18 ÉTUDIANTS,
12 ATELIERS,
UN SUJET À EXPLORER.
Des reportages réalisés par les étudiants en 3ème année de licence Humanités Numériques de l’Université de Caen Normandie, entre octobre et décembre 2023.
À l’heure où le défi écologique n’a jamais été aussi grand, rencontre en plein cœur de ville avec les Caennais, pour aborder la question de la conscience écologique .
Oline Baïze–Feral
La survie de certains pays est en jeu! Le phénomène de montée menace en effet l’existence de petits pays insulaires du pacifique qui appellent à l’aide. Dans ce podcast, vous découvrirez les enjeux vitaux de ces pays qui cherchent à échapper au funeste sort de la célèbre Atlantide.
Arthur LANDAIS, Tao
La crémation et l’inhumation, bien que des méthodes courantes de rituel funéraire, ne sont pas sans impact sur l’environnement. La crémation émet des gaz à effet de serre et des substances polluantes, tandis que l’inhumation pollue les sols et les eaux. Trouver un équilibre entre des pratiques respectueuses de l’environnement et les besoins culturels et spirituels est un défi important pour l’industrie funéraire.
Pour rappel, la crémation est un processus funéraire qui implique la combustion contrôlée d’un corps pour réduire ses restes en cendres. Lors de ce processus, le cercueil est placé dans un four spécialement conçu, à des températures particulièrement élevées. Manon Moncoq, anthropologue du funéraire et de l’environnement, spécialiste des funérailles écologiques, explique dans une interview que ce choix de sépulture est perçu comme plus écologique. Mais en réalité, il pollue 1,3 fois plus qu’une inhumation, soit 233 kg d’émission de C02. Non seulement les gaz que dégage une crémation ont un impact écologique très fort, mais il ne faut pas oublier les infrastructures liées aux crémations qui représentent une partie conséquente des émissions de gaz. Selon une étude de la Fondation des services funéraires de la ville de Paris réalisée en 2017, une crémation équivaut en moyenne de 3% des émissions d’un français moyen sur un an.
De plus, l’utilisation de certains cercueils en crémation peut contribuer à la pollution, car certains matériaux, tels que les vernis, les colles ou les plastiques, peuvent émettre des substances nocives lorsqu’ils sont incinérés, soulignant ainsi la nécessité de privilégier des cercueils respectueux de l’environnement. Le cercueil en carton est majoritairement demandé, qui semble plus écologique, mais c’est en réalité une fausse bonne idée. En effet, le carton demande plus d’énergie pour se consumer à contrario du bois qui nécessite moins d’effort à sa combustion, selon Gautier Caton, directeur général des pompes funèbres “Caton », membre du conseil d’administration du Groupement « Le choix funéraire » qui représente les professionnels du secteur.
Concernant, le formol, ce soin de conservation, pour remplacer les liquides corporels et préserver le corps du défunt pour la cérémonie, il est constitué de produits biocides, et de produits chimiques, 40 à 45 % des défunts qui ont ses soins. Il faut injecter 6 à 10 litres de formol dans un corps, il est interdit partout en Europe sauf en France. Il faut savoir qu’un être vivant pollue obligatoirement lorsqu’il décède étant donné qu’il accumule du plomb, du mercure, des molécules médicamenteuses, des métaux lourds tout au long de sa vie. Donc peu importe le mode de sépulture, un défunt pollue autant dans un processus de crémation que d’inhumation.
“L’inhumation consiste à placer le corps du défunt dans un cercueil; qui est obligatoire en Europe; soit en pleine terre soit dans un caveau (construction bétonné à l’intérieur de la terre). Cela présente un impact environnemental certain.” définit Manon Moncoq. L’inhumation en pleine terre équivaut à 182 kg d’émission de C02, et avec une construction de caveau c’est 7 fois plus d’émission. Une inhumation équivaut en moyenne à 11% des émissions d’un français moyen en 1 an.
Selon l’étude de la fondation des services funéraires de Paris, certains granits extraits en Afrique du Sud, au Brésil, en Norvège ou en France sont façonnés en Chine (70% à 80%). Leur impact en gaz à effet de serre est au moins 3 fois plus important que celui d’un monument extrait et façonné en France. Au total, 4 monuments aux morts sur 5 sont importés. Sans compter que le processus de fabrication du béton est très énergivore. Une inhumation en pleine-terre sans monument a un impact écologique un peu inférieur à celui de la crémation. A contrario, le scénario le moins écologique est une inhumation avec construction d’un caveau et pose d’un monument, souvent importé du Sud-Est asiatique, qui équivaut à plus de 5 crémations !
Concernant les cercueils utilisés, imposés par la législation française, ils sont généralement recouverts de plusieurs couches de polyuréthane (élément de la famille des plastiques donc toxique) et sont teints, ce qui représente 28% de la pollution d’un cercueil. Ces éléments polluent le sol lorsque le cercueil est mis en terre, mais le corps pollue également.
Le formol, conservateur pour les corps, fait débat et est en concurrence avec le froid physique. Les caves en béton ne sont pas étanches, alors le formol se répand dans les sols et tombe également dans les nappes phréatiques environnantes aux cimetières. Sans oublier que les cultures autour de ceux-ci se retrouvent contaminées à leur tour.
L’inhumation est un rituel funéraire traditionnel et religieux. Mais au fur et à mesure, la crémation prend sa place et se démocratise. A Paris par exemple, la crémation représente la moitié des pratiques funéraires.Il y a une diversité d’utilisation entre ces 2 modes de sépultures.
De nouveaux modes de sépultures ont récemment vu le jour en Europe, tel que l’aquamation, qui consiste à dissoudre le corps grâce à de l’eau à 96°, mélangée à du sodium et du potassium. Ce mélange transforme le corps en cendres. L’humusation, quant à elle, a pour but d’inhumer un corps en terre avec des feuilles, de la paille et des tontes de pelouse. Au bout de 12 mois on récupère 1,5 m2 de terre. Malheureusement illégales en France, l’aquamation et l’humusation ne nécessitent ni monument, ni cercueil, ce qui pose problème à la tradition française. Ces pratiques révolutionnaires sont pourtant beaucoup moins polluantes car elles ne produisent aucun gaz. La France n’est manifestement pas prête à inclure de nouvelles méthodes funéraires contrairement à d’autres pays d’Europe, et même du monde.
Par exemple, les filtres des crématoriums ont été instaurés très récemment en France grâce à une loi datant de 2018, contrairement au reste de l’Europe qui les a adoptés depuis un certain temps. En outre, chaque année, une forêt de 100 000 stères de bois sert à construire des cercueils en France. Il faudrait donc utiliser d’autres matériaux plus respectueux de l’environnement pour construire des cercueils, comme la laine, l’osier, le feutre utilisés dans d’autres pays d’Europe. La France, trop ancrée dans ces traditions, se montre réfractaire vis-à -vis de ces nouvelles alternatives.
Jeanne Surire et Solenn Pessy
Quelques sources pour plus de détails :
Études de la fondations des services funéraires de la ville du Paris :
Podcasts :
Le deuxième consommateur d’eau sur le bassin de l’Orne, Renault Trucks se met au recyclage de ses eaux usées. Un projet majeur pour l’usine.
Ce 23 octobre 2023, Laurent Lalouelle, ouvre les portes de l’usine Renault Trucks de Blainville-sur-Orne, près de Caen. Correspondant environnement de l’entreprise depuis 2008, il surveille et vise à réduire l’impact environnemental ainsi que les déchets liquides et atmosphériques de Renault.
Renault Trucks est une entreprise de 75 hectares située sur le bassin de l’Orne à Blainville sur Orne. On y fabrique des cabines de camions. Tout part d’une bobine de tôles métalliques, à la transformation en cabine, puis la peinture et le garnissage des cabines et enfin, l’assemblage du châssis et de la cabine. L’atelier tôlerie et peinture s’occupe de dégraisser la cabine afin de la traiter pour quelle puisse être peinte et affronter les diverses agressions externes. Celle-ci a donc besoin d’un apport d’eau conséquent pour atteindre son objectif.
Il faut savoir que l’entreprise utilise de l’eau de ville dans l’atelier tôlerie et peinture des cabines. Une fois utilisée, elle est traitée et rejetée dans l’Orne. Lorsqu’elle est remise dans la nature, elle n’est pas potable mais elle est conforme aux réglementations.
L’eau qu’on renvoie en milieu naturel doit être conforme.
Ce n’est pas la seule eau qui fait partie des rejets d’eau de l’usine de Blainville : on en compte trois types : les eaux pluviales (qui tombent dans l’enceinte de la zone industrielle, et qui doivent repartir réglementairement), les eaux usées (sanitaires, douches, cantines, qui partent vers la station d’épuration de grand Caen) et enfin les eaux industrielles, qui ont pour projet d’être recyclées.
Actuellement, l’eau est rejetée dans l’Orne et se doit d’être conforme aux 5 000 paramètres réglementaires. Le processus actuel en place pour l’eau comporte des cuves sur trois étages. Ces contenants permettent de tremper des cabines de camions et de les retourner à 360°. Une fois qu’on a de l’huile et de la graisse sur ces cabines, on doit les dégraisser pour commencer les applications d’anti-corrosion et de peinture.
Il y a quatorze bains dont dix dans lesquels on retrouve 100m3 d’eau et de produits pour traiter ces cabines. Il faut savoir qu’une cabine franchit ces étapes toutes les trois minutes. Régulièrement, ces bains sont vidés de leur eau polluée. Cette dernière doit être traitée avant d’être rejetée en milieu naturel. 230m3 d’eau sont soutirés de ces bains par jour. Deux fois par an, ces mêmes bains sont vidés dans leur entièreté.
« Si tout va bien, il nous restera que ces polluants qui sont envoyés en incinération après. »
Ces déchets sont appelés « boues » et sont envoyés vers une entreprise spécialisée dans l’incinération et le recyclage de ces déchets. Le recyclage de l’eau mis en place, les boues sont alors les seuls déchets de l’eau sortant de l’usine. Une fois que l’eau est traitée, elle est remise dans le circuit.
A cause des sécheresses à répétition, les nappes phréatiques ne sont plus capables de se recharger en temps et en heure pour répondre à notre consommation d’eau. De plus, la population de la région a augmenté drastiquement et un arrêté sécheresse a été mis en place. Les usines sont alors touchées par des restrictions d’eaux allant jusqu’à 20% de moins. Ne sachant pas comment fonctionner avec un taux aussi réduit d’eau, l’usine de camion serait dans l’obligation de cesser la production. De plus, Renault Truck participe à la COP21 : celle-ci vise à la réduction de carbone mais aussi à une réglementation de l’eau. Aujourd’hui, Renault Trucks consomme 80 000 m3 d’eau et en rejette 55 000 m3. D’ici août 2025, Renault Trucks souhaite rejeter 0 eau usée. « L’objectif c’est d’aller vers le 0 rejet » précise Mr. Lalouelle.
Si le projet arrive à bout, le taux de consommation baissera de 50 %, bien au-delà des 20% demandés par l’administration. L’usine ne sera donc pas arrêtée en cas de sécheresse et pourra continuer sa production. Ceci est une bonne nouvelle pour les 2700 employés et l’environnement.
Il y a trois usines de production de cabines de camion: celle de Blainville, celle d’Umea en Suède et celle de Curitiba au Brésil. Les trois sont affectées par la loi des 30% de réduction mais leur façon de la gérer dépend des problèmes locaux. Par exemple, l’électricité étant moins chère en Suède, l’usine Umea recycle 80% de l’eau qu’elle utilise. De ce fait, la solution diffère d’un pays à l’autre.
Mais avant de modifier la structure du bâtiment pour changer le circuit de l’eau, il y a ce qu’appelle Laurent Lalouelle une «chasse au gaspillage». Celui-ci insiste fortement sur ce principe. «La première chose à faire, c’est de réduire et modifier la consommation.»
