L’installation de compteurs électriques Linky peut-elle provoquer des incendies ? Partout en France, des départs de feu se produisent. Rien à voir avec le Linky, répond Enedis. Ce n’est pas l’avis de Philippe Delangle, technicien de l’entreprise à Caen. Depuis 2019, il alerte sa hiérarchie sur ces risques. Il a fini par porter plainte contre sa société. Pour Grand-Format, il a accepté de témoigner publiquement.
Mercredi 17 avril 2019, un compteur électrique Linky prend feu dans un appartement, à Eu (Seine-Maritime). Il s’enflammera de nouveau deux jours plus tard. Vendredi 18 mai 2018, le feu se propage dans un pavillon du Manoir (Eure) suite à un «dysfonctionnement électrique», comme le souligne Enedis. Le samedi 3 juillet 2021, c’est à Vire (Calvados), qu’un autre compteur Linky s’embrase. Vendredi 27 août 2021, même incendie à Saint-Jores (Manche). En mars 2018, c’est dans un magasin de l’enseigne Devred, à Avranches (Manche), que le compteur communicant s’est enflammé au cours de l’après-midi. Mickaël Tison, responsable du magasin de mode pour hommes se souvient:
«J’ai aperçu de la fumée sortant du plafond quand j’ai ouvert la trappe. Le compteur était en feu. Je n’avais jamais vu un départ de flamme comme cela, j’ai aussitôt saisi l’extincteur et quand les pompiers sont arrivés, il y avait une odeur de plastique brûlé.»
Mickaël Tison, responsable du magasin Devred à Avranches (Manche)
Le compteur Linky était installé depuis un mois lors de l’incident. La faute à un coupe-circuit, selon Enedis. Ce composant relié à l’installation électrique aurait été le foyer de l’incendie. Le gérant du magasin avait souscrit une puissance d’électricité inadaptée à sa puissance de raccordement. «On a revu nos abonnements et on n’a plus de soucis », explique Mickaël Tison.
Linky imposé
Incident isolé ou anomalie avérée? Des incendies qui seraient provoqués autour de l’installation d’un compteur Linky se produisent partout en France. «Sur 200 000 incendies en France, 50 000 sont dus à l’électricité. Plus on installe de compteurs Linky, plus il y a de Linky impliqués dans des incendies», relativise Jacques Mahé, responsable du déploiement des compteurs communicants en Normandie. Et la société maintient qu’«aucun problème d’incendie lié à des défauts intrinsèques aux compteurs Linky n’a été observé. Suite aux expertises menées, le compteur Linky n’a jamais été mis en cause sur le plan juridique».
Serait-ce donc aussi simple qu’un calcul mathématique ? Chaque fait divers accroît un peu plus la défiance quant aux compteurs électriques communicants d’Enedis. Mais l’entreprise reconnait que les incendies peuvent être causés par de mauvais serrages mécaniques des raccordements. Une petite dizaine d’incendies avaient été répertoriés pendant la phase d’expérimentation entre 2010 et 2011.
Les techniciens d’Enedis et la stratégie de la société chargée du déploiement des compteurs sont-ils à l’origine de ces manquements ? Prise dans la course effrénée d’un projet industriel de grande ampleur, l’entreprise a-t-elle été négligente ?
Au total, 35 millions de compteurs Linky devraient être déployés à la fin de l’année 2021, ce qui couvrirait 90% des foyers français. Relevé et interventions à distance des techniciens, suivi de la consommation d’énergie pour les particuliers, donc économie d’énergie et engagement écologique : l’entreprise Enedis, qui gère la distribution de l’électricité sur 95% du territoire français, met régulièrement en avant les différents atouts du nouveau compteur électrique.
Le boîtier vert fluo fait pourtant l’objet de nombreuses controverses qui ne datent pas d’hier. Ondes électromagnétiques, sécurité des données personnelles et risques d’incendie sont parfois pointés du doigt. Des dizaines de collectifs «stop-Linky» ont été créés au cours des 10 dernières années, allant jusqu’à mener des actions collectives en justice afin de pouvoir refuser l’installation du nouveau compteur.
