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Les étudiants de deuxième année de Licence Humanités numériques de l’Université de Caen ont chacun choisi un sujet lié à l’environnement, au climat, à l’écologie, la transition écologique, au développement durable.
En 2023, la température maximum à ne pas dépasser sur terre a été franchie. Cette hausse de 1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle a accéléré la fonte des glaciers et provoqué la multiplication des feux de forêt. Les premières personnes impactées par la hausse des températures sont celles habitant les îles tropicales en raison de l’élévation de la mer qui va les inonder et par conséquent les faire disparaître. C’est le cas pour Tuvalu, petit archipel polynésien, situé dans l’ouest de l’océan Pacifique Sud. Les premiers réfugiés climatiques ont été accueillis en Australie, devenue «terre d’accueil» pour les 11000 habitants de l’archipel. D’après France Info, les neuf atolls qui composent l’archipel de Tuvalu sont menacés de disparition d’ici un siècle. Depuis quelques années le pays est grignoté par l’océan, ce qui augmente la fréquence des inondations et l’érosion des côtes. De plus, la salinisation des sols a rendu l’activité agricole plus compliquée. La mer monte vite, l’Australie s’est engagée à réunir 16 millions de dollars australiens, soit l’équivalent de 9,5 millions d’euros, pour consolider les côtes et récupérer du terrain sur la mer. La solution de dernier recours est l’évacuation de l’archipel…
Le rôle des pays
Le rôle des COPS est de répondre à ces problèmes majeurs. Mais comment faire pour trouver une solution commune pour ralentir le réchauffement climatique, sachant que chaque pays va essayer de préserver son intérêt? Chaque pays fonctionne différemment et ne dispose pas des mêmes moyens. L’idéal serait qu’il y ait une entente internationale, c’est-à-dire que les pays les plus riches investissent davantage pour aider les pays les plus pauvres. Cela pourrait notamment aider certains pays à trouver des énergies alternatives, c’est-à-dire limiter l’utilisation d’énergie fossile et favoriser les énergies renouvelables.
Rien n’est perdu
D’après les scientifiques, il est encore possible de changer les choses. En effet, l’urgence climatique est aujourd’hui une évidence, mais il y a encore des moyens de limiter son impact. En un siècle, les conséquences que cela a engendrées sont déjà bien visibles: fonte des glaciers, montée des eaux de 20 centimètres, modification des écosystèmes, augmentation des cyclones, etc. Et toutes ces conséquences pour une hausse de seulement 1,1°C alors que l’on parle de 3 ou 4°C supplémentaires encore d’ici la fin du 21e siècle!
Lorsque l’on se projette vers l’horizon 2100, il y a deux scénarios possibles: le premier, qualifié d’«optimiste», par l’application immédiate d’une politique climatique internationale, provoquerait quand même une augmentation d’environ 1°C. Le second scénario, qualifié de «pessimiste», sans politique climatique, entraînerait une élévation de l’ordre de 4°C, avec des conséquences environnementales et sociétales irréversibles.
En France, par exemple, on réfléchit déjà aux adaptations nécessaires dans le cadre d’une augmentation de 4°C, comme si ce très fort réchauffement pour le futur était inéluctable… Est-ce à dire qu’on ne peut plus agir dessus? A-t-on déjà acté que la bataille était perdue?
Ce type de positionnement n’est pas un signal fort pour agir dans la recherche d’une atténuation du phénomène, de l’échelle du gros industriel à celle du simple citoyen. Or, toutes les actions sont importantes, des plus grandes aux plus petites, car chaque gramme de CO2 en moins dans l’atmosphère compte !
Ilona ROMAIN
Interview d’Olivier Cantat, Professeur de Géographie à l’Université de Caen-Normandie et expert pour le GIEC Normandie.
Est-ce qu’à notre échelle, nous avons encore un impact sur le changement climatique?
Il n’est jamais trop tard. À partir d’aujourd’hui, de cette minute, tout ce qu’on n’envoie pas comme gaz à effet de serre dans l’atmosphère est bénéfique pour limiter le réchauffement planétaire. […] Si on veut réduire notre empreinte sur le climat, il va falloir qu’on fasse des efforts au niveau de tous les pays. D’après les travaux du GIEC, les COP successives montrent bien ce qu’il serait nécessaire d’entreprendre à l’échelle internationale, mais également au niveau de chaque pays, de chaque région et de chaque individu. Tout le monde peut et doit encore faire quelque chose!
Y aura-t-il des pays beaucoup plus impactés que d’autres?
Oui, nous sommes tous affectés par le changement climatique, mais à des niveaux différents. La géographie et le niveau de vie expliquent souvent ces disparités. Les premiers touchés sont les habitants des petites îles tropicales. Pourquoi eux en premier? Parce que pour certaines, comme les atolls, ne disposant que de terres proches du niveau de la mer, elles vont être les premières à subir l’élévation de celle-ci en raison de la fonte des glaces continentales. [ …] En regardant à l’échelle du globe, les COP montrent que les solutions possibles pour lutter contre le réchauffement sont difficiles à mettre en place car les intérêts des pays divergent. Les pays les plus actifs sont ceux correspondant aux petites îles tropicales déjà évoquées car leur survie est en jeu! Sous leur impulsion, le seuil de réchauffement à ne pas franchir fixé à +2°C à la suite des accords de Paris en 2015 a ainsi été ramené à 1,5°C. Malgré cela, on voit déjà apparaître les premiers «réfugiésclimatiques», avec la population des atolls de Tuvalu qui va être accueillie par l’Australie…
Pensez-vous que les grandes entreprises ont un rôle dans la motivation des Français, car nous pouvons être découragés face à l’inaction des industries et l’enjeu écologique?
Je dirais que c’est le pouvoir de l’exemple. Il est certain que si on avait des décisions fortes prises au niveau international et par les grandes multinationales qui gèrent la planète, cela encouragerait les niveaux « inférieurs » (régional et local, privé comme public, et jusqu’à l’échelle du simple citoyen) à poursuivre et prolonger cette impulsion positive. Cela donnerait plus de confiance dans les actions à mener et dynamiserait le système pour aller vers une société plus vertueuse et respectueuse de son environnement…
Propos recueillis par Ilona ROMAIN
«Si les conséquences du changement climatique à l’échelle mondiale sont bien visibles et documentées, c’est aussi le cas en France, à l’image de l’Europe qui est la partie du globe la plus touchée par le réchauffement climatique, comme l’a récemment démontré un article scientifique. D’après Météo France, l’année 2022 est l’année la plus chaude jamais enregistrée. Sur l’ensemble de cette année, la température moyenne était de 14,5°C. Parallèlement, on a observé un fort déficit de pluie, tous les départements étant concernés par ce phénomène (entre 10% et 40% de précipitations en moins). Ce manque de pluie a créé une période de sécheresse remarquable, les trois quarts du territoire étant affectés, ce qui impacta aussi le niveau d’eau des nappes phréatiques. Enfin, l’été 2022 a connu trois vagues de chaleur extrêmes, allant jusqu’à plus de 40°C localement, notamment dans l’Ouest du pays, région pas habituée à ce genre d’excès.
«Plus précisément, en Normandie, d’après les données de Météo France de Caen-Carpiquet, on observe une diminution des jours de froid et les très fortes gelées se font de plus en plus rares. Depuis les années 1970-1980, cela représente environ 9jours de gelées en moins.
« Inversement, les jours de chaleur ne font qu’augmenter. Les très fortes chaleurs, au-delà de 35 °C, sont notamment de plus en plus fréquentes. Ce qui équivaut à 8 jours de chaleur supplémentaires. »
I.R.
Ce procédé chimique émerge comme une solution novatrice dans la transition énergétique. Cette pratique transforme les biodéchets, les déjections animales et les résidus de cultures en biogaz, utilisé ensuite pour produire de l’énergie thermique, électrique et même pour alimenter des véhicules. Cette approche contribue à réduire la dépendance du pays aux énergies fossiles et à diminuer les émissions de gaz à effet de serre issues de l’agriculture.
