour Solveig, plus possible de reprendre son métier de photographe : « Je travaillais souvent toute seule pour avoir cette liberté que je recherchais. Je voulais être entourée de collègues, dans un système plus cadré, sinon on rumine trop. » Déjà, elle a l’idée de se reconvertir dans la mécanique-cycle. Elle devient surveillante dans un collège en septembre et fait des premiers stages dans le vélo, pendant les vacances scolaires. Puis elle arrive à la Maison du vélo en janvier 2022 où on lui propose un CDD en remplacement. Lorsqu’elle aura son CQP-cycle (certification de qualification professionnelle), elle pourra exercer où elle le souhaite, pour promouvoir la pratique du vélo au quotidien.

Désormais séparées, Aude et Solveig sont fières de ce projet qui les a sauvées, qui leur a permis, à chacune, de retrouver un équilibre. Pour Aude, « c’est comme gravir une montagne. Derrière ça descend et ça fait du bien. »

Et un jour, elle s’envole

Publié le 10 janvier 2023

Une obsession et un rêve d’enfance. Khadija, 52 ans, a appris à faire du vélo pour devenir plus libre, plus indépendante. Un changement dans son quotidien à Hérouville-Saint-Clair qui lui a redonné confiance et l’espoir de voler un peu plus loin.


Il n’y a plus de question à se poser quand Khadija prend la direction de la Maison du vélo à Caen. Depuis Hérouville, en une vingtaine de minutes, elle longe le canal de Caen à la Mer sur son deux-roues et arrive à destination : « Je n’ai même pas peur sur la route. Pour quelqu’un qui ignore que j’appris il y a quelques mois seulement… je me débrouille ! » Car pour Khadija, ce trajet aujourd’hui simple et banal, était loin de l’être il y a quelques années.

En février 2021, elle s’est lancée dans une grande aventure : rejoindre la vélo-école de la Maison du vélo et apprendre à faire du vélo. « Je n’ai dit à personne que je m’étais inscrite. J’ai gardé le secret : si j’y arriverai, je le dirai, sinon je n’en parlerai pas ! », se souvient celle qui a grandi à Kénitra, à quarante kilomètres de Rabat, la capitale du Maroc.


Durant son enfance, pas de « culture du vélo », ni de vélo à portée de main. Pourtant, c’est un rêve qu’elle a depuis toute petite. Une « obsession » pour Khadija qui ressent à chaque rencontre d’un cycliste, l’envie de poser ses mains sur le guidon, le temps de quelques minutes. De cette lubie, elle s’en amuse aujourd’hui : « Cela me fait rire quand j’y pense. Les gens qui me connaissaient, ils m’appelaient dès qu’il y avait un vélo pour que je vienne le toucher ! »

L’indépendance à deux-roues

Ce rêve, elle le réalise très vite, « je n’ai même pas fait les dix séances prévues ». Une matinée sur la draisienne – qui permet l’apprentissage de l’équilibre et le développement des réflexes, les pédales en moins – et Khadija est déjà sur le vélo la séance suivante. « A force de regarder les gens rouler, j’avais l’envie et c’est peut-être pour ça que je n’ai pas mis beaucoup de temps. Je me rappelais tous les moments où j’avais ce besoin de prendre le vélo et où je n’y arrivais pas. C’est une chose magnifique. », constate Khadija qui, tout de suite, annonce la grande nouvelle. Elle appelle ses proches et ses copines du Maroc. Elle leur dit ce qui lui est arrivé, ce cap qu’elle a osé franchir, seule, sans en parler à personne.


Thomas, moniteur-vélo depuis 10 ans à l’association Vélisol’, se souvient de la vitesse de Khadija, discrète mais déterminée, avec laquelle elle s’est lancée pour arpenter les rues caennaises et la voie verte, en dehors du circuit fermé de la Maison du vélo. « Souvent, les personnes vont mettre cinq ou six cours à passer au vélo, remarque-t-il, parce qu’ils ont cette peur de tomber et moins l’inconscience des enfants. Khadija s’y est mise vraiment, elle avait une faible estime d’elle à l’origine. »

La vie de Khadija change. Elle le perçoit très vite et très concrètement. Elle n’a plus besoin de demander à ses patrons de venir la chercher pour aller travailler sur les marchés. Elle ose sortir toute seule en virée sur les sentiers du bois de Lébisey à Hérouville. Et elle peut rendre visite plus facilement à sa sœur qui habite Laize-la-Ville, à douze kilomètres au sud de Caen.
Terminée la dépendance des horaires épars et irréguliers des Bus verts du département du Calvados. Terminés aussi les trajets qu’elle avait l’habitude de faire à pied. « Maintenant c’est quand je veux, je prends le vélo et je vais chez elle. C’est tellement beau sur le chemin, c’est la Suisse-normande là-bas ! »,se réjouit Khadija.