« On vous doit plus que la lumière »
A Caen (Calvados), Philippe Delangle rêvait «d’apporter la lumière chez les gens». En 1988, son vœu est exaucé. Il travaille pour EDF-GRDF, devenue Enedis. Aujourd’hui proche de la retraite, celui qui intervient sur les tableaux de comptage électriques depuis 33 ans n’imaginait pas qu’un jour son nom figurerait parmi les lanceurs d’alerte. Mais face au manque de réactivité de son entreprise, sa carrière a pris une toute autre tournure depuis deux ans.
Tout commence en 2019, quand, adoptant le principe de vigilance partagée, Philippe Delangle remonte ses questions, qui se transforment peu à peu en remarques puis en missives. «Sur le terrain, on est responsable juridiquement de ce qu’on fait, on verrouille», introduit-il. Le technicien d’intervention polyvalent monte le compteur et disjoncteur, il intervient en cas de court-circuit et installe les compteurs Linky.
Celui qui aime se décrire comme le «dernier maillon de la chaîne» prend son rôle très au sérieux. Sa carrière professionnelle a été bercée par les slogans des belles années du service public. «Des hommes au service des Hommes», ou encore «On vous doit plus que la lumière».
«Quand la hiérarchie a mis en place la vigilance partagée, je l’ai pris au pied de la lettre. J’ai adhéré à ce système.»
Philippe Delangle, électricien qualifié chez Enedis et lanceur d’alerte
Sauf que les choses se gâtent quand Philippe Delangle s’aperçoit que des anomalies persistent malgré ses signaux d’alerte. A Langrune-sur-Mer (Calvados), en septembre 2019, un compteur Linky a été installé avec un câble trop petit pour supporter la puissance électrique programmée du compteur. Un défaut dans l’installation qui peut conduire à des risques d’échauffement tels qu’un incendie peut se déclencher. Le technicien limite la puissance électrique, procède au changement du disjoncteur et alerte sa hiérarchie.
«J’ai demandé dans un courriel que cette problématique soit abordée en réunion de sécurité. Ma demande n’a reçu aucun écho de ma hiérarchie locale», indique-t-il.
Philippe Delangle, électricien qualifié chez Enedis et lanceur d’alerte
Premier tracas pour Philippe Delangle: pourquoi laisser un compteur Linky alors que les conditions de pose ne sont pas réunies? De son côté, la direction d’Enedis assure qu’en Normandie, il y aurait 30 000 lieux où l’entreprise a estimé qu’elle ne pouvait pas poser de compteur communicant.
Ici, rue de Jersey, à Caen, Philippe Delangle montre les failles qu’il a constatées. D’après François Lemoine, d’Enedis, des outils et procédures sont mis en place afin de traiter les cas remontés par les agents.
Un projet industriel coûteux
Le déploiement des compteurs Linky est un projet industriel d’envergure, long et coûteux de 5,7 milliards d’euros. Enedis a avancé 4 milliards d’euros pour l’achat et l’installation des compteurs électriques, qui, à l’unité, coûte 130€.
10% proviendraient ainsi de ses fonds propres et les 90% restant sont issus d’un emprunt réalisé auprès de la Banque européenne d’investissement (BEI).
L’entreprise compte rembourser son avance grâce au mécanisme de différé tarifaire, prélevé sur la facture des clients.
Sensé être indolore, la société assure qu’ils n’auront rien à débourser puisqu’elle compte notamment sur les économies réalisées quant aux frais de fonctionnement.
Comme le souligne la Cour des comptes dans un rapport publié en 2018, «ce différé constitue donc une avance faite par Enedis, remboursée par les consommateurs à partir de 2021. Le taux d’intérêt de cette avance est de 4,6 % et les intérêts s’élèvent à 785 M€ au total sur la période 2015- 2030, soit en moyenne 49 M€ par an». Ce que la Cour des comptes juge «excessif».
Des installations électriques trop vétustes
Chez une seconde cliente, résidant à Caen, l’électricien s’aperçoit cette fois qu’il ne peut consentir à changer son contrat de 3 KVA (kilovoltampères) à 6 KVA : la charge d’électricité est plus importante que l’installation ne peut le supporter.
Là encore, un compteur Linky a été installé alors que les conditions ne sont pas réunies. Sans se départir, Philippe Delangle fait remonter à ses supérieurs cette seconde anomalie mettant en danger les habitants. Les cas comme ceux-ci s’enchaînent. Les problèmes majeurs sont toujours les mêmes.