Celui-ci se fait par la décomposition des matières organiques en l’absence d’oxygène, généralement réalisé dans des digesteurs. Pendant ce processus, les micro-organismes décomposent la matière organique en composés plus simples, produisant principalement du biogaz composé de méthane (CH4) et de dioxyde de carbone (CO2). Ce biogaz peut être ensuite utilisé comme une source d’énergie renouvelable, pour la production d’électricité, de chaleur ou comme carburant.
Optimisation de matière
L’objectif fixé pour 2030 est d’injecter 10 % de biométhane dans le réseau de gaz naturel, ce qui représente 40 000 GWh de la consommation nationale de gaz. La filière méthanisation en France repose sur la récupération et la valorisation des matières organiques, et non sur des cultures spécifiquement dédiées à cette fin. La réglementation encadre strictement l’approvisionnement des méthaniseurs, limitant l’utilisation de cultures principales à 15 % de leur alimentation.
Avantages et Risques
Outre son action dans la lutte en faveur de l’environnement, la méthanisation présente certains avantages. Elle favorise la création et la préservation d’emplois, permet une gestion des déchets à moindre coût et offre des opportunités de revenus supplémentaires pour les agriculteurs. Et concernant les risques associés à la production de biogaz, ceux-ci sont maîtrisés la plupart du temps grâce à une réglementation stricte et à des mesures de sécurité appropriées. Les sites de méthanisation sont équipés de détecteurs de gaz, d’extincteurs et de dispositifs de destruction du biogaz pour minimiser les risques d’incendie ou d’explosion.
Un travail commun, en coopération avec les citoyens
Le choix des sites de méthanisation se fait en concertation avec les autorités locales et les riverains, en tenant compte de divers critères environnementaux, logistiques et socio-économiques. Les porteurs de projets potentiels incluent les agriculteurs, les collectivités territoriales, les industries agroalimentaires, les stations d’épuration des eaux usées et même les citoyens engagés dans des projets territoriaux durables.
La méthanisation représente une opportunité majeure pour promouvoir une gestion durable des déchets et une transition énergétique plus propre et plus résiliente pour la France. Son développement continu nécessite une collaboration étroite entre les acteurs publics et privés pour maximiser ses bénéfices socio-économiques et environnementaux.
Malgré ses avantages indéniables, la méthanisation reste encore méconnue du grand public français, suscitant ainsi des interrogations chez les futurs voisins des sites de méthanisation.
Laura PÉPIN
Interview de Benjamin Thomas, chef de projet chez Biomasse Normandie, sur la gestion des déchets d’activités économiques, et de la méthanisation.
La méthanisation a-t-elle un avenir positif en faveur de l’écologie ?
La méthanisation est bénéfique pour l’écologie et l’environnement pour plein de raisons. D’abord, elle contribue à réduire les émissions de gaz à effet de serre en valorisant le méthane. Et elle valorise les déchets organiques car elle les transforme en une source d’énergie utile.Et en plus de ça la méthanisation aide à améliorer la qualité des sols en utilisant le digestat comme engrais organique.
En quoi les centrales de méthanisation sont bénéfiques pour les agriculteurs ?
Les centrales offrent plusieurs avantages aux agriculteurs, ce qui explique par ailleurs leur intérêt croissant pour ces installations. Ça permet aux agriculteurs de valoriser les déchets de leur exploitation, ce qui génère des revenus supplémentaires. Et le digestat produit est un engrais de qualité qui améliore la fertilité des sols et ça réduit la dépendance aux engrais chimiques.
Cela favorise une agriculture plus durable et contribue à atténuer le changement climatique.
La méthanisation est-elle une production sûre ?
La méthanisation est en général une méthode de production sûre, mais bien sûr à condition qu’elle soit correctement gérée et entretenue. Comme pour toute installation, il y a des risques potentiels qui doivent être pris en compte et gérés d’une bonne manière. Par exemple, il faut contrôler attentivement la qualité et la composition des matières premières utilisées pour éviter toute contamination. Et les opérations comme le chargement des matières premières et le stockage du biogaz ça doit être effectué en suivant des normes de sécurité strictes, avec une formation adéquate. Des mesures doivent être prises pour réduire les risques d’accidents comme les fuites de gaz ou les incendies.
Le secteur de la méthanisation se développe-t-il de manière croissante en Normandie ?
Le secteur de la méthanisation en Normandie connait une croissance significative ces dernières années, la région bénéficie d’un soutien fort avec la mise en place d’incitations financières et de programmes de subvention pour promouvoir le développement de la méthanisation.
Propos recueillis par Laura PÉPIN
Soutenu par l’ADEME, la région Normandie et Territoire d’Énergie et animé par Biomasse Normandie et les Chambres d’Agriculture normandes, ce projet vise à stimuler et à co-construire la filière méthanisation dans la région. Au cœur de cette initiative réside l’ambition de produire 1 700 GWh de biométhane, avec pour objectif d’atteindre 10 % de biométhane dans le réseau de gaz. Actuellement, un nombre croissant d’unités de méthanisation sont opérationnelles en Normandie. Les objectifs régionaux sont clairs : développer la méthanisation pour réduire la consommation finale d’énergie, tout en favorisant une économie circulaire et durable.
Dans cette optique, la Charte Métha’Normandie a été élaborée, engageant les acteurs régionaux à travailler ensemble pour promouvoir une transition énergétique efficace et respectueuse de l’environnement. Ce programme représente une étape cruciale dans la transformation de la Normandie vers une région plus verte et plus durable.
L.P.
Le rapport annuel sur le développement durable de Caen en 2023 souligne les efforts déjà entrepris pour promouvoir l’autonomie énergétique par le biais du développement des énergies renouvelables (ENR). Depuis 2017, la ville détient le label « Territoire à énergie positive pour la croissance verte », et a également été doublement labellisée « Cit’ergie » en 2015 et 2018, en reconnaissance de la qualité de sa politique énergétique et climatique. Le Schéma directeur des énergies (SDE), mis en place par Caen la Mer et la Ville de Caen, marque un engagement dans le développement des ENR locales telles que le solaire, l’éolien, la géothermie et la thermique. Ces initiatives jouent un rôle dans la transition énergétique, tout en favorisant la participation citoyenne à travers de nouveaux projets. Concrètement, la municipalité a lancé l’installation de panneaux solaires sur plusieurs bâtiments publics et a amorcé la mise en place d’un réseau de chaleur urbain dans le nord de la ville, destiné à desservir à terme plus de 39 600 logements.
La continuité des projets de la ville.
Le programme d’action de la transition écologique de Caen, inspiré de la feuille de route « Caen 2030 », témoigne des ambitions de la ville pour accroître son autonomie énergétique d’ici 2030. L’accent sera mis sur le renforcement de la production d’énergies renouvelables locales, avec pour objectif d’atteindre 18% de production électrique d’ENR et 80% pour le réseau de chaleur urbain. D’autres initiatives prévues incluent l’expérimentation des ENR sur le patrimoine public, avec l’installation de panneaux solaires sur les ombrières et une augmentation du nombre de toitures équipées d’ENR. La réglementation dans le Plan Local d’Urbanisme Intercommunal sera également ajustée pour optimiser l’utilisation des toitures, visant à transformer 100% d’entre elles en toitures solaires, végétalisées ou en espaces publics. Enfin, Caen souhaite impliquer davantage les citoyens dans la production d’énergies renouvelables en encourageant leur participation dans des projets communaux, en les incitant à s’engager dans des initiatives ENR et en collaborant avec eux pour promouvoir une sobriété énergétique collective. Caen s’investit donc dans sa transition énergétique, et est déterminé à construire un avenir plus durable et résilient pour ses habitants.
Noa TOUVET
La Région Normandie s’engage dans la transition énergétique et la préservation de l’environnement. À Caen, elle déploie un programme pour soutenir la production d’énergie propre et diversifier le mix énergétique régional. En accord avec la loi transition énergétique pour la croissance verte de 2015, ce programme régional s’appuie sur le schéma régional climat air énergie normand, visant à favoriser le développement des énergies renouvelables. Au cœur de cette initiative se trouve le dispositif IDÉE (Initiative Développement durable Energie Environnement), conçu pour accompagner les projets innovants dans ces domaines. IDÉE Action offre un soutien financier aux projets de production d’énergies renouvelables, couvrant le bois-énergie, la méthanisation, la géothermie assistée par pompe à chaleur, le photovoltaïque, le solaire thermique et la valorisation de la chaleur fatale. Ce programme inclusif s’adresse aux acteurs normands, incluant collectivités locales, établissements publics, établissements d’enseignement, associations et entreprises, privées ou sociales.