Un élan de liberté

Khadija sur son vélo est là où elle devait être, à l’aise et sans peur Même après un accident survenu quelques jours après ses débuts à la vélo-école. Elle se remémore encore ce moment de frayeur sur le chemin de Laize-la-Ville, sans l’omission d’un détail. « C’était un grand virage en descente. D’habitude je fais la descente en marchant. J’ai freiné mais mon frein ne marchait pas. Les voitures étaient au feu rouge, je me suis vue claquer avec une voiture, alors je suis sortie de la route et j’ai pris une piste cyclable qui était en travaux. Avec les pierres et la vitesse… bon, j’ai eu des petits bleus sur le visage », minimise Khadija qui rit de la situation qui ne l’a surtout pas freinée dans son élan de liberté. Dès le lendemain, elle s’est relancée sur un nouveau vélo.


Khadija a pris son envol et se sent plus libre. « Surtout le soir quand j’allais à la mosquée pendant le Ramadan en avril. C’était la nuit, le calme, j’étais toute seule, vraiment je sentais que je volais ! Si je pouvais faire la prière à ce moment-là, c’était grâce au vélo », reconnaît-elle, un peu émue. Parce que pour elle, pouvoir se déplacer aussi facilement, « c’est une grande chose », un but qu’elle s’est fixé et qui lui permet de prendre confiance en elle, en sa capacité à avancer. « Je voyais l’objectif très loin avant. Maintenant je me dis que pour d’autres projets, je peux y arriver, je peux avancer, je peux les réaliser. »

Le faux-plat montant après l’accident

Publié le 10 janvier 2023

Du jour au lendemain, la vie de Tristanne a été bouleversée. Sortie vivante d’un grave accident de voiture sur le périphérique de Caen en novembre 2021, cette grande sportive n’a pas attendu les six mois d’attente annoncés pour commencer sa rééducation au CHU. Elle a choisi le vélo pour l’accompagner jour après jour et l’aider à redonner vie à son corps et à son esprit.

Penser à sa seule sortie de la journée, celle qui change des rendez-vous médicaux devenus quotidiens. S’y préparer physiquement, mentalement. Espérer trouver un endroit calme, avec peu de gens parce qu’il faut gérer ses problèmes de concentration et ses difficultés d’élocution. Expliquer que la rencontre ne pourra pas durer longtemps parce que désormais on ne tient plus. Des pensées auxquelles Tristanne, la quarantaine, essaie de s’habituer depuis maintenant plus de six mois. Elle prend tout de même le temps de raconter son histoire au cœur de laquelle se trouve sa béquille, son nouveau souffle qui lui permet de se raccrocher à la vie et dont elle n’imaginait pas sa force : le vélo.


Tout commence un 18 novembre 2021. Tristanne est au volant de sa Picasso, sur le périphérique de Caen. Il y a du monde, une voiture freine devant. Tristanne réagit, derrière elle c’est trop tard. « C’est un accident banal au final. Ça a tapé devant, dans la rambarde centrale aussi. Ma voiture s’est retrouvée écrasée, mon corps s’est contracté. Les airbags sont sortis, ce qui a provoqué mes trauma-crâniens », raconte avec précision Tristanne.


Direction les urgences où elle y reste quelques jours : « Ils m’ont autorisée à rentrer chez moi car mes constantes ne bougeaient pas. » Elle doit attendre trois mois pour faire un IRM afin que les médecins décident de la suite. Tristanne se dit chanceuse, elle n’a pas de fractures à la suite de cet accident. Mais c’est bien son dos et sa jambe droite, qui, « contractés », vont l’immobiliser à partir de ce jour.