Article rédigé par Margaux Kergus
L’écologie est une question très vive en 2023, dans ce podcast le sujet de l’écologie est principalement orienté vers les protections hygiéniques commercialisées dans les grandes surfaces en Europe. Comment la société perçoit ces produits ? Quelle est leur composition ? Sont-ils des produits polluants et dangereux ? Retrouvez la réponse à ses questions dans ce podcast.
Margot Baudry
Les méga bassines sont d’immenses infrastructures de stockage d’eau conçues pour satisfaire les demandes de l’agro-industrie. Elles s’étendent en moyenne sur une superficie de huit hectares. Coûteuses, peu efficaces, elles ont des impacts particulièrement négatifs sur l’environnement. Aurélie, 39 ans, membre des Soulèvements de la Terre, raconte son combat écologiste à l’encontre de celles-ci.
Pour vous, que représente une méga bassine ?
A la base, c’est une bassine d’eau pour de gros agriculteurs, pas de petits paysans, qui ont des exploitations qui sont très gourmandes en eau. Elles vont pomper dans les nappes phréatiques et aussi récupérer l’eau qui tombe. Il est important de noter qu’elles vont principalement pomper, et ne récupèrent que très peu d’eau de pluie (c’est ce qu’ils ont voulu nous faire croire pendant longtemps). L’idée c’est de pomper toute l’eau avec de gros tuyaux pour des champs de maïs par exemple, qui demandent beaucoup d’eau. Les quelques agriculteurs qui les utilisent s’accaparent l’eau.
Pourquoi s’y opposer ?
La question de l’eau, surtout en ce moment, fait beaucoup débat. Il y a une raréfaction de celle-ci qui se fait de plus en plus dans certaines régions (c’est un constat posé y compris par les climato-sceptiques qui ont du mal à ne pas le voir maintenant). Cela va s’aggraver selon tous les rapport du GIEC . Les questions sur comment partager l’eau, et comment l’utiliser et comment organiser l’agriculture (les besoins des céréales et autres) sont essentielles. La méga bassine est la concrétisation de l’exploitation de l’eau faite de manière complètement anachronique, accaparée par quelques gros agriculteurs au dépend du bien commun et de la logique.
Quels étaient les principaux objectifs des manifestations de Sainte-Soline en mars 2023 ?
L’idée était de faire une grosse démonstration avec des actions un peu “coup de poing”, mais aussi d’amener le plus de monde
possible et que tout le monde puisse se retrouver y compris des familles avec leurs enfants et des personnes âgées. Il y avait plusieurs modes d’action. L’objectif était de pénétrer sur les chantiers des bassines ou sur des bassines déjà construites, et de saboter toute l’installation qui pompe l’eau, de faire les trous dans les bâches, et d’amener le plus de monde possible dans le trou au sol. En termes de “sabotage”, ce sont des choses assez mineures, étant donné que les bassines ne sont que des gros trous avec des bâches et des tuyaux.
Pouvez-vous nous partager un moment particulièrement marquant que vous avez vécu lors de la manifestation ?
Je n’étais pas à la toute dernière manifestation mais j’étais à celle d’avant, en octobre 2022, qui était plutôt une victoire (assez
offensive néanmoins). La police a été tenue en échec par la stratégie, il y avait plusieurs groupes et elle s’est faite déborder. Ce qui était chouette, c’est que tout le monde s’est retrouvé, moi j’ai pu y aller avec mes enfants et on pouvait s’y amuser de manières différentes.
Par contre, le deuxième épisode, en mars, où je n’étais pas, était un peu plus dur pour mes camarades. Il y a eu des témoignages très glauques de gens qui ont vu Serge et qui ont pensé qu’il était mort, des gens faisant partie des Médics qui ont vu des chaussures avec des bouts de pieds dedans. On est dans les blessés de guerre, il y a eu un vrai traumatisme, lié à l’acharnement de la police qui était prête à tuer. Après quand même, derrière ça, il y a eu la tentative de dissolution des Soulèvements de la Terre qui n’a pas marché, des gens aussi qui sont venus vers les Soulèvements. Je le vois bien car au départ on était deux à partir de Caen pour ce mouvement, et aujourd’hui s’il y avait un autre mouvement, il y aurait une quarantaine de gens. Il y a
eu un réel élan de solidarité par rapport aux victimes, car il y en a beaucoup, et, au-delà de Serge qui se remet miraculeusement, il y a des personnes qui sont mutilées à vie au niveau du visage. Et c’est horrible parce qu’on sait que les condamnations de la police ne mèneront à rien.
La radicalité est obligée par rapport à une situation qui pose problème, face à une démocratie autoritaire.
Comment avez-vous vu l’attitude des autorités locales et de la police envers la
manifestation ?
Le Ministre de l’intérieur a tout de suite utilisé le mot “éco-terroristes” et il y a eu un acharnement judiciaire et une utilisation de techniques de flicage dignes de choses liées au terrorisme qui n’existaient plus dans les mouvements d’ultra-gauche depuis longtemps. Par exemple, il y a eu des techniques de surveillance qui ont été mises en place de manière très accrue, des déplacements de policiers pour savoir qui appelle qui et qui va où. Au niveau local, une des figures qui a subi beaucoup de pression c’est Julien le Guet (de Bassines non merci), il y a eu des balises sous les voitures qui ont été retrouvées. La FNSEA a aussi mis la pression sur les militants locaux, et a insisté auprès du gouvernement pour mettre en place la dissolution des Soulèvements.
Quels sont les résultats concrets que la manifestation a apporté dans le contexte des méga bassines à Sainte-Soline ?
Aux premières manifestations, il y avait trois cents personnes alors qu’à la dernière c’était des milliers donc on peut déjà y voir un résultat. Mais aussi, on peut demander à n’importe qui dans la rue ce que sont les méga bassines, on aura toujours des réponses car maintenant les gens savent ce que c’est. Cela a permis de visualiser un enjeu écologique que les gens n’imaginaient pas, n’avaient pas conscience.
Aujourd’hui, est-ce qu’être militant écologique c’est être radical ?
La situation actuelle, quelle qu’elle soit, est un ensemble (écologique, social…). La radicalité est obligée par rapport à une situation qui pose problème, face à une démocratie autoritaire. Les problèmes d’écologie sont liés à un problème de gestion économique. Si on ne prend que le biais écologique et qu’on ne veut sauver que les petites plantes, évidemment là je caricature, et les petites bêtes mais qu’on ne veut pas détruire un système capitaliste derrière ça ne fonctionnera pas et ne donnera pas un changement à long terme. Il ne peut y avoir qu’une radicalité car il ne peut y avoir qu’un changement radical derrière, ce qui passe par des actions et des moyens révolutionnaires.
Ce jeudi 28 septembre 2023, nous avons interrogé des étudiants du campus 1 de l’Université de Caen à propos de l’éco-anxiété, en leur posant la question suivante: «Les problèmes liés à l’écologie constituent-ils une source d’anxiété dans votre vie de tous les jours?».
Certains étudiants ont une vision pessimiste vis-à-vis de l’écologie :
Jeanne:
«Il y a une certaine forme de culpabilisation, en nous répétant constamment que c’est compliqué de remonter la pente, que les icebergs fondent, qu’il y aura plein de virus qui arriveront, donc c’est assez compliqué à vivre au quotidien. Tout le monde en parle, les médias, les proches, les gens que l’on ne fréquentent pas forcément. Par exemple, les médias sont très accès sur l’écologie parce que c’est très important d’en parler.»
Polux:
«Oui beaucoup. J’essaye de me tenir au courant de tout ce qui se passe et on a rarement de bonne nouvelle sur ce genre de sujet, c’est toujours: «on a dépassé telle date limite, on a dépassé telle réserve, ceci va disparaître». Bientôt il n’y aura plus d’eau. On est obligé de faire des réserves d’eau parce que c’est quelque chose de vital. C’est un truc auquel je pense tous les jours. D’un autre côté, ce qui me fait encore plus angoisser c’est que si je pouvais faire quelque chose je le ferai évidemment, mais c’est pas moi, ni même nous particuliers qui vont faire quelque chose. C’est les grandes entreprises qui doivent changer leurs façons de faire et d’agir. Celles qui polluent comme Total, Google, ChatGPT, l’IA, toutes les GAFA. On doit faire quelque chose, prendre de certaines habitudes, vivre de façon plus écologique. Mais malheureusement, c’est pas à notre échelle que ça va changer. Il faut se lever et aller foutre un bon coup de pied au cul à toutes ces grandes entreprises qui ne bougent pas le leur. C’est ça qui m’angoisse le plus, on pourrait crever, ils s’en foutent. Il faut vraiment les attaquer sur les choses qui leur tiennent le plus à cœur et malheureusement toutes les actions militantes ne changent rien, en tout cas à mon avis. Donc il faut vraiment faire des trucs plus violents. Il va vraiment falloir sortir les grands moyens pour les faire changer et c’est même pas sûr que ça les fasse changer.»
«C’est décourageant parce que je me dis qu’on n’a pas la main sur notre avenir.»
Anaëlle:
«Dans un sens oui parce que quand tu vois souvent les rappels des scientifiques qui nous disent: «les gars, c’est chaud là, on n’a plus grand-chose là» et que par exemple notre cher président M. Macron, quand tu vois qu’il promet de faire des actions en faveur de l’écologie et qu’après il prend son jet privé pour faire un aller-retour Paris-Normandie, ce qu’il pourrait faire en train en 2h. Tout ça fout les boules et c’est angoissant d’une certaine façon. Tu te dis que tu auras beau faire le tri, tu auras beau faire ce que tu peux, tu auras toujours des gens qui s’en moquent. Et ça fait chier parce qu’on a l’impression qu’on a beau faire quelque chose, ça change rien. Ce sont ceux qui prennent des jets privés, les usines qui polluent le plus ou par exemple les publicités toujours allumées qu’on pourrait éteindre. Tout ça donne l’impression que même si tu fais tout bien de ton côté, avec ta famille qui fait le tri, ça changera pas grand-chose. On est pas ceux qui polluent le plus et ça m’angoisse un peu et c’est décourageant parce que je me dis qu’on n’a pas la main sur notre avenir. Moi qui essaye de faire au maximum de mon petit côté pour ne pas trop polluer, prendre les transports en commun ou ne pas trop prendre ma voiture, au final tout se casse la gueule parce qu’il y a des gens qui pourraient faire des efforts, par exemple notre cher président, mais ils n’en font pas et on est un peu démuni malgré tout.»
En revanche, d’autres ne laissent pas l’écologie les inquiéter:
Chloé:
«Non parce que j’estime que si je fais ce qui faut pour participer à l’écologie de la planète, j’ai pas à m’en inquiéter. Par contre, je vais m’inquiéter pour les autres, ceux qui s’en fichent et qui ne respecteraient pas forcement le tri sélectif par exemple. Ça ne m’inquiète pas si je fais ce qu’il faut. Si par exemple, moi je fais le tri sélectif mais que par derrière tous les déchets sont mis dans le même sac, là je m’inquiète un petit peu plus. »
Juliette:
«Pas vraiment parce que je considère que ce que je fais à ma petite échelle même si je sais que c’est pas suffisant, ça me rassure assez. J’ose espérer que tout le monde fait pareil, ça me provoque pas tant de panique que ça»
Nicolas:
«En vrai pas tellement parce que je fais des trucs pour pas que cela empire, comme du militantisme par exemple ou du tractage. Aussi dans les repas de famille dans lesquels on arrête pas de dire aux parents et grands-parents que cela ne suffit pas de séparer les déchets, de trier ou d’acheter du bio. C’est à coté de la plaque. Ils confondent tout, le fait qu’un produit soit bio et qu’il vienne de l’autre bout du monde, le fait qu’il soit emballé ou par quoi il est transporté. Il y a énormément de confusion sur ce sujet là, sachant depuis combien de temps c’est dans le débat public.»