De plus, la Région soutient le réseau ECLORE (Energies Citoyennes LOcales et Renouvelables) via les fonds européens du FEDER, piloté par la SCIC Les 7 Vents. ECLORE dynamise la transition énergétique à Caen en rassemblant et animant les acteurs du domaine, favorisant les collaborations et valorisant les initiatives locales. Son accompagnement contribue ainsi à un avenir énergétique plus durable pour la région de Caen.
N.T.
«Le cycle est lancé pour des siècles et des siècles»
Sans aucune surprise, le changement climatique est la première source de ce phénomène environnemental. Il est en partie lié à l’augmentation des températures moyennes et atmosphériques, ayant pour conséquence l’augmentation des températures marines. Ces causes entraînent une dilatation de l’eau, c’est-à-dire que «l’eau chaude prend plus de place que l’eau froide» selon l’explication de Romain Debray, responsable de l’Agence Normande de la Biodiversité (ANB). Jusqu’à maintenant, les glaciers qui fondaient étaient marins. Ainsi, la fonte des glaciers ne faisait pas augmenter le niveau des mers pour autant. Romain Debray l’illustre de cette manière-ci: «quand vous mettez un glaçon dans un verre d’eau, l’eau dans le verre ne va pas pour autant déborder». Les répercussions de l’activité humaine sont l’une des sources de l’intensification de la montée des eaux. Elles sont visibles à travers le changement climatique. Les répercussions sont visibles sur les littoraux puisqu’il occupe grandement ces espaces artificialisés et industrialisés. Un risque se crée car toutes les activités industrielles, mais aussi beaucoup d’habitations, y sont concentrées.
«On sous-estime ce phénomène, nous ne sommes pas encore dans le dur »
Selon une étude de l’Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques, datant du 7 décembre 2020, les territoires susceptibles d’être sujet à une submersion recouvrent1 000 km²du territoire normand, soit 3,5% de la Région. La population habitant en bord de mer est la première concernée. En effet, elle est obligée de penser à se reloger. Pour se protéger et protéger la biodiversité présente sur les littoraux, il est nécessaire d’arrêter de vouloir habiter en bord de mer et de faire construire.
Comment participer aux stratégies d’adaptation?Le sujet peut représenter une angoisse, c’est pourquoi il est difficile d’en parler. A l’échelon régional, plusieurs programmes ont été élaborés, à l’image de la stratégie «Littoraux normands 2027». Ce programme permet, sur le plan régional, d’anticiper des conséquences et de s’adapter. Il a pour vocation de sensibiliser mais également de mettre en avant les actions mises en place par l’Etat. Les quatre grands enjeux de ce programme présentés sur le site de la DREAL Normandie sont l’adaptation, la réduction de vulnérabilité face aux risques, la restauration de la biodiversité et l’accompagnement des territoires dans la transition écologique et énergétique.
Un second projet régional instauré : le programme « LittoBlocs ». Ce programme a pour objectif de protéger au maximum les espaces naturels présents en bord de mer, les protéger surtout des érosions. Le béton est le matériau phare de ce programme car il est le plus utilisé dans le domaine de la construction marine. Il aide au maintien et à la protection de la biodiversité en participant à la création d’espaces naturels tels que des enrochements, ce qui permet de participer à la fondation ou à la protection d’habitats marins.
Candice DELENTE
Interview. Romain Debray, responsable de l’Agence Normande de la Biodiversité et du Développement Durable, travaille pour la protection de l’environnement local et propose de sensibiliser les élus aux questions environnementales.
Quelles sont les conséquences de ce changement climatique sur la biodiversité de nos littoraux?
Les milieux naturels sont généralement coincés entre la mer et les infrastructures humaines. S’ils se retrouvent confrontés à un obstacle tels qu’une route ou un mur ils ne vont plus pouvoir se replier et vont se retrouver submergés. L’exemple typique sont les dunes sur lesquelles vous retrouvez toute une végétationdunaire : vertébrés et insectes. Sur les plages de sable du Calvados vous retrouvez beaucoup d’oiseaux qui nichent au sol, ce que l’on appelle des limicoles. Ces oiseaux vont faire leurs couvées à ras le sol et l’échec typique d’un nid est lorsqu’il est emporté par une vague. Donc, si les espaces sont de plus en plus fins, ces oiseaux vont être de plus en plus vulnérables.
Quelle conséquence sur la population?
Un point important à souligner, et peu abordé, est l’augmentation des masses d’eau.Si les masses d’eau marines augmentent, par effet physique, les masses d’eaux souterraines aussi. L’eau de la mer pousse les masses d’eaux à se déplacer. On assiste ainsi au déplacement des biseaux salés: point de rencontre entre les eaux douces et salées. Plus le niveau marin augmente, plus ce biseau salé se rend vers les terres. On constate que dans certaines stations de captage d’eau potable on commence à détecter de l’eau salée, ce qui n’est pas bon signe. Ainsi, notre accès à la ressource en eau est remis en question car l’eau salée ne peut pas être distribuée au robinet.
Qu’est-ce que le dispositif Territoires Engagés pour la Nature proposé par l’ANBDD?
Le dispositif national a été créé par l’Office Français de la Biodiversité (OFB). Il s’agit d’un appel auprès des collectivités qui sont prêtent à s’engager sur un plan d’action de 3 ans pour la biodiversité. Si le plan d’action joint à la candidature est intéressant, adapté à la taille de la collectivité et à ses moyens, la collectivité est reconnue Territoire Engagé pour la Nature pendant 3 ans. L’ANBDD la suit pour voir si elle met en place son plan d’action, la conseille, l’accompagne pour les financements. Il y a peu, l’ANBDD a décidé de revoir le dossier de candidature pour plus y intégrer le volet marin et littoral, peu mis en avant dans les éditions précédentes.
Propos recueillis par Candice DELENTE
La montée des eaux implique également l’érosion des falaises. Des mesures sont prises afin de protéger celles-ci. A Etretat, à la suite de nombreux éboulements et plusieurs morts, dont 3 en 2023, la mairie a pris exemple sur d’autres villes qui avaient déjà expérimenté des mesures pour réguler le surtourisme. Ainsi, la mairie a décidé de redessiner le parcours balisé, pas toujours respecté, que les visiteurs doivent suivre lorsqu’ils se promènent au bord des falaises. Elle les invite par ailleurs à prendre des mesures de sécurité telles que « ne pas s’approcher à moins de trois mètres » du bord des falaises. Le dispositif mis en place par la mairie a pour objectif de protéger au mieux le littoral car l’érosion des falaises, de plus en plus accentuée, est aussi provoquée par le surtourisme. En effet, le nombre de visiteurs foulant chaque jour et chaque année les lieux est estimé aux environs d’1,5 millions, ce qui ne fait que renforcer ce phénomène d’érosion en abîmant et fragilisant le sol. De ce fait, les érosions engendrent des éboulements pouvant être meurtriers pour les promeneurs.
C.D.
Selon la plateforme Géorisques, l’inondation est une «submersion, rapide ou lente, d’une zone habituellement hors de l’eau.» «Le débordement du cours d’eau est initialement un phénomène naturel. Toutefois, dès l’instant où cet évènement rencontre des enjeux humains, il est question d’inondation», explique Jean-Michel Cador, enseignant-chercheur à l’Université de Caen.
Le fleuve de l’Orne est situé dans le département du Calvados et de l’Orne. Il prend sa source à Aunou-sur-Orne et traverse une soixantaine de communes en remontant vers le nord-ouest pour se déverser dans la mer de la Manche à Ouistreham, après être passé par Caen.