«Nous travaillons à partir d’une réglementation imposée par les fabricants des compteurs Linky. D’après eux, aucun compteur Linky ne doit être posé si la section du branchement qui l’alimente est inférieure à 4 mm2. Pour poursuivre le déploiement des compteurs Linky, il faudrait donc rénover les colonnes électriques. La plupart des colonnes incriminées ont été construites avant 1992.»
Philippe Delangle, électricien qualifié chez Enedis et lanceur d’alerte
François Lemoine confirme la marche à suivre plébiscitée par Philippe Delangle. « En tant que professionnel, rien n’empêche Mr Delangle de corriger tout de suite l’erreur constatée. S’il ne peut résoudre le problème, c’est remonté sur une liste. Un poteau penché signalé par un maire peut être changé un an plus tard si c’est juste esthétique », dit-il en substance.
C’est dans de vieux bâtiments, tels que celui habité par cette cliente, que l’installation du compteur Linky peut devenir problématique, à cause d’installations électriques sous-dimensionnées. Comme l’explique l’association Ethique en action, dans un courrier adressé à l’Association des Maires de France, «ces installations ont été réalisées en fonction des besoins de l’époque et non aux besoins d’aujourd’hui. Celles-ci sont sous-dimensionnées et le risque d’incendies n’est pas exclu».
Un problème que reconnait François Lemoine d’Enedis : « Ces colonnes ne supportent pas d’apporter plus de puissance au client. Si une colonne permettait de profiter d’une cafetière, un radiateur et un micro-onde, elle ne permet pas forcément, après pose du Linky, de profiter d’une autre machine branchée telle qu’un four, sinon cela disjoncte. Dans ces cas-là, on refuse systématiquement d’augmenter la puissance. Sinon c’est au fournisseur de tenter de changer la puissance. Les téléopérations ne sont pas envoyées. »
Au contraire, Philippe Delangle a constaté à plusieurs reprises que sur certaines de ces vieilles colonnes, «les puissances maximums sont supérieures à la capacité réelle des branchements ». Une version contredite par le cadre d’Enedis, François Lemoine, pour qui il faut différencier le «c’est arrivé » de « cela pourrait arriver ».
Depuis novembre 2020, suite à la loi Elan, Enedis a récupéré près de 770 000 colonnes électriques dont la construction est antérieure à 1992. Devenu concessionnaire, c’est à Enedis que revient la charge de réaliser les travaux de rénovation et d’absorber les coûts afin qu’elles puissent supporter la puissance électrique des nouveaux compteurs. «Nous prévoyons d’en rénover 4000 par an, en France», précise Jacques Mahé. Une mission onéreuse pour la société, engagée dans une course contre la montre pour atteindre ses objectifs de pose du nouveau compteur, à la mi 2022.
«Fin 2021, nous devions poser 90% des compteurs Linky, malgré nos deux mois de retard lié au confinement, nous serons dans les temps pour l’objectif visé en 2022», se réjouit Jacques Mahé.
Le problème, d’après Philippe Delangle, est que que certains intervenants (Enedis ou entreprises privées) ne vérifieraient pas la compatibilité entre la dérivation individuelle et les conditions de pose du compteur qui sont imposées. Et quand un client demande plus de puissance électrique, « on la lui donne par téléopération, à distance, et sans se soucier que la section de liaison soit adaptée», remarque le technicien d’Enedis. Le contrat est donc augmenté à 9 KVA alors qu’il aurait dû être limité à 3KVA. Des augmentations de puissance, « sans garde fou», selon le technicien. Et qui peuvent provoquer l’échauffement des circuits, voire des incendies.
Jacques Mahé ne « confirme pas du tout», ces propos. « Moi je parle d’un million huit cents mille de clients chez qui on est allé poser un compteur Linky. Si jamais, vraiment, nous étions dans une situation gravissime où on n’a pas respecté les gestes techniques de base, les prescriptions techniques, on aurait des gens qui défileraient dans la rue avec des pancartes et on aurait été mis en responsabilité plusieurs fois.» Et d’évoquer la formation dont bénéficient les 200 techniciens poseurs Enedis et autres entreprises incluses, qui interviennent en Normandie.