Ninon:
«Je ne dirai pas que ça constitue une anxiété, mais c’est vrai que quand tu vois certaines personnes qui s’en foutent et qui ne vont rien faire pour être écologique, ça peut énerver. Je dirai pas que je suis une personne très écologiquement engagée mais on peut faire les gestes simples. Quand je vois des personnes qui ont des poubelles jaunes et qui mettent tout le verre et le carton dans leur poubelle, là ça m’énerve un peu, on peut dire que ça m’angoisse. Par contre, je ne sais pas si ça a une place très importante.»
Catt:
«Oui mais en soi je milite, ça permet d’avoir l’impression d’être utile et de ne pas me noyer dans cette anxiété.»
Propos recueillis par Mélody Dufrêne et Théo Brillet, étudiants de L3 d’Humanités Numériques.
Martin Bellenger, jardinier-botaniste depuis 3 ans, au Jardin des plantes et jardin botanique de Caen, est impliqué depuis de nombreuses années dans la question de l’écologie.
Martin quel est votre rôle aux jardins des plantes ?
Chaque jardinier-botaniste est référent d’un ou plusieurs secteurs du jardin et doit s’occuper de l’entretenir. C’est également le cas pour les points d’eau. Par contre, c’est une équipe spécifique qui se charge de la serre.
Quelles études avez-vous fait pour devenir jardinier-botaniste ?
Je suis allé jusqu’au BTS aménagement paysager en passant par un Bac pro dans le même domaine. Entre-temps, j’ai essayé des études de commerce, mais ça ne m’a pas plu donc je suis retourné à mon premier choix.
Quelles sont les valeurs qui vous habitent pour exercer ce métier ?
J’ai toujours aimé la nature en général et je suis, depuis très longtemps, intéressé par l’aménagement paysager. Au jardin des plantes, nous sommes un jardin spécial, car nous faisons de la botanique, c’est-à-dire, que nous recueillons des graines pour en faire un index seminum (index scientifique) que nous partageons avec tous les jardins botaniques du monde. On établit d’ailleurs des échanges de graines régulièrement avec les autres jardins botaniques.
Comment diffusez-vous votre savoir-faire en dehors du jardin des plantes ?
Je suis expert jardinier pour la radio France Bleu, les week-ends. Je réponds aux personnes qui nous appellent pour demander des conseils et de l’aide dans mon domaine. J’ai aussi deux comptes Instagram, un qui me sert à partager des posts sur mon travail, et un second consacré à mon jardin personnel. Mon jardin est un jardin d’agrément, j’ai environ 1500 espèces de plantes. Je fais également des interventions avec l’association « les jardiniers du Pays d’Auge ».
La dernière intervention était au sujet de la lutte contre les limaces et les pucerons. Nous cherchons des moyens naturels de les écarter des plantes sans les tuer, en faisant venir des prédateurs naturels par exemple.
Un éco-jardinier est quelqu’un qui, dans l’exercice de sa pratique, se préoccupe de préserver l’environnement et de valoriser la biodiversité.
Pouvez-vous dire que vous êtes un éco-jardinier ?
Clairement, oui, je suis éco-jardinier. Je fais très attention, et je suis très impliqué dans l’écologie, les végétaux et la biodiversité. D’ailleurs, mon jardin personnel est un jardin Hortus (une association internationale de jardin pour la nature et les humains). Je n’utilise aucun produit chimique dans mon jardin, c’est aussi le cas du jardin des plantes et de toute la ville de Caen.
Margot Baudry
L’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022 a fait émerger dans le monde géopolitique de nouveaux enjeux. L’un d’entre eux a largement impacté les pays occidentaux qui ne sont pourtant pas des participants directs de la guerre : l’écologie de guerre. La revue Green (Géopolitique, Environnement, Énergie, Réseaux, Nature), rédigée par le groupe d’études géopolitiques de l’École normale supérieure se saisit du sujet.
Lorsque nous pensons à l’écologie, nous ne pensons pas forcément à la guerre. Cependant, il reste légitime de s’interroger sur l’impact que peut avoir un missile sur la couche d’ozone ou encore la consommation de pétrole d’une armée au combat. C’est à ces questions et leurs réponses parfois révélées par l’analyse de la guerre de haute intensité menée en Ukraine que s’intéresse cette seconde revue GREEN. Ces sujets ne sont pas apparus en 2022; déjà en 2008, un groupe d’étude de l’université d’Oxford s’y était intéressé.Le lien entre l’écologie et la guerre est étudié depuis un moment déjà, et il n’est pas nouveau que les ressources naturelles y compris énergétiques se trouvent au centre des conflits et en sont parfois les causes. Mais les ressources énergétiques peuvent aussi être à la source de la paix entre les Hommes; la grande rivalité meurtrière qui réunit la France et l’Allemagne dans la haine et la désolation lors des siècles précédents se conclut par le traité du charbon et de l’acier, acte fondateur de la communauté Européenne.
Avant la guerre en Ukraine, les Européens importaient de Russie plus d’un quart de leur gaz, et près de la moitié de leur pétrole et de leur charbon. Le conflit a largement réduit l’approvisionnement de certains pays européens et a totalement coupé celui d’autres nations; la Finlande par exemple où le gaz était approvisionné à 99,5% par la Russie, a été totalement coupée de son approvisionnement.
Ces nouveaux enjeux, prévisibles mais non préparés, font reconsidérer aux états leur conception d’approvisionnement en énergie. Éviter la dépendance énergétique constitue désormais un enjeu majeur de la géopolitique moderne. Le problème étant que ce n’est pas le seul enjeu à l’importance critique pour la paix des hommes et l’habitabilité de la planète. Les alliances, les besoins, les crises sociales, économiques, politiques, écologiques et énergétiques frappent le monde occidental qui jusque-là n’avait pour espoir qu’une stabilité politique et sociale désormais menacée. Ces défis divers mais mêlés ont parfois comme solutions des réponses qui aggraveraient d’autres crises. Le libre passage des biens et des personnes, pourtant libérateur et facteur de libre arbitre pour les individus a finalement pour conséquence de complexifier tous les domaines de décisions et de les rendre bien plus complexes et longues à mettre en œuvre. Ainsi l’apparition de l’Écologie de guerre dans les relations étatiques est aussi le surgissement de problèmes enfouis depuis longtemps concernant la dépendance des biens et des énergies. Certains peuvent considérer cela comme un facteur d’instabilité de tensions. D’autres peuvent croire que cette situation de dépendance empêche une guerre totale puisque chaque pays serait désormais forcément perdant dans un conflit.
La production de ressources stratégiques à grande échelle est dans le monde interdépendant un moyen de défense comme un autre. Outre l’Ukraine, le point le plus chaud des tensions internationales est situé sur l’île de Taiwan, que la Chine convoite. Or Taiwan dispose d’une production de micropuces indispensable à l’économie de pays très puissants parmi lesquels se trouvent les Etats-Unis. Ces derniers et leurs alliés ont tout intérêt à protéger leur approvisionnement en micropuces en plaçant Taiwan sous leur protection. De son côté, la Chine est elle aussi dépendante des micropuces taiwanaises. En cas de guerre longue, une pénurie de micropuces pourrait grandement impacter l’économie chinoise ainsi que sa capacité à mener correctement la guerre, les micropuces étant utilisées pour de nombreux outils, armements et véhicules militaires.
L’écologie de guerre et l’interdépendance énergétiques sont devenues des préoccupations majeures pour les grandes puissances. Cette dépendance commerciale peut servir de bouclier pour les états, mais aussi de source de tensions. La réaction générale a été de chercher à trouver de nouvelles sources d’énergie, mais aussi de chercher à produire directement des ressources stratégiques. Ce virage industrialiste pourrait mener les états à acquérir une plus grande liberté géostratégique mais aussi faciliter les actions des états belliqueux. Ce qui est certain, c’est que la planète ne souffrira pas de la réduction d’échelle du fret maritime.
Principales sources:
Arthur LANDAIS
Les feux d’artifice sont tirés partout en France durant les traditionnelles célébrations du 14 juillet ou encore à l’occasion du passage à la nouvelle année. Bien que ce spectacle soit magnifique, il n’en reste pas moins dangereux pour l’environnement et la santé.
Les feux d’artifice sont composés d’un mélange de plusieurs substances chimiques contenant notamment de la poudre noire, qui sert de combustible. 1 kg de cette poudre correspond environ à 480g de CO2 libéré dans l’air. Si l’on prend l’exemple des feux d’artifice ayant lieu à Paris, 30 tonnes de poudre est utilisée, soit 14,7 tonnes de CO2 dans l’air selon le ministère de l’intérieur.
On y retrouve également du carbone, du souffre et du nitrate de potassium. À cela s’ajoutent les différents produits permettant de créer les couleurs. Par exemple, la couleur verte est créée à partir du mélange de baryum et de cuivre.
Ces substances chimiques sont contenues dans un dispositif fabriqué à base de carton, bois et plastique, entre autres. Par exemple, en Suisse, 1000 tonnes de déchets supplémentaires sont produites à cause des feux d’artifice chaque année.
Les feux représentent tout d’abord un danger environnemental. En effet, les communes ne prévoient généralement pas d’opération de nettoyage en règle, laissant alors les corps de bombe, les obus ainsi que d’autres résidus dans la nature.
Les feux d’artifice perturbent aussi la faune avoisinante notamment avec le bruit des détonations. Ces derniers effrayent les insectes et les oiseaux qui sont alors pris de panique. Dans cette cacophonie, les oiseaux quittent leur nid et n’y retournent jamais. Dans certains cas, cela est responsable de la chute de natalité de quelques espèces de volatiles, comme ce fut le cas en 2012 dans l’Arkansas, où 5000 carouges à épaulettes on été tuées dans un mouvement de panique dû à un feu d’artifice.
De plus, les microparticules dispersées par le vent retombent dans les points d’eau à proximité empoisonnant parfois les poissons y résidant. La contamination de l’eau s’opère à cause du perchlorate utilisé comme oxydant. Cette pollution est inquiétante car elle cause de graves conséquences chez l’être humain. En effet, le perchlorate est à l’origine de certains problèmes de thyroïde et des perturbations du système endocrinien menant dans les cas les plus extrêmes à des cancers. Enfin, on retrouve également des résidus radioactifs tel que le baryum après le tirage d’un feu, pouvant amener des problèmes de santé.
Pour contrer ces inconvénients majeurs, des solutions ont été apportées. Désormais, il existe des résidus biodégradables et des calibres réduits qui sont certes plus onéreux mais meilleurs pour l’environnement, comme l’utilisation de carton recyclé ou d’autres éléments chimiques pour réduire l’utilisation de métaux polluants. Il est également possible de tirer les feux à l’air compressé comme le fait Disney World en Californie, réduisant ainsi les déchets liés au dispositif de lancement. De plus, de nouvelles sociétés ont vu le jour tel que « Arts et Feux » qui est une compagnie de nettoyage de feux d’artifice. En outre, les feux d’artifice ont laissé place à des alternatives plus innovantes comme les spectacles de sons et de lumières ou bien des spectacles de drones. Il reste à voir avec le temps si cela est plus écologique.
L’utilisation des feux d’artifice peut donc être remise en cause du fait des différents impacts environnementaux qu’ils engendrent dus à leurs compositions et leurs fabrications. Entre pollutions de l’eau, de l’air et de la terre, perturbation de la faune et risques sanitaires, les feux d’artifice peuvent représenter un danger pour l’écologie et la planète. À cause de tous ces facteurs, des entreprises ont développé des alternatives pour limiter les conséquences de la pyrotechnie. Néanmoins, elles sont peu employées et plus onéreuses que les feux d’artificeplus classiques. Par conséquent, nous ne pouvons pas encore statuer sur les conséquences environnementales de ces alternatives.