Comprendre l’essence du risque
Au moment où le fleuve de l’Orne déborde de ses berges, il envahit les terres aux alentours de Caen la Mer. D’après une carte de la DREAL Normandie, une partie de Caen la Mer est en risque important d’inondation. Dans le Calvados, les inondations par débordement de cours d’eau résultent majoritairement de précipitations fréquentes, continues ou fortes, précise le portail Géorisques. Ce sont des crues lentes de plaine. Bien que les inondations surviennent en quelques jours, voire quelques heures, leur durée peut s’étendre d’une journée à plusieurs semaines. Qui plus est, lorsque des épisodes pluvieux exceptionnels se produisent, «le niveau de la nappe d’eau souterraine, autrement dit la nappe phréatique, peut remonter à la surface du sol et accompagner le cours d’eau», rajoute Jean-Michel Cador. Comme le souligne le site Géorisques, les inondations de ce type émergent surtout au printemps, en hiver et en automne, c’est-à-dire lorsque les pluies exercent une grande influence sur le débit des fleuves.
L’Orne domine
Généralement, lorsque l’Orne déborde, « il n’y a pas de conséquences en termes de risques pour les vies humaines à Caen la Mer », indique le maître de conférences. En effet, le Calvados est situé dans le Nord de la France où le climat est globalement tempéré. Ainsi, les précipitations qui tombent sur le territoire se répartissent sur plusieurs semaines et rendent donc prévisibles longtemps à l’avance les inondations. La paralysie de la circulation est assurément la principale conséquence de ces phénomènes sur le territoire de Caen la Mer. Des routes dans le centre-ville de Caen et des boulevards autour de la prairie sont souvent momentanément fermés lorsque des inondations se produisent. Une fermeture de route s’est notamment imposée le dimanche 3 mars 2024 au niveau de la route de Louvigny depuis la prairie. Des embouteillages, des perturbations voire des dégâts matériels peuvent aussi être à déplorer. Les habitants de Caen la Mer comme les plus grandes instances subissent des conséquences économiques. « Les eaux ont la possibilité d’envahir les caves, par exemple, et ainsi endommager des compteurs électriques, des appareils électroménagers tels que des congélateurs. Le montant des dégâts peut donc s’avérer très élevé », insiste Jean-Michel Cador. À côté de cela, les aménagements du territoire nécessaires pour pallier les débordements de l’Orne ont un coût significatif et s’élèvent généralement à plusieurs milliers d’euros.
Marion MANGELEER
Interview. Jean-Michel Cador, enseignant-chercheur en Géographie à l’Université de Caen, présente les solutions face aux inondations de l’Orne.
Les acteurs
«Il y a les collectivités territoriales en charge de la gestion des eaux. Les communes et les groupements de communes peuvent aussi faire des choses à leur échelle sur leur territoire. Le schéma d’aménagement et de gestion des eaux est également une structure qui a été mise en place sous le bassin de l’Orne avec ses préconisations. Il y a également un syndicat mixte pour s’occuper de la basse vallée de l’Orne.»
Plan de prévention
«Les communes situées en amont doivent d’emblée retenir l’eau le plus longtemps possible pour protéger au mieux celles situées un peu plus en aval. Par exemple, en créant des mares, une petite partie d’eau va être retenue. Il est possible de replanter des haies qui elles aussi vont arrêter ou ralentir le ruissellement. Et ainsi, quelques dizaines de centimètres de crue, environ, sont gagnés sur l’agglomération caennaise. Ces mesures nécessitent d’impliquer plusieurs dizaines de communes présentes sur le bassin versant mais ces dernières n’y trouvent pas forcément d‘intérêt: cela leur coûte cher et elles ne le font pas pour elles. Cela suppose donc d’avoir «une solidarité de l’eau». Il y a des subventions publiques qui financent toutes ces mesures, notamment des organismes comme les agences de l’eau.»
Les mesures locales
«La ville de Caen a engagé, après les inondations de 1995, des travaux entre Louvigny et le long de l’Orne, jusqu’à Ouistreham. Ces dernières années, des systèmes d’alerte efficaces ont été aussi mis en place. Les rues peuvent être barrées avec des sacs de sable pour empêcher les inondations. Il est possible également de gérer le niveau d’eau du canal qui coule parallèlement à l’Orne: l’eau de l’Orne est alors basculée dans le canal lorsqu’il y en a trop, et inversement. Tout cela est réalisé par des fonctionnaires et des systèmes de vannes et de déversoirs. C’est une gestion qui permet seulement de limiter les effets de la crue comme celle-ci s’est déjà formée dans la partie amont.»
Propos recueillis par Marion MANGELEER
Près de Caen, la ville de Louvigny a réagi aux débordements des eaux de l’Orne en mettant en œuvre son dispositif d’aqua-barrières. Cette initiative du Syndicat Mixte de Lutte Contre les Inondations est actuellement située le long de la Haule à Louvigny et interdit aux piétions et aux cyclistes de circuler dans cette zone à compter du 24 janvier 2024, d’après un arrêté du maire de la commune, Patrick Ledoux. La Haule est une « petite digue réalisée en terre », explique Jean-Michel Cador. Celui-ci rajoute que « ces aqua-barrières sont en quelque sorte des tréteaux en acier positionnées le long des berges du fleuve. » Une bâche est étalée sur ces tréteaux. Le dispositif fait environ 1m50 de hauteur. « Du moment que l’eau de l’Orne ne dépasse pas 1m – 1m50 de débordement, ces bâches suffisent à canaliser l’eau et à éviter que les prairies voisines soient inondées. Les aqua-barrières de Louvigny intègrent la catégorie des petites mesures locales puisqu’elles s’étendent seulement sur quelques centaines de mètres », souligne l’enseignant-chercheur.
M.M.
Selon l’Organisation des Nations unies, entre 1950 et 2017, 9,2 milliards de tonnes de plastiques ont été produites, 7 milliards sont devenus des déchets, soit près de 80% de la production de plastiques. La majeure partie n’est pas traitée, on dénombre seulement 9 % de déchets plastiques mondiaux recyclés. Ils finissent dans des centres d’enfouissements, des décharges à ciel ouvert. De nombreux déchets reposant dans ces décharges ou dans nos rues sont poussés par les pluies dans nos rivières. Les détritus tractés par les eaux se retrouvent alors en mer. Le malheureusement célèbre 7e continent, composé de plusieurs plaques de déchets flottant, présent majoritairement dans l’océan Pacifique, est composé à 90% de déchets provenant des fleuves.
Des conséquences désastreuses
Ces déchets présents dans cette décharge maritime se dégradent peu à peu dans l’eau. Le plastique en décomposition dans l’océan, se répand en micro-particules dans l’eau, elles contaminent la faune et la flore sub-maritime. À cause de cette pollution, plus d’un million et demi d’animaux marins meurent chaque année. Du plancton à la baleine, toute la chaîne alimentaire est bouleversée. De plus, les plaques de plastique transportent de nombreuses bactéries, ce sont des contaminants biologiques menaçant l’équilibre marin.
D’après l’Agence Nationale Sécurité Sanitaire Alimentaire Nationale (ANSES), les détritus de plastique mesurent « entre 5 millimètres à quelques centaines de nanomètres, soit 70 fois plus petit que l’épaisseur d’un cheveu ». La minuscule taille de ces plastiques accroît leur dangerosité, ils sont présents partout dans l’environnement, ils peuvent se répandre dans tous les organismes présents en mer. Ainsi, ces micro-plastiques sont ingérés par tous, via la consommation d’eau et de poissons. En une semaine, un être humain peut ingérer l’équivalent d’une carte bancaire, soit 5 grammes de plastique. Cet amoncellement de plastique met en danger la santé de tous les organismes vivants.
Des actions françaises
Peu à peu de nouvelles lois sont mises en place par le gouvernement pour lutter contre la pollution plastique, le ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires tente de lutter contre la pollution grâce aux mesures phare portées par la loi « anti-gaspillage pour une économie circulaire ». Appliquée depuis 2020, elle a pour but de mettre fin progressivement à tous les emballages plastiques à usage unique d’ici 2040.