Selon Jacques Mahé, ces poseurs sont contrôlés en permanence. « D’autres techniciens d’Enedis spécialisés dans des visites de sécurité les accompagnent très régulièrement de manière à évaluer la qualité de leurs travaux.» Ces contrôles représentent 20 000 visites par an, soit 3% des poses. Mais est-ce bien suffisant ? « Oui», garantit-il. « Si les conditions de mise en œuvre ne sont pas réunies, c’est un facteur d’exclusion du réseau. La personne va donc être de nouveau formée et en fonction des anomalies constatées, nous allons revérifier les précédentes installations qu’elle a faites.»
En 2018, le risque d’échauffement et d’incendies est reconnu par les acteurs de la filière électricité, du bâtiment et les associations de consommateurs réunis au sein de l’association Promotelec. Cette dernière rédige une note pratique conseillant aux usagers de se tourner vers un électricien qualifié afin de faire vérifier leur installation. « Dans le cas où les sections de câbles ne sont pas adaptées aux nouveaux réglages, des accidents (feu) peuvent se produire le jour où le particulier fait la demande auprès d’Enedis afin d’augmenter la puissance de son compteur à distance », écrit l’association.
Peu de temps après, Promotolec publie un billet intitulé «Mise au point avec le compteur : attention à la désinformation !». Elle y évoque certains opposants qui se seraient appuyés sur cette note pour «dénigrer ce nouvel appareil ». L’association «ne saurait accepter de servir de « caution technique » à une utilisation malveillante de ses propos», prévient-elle.
D’autres causes possibles d’étincelles
La non-vérification de la compatibilité des compteurs n’est pas la seule anomalie pointée du doigt par Philippe Delangle. Le technicien s’est aussi aperçu que la plupart des fichiers avec lesquels il travaillait étaient erronés. Sur le fichier, qui reprend chaque point de livraison, est représentée l’image exacte du branchement électrique alimentant un logement. «On aurait pu profiter de ce changement de compteur pour mettre à jour les fichiers en indiquant les bonnes sections et cela aurait été plus fiable. Mais au lieu de cela, on peut poser des compteurs Linky en risquant un départ de feu. Je ne pense pas que ce soit un problème uniquement caennais», déplore le lanceur d’alerte.
D’après Jacques Mahé, «ces fiches n’ont jamais été aussi bien renseignées grâce à la numérisation» . François Lemoine explique que «les anciens techniciens peuvent avoir du mal à s’y retrouver entre l’ancien système et le nouveau. On continue à les former» .
Autre cause qui peut produire des étincelles : les tournevis dynamométriques défectueux. Ces tournevis servent à serrer les boîtiers des compteurs communicants. Une norme de serrage est imposée.
«Réglés en usine, ils doivent être contrôlés au moins une fois par an. Or, à la base de Bretteville-sur-Odon où je travaille, nous ne l’avons pas fait depuis 2016, soit depuis cinq ans. L’an dernier, j’ai prévenu ma hiérarchie, j’ai demandé un tournevis adéquat et j’étais le seul agent à en bénéficier. Les autres tournevis ont été contrôlés en novembre 2020, soit quatre mois après mon alerte. A ce moment-là, on s’est aperçu que neuf tournevis sur une quarantaine étaient défectueux. Imaginez à l’échelle de la France!»
Selon François Lemoine, «c’est vrai que neuf tournevis n’ont pas passé la barre. Mr Delangle n’est peut-être pas là à chaque fois qu’on contrôle, mais on les vérifie tous les deux ans». Consultée par nos soins, une notice démontre qu’il faut les vérifier une fois par an, comme le souligne Philippe Delangle.
«J’ai frappé à toutes les portes»
Chaque anomalie constatée par Philippe Delangle est remontée à sa hiérarchie. De la cheffe d’agence interventions au directeur régional Normandie, en passant par le chef de pôle base opérationnelle de Bretteville-sur-Odon, cinq personnes, parmi les cadres, ont été prévenues, a minima. Chaque fois, elles accusent réception, mais aucune suite concrète ne serait donnée, d’après le technicien d’Enedis.
En juin 2020, François Lemoine, félicitait l’employé de «ne pas faire l’augmentation de puissance demandée si le réseau ne le permet pas». Le cadre lui indiquait par contre qu’il ne pouvait «refuser de manière systématique toute intervention sur un compteur Linky. En effet, ce nouveau compteur, posé à l’identique des précédents n’est pas la cause des dysfonctionnements rencontrés», assure-t-il.