Théo Brillet, Juliette Choquet et Mélody Dufrêne
Alex Ducret est le fondateur de la marque Caen j’aime ma peau. Une gamme de produits pour le soin de la peau, en particulier pour les tatouages, mais pas seulement. Les produits sont certifié bio, naturel et vegan.
Pourquoi avez-vous créé votre marque de cosmétique ?
Alors à la base, je créais déjà des produits cosmétiques, mais pour le compte de tiers. Je me suis rendu compte que dans la cosmétique, ce sont beaucoup d’utilisation d’huiles minérales donc des dérivés de pétrole. Les contenants ne sont jamais trop réfléchis donc ça ne m’intéressait pas trop de travailler comme ça. Je me suis dit pourquoi pas essayer de créer quelque chose de plus écologique en partant d’une base de recette très simple. Je faisais à la base un baume pour moi contre le psoriasis et un jour, j’ai été chez un tatoueur dans le centre-ville à qui j’en ai parlé et il trouvait que ça pourrait être pas mal pour la cicatrisation du tatouage. Il a testé le baume dans son salon de tatouage pendant 1 an et demi et ça a bien marché.
Quelles sont les problématiques qui peuvent être rencontrées lorsqu’on veut fabriquer un produit bio/naturel/local ?
Pour le local, j’ai cherché toutes les matières premières, les huiles les plus locales possibles comme le chanvre, la cerise, l’huile de tournesol pour la vitamine E, la noisette. Le problème, c’est qu’il y a des ingrédients qui n’existent pas en France, on ne peut pas les cultiver, comme par exemple le beurre de karité. Donc j’ai cherché une association qui produisait le beurre de karité et je suis tombé sur une association géniale qui s’appelle Ragussi qui est entièrement constituée de femmes qui ont échappé à des violences conjugales et au mariage forcé au Burkina Faso à Ouagadougou. Tout ça a un coût, car ce sont quand même des matières premières plus nobles donc forcément, c’est plus cher. Mais je suis parti du principe qu’en ayant une liste courte d’ingrédients contrôlés, on pouvait réussir à avoir des prix qui soient à peu près au même niveau que la concurrence.
Comment se passent les étapes de recherches et de tests ?
Alors on a fait testé nos produits par un laboratoire agréé français. Ils ont fait des patches tests, ça a duré 10 mois avec 6 mois d’études en accéléré qui a donné la PAO (période après l’ouverture) de 18 mois. Pour le contenant compostable, c’est un mélange de PLA (amidon et maïs) et de blé. Ça met quand même du temps à se décomposer, plus de 2 ans si on le fait chez soi sinon, c’est plus rapide dans les sites de compostage industriels. De même pour les étiquettes, elles doivent être waterproofs, c’est interdit en papier parce que les écritures peuvent s’enlever et ça peut être très dangereux. La DDPP (Direction Départementale de la Protection des Populations), est venue quelques mois après la création de la marque et m’a aidé à être vraiment aux normes.
Pourquoi est-ce mieux pour une marque de cosmétique d’être labellisée ?
Ça rassure le client, Caen j’aime ma peau est certifié par La Nouvelle Cosmétique Bio, on doit être minimum à 98 % bio. Ils font de vrais contrôles pour vérifier tout le suivi de chaque matière première. Nos produits sont aussi vegan mais on n’a pas la certification. Le milieu de la certification en cosmétique est un peu particulier, parce que comme c’est un milieu d’association, il n’y a pas de certifications officielles du gouvernement et de l’Etat.
Pensez-vous qu’un jour la majorité des marques seront clean et bio ?
Non, même en partant du principe qu’imaginons dans le meilleur des mondes toutes les matières premières seraient fabriquées de manière bio, sans utiliser de pesticides, ça entraîne une production moindre. Donc tout le monde se les arracherait pour les avoir et donc les prix seraient exorbitants. À la fin, le bout de chaîne, les clients auraient des produits cosmétiques chers.
Coralie Obry
L’évolution de notre planète bleue inquiète et fascine à la fois, elle soulève de nombreuses théories : augmentation des températures, catastrophes naturelles, déforestation massive ou encore animaux en voie de disparition. Avec la peur d’un futur incertain, beaucoup éprouvent une angoisse face à l’avenir et s’interrogent sur le monde de demain. Micro-campus à l’ université de Caen : comment voyez-vous la Terre dans trente ans ?
Julie, 19 ans
La Terre sera un grand jardin avec plein de plantes, peace and love et vive l’oxygène.
Margaux, 22 ans
La terre dans trente ans… Je suis assez optimiste, beaucoup d’entreprises font des efforts sur le recyclage de l’eau, les déchets et les émissions carbone. Si tout le monde continue à faire des efforts, il y a peut-être de l’espoir, j’espère que la société prendra des habitudes de vie qui feront que la terre arrivera à se renouveler, et tout se passera bien.
Nathan, 18 ans
Des efforts seront faits, mais j’ai peur que ce soit insuffisant. Dans trente ans, ça ressemblera sûrement à maintenant. Ni empiré, ni amélioré.
Margot, 20 ans
Soit blanc, soit noir, j’imagine. Les gens pourraient prendre conscience de l’importance de chérir la Terre. Ou bien, des guerres éclateront, nous aurons tellement puisé dans les réserves de la Terre que celle-ci n’existeront plus : cela serait une catastrophe mondiale.
Théo, 20 ans
La Terre sera malade. Cela dépendra des décisions politiques, si des gens prônent encore le capitalisme, la Terre va mourir.
Orane, 19 ans
Question difficile. Soit nous serons sauvés par d’incroyables et nouveaux progrès technologiques. Soit, nous sombrerons dans le néant total avec une société de consommation à son paroxysme. J’espère que les politiques prendront des mesures drastiques, des restrictions importantes pour ne plus vivre comme nous le faisons.
Aurélie, 37 ans
Rien de positif. Vu les décisions gouvernementales, j’ai du mal à imaginer ce que nous allons léguer aux générations futures. Dans trente ans, je visualise un désert et beaucoup de migrations climatiques. Par chance, en Normandie, nous sommes assez préservés. Mais jusqu’à quand ? Les gens sont dans le déni, ils essaient de ne pas y penser. Moi-même, je ne me risque pas à réfléchir au monde dans trente ans.
Stephen, 23 ans
Très mal. Nous avons de moins en moins de temps pour réduire notre impact écologique et environnemental. Par exemple, de nombreux glaciers se décrochent plus rapidement qu’annoncé. J’ai l’impression qu’on avance de vingt ans dans les prédictions.
Flavien, 24 ans
Tout peut s’accélérer très rapidement, entre les tsunamis et les tremblements de terre consécutifs, nous arrivons à un point de danger sérieux. Dans trente ans, qu’est-ce que cela va être ? C’est très triste, nous avons peur, et surtout pour les générations futures.
Et vous, comment voyez-vous la Terre dans trente ans ?
Elisa Auzerais et Coralie Obry
Coordinatrice environnement au sein de l’usine Lactalis Nestlé Ultra Frais Lisieux, Corinne Christina veille au respect des engagements environnementaux de son entreprise.
Depuis quand avez-vous développé une conscience écologique au sein de LNUF Lisieux ?
Avec la mise en place du Système de Management Environnemental (SME) qui permet à une usine de s’organiser de manière à estimer, restreindre et contrôler ses impacts sur l’environnement. L’usine s’est appropriée la norme ISO14001, une règle spécifique pour le management de l’environnement. Et sans oublier, avec la création de mon poste, il y a deux ans. LNUF Lisieux a par ce biais amélioré la conscience écologique au sein de l’entreprise.
Quels sont les impacts sur l’environnement au sein l’usine ?
A Lisieux, notre impact principal c’est la consommation d’eau soit plus de de 500 000 m3 d’eau par an. Sans oublier la consommation de gaz et d’électricité, les produits chimiques et les déchets.
Quelles sont les mesures mises en place pour les réduire ?
Nous avons un technicien d’amélioration continu qui s’occupe spécifiquement de l’eau. Nous nous réunissons tous les lundis avec les responsables de tous les services concernés pour réduire nos impacts. Cet été, en améliorant l’efficacité sur nos recherches de fuite et les temps de nettoyage, nous avons diminué de 1 000 m3 par semaine notre consommation d’eau. De plus, l’usine possède une station d’épuration où elle rejette ses eaux traitées. Concernant les déchets, notre objectif est de récupérer un maximum de déchets valorisables pour éviter leur enfouissement. Maintenant, 3 tonnes de plastiques sont récupérées par un prestataire, de même pour nos palettes. Celles-ci partaient en revalorisation énergétique, elles étaient brulées. Avant nous étions à quatre rotations par semaines de palettes perdues, actuellement nous ne faisons plus qu’une rotation.
Existe-t-il des contrôles externes ?
Oui. Nous avons un arrêté préfectoral. Nous sommes suivis par la Direction régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (DREAL). L’usine doit déclarer ses rejets ainsi que les quantités de déchets qu’elle produit. La DREAL, l’Agence Régionale de Santé et la préfecture font des contrôles inopinés concernant le rejet de nos eaux ou nos installations. Concernant la norme 14001, chaque année nous avons un audit externe et un audit interne.
Des sanctions sont-elles mises en place si l’usine va trop polluer ?
Oui, il existe la redevance pollution. Tous les ans, l’usine déclare la quantité de polluant qu’elle déverse dans la rivière. L’usine doit respecter une norme. Cependant, même si celle-ci n’est pas dépassée, un ratio taux de pollution-redevance est mis en place. Si la DREAL nous contrôle et qu’il y a une erreur de tri, un déversement non maîtrisé, elle nous sanctionne avec des mises en demeure. La DREAL nous oblige à faire des travaux ou à répondre à une attente dans un temps imparti. Il peut y avoir un aspect financier pénal.
« Une performance environnementale et écologique équivaut à une performance financière
derrière et vice versa. »
Comment sont sensibilisés les collaborateurs ?
Tous les nouveaux arrivants ont un accueil sécurité, environnement, qualité et process leur permettant d’être sensibilisés aux principaux impacts significatifs de l’usine. Ils doivent récidiver cette réunion tous les trois ans. Ils sont aussi sensibilisés via des exercices de déversement, d’incendie, explosion, fuite d’un tank. Ils doivent savoir réagir de la manière la plus efficace possible si jamais un accident arrive. La communication de proximité avec le responsable de service est indispensable. Chaque service à un indicateur à respecter sur son impact environnemental le plus significatif.
Pour finir, est-ce possible d’allier performance et conscience écologique ?
Oui, c’est réalisable. Si la performance écologique permet de consommer moins d’électricité, le coût de production sera moins élevé. Si une ligne tourne mal, nous jetterons nos productions et occasionnerons plus de déchets.
Elisa Auzerais
Maud Bellayer est une maraîchère bretonne qui distribue des paniers de légumes de saison dans les écoles à proximité de sa ferme. Cultiver en bio est pour elle une démarche globale.
Qu’est-ce qui vous a amené à devenir maraîchère?
J’ai un long parcours de saisonnière dans les Hautes-Pyrénées. J’ai aussi suivi une année de naturopathie. Le bien-être est quelque chose d’ancré chez moi. Pour des raisons personnelles, je n’ai pas pu continuer dans ce domaine. Après, j’ai été employée en tant que gardienne de troupeau, dix ans dans les estives. Une vie très authentique avec des animaux en pleine santé, qui vivent dehors. Depuis je suis végétarienne.