En France, de nombreuses entreprises et associations ont entamé des mesures pour limiter leurs émissions polluantes, d’autres en ont fait leur cheval de bataille.
Parmi celles qui ont pris à bras-le-corps cette cause, on peut nommer l’entreprise Vertuoso, qui est passée récemment dans l’émission de M6 « Qui veut être mon associé ? ». Cette start-up en développement conçoit des systèmes de filtrations afin de bloquer la progression des plastiques dans les cours d’eau, pour éviter leurs arrivées dans les mers et océans du littoral français. Grâce à des stations de filtrage d’affluents et à des filtres ajoutés aux avaloirs de nos villes, elle veut limiter l’arrivée de plastique en mer.
D’autres entreprises se vouent à recycler les déchets plastiques peu traités auparavant. D’ailleurs, Nicolas Cahlik, le responsable d’une entreprise normande, met en garde : il faut différencier les termes recycler et valoriser, puisque valoriser signifie que les plastiques sont incinérés pour fournir une infime quantité d’énergie, alors que le recyclage permet réellement de donner une seconde vie aux plastiques.
Doriane SAMSON
Aujourd’hui, le plastique est omniprésent, que ce soit dans les emballages, dans les vêtements, et même dans nos cosmétiques.
De nombreux micro-plastiques sont présents en nombre dans les cosmétiques, ils sont introduits sous forme de granulé, ou utilisés comme agents liants dans des produits comme les gommages, les dentifrices ou le maquillage.
Les problèmes que posent cette présence dans des produits cosmétiques sont l’absorption des particules plastiques dans la peau et surtout leur diffusion dans l’eau. Les plastiques contiennent de nombreuses substances qui peuvent être toxiques, cancérigènes et des perturbateurs endocriniens.
Lors de la dispersion de ses composants plastiques de nos produits dans l’eau, les polymères et additifs contaminent chimiquement les mers, acidifient l’eau et déséquilibrent la vie maritime.
Les micro-plastiques sont utilisés dans les cosmétiques en raison de leurs coûts avantageux, et de leurs multiples déclinaisons diverses. Mais ces produits pourraient être remplacés par des composants biodégradables et naturels.
D.S.
Interview de Nicolas Cahlik, qui a créé, à Bayeux, Agglo Plast, une entreprise de fabrication de plaques et panneaux composés de 100 % de plastique recyclé.
Comment est née l’entreprise ?
En 2015, je me suis demandé “pour quelles raisons on recycle peu le plastique ?”, c’est surtout une question de coût, puisque pour recycler une tonne de plastique, cela coûte entre 2 à 3 000 euros, alors qu’il en faut 300 pour l’enterrer. Recycler du plastique coûte extrêmement cher alors que l’incinérer ou l’enfouir coûte 10 fois moins cher que le recyclage.
On ne recycle que 20% des plastiques dans le monde. Il y a sept grands types de plastique et certains ne sont pas recyclés aujourd’hui. La transformation des plastiques grâce au système breveté permet leur recyclage et d’éviter que le plastique ne parte à la mer, ne soit enfouie ou brûlé, le but est de stopper l’hémorragie.
Comment collectez-vous les déchets ? À quelle fréquence ?
Le plastique utilisé par l’entreprise est récupéré dans la mer. Je le récupère chez des entreprises ou des particuliers. Je préfère les entreprises, le plastique est facilement identifiable alors que chez le particulier c’est du tout-venant, c’est pas très propre. Mais comme on commence à être connu, de plus en plus d’entreprises nous donnent leurs plastiques.
Je fais des collectes toutes les 2 / 3 semaines, avec des amis sur les plages près de Bayeux.
Quels types de plastiques privilégiez-vous ?
Je peux traiter toutes sortes de plastique, le plus simple est le plastique rigide, qui est peu recyclé actuellement, contrairement aux bouteilles d’eau qui sont les mieux recyclées aujourd’hui en France. Alors que les plastiques des entreprises ne sont pas traités à cause de leur taille qui ne convient pas aux tapis roulants des centres de tri.
Vous collaborez avec la fondation de la mer à travers le programme un geste pour la mer ; qu’est-ce que vous apporte ce genre de partenariat ?
Cela permet du partage d’informations, mais aussi de la visibilité. On veut créer un partenariat qui nous permettrait de récupérer les déchets de leurs collectes en Normandie.
Combien de plastique avez-vous pu traiter ?
Depuis la fondation, on a pu recycler plus de 16 tonnes de plastiques.
Propos recueillis par Doriane SAMSON
Depuis les années 40, les pesticides sont utilisés dans la recherche de l’augmentation des rendements agricoles. C’est seulement vingt ans plus tard que la question de leur impact sur la santé humaine et sur l’environnement s’est posée. Les pesticides étaient de plus en plus utilisés : 2,5 millions de tonnes sur les cultures de la planète. Ces pesticides dispersés représentent 99,7%, contaminant les sols, l’eau et l’écosystème. Bien que ces substances aient contribué à accroître la production alimentaire mondiale en éliminant les ravageurs et les maladies des cultures, leur utilisation intensive pose des défis environnementaux majeurs, comme la diminution de la biodiversité, la résistance des organismes nuisibles, et a des risques potentiels sur la santé humaine.
Impact
Les pesticides ont un grand impact sur la faune et la flore. Ils sont conçus pour éliminer ou contrôler les organismes nuisibles, mais ils peuvent également avoir des effets néfastes sur la faune et la flore non ciblées. Le fait de déposer de plus en plus de pesticides peut apporter une résistance chez les organismes nuisibles. Les néonicotinoïdes ont un impact important sur les pollinisateurs, qui sont importants pour la reproduction des plantes. De plus, inhaler ou boire une eau contaminée peut perturber notre système endocrinien.
Les pesticides sont déposés le plus souvent par pulvérisation, sous forme liquide, sur les plantes ou le sol, et peuvent l’être aussi par avion ou hélicoptère, qui est le plus destructeur pour l’environnement. Ces matières peuvent se lier à l’eau, en dérivant et par ruissellement.
Il faut donc promouvoir l’utilisation d’alternatives moins dangereuses, biologiques. Les méthodes mécaniques ou encore l’utilisation d’engrais «verts» sont de bonnes alternatives à l’utilisation des pesticides. Mais encore l’utilisation de prédateurs naturels, comme les coccinelles.
Restrictions
La réglementation des pesticides en France a évolué pour répondre aux préoccupations croissantes liées à l’environnement, à la santé humaine et à la biodiversité. Les premières interdictions de pesticides organochlorés sont décidées au cours des années 70. À la fin des années 80, environ un millier de substances étaient autorisées. Depuis la directive européenne de 1993, leur nombre a été considérablement réduit puisque aujourd’hui, 423 sont recensées. Selon l’Académie de Biens Immobiliers et de Gestion de Patrimoine, «Depuis plus de 20 ans, l’Europe se dote petit à petit de législations ayant pour but de protéger la santé des consommateurs et de préserver l’environnement». En revanche, aucune réglementation n’existe en ce qui concerne la concentration de pesticides dans l’air. Mise en place en 2009, un plan Ecophyto a été lancé avec l’objectif de réduire l’utilisation des pesticides de 50% d’ici 2018. La loi pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire (Egalim) a été adoptée en 2018 et mise en œuvre en 2019. En 2020, le président Emmanuel Macron a annoncé l’objectif d’interdire l’utilisation des pesticides de synthèse d’ici 2025, avec une première étape consistant à interdire certains pesticides d’ici 2022.
Mais les chercheurs affirment l’incapacité de la France à atteindre les objectifs de maîtrise des impacts des produits phytosanitaires. Le plan Ecophyto le montre : avec son objectif central de réduction de l’usage des produits phytosanitaires de 50%. Avec comme exemple : le glyphosate . En 2018, a été ré-autorisé au niveau européen pour 10 ans, et les quantités vendues ont progressé de 25% entre les périodes 2009-2011 et 2016-2018.
Margot MOULIN
Gérald est protecteur biologique au sein du Jardin des Plantes. Il détermine les indésirables sur les espèces, entretient et réalise les élevages de coccinelles. Marie Brunet fait partie de l’équipe animation et supervise la production des coccinelles, aussi dans la distribution des œufs au printemps, réalise des animations pour montrer comment préserver la nature.