Le vélo-fauteuil au cœur de la rééducation


De retour chez elle en fauteuil roulant, Tristanne est alitée, elle ne peut rien faire et c’est l’enfer. « Je suis d’origine très sportive. Je faisais du badminton en niveau régional. Et à côté de ça, de l’escalade, du vélo, du yoga », détaille-t-elle. Tristanne connaît bien son corps et sent qu’elle peut faire un premier pas en avant, aidée d’une canne, malgré son état vertigineux constant et ses problèmes d’élocution qui apparaissent. De sa propre initiative, elle demande à son médecin des séances de kiné, qu’elle obtient très rapidement. Là-bas, elle fait une rencontre inattendue : « C’est la première fois que le vélo entre en jeu. Il y avait dans le cabinet de la kiné, un vélo-fauteuil ! Je pédalais tout doucement pour que ma jambe retrouve le mouvement, se muscle, et puis pour que ça circule dans le mollet et la fesse qui étaient en béton. La kiné m’a guidée pour choisir une activité que j’aime, observe-t-elle, Or, les gens que j’ai croisé dans les salles d’attente n’ont pas tous des loisirs sur lesquels ils peuvent s’appuyer. »


Fin février 2022, l’IRM est à son agenda. Les résultats sont bons. Le CHU l’envoie vers la médecine physique et de réadaptation. « Malheureusement, c’est la vie mais il n’y a pas de places », explique Tristanne, certainement pas découragée. Elle trouve alors le moyen d’avancer, de son côté. Second pas en avant, elle consulte sa kiné : « Je lui ai demandé si je pouvais tenter le vélo électrique à l’extérieur, mon dos allait un peu mieux. L’effort n’allait pas être surhumain, étant donné le confort qui m’attendait ! »

A la Maison du vélo, le retour du vélo de la Picasso

Problème, le vélo électrique crève. « Je ne sais pas changer la chambre à air d’un pneu arrière d’un tel vélo. J’atterris donc à la Maison du vélo ! Là, je me suis rendue compte des difficultés cognitives que j’avais », relate Tristanne qui y va, étape par étape. Boules quies et casque fixé sur la tête, elle travaille sa mémoire et sa dextérité, accompagnée d’un mécano-vélo qui lui explique mais ne fait surtout pas à sa place. Elle est bien entourée et le reconnaît : « la Maison du vélo, c’est la fête pour ça, c’est un lieu associatif où ils sont habitués à voir toute sorte de gens. » Elle est enthousiaste et éprouve de la satisfaction à chaque tâche qu’elle accomplit. Surtout, elle fait travailler « un truc qu’elle aime bien », qu’elle connaît.

Mais une réparation pour le moins symbolique va la replonger dans le choc de l’accident et lui permettre, dans le même temps, de faire un troisième pas en avant. Car Tristanne n’est pas la seule à avoir été secouée ce jour-là. Dans son coffre, se trouvaient un skate, des rollers, une trottinette et puis un vélo. « Je l’avais acheté quinze jours avant à la Maison du vélo ! Je l’ai ramené, lui aussi s’en était sorti mais la roue avant était morte. On l’a remis en route. J’y ai fait mon premier tour de piste ! Je me disais, ouah, je suis vivante ! », se souvient celle qui rêvait de descentes en forêt et d’aventure, avant l’accident.

En ce mois de juin, Tristanne vient enfin de commencer la médecine physique et de réadaptation au CHU de Caen. Elle sera bientôt déclarée « travailleuse handicapée », une étape à digérer bien qu’elle lui permettra de retrouver du boulot et une « vie normale ». Cette nouvelle vie, elle la construit à Hérouville où elle avale les pistes cyclables, une vraie « bulle d’oxygène ».

Tristanne sait que les quelques pas qu’elle a osé poser à terre ont changé sa vie, jour après jour. « La courbe jusqu’à aujourd’hui, c’est un faux-plat montant ! Je ne connaissais pas ce mot là, mais je crois que c’est ce que les gens entendent par résilience : l’acceptation des choses telles qu’elles sont. Ben oui en fait : y’a pire, y’a mieux. Je prends ce qu’il y a et je suis réaliste. »

Lucille Derolez

Journaliste en formation à Rennes et originaire de la Manche, je suis guidée par cette envie de raconter ces histoires du quotidien qui font notre grande histoire de l’humanité ! Grand-Format m’a donné cette chance d’en raconter quelques unes et j’espère avoir bientôt d’autres occasions de le faire, à travers de nouveaux reportages en Normandie, dans toute la France ou ailleurs !

Yannick Lecoeur

Je suis réalisateur de films d’animation (beaucoup de clips, des ciné concerts…), musicien, et auteur de bande dessinée. Je m’intéresse surtout à mettre en images des expériences de vie, en y ajoutant une touche d’humour et de poésie. En novembre 2022, j’ai sorti ma première bande dessinée « ils sont où les chakras de la poule ? », sur la vie d’une famille de paysans dans le pays d’Auge.