Pendant ces années-là, j’ai aussi passé un BPREA, c’est un brevet de responsable d’exploitation agricole qui donne le droit de s’inscrire en tant que chef d’exploitation et de bénéficier des aides de la Chambre d’Agriculture. À ce moment-là, je songeais surtout à l’élevage étant en région de montagne. Mais je voulais me rapprocher de ma région d’origine, la Bretagne. J’ai donc basculé dans les métiers du bien-être. J’étais animatrice sportive en fitness, esthéticienne et masseuse dans un spa. Ensuite, j’ai rencontré Laurent, mon chéri, qui est exploitant et maraîcher depuis vingt ans et sur trois générations. Il est né dans cette maison-là, il a racheté et c’est devenu son exploitation. J’ai eu envie de m’investir dans le maraîchage. J’ai démissionné de mon travail et on a eu un enfant ensemble. Par la suite, il y a eu le développement des paniers avec la cantine scolaire. Depuis l’hiver dernier, j’ai commencé à faire mes semis. Je travaille avec une entreprise qui s’appelle Agrosemens, avec une vraie éthique bio. D’ici l’an prochain, je vais m’installer en tant que maraîchère en bio pour développer la vente directe.
«Dans le bio, on laisse la vie faire.»
Quelle est la différence entre l’agriculture biologique l’agriculture conventionnelle?
Le bio implique qu’il n’y a pas de traitement chimique ou alors un traitement homologué bio et d’origine végétale. L’organisme Ecocert contrôle que l’on respecte bien la charte pour avoir le label bio. On doit payer pour avoir la certification et respecter le cahier des charges bio. Moi j’utilise le compost de mes poneys alors que Laurent achète à un éleveur en bio la fiente de poule. Tout doit être bio, depuis le plan jusqu’à la récolte. Cela nécessite plus de main d’œuvre car le désherbage se fait à la main contrairement au conventionnel où tu peux mettre un produit qui détruit tout sur son passage. Le bio nécessite la rotation des cultures. Ça veut dire qu’après une culture, on ne va pas continuer à cultiver cette terre. On va mettre un engrais vert pour lui donner à manger comme du fumier. Ce qui est très utilisé, c’est le couvert végétal. Tu plantes des féveroles par exemple, une racine qui fabrique de l’azote dans le sol. En bio, tu as donc besoin de plus de terres en surface à exploiter, afin de ne pas appauvrir les sols. Il y a une démarche engagée dans le bio : on laisse la vie faire.
C’est quoi la « haute valeur environnementale » ?
C’est une certification créée en 2012 par le législateur et qui fait beaucoup de mal au bio. Théoriquement, ce serait un juste milieu entre le bio et le conventionnel. Sauf que ça n’empêche pas de mettre du Roundup. C’est une supercherie, et les gens ne le savent pas. Il existe aussi le maraîchage bio intensif où tu produis beaucoup. Par exemple, tu peux faire entre mille, deux mille choux ou poireaux par jour que tu vas livrer dans une coopérative, qui revend aux supermarchés. Je dis ça pour défendre le bio parce que j’en ai marre d’entendre que le bio est cher. Il est cher quand il y a des structures qui doivent employer, qui ont des petites surfaces et qui doivent amortir tous leurs emprunts là-dessus.
Pourquoi le choix de la vente directe?
La vente directe permet de limiter les intermédiaires et d’avoir un contact direct avec les clients. C’est aussi le plaisir de savoir où vont mes légumes, savoir à qui ils profitent. Le circuit-court, c’est une garantie d’un produit frais, sain, nutritif, qui ne sera pas ballotté dans un camion, dans des frigos, en chambre froide. C’est montrer aussi la saisonnalité. On ne mange pas des tomates en hiver, sinon elles ont été chauffées à bloc et sûrement avec des produits chimiques. On peut congeler, mais il faut arrêter avec les envies du moment qui ne sont pas de saison. C’est aussi faire découvrir des nouvelles saveurs, mais surtout des produits qui n’ont pas la cote. Pour que les gens se réconcilient avec des légumes oubliés où des légumes qu’ils ne savent pas cuisiner.
À six mois de grossesse, j’ai décidé de planter des fraises.
Comment se sont organisés les partenariats avec les entreprises locales?
À six mois de grossesse, j’ai décidé de planter des fraises. J’en ai planté six cent plants qui ont donné dès la première année. Laurent ne voulait pas les laisser se perdre et puis il a trouvé cet article sur Manu, chef cuisinier dans une cantine scolaire. Je l’ai contacté et il m’a dit «carrément». Le courant est passé et on a fini dans le journal. Après les fraises, il y a eu les légumes. Je voulais développer l’idée des paniers de légumes. Il m’a donné le contact de la représentante des parents d’élève. Saint-Jouan-des-Guérets, ça a été l’autoroute du bonheur, j’ai été super bien accueilli par le maire. On travaille aussi avec le CFA grâce à Manu. Après, on a proposé aux écoles de Saint-Père. J’ai décidé de démarcher tous les gens qu’il y avait autour de chez nous, les commerces, les maisons médicales, l’office notarial. Ma cible est là, les gens actifs qui ont envie de faire attention à leur santé.
Aujourd’hui, on envisage de passer à la vente en gros pour la restauration, les foodtrucks, mais aussi les particuliers, avec la contrainte de prendre 10 kg de patates, 10 kg d’oignons. Pourquoi pas les étudiants qui galèrent aussi. On a l’idée de distribuer des paniers gratuits avec des flyers aux entreprises. Comme ça ils font ce qu’ils en veulent et si ça leur plaît ils nous rappellent.
Propos recueillis par Margaux Kergus et Juliette Choquet
En décembre, qui ne rêve pas de voir sa maison ou les rues décorées ? Guirlandes lumineuses, sapins ou encore papier cadeau… le choix esthétique passe souvent avant celui de l’écologie. Pour quel impact environnemental ? Quelles sont les solutions envisageables pour éviter de faire de cette fête un véritable attentat de la planète ?
Crise énergétique, quel impact en 2022 à Caen ?
L’année 2022 a été celle de la crise énergétique. En effet, après une forte hausse en partie due à l’invasion russe en Ukraine, les prix de l’électricité ont tendance à se stabiliser dans l’Union Européenne, selon les dernières données publiées par Eurostat (office de statistiques de l’Union Européenne). Néanmoins, l’année 2022 a largement été influencée par la menace de coupures d’électricité, et notamment vers les fêtes de fin d’année. Durant cette période, la ville de Caen a appliqué un plan de sobriété pour ses illuminations de Noël. La Grande Roue devant l’Hôtel de Ville en a fait les frais. Plus encore, la pose de guirlandes lumineuses a été divisée par 5 et seuls 3 km de guirlandes ont été installées à Caen en 2022, contre 15 km les années précédentes. La ville a aussi choisi d’investir dans l’installation de 19 décors en 3D qui ont été déposées dans tous les quartiers de Caen.
Cette année, la crise semble moindre. De fait, la ville de Caen a cette année fait le choix d’un retour progressif à la normale avec le retour de la grande roue, 4 km de guirlandes, ainsi que 800 décors et motifs sur candélabres ou dans les arbres et dix-huit décors 3D.
Les installations lumineuses dans les villes s’ajoutent à l’éclairage public et ne sont pas sans conséquences sur la faune et la flore. Certaines espèces nocturnes ne chassent qu’à la nuit tombée. Les lumières artificielles les font fuir là où leurs proies, et notamment les insectes, sont particulièrement attirées. La lumière nocturne impacte également la croissance ou la floraison des espèces végétales en ville. L’on peut ici parler de pollution lumineuse, c’est-à-dire la propagation d’une luminosité artificielle supérieure à plus de 10 % de la lumière naturelle.
Aussi, pour préserver, il est préconisé d’éteindre les lumières de minuit à 5 heures du matin, et de laisser le plus possible des espaces sans lumière artificielle à la tombée de la nuit. Mais que faire durant la période des fêtes de fin d’année ? La solution la plus évidente semble être de prioriser les décorations qui ne nécessitent pas d’éclairage. Une option moins drastique serait de privilégier l’installation de décorations lumineuses dans les espaces déjà très éclairés afin de préserver les espaces encore protégés des lumières artificielles. En France en 2020, plus de 700 villes avaient d’ores et déjà rejoint le label Villes et villages étoilés et s’engageaient à mettre en place un éclairage raisonné en période de fêtes.
En France, les spécialistes constatent une augmentation de 20% des déchets pour la période des fêtes de fin d’année. Les guirlandes et boules de Noël trouvées dans le commerce sont très polluantes dans leur fabrication, parce qu’elles sont encore en majorité faites en plastique. Elles ne sont donc pas recyclables, c’est pourquoi il convient d’en prendre soin afin de les réutiliser chaque année. De plus, les paillettes utilisées dans ces décorations, que ce soit les boules du sapin ou le papier cadeau, sont des microplastiques très polluants, même si leur vente est proscrite en France et dans l’Union Européenne depuis octobre 2023.
Pour ce qui est des emballages cadeaux, ceux-ci sont en majorité faits avec du papier-cadeau à usage unique, irrécupérable quand il est déchiré. Pour éviter cela et en récupérer le plus possible, le test du froissage peut-être réalisé : si le papier peut garder sa forme après avoir été froissé, alors il peut être recyclé. Concernant les cadeaux, beaucoup d’entre-eux sont non-désirés donc revendus. Il convient de revoir nos habitudes en achetant moins, de meilleure qualité ou local et d’occasion afin de réduire notre empreinte carbone. 62% des jouets sont importés de la Chine, où des gaz toxiques et des plastifiants sont utilisés pour leur conception, produits rejetés en grande partie dans l’environnement. Le transport de ces produits se fait par avion, le moyen de transport le plus polluant. Mais loin devant les jouets, les produits les plus offerts à Noël restent les textiles. Or cette industrie est très polluante et très consommatrice en eau. Noël, avec ses décorations et ses cadeaux, reste une fête donc très polluante.
En France, en moyenne, un foyer sur quatre achète un sapin à Noël. Soit sept millions de sapins achetés chaque année. Proportionnellement, cela correspond environ à 84% de sapins naturels contre 16% de sapins artificiels. Quel serait le choix écoresponsable ? Acheter tous les ans un sapin naturel, dont les années de croissance sont sacrifiées pour quelques semaines dans un foyer ? Ou bien s’offrir un sapin artificiel, certes constitué de plastique mais plus durable ? Malheureusement, il semble que le sapin artificiel ne soit qu’une fausse bonne idée. En effet, constitué de dérivés de la pétrochimie, le sapin artificiel n’est pas recyclable. Plus encore, son bilan d’émission de CO2 est largement supérieur à celui du sapin naturel, dans la mesure où il est, le plus souvent, acheminé depuis un pays lointain. Ainsi, il faudrait en moyenne conserver son sapin artificiel une vingtaine d’années pour que son bilan carbone redevienne positif.
De son côté, le sapin naturel absorbe le CO2 durant toute sa croissance et peut être recyclé bien plus aisément. Néanmoins, son transport s’avère également lourd en bilan carbone. Plus encore, les forêts de conifères dédiées à la production de sapins de Noël sont généralement pauvres en biodiversité et contribuent largement à l’acidification des sols. Alors, que choisir ? Il semble que, pour concilier attitude écoresponsable et achat d’un sapin de Noël, il faille avant tout faire le choix des producteurs à proximité. En France, les sapins sont désormais un marché à part entière et produits pour la période des fêtes. Ils sont généralement issus de terres françaises ou, dans le cas du Nordman, importés du Danemark ou de la Finlande. Pour le recycler, il faut le déposer à un point de collecte ou bien de le recycler soi-même via une cheminée, un poêle à bois, ou un compost. Désormais, il existe même certaines astuces (trouvables sur les sites de vente de certaines grandes marques de jardinerie), permettant de conserver son sapin de Noël naturel d’une année sur l’autre.
Même si le bilan écologique des fêtes de fin d’année est lourd, nous pouvons néanmoins agir à une échelle individuelle en évitant de surconsommer et en choisissant des décorations respectueuses de l’environnement. De par des actions simples à mettre en place, il est possible de faire de Noël une fête respectueuse de la planète tout en conservant sa magie !