Pourquoi ne plus utiliser des pesticides ?
Gérald : Les « parasites » prennent beaucoup de place, attaquent les végétaux malades et les jeunes pousses. Les herbicides attaquent directement la jeune plante et peuvent l’endommager. Ne plus les utiliser a permis un développement de la biodiversité dans le jardin.
Quel est l’impact des pesticides sur la nature ?
G : Les pesticides et herbicides déposés sont actifs seulement trois semaines, se dispersant dans la terre avec notamment la pluie, qui tue la faune et la flore ; de ce fait, les racines se développement moins.
Pouvez-vous définir en quoi consiste ce programme et depuis quand existe-t-il ?
Marie Brunet : Il consiste en l’élevage des larves de coccinelles, de les distribuer aux visiteurs et de permettre de prévenir et communiquer les bienfaits de la faune et de la flore dans l’écosystème . Depuis 1984, et depuis tous les ans, tous les vendredis de 9h30 à 12h30, de avril à juillet.
Avez-vous constaté une efficacité dans le jardin, sur les espèces invasives ?
G : Oui, le jardin se développe de plus en plus avec sa biodiversité. La coccinelle est devenue une « porte d’entrée ».
Qui peut bénéficier de la distribution des larves ?
MB : Tout le monde, il n’y a pas de conditions requises, sauf de posséder des pucerons dans son jardin. En effet, les œufs de coccinelles éclosent rapidement (3 à 4 jours après les avoirs déposés), et doivent disposer de nourriture aussitôt. La prochaine distribution est prévue dès le 26 avril 2024.
Propos recueillis par Margot MOULIN
«41% des espèces d’oiseaux de jardin sont en déclin», selon le bilan du programme de l’Observatoire des oiseaux des jardins. D’après les spécialistes, cette chute de la population d’oiseaux, des petits mammifères et des insectes est dû à la difficulté à trouver des ressources alimentaires, des abris et à circuler entre les jardins privés. Cette situation trouve en partie son origine dans la manière dont les espaces verts sont conçus maintenant. Des lieux fermés, qui demandent peu d’entretien et qui sont esthétiques. Mais il existe différents moyens pour adapter son jardin afin de coexister avec ces écosystèmes, tout en gardant un lieu agréable à vivre.
La création d’espaces mixtes
Pour qu’un jardin devienne un lieu adapté à la faune, il faut qu’il y ait des espaces ouverts comme une pelouse, mais également des espaces bocagers avec des arbustes et des haies. Cela va créer des zones protégées qui pourront servir d’habitats et de lieu de chasse pour les petits mammifères. Cependant, il est important de prendre en compte quelques paramètres pour que celles-ci répondent aux besoins des animaux. L’Office français de la biodiversité (OFB) conseille de planter des espèces végétales indigènes, c’est-à-dire locales. Les espèces exotiques, bien que considérées plus jolies, altèrent l’équilibre de la biodiversité locale. Elles perturbent les animaux et sont inutiles pour eux. Il également important de choisir quelques espèces qui gardent leurs feuilles en hiver, pour maintenir ces espaces protégés des regards toute l’année.
Adapter la tonte et le taillage au printemps
En mars, la nature se réveille et les végétaux poussent plus rapidement. Cependant, bien que cette végétation soit essentielle à l’équilibre de la biodiversité, de nombreux jardins sont tondus et taillés presque militairement. Dans l’idée de cohabiter avec la faune et la flore, il est conseillé d’adapter l’entretien de son jardin jusqu’en septembre. Comme compromis, les haies peuvent être taillées dans des formes plus simples et des zones de tonte peuvent être délimitées pour laisser certains espaces au naturel. Selon l’OFB, la présence de pelouses entretenues et de zones plus herbagées est bénéfique pour «assurer au niveau du sol un microclimat et une humidité favorables à de nombreuses espèces». Au sujet des outils, il y a des précautions à prendre avec l’utilisation des robots tondeuses. De nombreux petits mammifères se retrouvent scalpés par les machines qui leur passent dessus sans les sentir. Il est important d’adapter les horaires du robot pour éviter ça.
L’importance des points d’eau
Souvent, les personnes pensent à mettre de la nourriture à disposition, comme des graines pour les oiseaux, c’est un bon geste, mais il est important de penser à installer des points d’eau pour les animaux. Cette ressource est essentielle et plus difficile d’accès qu’on ne le pense. L’idéal est d’en laisser même en hiver. Il est conseillé de privilégier des coupelles larges et peu profondes pour qu’elles soient accessibles à tous. Cependant, il faut faire attention à mettre des points d’accroche pour éviter les noyades. Le plus simple est de mettre quelques pierres dans la gamelle ou des branches à proximité. Pour éviter les bactéries et les moustiques, l’eau doit être changée régulièrement.
Léa-Cassandre TIR
Dans cette idée d’adapter un jardin à la biodiversité, le projet Piqu’en ville développé par le Groupe Mammalogique de Normandie (GMN), propose de créer des passages à hérisson entre les jardins pour faciliter le déplacement de l’espèce. Nicolas Klatka, chargé de mission mobilisation citoyenne au GMN, présente le projet.
Comment cela se passe pour installer un passage à hérisson chez soi?
On ne fait pas qu’un trou dans le jardin, on va chercher s’il n’y a pas des passages déjà existant dans son jardin. On n’est pas forcément dans la création, mais dans la valorisation. Si c’est un morceau de grillage, on le refait peut-être à la bonne taille. L’autre question que l’on se pose est: qu’est-ce qu’on peut faire pour améliorer son déplacement dans le jardin pour éviter qu’il passe sur les trottoirs et le long des routes?
Un hérisson a besoin d’un territoire de quelle superficie?
Il a besoin de plusieurs hectares de domaine vital. Après un domaine vital ce n’est pas un territoire, il y a pas de défense de territoire et c’est pas aussi délimité qu’on l’imagine. Sur ce domaine, il va y avoir un noyau qu’il va beaucoup fréquenter. C’est là que ça va être riche en insectes, en invertébrés, où il va trouver des endroits pour faire des abris.
Si le passage est entre deux propriétés, est-ce qu’il faut l’accord des deux personnes?
Oui, c’est hyper participatif. Au départ, la personne vient nous voir et nous leur donnons les éléments pour aller voir leurs voisins. Comme ça ils comprennent bien comment ça fonctionne, quel passage on va devoir réaliser, si c’est du mur ou du grillage et quelle forme cela a.
Un passage fait quelle taille dans l’idéal?
C’est 15 cm de diamètre dans un mur parce qu’on le fait à la carotteuse et vous allez voir dans les grillages où c’est un peu plus variable suivant le type de grillage.
En termes de chiffres, il y a combien de passage aujourd’hui?
Sur l’ensemble de la région, on a 336 jardins et espaces publics participants, 170 passages créés au total et 214 jardins et espaces publics connectés avec ces passages.
Propos recueillis par Léa-Cassandre TIR
Depuis quelques années, les éclairages extérieurs sont développés dans un but esthétique ou pratique. Pourtant, ces systèmes, s’ils sont mal réglés, deviennent un facteur nocif et peu connu, la pollution lumineuse. En effet, ils bouleversent complètement la faune et la flore dans les jardins. Ils perturbent les cycles de sommeil des animaux nocturnes et diurnes, deviennent des pièges pour les insectes et empêchent la circulation des petits mammifères qui veulent échapper au regard. Une étude sur les conséquences de la pollution lumineuse de l’université d’Exerter, explique que celle-ci altère la chute des feuilles chez les arbres. Pour éviter cela, il y a plusieurs paramètres à prendre en compte afin d’adapter ces éclairages extérieurs. Il est conseillé de privilégier les lumières avec des tons chauds comme l’ambré. Mais également de faire attention à ce que celles-ci ne soient pas trop intenses. Le mieux est d’avoir un éclairage qui ne dépasse pas les 35 lumen/m². Il faudrait également limiter le nombre de lumières et prioriser celles qui sont réellement utiles.