Lassé que les hiérarchies locale, régionale et nationale fassent la sourde oreille, l’électricien, soutenu par la Maison des lanceurs d’alerte et l’association Ethique en action, a constitué un dossier. «J’ai frappé à toutes les portes pour me faire entendre et mettre un terme à ces dérives.» L’association Ethique en action a fait part de ces pratiques en adressant des courriers à l’association des maires de France, à chaque Tribunal judiciaire de France. Philippe Delangle a contacté la Procureure de Caen, Amélie Cladière, en juin 2020.
«J’ai fini par porter plainte contre Enedis à la demande du substitut du Procureur de Caen et en août 2020, une enquête a été ouverte au pôle enquêtes du Tribunal judiciaire de Caen.»
Philippe Delangle, électricien qualifié chez Enedis et lanceur d’alerte
Philippe Delangle voit l’échéance de décembre 2021 approcher avec le déploiement des compteurs Linky, puis sa retraite. «Je ne mène pas un combat contre le compteur Linky car ce n’est pas lui qui est en cause mais les conditions de sa pose. Ce qui compte pour moi, c’est d’assurer la sécurité des personnes», conclut le lanceur d’alerte.
Sans nouvelles de l’enquête en cours, en désespoir de cause, il accepte de révéler son visage et son identité à la presse, espérant encore faire bouger les choses. Serait-ce donc la parole du lanceur d’alerte contre l’entreprise ? «Je ne veux surtout pas entrer en conflit avec Mr Delangle. Il affirme cela, moi je vous dis simplement comment on travaille», évacue François Lemoine.
Quand les municipalités s’opposent au Linky
En Normandie, ce sont les conseils municipaux de 30 communes qui ont délibéré contre l’installation des compteurs électriques Linky, ou pour que les habitants aient le choix d’accepter ou non sa pose. Bernard Hoyé, maire de Gonneville-sur-Mer (Calvados) se souvient de ce conseil municipal, en 2016, où la décision de s’opposer a fait l’unanimité.
«Nous avions dû retirer [la délibération], contraints et forcés, le 22 septembre de la même année. Les Tribunaux administratifs, puis le Conseil d’État, ont retenu que cela n’était pas de la compétence communale. De très nombreux habitants se sont et restent opposés à la pose de compteursLinky, mais eu égard aux pressions et au fait que le boîtier recevant le compteur se trouve en limite de la voie publique, les changements de compteurs ont été réalisés. […] Nous connaissons par ailleurs des Gonnevillais qui tentent de faire désinstaller le compteurLinky, et qui, en dépit d’ordonnance de leur médecin, peinent à y parvenir», confie le maire.
En 2020, le maire, s’adressait de nouveau à ses quelques 680 administrés en proposant d’adresser une lettre recommandée à Enedis pour se manifester s’ils refusent la pose du compteur Linky.
Jacques Mahé, délégué territorial d’Enedis dans le Calvados, précisait dans les colonnes de l’hebdomadaire caennais Liberté que le compteur Linky « s’impose à tous par décision de l’État, ce n’est pas au choix de chacun même si on a choisi la pédagogie pour expliquer ses avantages ».
Balayées, les tentatives des municipalités? Pas exactement. Si l’on se fie aux propos de Jacques Mahé, aucun levier n’existe donc pour refuser le compteur en question. Mais à toute règle figure une exception. En janvier 2019, la deuxième commune de France à faire plier Enedis était normande. Romilly-sur-Andelles (Eure), a fait condamner Enedis, gestionnaire du réseau d’électricité en France, par leTribunal administratif de Rouen.
En 2018, les élus voulaient que les habitants aient le choix: installer un compteur Linky ou conserver l’ancien. Ils ont ainsi formulé leur demande à Enedis, aux députés et aux sénateurs. Tandis que la préfecture a validé cette délibération, Enedis a saisi la justice pour demander le retrait de cette lettre. Le Tribunal administratif de Rouen a rejeté la requête du gestionnaire du réseau d’électricité et a condamné la société à verser 1 000 € à la commune, à cause des frais engagés pour la procédure. Le bras de fer ne dura pas si longtemps.
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