Texte : Carole Deneuve et Isaline Dumont.
Photographies : Isaline Dumont
Alors que l’on parle de responsabilité environnementale dans un quotidien connecté, l’adoption du téléphone reconditionné devient le symbole d’un cycle vertueux où rien ne se perd, tout se recycle. Vraiment ?
À l’heure où le smartphone s’est métamorphosé en une extension quasi incontournable de l’individu, consommant en moyenne cinq heures d’écran par jour, son acquisition ne se fait pas sans conséquences. La vente annuelle de smartphones neufs a atteint près de 1,3 milliard dans le monde en 2022, Cette réalité masque un « désastre écologique qui s’étend de l’extraction jusqu’à la distribution. Cependant, les téléphones reconditionnés émergent comme une alternative écologique et économique à cette tendance prédominante”, estime Anthony Gendy, vendeur à Cash Express, magasin d’occasion et d’appareils reconditionnés.
Derrière la capture de chaque instant se cache une empreinte environnementale significative, le téléphone entamant un véritable périple mondial avant même que vous ne puissiez immortaliser votre dernier café en image. De l’extraction des matériaux à la distribution de masse, chaque étape a un impact écologique. Pour autant et bien que son coût soit devenu un paramètre non négligeable, l’achat le smartphone neuf demeure la généralité. Si la durée de vie moyenne d’un téléphone est estimée à trois ans, la tendance actuelle montre que les consommateurs optent pour un renouvellement tous les 20 mois en moyenne, même lorsque leur appareil actuel est encore opérationnel. Le marché du smartphone neuf, synonyme de performances accrues, voit ses prix augmenter de manière notable. En France, ces coûts ont grimpé en moyenne de 39% depuis 2017, reflétant une course à la technologie toujours plus sophistiquée et à des fonctionnalités de pointe. Ici, l’individu est poussé à la consommation… et au déclin de la planète.
Dans la quête d’une empreinte carbone plus légère et d’une consommation électronique plus éco-responsable, les smartphones reconditionnés émergent comme des solutions plus écologiques. “Un téléphone reconditionné est un appareil qui a été utilisé précédemment, puis remis à neuf et remis en vente sur le marché. Le processus de reconditionnement implique généralement plusieurs étapes pour s’assurer que le téléphone fonctionne correctement et ressemble autant que possible à un nouvel appareil”, ajoute Anthony. Or, selon l‘ADEME (Agence de la transition écologique), l’achat d’un téléphone reconditionné peut engendrer une réduction substantielle, allant de 77 à 91%, des émissions de CO2 en comparaison d’un nouveau smartphone. Cette performance environnementale notable s’explique par “l’élimination des coûts de fabrication, d’usinage et de transport”, selon le vendeur en reconditionné. Ce dernier précise “cette approche, en plus de réduire les émissions de carbone, favorise la préservation des ressources naturelles en retirant des métaux lourds tels que l’or, l’acier et l’argent du processus de production des appareils reconditionnés”. En prolongeant significativement la durée de vie des appareils, les smartphones reconditionnés se positionnent en rempart contre les déchets électroniques et l’obsolescence programmée.
La longévité des téléphones reconditionnés est sujette à divers éléments, parmi lesquels la qualité du processus de reconditionnement, l’ancienneté initiale du téléphone et la réputation de la marque. Généralement, les téléphones reconditionnés provenant de sources réputées et de programmes de reconditionnement bien établis peuvent rivaliser en termes de durabilité avec leurs homologues neufs. Quant à la fréquence des réparations, elle est également tributaire de la qualité du reconditionnement et de l’usage ultérieur du téléphone. “Un téléphone reconditionné de manière appropriée peut être tout aussi fiable qu’un téléphone neuf”, ajoute Anthony Gendy.
J’ai réalisé sur questionnaire sur instagram pour sonder les utilisateurs. Une frange de clients exprime leur insatisfaction, souvent découlant d’expériences décevantes ou d’une perception que le téléphone ne fonctionne pas aussi bien qu’espéré après avoir été remis à neuf. Cependant, une majorité vante les mérites économiques de cette alternative. “Souvent, ces utilisateurs soulignent une économie substantielle, avec des prix généralement 20% inférieurs à ceux des smartphones neufs”, confirme Anthony Gendy. L’enjeu crucial réside dans la sélection judicieuse du smartphone reconditionné, car la qualité peut varier considérablement.
Les smartphones reconditionnés apparaissent comme une alternative durable, offrant des avantages écologiques et économiques indéniables. Cependant, il est crucial de rester conscient que la qualité du reconditionnement varie. Faire le choix éclairé d’un téléphone reconditionné demande de la prudence, mais c’est aussi un pas vers une consommation électronique plus respectueuse de l’environnement.
Oline Baize–Ferral
Bien plus qu’un simple lieu de commémoration des défunts, le Cimetière Dormant Saint-Jean dépasse sa fonction première en devenant un sanctuaire écologique, mêlant gracieusement l’histoire, la nature et la promenade touristique.
Ce lieu insolite n’est pas seulement un sanctuaire pour les défunts, c’est aussi un endroit où s’épanouie une nature sauvage et locale. Les arbres centenaires et les plantes sauvages fournissent un refuge vital pour diverses espèces, allant des insectes aux chats errants. Cette approche respectueuse de l’environnement contribue à l’équilibre écologique de la ville, faisant du Cimetière Dormant Saint-Jean un havre de paix au coeur de la vie citadine.
Certes, une promenade dans un cimetière semble atypique. Cependant, c’est une expérience hors du commun, un voyage à travers les époques, un idéal pour se ressourcer. En explorant ses allées, en découvrant ces magnifiques caveaux, chacun s’imagine des histoires passées, chacun se retrouve coupé du monde. La richesse de son patrimoine funéraire fait voyager les promeneurs à travers l’histoire caennaise d’une ancienne paroisse Saint-Jean peuplée d’une population aristocrate et fortunée.
Beaucoup se croirait dans un décor de cinéma, avec ces vieux tombeaux, cette nature sauvage et ce silence profond. C’est un lieu où la tranquillité et la sérénité donnent des impressions d’être à la campagne, qui offre aux Caennais une sensation de dépaysement en plein coeur de l’agitation urbaine.
Aussi, c’est ici que se trouve la tombe d’Arcisse de Caumont, un archéologue et historien ou celle de Monsieur Loyal, particulièrement connue dans le monde du cirque !
Les arbres centenaires du Cimetière Saint-Jean sont des témoins muets de l’évolution de cette ville normande, portant sur eux le poids du passé ou reposent des générations de Caennais. Ce n’est pas seulement pour leurs beautés qu’ils sont préservés. Ils jouent un rôle important dans la régulation du climat local. En produisant de l’oxygène et en absorbant le dioxyde de carbone, ces arbres deviennent des atouts indispensables dans la lutte contre le changement climatique. Ils fournissent aussi de l’ombre pour diminuer les effets négatifs liés à la chaleur urbaine.
Le Cimetière Dormant Saint-Jean offre un tableau unique, où la nature reprend ses droits, formant une concentration de végétation au sein d’une ville en perpétuel mouvement. Le cimetière est davantage qu’un simple regroupement de sépultures. Il contribue à la sauvegarde de notre environnement. Il est un havre de tranquillité pour tout citadin s’y attardant.
Elisa Auzerais
Réhabilitée à partir d’une déchetterie du XXème siècle en un sanctuaire de sérénité, la Colline aux Oiseaux est un témoignage remarquable de rénovation écologique. Ce parc, désormais célèbre pour sa floraison et sa dédicace à la paix, dissimule une étonnante histoire de métamorphose environnementale. Inauguré en 1994, il est devenu un lieu prisé, attirant annuellement plus de 380 000 visiteurs depuis 2019.
Situé dans le quartier de la Folie Couvrechef, non loin du Mémorial de la Paix de Caen, le site qui abrite aujourd’hui le parc de la Colline aux Oiseaux avait une tout autre vocation entre 1920 et 1972 : celle d’une déchetterie.
Cet aménagement prend fin en 1972 avec l’achèvement de la construction de l’usine d’incinération des ordures ménagères et déchets industriels de l’agglomération caennaise à Colombelles. Cette installation cruciale a mis un terme à l’accumulation des déchets sur la colline, où les tas d’ordures pouvaient autrefois atteindre 20 mètres de hauteur sur une superficie de 9 hectares, représentant plus de 120 tonnes de détritus.
En 1974, coïncidant avec le 50ème anniversaire du Débarquement, la maire de l’époque, Jean-Marie Girault, et son équipe, montent un nouveau projet : transformer cette ancienne décharge en un parc dédié à la paix. Les premières ébauches de ce projet prennent vie en 1980, mais c’est en 1990 que les travaux d’aménagement prennent une ampleur significative, remodelant près de 100 000 m² de terrain.
L’année 1994 marque un tournant historique : la Colline aux Oiseaux est inaugurée en juin à l’occasion des Floralies internationales célébrées par la ville de Caen. Ces dernières sont des expositions horticoles regroupant des exposants de plusieurs pays. Le nom du parc est resté proche de son passé de déchetterie, une époque où les déchets attiraient des essaims d’oiseaux. De même, il est toujours possible au sein du parc d’observer les restes de déchetterie, grâce à une vitrine au sein de la colline nommée « La caverne à déchet ».
En 2023, la végétation présente au sein de ce parc est toujours appréciée par les résidents caennais : « C’est une bonne chose car la ville avait besoin de verdure et ça fait un espace pour les personnes qui habitent dans des appartements à côté pour se balader », exprime une lycéenne qui arpente le parc.
La Colline aux Oiseaux en chiffre :
Aujourd’hui, le parc met en place des expérimentations adoptant des pratiques de jardinage éco responsables comme le paillage naturel, qui consiste entre autres à recouvrir le sol de matériaux organiques pour le nourrir et le protéger, et l’utilisation d’insectes auxiliaires afin de réduire l’usage de produits phytosanitaires et contrôler les populations de pucerons.
« Pour les enfants, c’est super enrichissant : ça leur apprend à faire davantage attention à la nature et de montrer qu’il n’y a pas que les pesticides qui existent», explique une habituée des lieux.
Tout en vert:
En 2024, la Colline aux Oiseaux se prépare à accueillir une série de nouveautés à l’occasion de son 30ème anniversaire. Ce renouveau se manifestera par plusieurs projets d’aménagement : une entrée flambant neuve accueillera les visiteurs, tandis qu’une aire de jeux inclusive et un parcours accrobranche viendront enrichir l’offre de loisirs. Un manège moderne complétera également ces installations, offrant une expérience inédite pour les plus jeunes.
Côté faune, le parc connaîtra des changements significatifs. En effet, les animaux de grande taille, notamment les cochons, feront leurs adieux au parc en 2024. Par la même occasion, les chèvres bénéficieront d’un espace agrandi, avec un enclos de 2000 m² au pied de la colline, permettant une plus grande liberté et un meilleur confort pour ces animaux.
Les autres pensionnaires du parc, principalement des animaux de la basse-cour, continueront à égayer le sommet de la colline dans un enclos spécialement aménagé pour eux.
Article rédigé par Marylou Pautrat Chereau & Adeline Brard
Exploités pour leurs chairs au Moyen-Âge, utilisés pour envoyer des messages au 20ème siècle puis finalement abandonnés, les pigeons Biset sont des réelles victimes des humains et de leur pollution.
Réalisation : Solène Pessy, Juliette Choquet et Mélody Dufrene.
Alors que les dirigeants du monde se sont rencontrés pour discuter de l’avenir du climat de la planète, lors de la 28e COP à Dubaï en décembre, quelles sont les questions clés, les attentes mondiales et les défis auxquels est confrontée la communauté internationale?