L.-C. T.
Cette méthode d’alimentation qui séduit de plus en plus de consommateurs symbolise un retour aux sources plus respectueux de l’environnement et de la santé de chacun. En effet, l’incidence d’une consommation trop élevée de produits transformés à des effets néfastes sur la santé pouvant être la source de diverses maladies chroniques. Le contrôle de l’alimentation préférant des produits bruts aux produits transformés permet à l’organisme de bénéficier de tous les nutriments et minéraux contenus dans les fruits et légumes de saison cueillis à maturité qui n’ont pas subi de traitements excessifs néfastes pour l’organisme, les sols et la santé de ceux qui les cultivent.
Le circuit court à faible coût
Le chiffre d’un «panier moyen» ne serait en réalité pas si différent, voire un peu moins cher. Selon une étude «d’UFC que choisir» de juillet 2023, le prix d’un panier moyen composé de dix-sept fruits et légumes est au même prix en supermarché et en circuit court alors que le circuit court est plus respectueux de l’environnement, car ses produits sont issus d’une agriculture raisonnée. Selon la Chambre d’Agriculture, la définition des circuits courts «regroupent les différents modes de commercialisation par vente directe du producteur au consommateur , ou par vente indirecte avec un seul intermédiaire (magasin local, boutique de producteurs, collectivité locale…).»
De nombreuses solutions sont offertes pour mieux manger comme avec les Associations pour le Maintien d’une Agriculture paysanne «AMAP» ou encore avec les marchés ouverts plusieurs fois par semaine dans les villes. Ces structures sont par ailleurs répertoriées pour faciliter l’accessibilité à une alimentation durable sur le site www.bio-normandie.org faisant ainsi la liste des producteurs par secteur géographique sur l’ensemble de la région normande. Les consommateurs peuvent aussi choisir la vente directe qui consiste à se rendre directement chez le producteur dans des fermes locales, réduisant ainsi l’empreinte carbone des produits. Certaines coopératives participatives proposent à leurs clients des réductions en échange des quelques heures de travail dans le mois.
Réduire l’impact de l’alimentation sur l’environnement
Selon la diététicienne Bénédictine Engelhard, «adopter une nouvelle alimentation, c’est une éducation et une rééducation». En effet, malgré les efforts des Français, selon le Gouvernement, en 2022,l’alimentation représentait 22% de l’empreinte carbone de la consommation totalede la France et se place par ailleurs comme le troisième secteur le plus polluant. L’émission des gaz à effet de serre peut être diminuée de moitié car la réduction de la consommation de viande à 450 grammes par semaine et par personne permettrait, selon le réseau Action Climat, d’atteindre les objectifs fixés par le GIEC pour une neutralité carbone d’ici 2050.
Certains consommateurs privilégient le circuit court qui bénéficie de divers avantages. Le circuit court propose une qualité gustative supérieure et a une incidence positive sur l’environnement tout en offrant une rémunération plus juste aux producteurs.
Esther PERROT
Bénédicte Engelhard est diététicienne à Caen. Les principaux enjeux de son métier sont d’aider ses patients à adopter de nouvelles habitudes alimentaires pour leur apporter des solutions et pour les guider progressivement vers une autonomie alimentaire.
L’alimentation en circuit court est-elle bénéfique pour l’organisme?
Oui, elle est bénéfique pour l’organisme car les aliments disposent d’une plus grande fraîcheur et sont cueillis à maturité. Cela permet de conserver les nutriments et micro-nutriments essentiels comme les vitamines, les minéraux ou encore les anti-oxydants. […] L’alimentation en circuit court permet aussi d’avoir une variété saisonnière qui apporte à l’organisme des nutriments adaptés tout au long de l’année. Cette alimentation, plus largement, contribue et soutient une économie locale et permet également de réduire le gaspillage alimentaire.
Y a-t-il des contraintes pour le•a consommateur•ice de privilégier des produits en circuit court?
Une alimentation en circuit court demande une certaine organisation et une modification des habitudes de consommation car les achats ne sont pas centralisés comme c’est le cas du supermarché par exemple. Les consommateurs sont par ailleurs contraints aux saisons de production, cela peut parfois avoir un coût plus élevé et peut contraindre certains géographiquement qui ne peuvent pas se rendre dans des fermes ou associations loin des zones urbaines.
Avez-vous des conseils à apporter pour passer d’une alimentation classique et transformée à une alimentation plus responsable et bénéfique pour l’environnement?
Changer de types et d’habitudes alimentaires doit être un processus progressif pour ne pas se mettre en situation d’échec. Pour réduire les coûts supplémentaires et son impact environnemental, […] nous pouvons réduire notre consommation de viandes pour des sources de protéines durables comme les légumineuses ou les noix.
Pensez-vous que cuisiner soi-même pourrait être la bonne solution pour réduire les coûts?
Le fait de cuisiner «maison» et de préparer soi-même ses repas permet de réduire le gaspillage alimentaire tout en favorisant le choix d’aliments bruts produits localement par rapport à des produits ultra-transformés tout en s’éduquant sur la provenance et la saisonnalité des alimentations.
Propos recueillis par Esther PERROT
L’alimentation crétoise est réputée comme étant une alimentation préventive éloignant les problèmes de santé comme entre autres le diabète de type de 2 ou encore le risque d’infarctus.
Comme le démontre une étude de 2018, cette alimentation, basée majoritairement sur des fruits et légumes bruts, de l’huile d’olive non raffinée avec peu de viandes, de protéines animales et de sucre, aurait également une incidence positive sur les maladies chroniques, les cancers ou Alzheimer. Cette alimentation met en valeur l’importance des nutriments contenus dans les aliments et dans l’huile, en effet, la plupart des huiles vendues dans le commerce subissent un traitement chimique pour être raffinées et ne contiennent plus leur nutriment utile au bon fonctionnement de l’organisme. L’organisme obtient par ailleurs une grande quantité d’anti-oxydants par les fruits et légumes à manger sans restriction. De plus, cette alimentation qui séduit de plus en plus, peut aussi réduire les maladies inflammatoires liées aux cycles féminins soulageant ainsi l’endométriose qui touche aujourd’hui 2 millions de Françaises.
E.P.
D’après l’enquête de Caen la mer de mars 2023, le plan du développement de la mobilité douce n’est pas un processus nouveau sur le territoire car le département s’inscrit dans cette dynamique depuis 2004. L’idée n’est pas d’équiper seulement les villes et les communes, mais également de créer un réseau départemental. Dans l’élan que Caen poursuit pour construire une ville plus axée autour des transports bas carbone, d’autres acteurs se mobilisent pour la transition climatique.
Il existe par exemple l’association Les Dérailleurs à but non lucratif, des acteurs citoyens actifs dans toutes les étapes de l’adaptation du territoire, passionnés de vélo. Ils veillent à sensibiliser aux pratiques vertes et au bon déroulement des travaux d’aménagement en proposant des travaux d’adaptation des pistes cyclables. Le travail des Dérailleurs s’inscrit dans une logique de contrôle de la pérennité des installations cyclables pour l’amélioration des conditions de circulation.Son objet est la promotion du vélo dans le Calvados. Les actions sont majoritairement le plaidoyer auprès des élus et des techniciens pour le vélo, la bonne cohabitation avec les différents usagers, et les promenades dominicales qui permettent de découvrir un territoire avec ses enjeux et les stands d’informations.
Il n’est pas rare que l’Orne déborde de son lit, ce qui peut inonder les pistes, d’autant que le département du Calvados est grandement composé de plaines, ce qui rend les pistes particulièrement submersibles en cas d’inondations. Caen est sujette aux catastrophes naturelles présentes et futures.
122,3 km sont prévus pour les aménagements de ce réseau cyclable à Caen. Le budget de la communauté urbaine Caen-la-Mer 2019 était de 450 000 euros. Le département du Calvados a voté un budget de 38 millions d’euros pour l’année 2023 à 2028 afin de continuer l’aménagement du territoire. En 2023 le budget avait été de 4,25 millions d’euros. Une partie du budget futur devrait être consacré au plan d’aménagement cyclable porté par les Dérailleurs.