La course contre le temps
La COP28 se tient dans des circonstances de plus en plus urgentes. Les signes du changement climatique, tels que les vagues de chaleur extrêmes, les incendies de forêt dévastateurs et les événements météorologiques extrêmes, ne font que souligner l’urgence d’agir.
L’objectif de limiter le réchauffement climatique à 1,5 ° apparaît de plus en plus difficile à atteindre et la pression monte sur les négociateurs.
Le Secrétaire général des Nations Unis s’est récemment rendu dans les deux « points chauds » du réchauffement climatique, le Népal et l’Antarctique, où il a pu assister à la fonte record de la banquise et s’est dit « choqué par la vitesse du recul des glaciers ».
Les attentes vis-à-vis des engagements des nations
Le principal espoir de la COP28 réside dans les engagements concrets que prendront les pays pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Les participants attendent avec impatience des plans d’action ambitieux et concrets, soutenus par des politiques nationales et des investissements dans les énergies propres et durables.
Les pays développés en particulier sont sous pression pour honorer leurs obligations financières envers les pays en développement. Selon un représentant de l’ONU, «la communauté mondiale espère des engagements audacieux et concrets lors de la COP28. Il est temps que chaque nation transforme ses paroles en actions pour lutter contre le changement climatique.»
L’importance de l’adaptation et de la résilience
Outre les réductions d’émissions, la COP28 devrait accorder une attention particulière à l’adaptation et à la résilience aux impacts inévitables du changement climatique. Les pays vulnérables et les communautés marginalisées ont besoin d’un soutien accru pour faire face aux impacts extrêmes du changement climatique tels que les inondations, les tempêtes et l’élévation du niveau de la mer. L’importance de l’adaptation et de la résilience est soulignée par un représentant de l’ONU : «La COP28 doit accorder une attention particulière aux communautés les plus vulnérables. Nous devons garantir que personne ne soit laissé pour compte dans notre quête pour un avenir résilient.»
Les défis politiques et diplomatiques
Les aspects politiques et diplomatiques de la COP28 ne peuvent être sous-estimés. Les négociations sur le changement climatique sont souvent complexes, avec des désaccords entre les pays sur des questions clés telles que le financement climatique, la responsabilité historique et la mise en œuvre des accords antérieurs.
Pour surmonter ces obstacles, il faut un engagement politique fort et une volonté de coopérer au niveau international. Surmonter les défis politiques et diplomatiques exigera une collaboration internationale. Comme l’a noté un représentant de l’ONU, «la diplomatie climatique est complexe, mais essentielle. La COP28 est une opportunité cruciale pour les nations du monde de surmonter leurs divergences et de faire front commun pour notre planète.»
L’importance de l’innovation technologique
L’innovation joue un rôle central dans la transition vers une économie bas carbone. La COP28 devrait favoriser l’échange de bonnes pratiques et de technologies durables entre les pays, ainsi que promouvoir la recherche et le développement pour accélérer le déploiement de solutions innovantes dans divers secteurs tels que l’énergie, les transports et l’industrie. Un représentant de l’ONU souligne l’importance de l’innovation technologique : «Nous ne pouvons pas sous-estimer le rôle de l’innovation dans la transition vers une économie durable. La COP28 devrait être le catalyseur de nouvelles avancées technologiques pour lutter contre le changement climatique.»
L’engagement du secteur privé et de la société civile
L’implication du secteur privé et de la société civile est essentielle au succès de la COP28. Les entreprises et les organisations non gouvernementales peuvent jouer un rôle important en promouvant des pratiques durables, en investissant dans des projets à faibles émissions de carbone et en plaidant en faveur de politiques climatiques ambitieuses. Des partenariats solides entre les acteurs publics et privés sont essentiels.
La nécessité de consolider les avancées antérieures
La COP28 devra également consolider les progrès des conférences précédentes, en particulier l’Accord de Paris et les engagements déterminés au niveau national. Il est essentiel d’instaurer la confiance entre les pays et de garantir que les engagements antérieurs se traduisent en actions concrètes et mesurables. Le Secrétaire exécutif de la CCNUCC (ONU Climat) a déclaré: « J’engage la CCNUCC à suivre toutes les annonces faites et les initiatives lancées. Ainsi, longtemps après la disparition des caméras, nous pouvons garantir que nos promesses continuent de servir la planète », soulignant l’importance qu’il accorde par rapport au respect des promesses sur l’engagement écologique.
Un appel à une action concertée
En résumé, la COP28 offre une occasion cruciale à la communauté internationale d’adopter des mesures audacieuses face à la crise climatique. Bien que les défis soient nombreux, les attentes et les aspirations sont également élevées. Il est impératif que les pays du monde entier s’engagent fermement en faveur de la coopération, de l’innovation et d’une action immédiate pour assurer un avenir durable. Cependant, l’absence des États-Unis et de la Chine à cette conférence est une source de préoccupation. La COP28 transcende le cadre d’une simple conférence : c’est un appel pressant à une action concertée visant à protéger notre planète pour les générations futures.
Pour aller plus loin : https://www.un.org/fr/climatechange/cop28
Margaux Kergus
En 2021, 81% des français se déclaraient lecteurs d’après le CNL, c’est pourquoi, le livre d’occasion fait parti des efforts écologiques personnels qui peuvent être développés et améliorés. Certains café-librairie ont adopté ce concept, il y a maintenant 40 ans, c’est le cas de Memoranda, situé à Caen.
Le livre peut être produit et acheté sous différentes formes : imprimé, numérisé, neuf ou d’occasion. Il est un objet qui dure dans le temps, qui se transmet de génération en génération, mais qui, parfois, se retrouve au fond d’une poubelle parce qu’il est resté trop longtemps dans un tiroir.
Le livre imprimé neuf reflète environ 90% des achats de livres en France, néanmoins, 20% des acheteurs de livre neuf vont acheter, dans la même année, un livre d’occasion. Cet effort est purement économique puisqu’on ne compte seulement 1 à 2% de personnes qui achètent uniquement des livres d’occasion d’après l’observatoire de l’économie du livre, par le ministère de la culture.
Cette pratique est encore en développement en 2023, c’est pourquoi des géants du commerce ou des plus petites structures se sont intéressés à ce sujet. Amazon, eBay, Le Bon Coin, PriceMinister, la Fnac, ces enseignes connues de tous s’impose également dans le concept de revente de livres d’occasion, mais elles ne permettent pas une écologie du livre puisqu’elles jettent des milliers de livres neufs chaque année.
Néanmoins, il existe des librairies singulières qui attirent les passionnés de littérature, les café-librairie. Celles-ci revendent des livres d’occasion et donnent la possibilité de lire autour d’une viennoiserie et d’un chocolat chaud.
Memoranda, située au 19 rue des Croisiers, à Caen, utilise ce concept. Un lieu hors du commun, plongé dans des tas de livres, avec à l’étage, un salon de thé totalement bio et éco-responsable. Sylviane Lamerant, la directrice de ce café-librairie témoigne « J’ai toujours été bercée par l’ancien et la récupération, la librairie a ouvert il y a un petit moment, on ne parlait pas encore d’écologie, mais dans le contexte actuel, elle joue un rôle important concernant ce sujet. »
« Un livre qui possède déjà sa propre histoire. »
Ces librairies sont des outils en grand développement ces dernières années. En effet, elles oeuvrent à la diminution de la surproduction de papier et montrent aux acheteurs ainsi qu’aux lecteurs, qu’un livre neuf n’est jamais aussi appréciable qu’un livre qui possède déjà sa propre histoire. Elles s’opposent aux géants de production qui « font des piles catastrophiques de livres, sans aucun échange particulier avec les lecteurs » affirme Sylviane Lamerant.
L’écologie du livre reste en développement en 2023, mais elle continue d’être améliorée pour préserver les forêts et éviter la surconsommation d’eau due à la fabrication des livres. Cette amélioration écologique se fait d’une part avec le développement des librairies d’occasion et d’autre part avec l’apparition des bibliothèques numériques.
Margot Baudry
Dans notre mode de vie actuel, certains ont opté pour la voie durable, écologique et économique. À travers ce questionnaire, une cinquantaine de personnes évoquent leur choix de consommation.
60 % des personnes interrogées éteignent leurs appareils en veille.
Selon l’ARCEP (Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse), le numérique représente 3 à 4 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde et 2,5 % de l’empreinte carbone national. Les personnes qui ont participé au questionnaire sont 40 % à trier leur mail, un geste pourtant simple, mais pas toujours effectué. En effet, un mail avec une pièce jointe peut émettre 19 g de CO2 selon Les Horizons. 26,6 % utilisent des moteurs de recherche éco-responsable et privilégient les SMS plutôt que des messageries instantanées. Certains moteurs de recherche ont trouvé des alternatives pour limiter leur impact environnemental, soit en replantant des arbres, en respectant votre vie privée ou encore en permettant une navigation intraçable.
Quelles démarches éco-responsable pratiquez-vous ?
Plusieurs actions sont concernées, telles que le tri des déchets que 93,3 % des personnes font dans leur quotidien ainsi que 73,3 % qui évite le gaspillage alimentaire. Selon Greenpeace, en France, 20 % de la nourriture est jetée et le poids annuel du gaspillage alimentaire s’élève à 10 millions de tonnes par an. De plus, 60 % donnent, vendent ou échangent des vêtements, un geste qui permet de rallonger la durée de vie d’un vêtement et ainsi réduire le gaspillage des ressources et éviter la production de déchets supplémentaire.
20 % des personnes qui ont participé au questionnaire font attention à leur mode d’alimentation.
Alors que 46,7 % n’ont pas de régime alimentaire spécifique pour des raisons éthiques, 26,7 % limitent leur consommation sur certains aliments. Dans les 20 % qui ont un régime spécifique, 60 % sont végétariens (ne mange pas de viande ni de poisson), et 40 % sont flexitariens (limite la consommation de viande). En effet, manger moins de viande permettrait de baisser les émissions de gaz à effet de serre, la déforestation, et la surconsommation d’eau. Selon le Commissariat général au développement durable, la consommation de produits non transformés (fruits, légumes, viandes, poissons, céréales non transformées) est à l’origine de 26 % des émissions.
La moitié des individus interrogés privilégient la marche pour un trajet court.
Dans les moyens de transport pour un trajet court, le plus polluants est la voiture, moyens de transport utilisé par 20 % des personnes. Contre 53,3 % pour la marche et 23,3 % le vélo, en effet, pour un trajet court, notamment en ville, ce sont les moyens de déplacement les plus écologique. Les transports en commun sont utilisés par 13,3 % des personnes, ils rejettent entre 70 et 200 kg de CO2 dans l’atmosphère par an, selon Ooreka, face à environ 1000 kg pour une voiture.
Coralie Obry
Dans les coulisses : J’ai réalisé mon questionnaire via Google Form. Avec des thèmes assez larges et variés pour avoir une vue d’ensemble sur les habitudes de vie et les consommations des personnes interrogées. Je l’ai envoyé sur les groupes WhatsApp de notre licence ainsi que sur le réseau social Instagram, donc principalement des étudiants. J’ai eu 55 réponses.
Une alerte à la bombe à l’aéroport Caen-Carpiquet a secoué une nouvelle fois l’agglomération caennaise le 17 novembre 2023. Elle s’inscrit en réalité dans la continuité d’une série d’actions revendiquées par des militants écologistes du Calvados.
Des terrains de golfs saccagés à Caen et à Vire en septembre, une dizaine de plaintes de pneus dégonflés ce 15 novembre et une alerte à la bombe à l’aéroport Caen-Carpiquet pour finir. Ces trois événements, tous localisés dans le Calvados, ont pour point commun d’être l’œuvre de militants écologistes, comme La Ronce qui fait particulièrement parler de lui dans le département.