Augustin DARONDEL
Interview de Enzo Brière, service civique aux Dérailleurs.
Pouvez vous présenter le projet Caen axe Nord-Sud et ce qu’il implique dans la transformation de la ville?
Ce projet consiste à faire une continuité cyclable dans Caen du Nord au Sud pour pouvoir traverser d’un bout à l’autre. C’était le projet d’il y a un an ou deux. Cette année, nous réfléchissons à un projet express vélo, au-delà de Caen, dans un ensemble jusqu’à Bayeux, c’est un réseau tout entier pour relier les grandes villes de façon rapide, simple et efficace.
Le Calvados a débloqué 38 millions d’euros pour l’aménagement du territoire, est-ce que le budget est suffisant pour toutes les ambitions d’aménagement ?
Une partie de ces financements vont dans des réaménagements, nous essayons de travailler plus avec les collectivités de Caen, Lisieux et Bayeux, les collectivités n’ont pas toutes les mêmes compétences, tous les schémas de réseaux se font par collectivités, ce qui rend l’unification des projets difficile.
Comment avoir un réseau cyclable pérenne écologiquement?
Il y a d’abord la question des matériaux qui sont utilisés pour la construction des pistes. Les voies vertes par exemple sont faites en stabilisé (technique de revêtement des sols) qui se dégradent rapidement ça comporte deux problématiques: le premier est la durée de vie des pistes qui est faible, elles résistent mal aux intempéries et doivent être renouvelées tous les cinq ou deux ans. Le second est que le choix des matériaux est crucial pour ne pas y revenir trop souvent.
Pourquoi la France met-elle autant de temps à se tourner vers le vélo?
Au moment des différentes crises économiques, nous ne nous sommes pas tournés directement vers le vélo comparé aux Pays Bas par exemple, ils se sont tournés vers le vélo plutôt que la baisse du prix du pétrole et se sont tournés plus facilement vers l’aménagement des pistes cyclables. Là-bas, le terrain est plus plat. Nous avons pris ce tournant moins rapidement, mais le facteur projet de long terme que les élus se renvoient joue également et comme la voiture est bien installée, il y a aussi une inertie parce que ça marche bien, les habitudes sont difficiles à changer.
L’aménagement fait-il partie des préoccupations de la ville ?
Il n’y a pas de schéma directeur de l’aménagement des pistes cyclables à Caen, tout est fait par tronçons isolés d’un plan d’ensemble. Du côté de Bayeux, le schéma directeur a été voté l’année dernière. Une fois que c’est voté, c’est bon pour les quinze ans suivants. Mais en même temps Caen essaie aussi d’innover par exemple sur les chemins ruraux ils ont testé un nouveau procédé qui apporte moins de matières premières en utilisant ce qui est sur place et un liant hydraulique.
Propos recueillis par Augustin DARONDEL
Ce site localisé sur le littoral est l’endroit où l’Orne se termine. Il fait le lien entre la partie portuaire de Caen et la promenade plus naturelle, moins industrialisée, est entretenue par le Conservatoire du littoral de Normandie. Zone de conservation de la faune, de la flore et de l’habitat des humains, elle fut sujette à la rupture de sa digue principale qui entraîna une importante inondation du site.
La voie verte qui longe l’estuaire se retrouve souvent inondée. La dépoldérisation (poldériser : espace clos, conquis sur les eaux au moyen d’endiguements, puis asséché par le drainage à des fins traditionnellement agricole, la dépoldérisation est le retrait des polders) ouvre la voie à une restitution écologique du site environnemental. Dans ce cadre de restructuration du paysage a des fins d’adaptation environnementale la piste cyclable sera décalée d’un kilomètre plus loin que le littoral en cas de crue. Le projet n’est pas de retirer les adaptations humaines du littoral, mais de les replacer par rapport aux évaluations de risques écologiques à venir tout en laissant l’espace ouvert à des activités humaines.
A.D.
La nature comme havre de tranquillité
La nature dans les films de Miyazaki est souvent dépeinte comme un refuge de paix et d’harmonie. Dans Mon Voisin Totoro (1988), les vastes champs verdoyants et les paisibles forêts sont des havres de tranquillité où les personnages trouvent réconfort et sérénité. Les moments passés dans la nature offrent des moments de contemplation et de connexion avec l’environnement, soulignant l’importance de préserver ces espaces privilégiés.
De plus, la nature chez Miyazaki offre le plus souvent un contraste saisissant avec les sombres défis auxquels sont confrontés les personnages.
Une force implacable
Parfois, la nature dans les films de Miyazaki peut être présentée comme une force redoutable et surpuissante. Dans Le Voyage de Chihiro (2001), les marais sombres et mystérieux sont le lieu de rencontres dangereuses avec des esprits malveillants. Par exemple, l’esprit de la boue y est représenté comme une masse gélatineuse de boue noire avec une expression menaçante. L’esprit de la boue est généralement considéré comme une créature maléfique, dont l’ire est provoquée par la pollution des Hommes. Dans Le château dans le ciel (1986), la nature a repris ses droits sur le bâtiment céleste à l’abandon, où seul un robot guerrier préposé au jardinage erre toujours, au milieu des ruines envahies par les plantes.
La nature, ainsi, est une force vitale contre laquelle les Hommes s’essaient à lutter, sans succès réel.
Un décor sacré
Selon Yann Calvet, maître de Conférence en études cinématographiques à l’université de Caen Normandie, spécialiste des rapports entre le cinéma, l’imaginaire et les mythes, “Chez Miyazaki, justement, cette dimension religieuse animiste, le rapport au shintoïsme fait que de toute façon, je dirais que dire qu’on est écologiste, ça n’a pas de sens puisque de toute façon on croit que la nature, c’est Dieu. Donc évidemment, c’est une relation naturelle de l’homme avec la nature qui l’entoure que montrent les films de Miyazaki.”
En effet, Miyazaki présente également la nature comme un lieu mystique et sacré, peuplé d’esprits et de divinités. Dans Princesse Mononoké (1977) par exemple, les forêts abritent des esprits protecteurs et des dieux animaux qui incarnent la puissance magique de la nature. Les esprits de la forêt, tels que Moro, la louve géante, et les Kodama, les esprits de l’arbre, symbolisent la connexion spirituelle entre l’homme et son environnement. De même, dans Mon Voisin Totoro, le personnage éponyme est représenté comme une divinité de la forêt, apportant réconfort et protection aux enfants qui le rencontrent.
Vivre en harmonie avec la nature
À travers ses représentations diverses de la nature, Miyazaki nous rappelle que la nature ne peut être possédée ni contrôlée par les humains. Au contraire, nous devons apprendre à cohabiter avec elle.
Yann Calvet conclut “À mon avis, ce que nous dit Miyasaki, c’est que si on veut préserver la nature, il faut que chacun d’entre nous en retrouve en fait une forme d’innocence et une sorte de rapport à l’enfance. […] Il faut vraiment conserver […] ce regard poétique et ce lien avec la nature.”
Maëlle EGGIMANN
Chez Miyazaki, la nature occupe une place prépondérante, mais un regard plus attentif révèle également la présence plus ou moins discrète de la technologie.
Dans ses films, cette dernière est souvent représentée comme une force perturbatrice de l’équilibre naturel. Dans Le Château Ambulant (2004), par exemple, une machine de guerre dévastatrice menace de détruire l’environnement paisible où évoluent les personnages. De même, dans Nausicaä de la Vallée du Vent (1984), la technologie destructrice des hommes est directement responsable de la détérioration de l’écosystème.
Pourtant, Miyazaki ne l’oppose pas systématiquement à la nature. Au contraire, il explore les possibilités d’une coexistence harmonieuse entre les deux. Dans Le Château dans le Ciel (1986), la cité volante de Laputa est un exemple de technologie avancée en harmonie avec la nature.
Ainsi, son œuvre condamne la technologie, dans son utilisation irresponsable et destructrice. Le cinéaste propose une approche nuancée selon laquelle la technologie pourrait servir à protéger la nature, mais seulement si elle est employée de manière sage et respectueuse.
M.E.