Ces derniers mois, tandis que les temps sont aux inquiétudes quant aux changements climatiques, le Calvados comme d’autres départements fait face à une vague d’actes en tout genre, allant de la désobéissance civile à des actes délictuels plus ou moins importants, signés par des militants écologistes qui entendent bien faire parler d’eux. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’ils y parviennent.
Pendant longtemps, les traditionnelles manifestations et opérations d’affichages chocs étaient les principaux outils des militants écologistes pour faire porter leur mouvement au monde. Mais face à l’inaction climatique malgré son urgence, ces écologistes ont décidé de passer à la vitesse supérieure. Un de ces militants, à nos confrères de France 3 Normandie, explique :
« Ça peut paraître spectaculaire, mais en réalité, c’est un moyen de nous faire entendre. Le but n’est pas de déranger le public ou de les mettre en danger. Nous, ce qu’on veut, c’est qu’il y ait un débat, une prise de conscience. »
Avec cette nouvelle stratégie, les militants écologistes frappent forts en faisant dans le sensationnel, afin d’attirer les regards vers eux. Derrière, ces actions sont toujours revendiquées au nom d’un mouvement ou d’une idéologie, suscitant le débat auprès de la population sur la cible de ces attaques face aux enjeux climatiques. Ainsi, l’évacuation de l’aéroport Caen-Carpiquet a été accompagné de messages tels que « la planète souffre » ou « la diminution du trafic aérien est essentiel » tandis que l’opération de crevage de pneu et le saccages des deux greens à Caen et Vire ont été revendiqués par le groupe La Ronce.
Par ailleurs, notons que les cibles de ces actions ne sont pas choisies au hasard puisqu’elles ciblent toujours des sources d’émissions de CO2 ou des domaines manquant de pertinence face aux enjeux climatiques.
« Vu l’état écologique de notre planète, on ne va pas dans le bon sens ! Et on veut faire comprendre ça aux gens à travers ces actions ! »
Un militant écologiste, sur France 3 Normandie
Ces actions ont des conséquences sur le quotidien et la sécurité des gens touchés. Un aéroport bloqué, ça implique de grosses perturbations sur les vols, qui se retrouvent déviés ou annulés. Des équipes de démineurs ont été mobilisés inutilement quand elles auraient pu être plus utiles ailleurs, durant toute une matinée. Après l’annonce de la suppression des vols de la matinée, le préfet du Calvados ajoute : “En raison de l’étendue de la surface à sécuriser, l’aéroport reste fermé jusqu’à ce que les investigations soient achevées. La salle communale a été ouverte pour accueillir les passagers”.
Quant à détruire un terrain de golf, cela peut sembler anodin. Cependant, le prix de reconstruction est très élevé et la réparation implique un arrosage intensif, ce que les militants dénoncent. Les golfeurs dénoncent ces actions : “Lorsque j’ai découvert les dégâts, j’ai très mal réagi. Il va falloir des mois pour que ça repousse. La fin de la saison est fichue. Je ne trouve plus les mots tellement je suis en colère”dénonce Jean-Louis Dubourguais, responsable du terrain de golf de Vire La Dathée sur Ouest-France.
Dans les grandes villes telles que Paris, Lille, Toulouse et Caen, ce sont les SUV qui sont la source d’attaques des militants, qui en dégonflent les pneus. L’industrie automobile en souffre depuis maintenant plusieurs années et de plus en plus aujourd’hui. Ces actions peuvent mettre en péril la sécurité des conducteurs s’ils ne s’aperçoivent pas de l’état de leurs pneus et prennent la route ainsi. Une voiture PMR a également été touchée à Caen : « En posant ce papier sur le pare-brise vous auriez pu voir la vignette « crit’air 1 » (voiture essence) et surtout la carte « PMR ». Mon Juke est adapté et il transporte un fauteuil électrique », raconte Marc Thébault à BFM TV. Sa voiture est agencée afin de permettre à sa femme, atteinte de sclérose en plaque, de pouvoir monter et descendre de voiture plus facilement. « Cerise sur le gâteau, vous m’avez fait rater un rendez-vous à l’hôpital, reporté du coup en janvier 2024 ! », ajoute-il.
De plus en plus d’actions de ce genre ont lieu dans le Calvados mais aussi dans de nombreuses autres villes, afin de dénoncer l’urgence écologique.
Boucly Cédric et Clochard Cassiane, L3 Humanités Numériques. Photo golf de Vire.
Mieux consommer s’applique également aux cosmétiques. Les adeptes de produits de beautés, de lotions ou encore de parfums prêtent de plus en plus attention aux composants de leurs produits. Mais vouloir mieux consommer ne suffit pas toujours : entre techniques de marketing frauduleuses et green-washing, comment se repérer dans la masse du marché ? À l’heure de l’inflation, consommer de manière responsable et respectueuse pour la santé est-il possible pour tout le monde ? Nous vous présentons une enquête réalisée au sein de la population afin d’analyser les habitudes des consommateurs.
Le bas prix plutôt que la qualité du produit.
Le diagramme démontre assez clairement qu’une majorité de consommateurs préfèrent actuellement privilégier le bas prix à la qualité d’un produit cosmétique. Conséquence de l’inflation actuelle ? D’ailleurs, parmi ces 53,8% là, seuls 5% déclarent ne pas vouloir changer cette habitude s’ils en avaient les moyens. Cela indique clairement une volonté de mieux consommer en incompatibilité avec les moyens financiers des consommateurs.
Il reste cependant une large portion de ces consommateurs, de l’ordre de 46,2%, qui préfèrent faire des achats de qualité, quitte à faire passer leur porte-monnaie au second plan.
Des cosmétiques respectant réellement l’environnement ? Ou green-washing ? À quoi se fient les consommateurs pour valider leurs achats de cosmétiques «eco-friendly» ?
Les consommateurs de cosmétiques se fient à diverses informations lors de leurs achats. Lors de notre étude, nous remarquons que l’attention portée aux différents labels est très importante.
Voici quelques réponses recueillies par notre étude :
La composition est aussi un autre marqueur impératif à vérifier. D’autres personnes interrogées nous expliquent :
Enfin, le dernier point sur lequel les acheteurs portent leur attention est la question des emballages et de leur capacité à être recyclés :
Quels outils utilisent les consommateurs de cosmétiques pour les aider à choisir des produits respectueux de l’environnement ?
Beaucoup des consommateurs que nous avons interrogés n’utilisent pas d’outils particuliers et ne se fient qu’aux étiquettes affichées sur les produits. Mais des pratiques commerciales frauduleuses comme le green-washing existent. Cela consiste à la création de faux-labels ou encore la mise en avant d’ingrédients ou de processus de fabrications pseudo-écologiques. De nos jours, faire ses achats de cosmétiques de cette manière suppose donc de grandes connaissances et du temps dont nous ne sommes pas tous dotés. Cependant, beaucoup des interrogés nous confient utiliser des applications indépendantes telles que Yuka, Veg-Check, ou encore INCY Beauty.
Les applications comparatives semblent être un bon intermédiaire pour s’y retrouver facilement, en scannant simplement le code-barre du produit. Mais ces applications sont-elles vraiment efficaces ? Sur quoi se basent-elles ? Sont-elles réellement indépendantes, et par conséquent pouvons-nous nous y fier les yeux fermés ? Une interview avec Jean-Christophe Janicot, fondateur de l’application INCY Beauty, nous apporte des éléments de réponse.
Le label Cruetly-free, un engagement contre les tests sur les animaux
Ce label est une certification qui signifie littéralement «sans-cruauté». Il certifie l’absence totale de tests du produit sur des animaux. Cependant, ce label ne certifie pas un produit vegan, et il n’est pas rare de trouver des ingrédients d’origine animale dans les cosmétiques certifiés cruetly-free.
INCI Beauty, les origines d’une application vouée à l’assistance des consommateurs.
Nous sommes un groupe d’informaticiens. La création de notre application s’est fait dans le cadre de recherches sur notre comparateur de produits auquel nous avons ajouté une section cosmétiques. La cosmétique est l’un des derniers secteurs arrivé sur internet. Il s’agit d’un secteur qui est longtemps resté une chasse-gardée des grandes surfaces, qui a donc mis du temps à apparaître sur internet. De plus, les prix assez bas n’incitaient pas particulièrement à chercher ailleurs, et encore moins sur internet.
Une notation claire pour mieux renseigner les utilisateurs.
Notre algorithme repose sur une base de notation entre 0 et 20 qui est ajustée en fonction de malus et de bonus que l’on attribue en fonction de la composition des produits comparés. Notre base d’ingrédients est celle de l’Europe. Nous avons de notre côté travailler avec une école de chimie pour essayer de catégoriser les ingrédients. En fonction des résultats, chaque ingrédient se voit attribuer un code couleur illustrant son degrés de potentielle dangerosité pour un consommateur. Par exemple, les ingrédients classés par l’Europe comme allergènes issu de synthèse chimique vont être affichés en orange, là où les ingrédients tels que les perturbateurs endocriniens suspectés ou controversés vont apparaître en rouge. Quant aux autres ingrédients, pour la plupart des extraits naturels, nous ajoutons une dimension de produit, c’est-à-dire qu’un ingrédient peut avoir une couleur différente en fonction du produit dans lequel il est utilisé. Par exemple, on peut retrouver des filtres UV dans les crèmes solaires bio et puis en en tant que colorant dans certains produits de maquillage ou quelques dentifrice. Or, il existe un équivalent en alimentaire qui est interdit Europe. La différence vient du fait que dans les cosmétiques, et notamment ceux touchant à l’hygiène dentaire, nous ne sommes pas supposés pouvoir ingérer un quelconque produit potentiellement nocif.
Une meilleure connaissances des produits et une nouvelle façon de conscientiser ses achats de cosmétiques.
Si l’on parle du bio, le seul problème, c’est le prix. Néanmoins, il existe plein de cosmétiques bio intermédiaires trouvables chez les grandes marques mais restant abordable. Mais il est vrai que si l’on veut du bio «pur», il faut commencer à aller dans les magasins bio, et dans ce cas-là ce sont des produits qui sont bien plus engagés, qui vont utiliser par exemple uniquement des huiles essentielles et aucun ingrédient de synthèse. […] Il faut prendre en compte le fait que les achats de cosmétiques sont de plus en plus centrés sur le plaisir; notre application permet de réfléchir au fait qu’il vaut parfois mieux ne rien mettre que d’acheter un produit au prix délirant et qui est mal noté sur notre application, ce qui indique qu’il peut être nocif pour la santé. Il faut aussi essayer de se souvenir de l’usage que l’on veut avoir du produit. Par exemple, dans les déodorants, les sels d’aluminiums sont très controversées puisqu’ils bloquent la sudation. Or, ce phénomène est naturel, et cela ne semble pas normal de vouloir empêcher un phénomène qui est normal pour corps. Ne serait-ce que pour la sudation, il existe des méthodes naturelles pour la limiter, comme le fait de davantage s’hydrater. Il faut donc réapprendre à conscientiser ses achats de cosmétiques.
Un impact réel sur les choix des consommateurs…
Notre objectif était plus de rendre les informations sur les produits plus rapidement compréhensibles pour les consommateurs. Nous avons environ 15 000 à 16 000 utilisateurs actifs qui utilise quotidiennement notre application. L’idée de la note est de simplifier les choses pour les consommateurs qui souhaitent s’intéresser aux ingrédients des produits qu’ils utilisent. […] De fait, si vous êtes en magasin et que vous scannez un produit, pour peu que notre application vous renvoie un 4 sur 20, il y a des chances pour que vous reposiez le produit. Cela est d’autant plus vrai que nous proposons des produits équivalents, c’est-à-dire trouvable dans un type de magasin similaire et à un prix similaire.
… Mais aussi sur les industriels.
Notre application permet d’informer assez rapidement les consommateurs à la parution d’un ingrédient potentiellement nocif, comme les filtres UV les dentifrices. De fait, nous avons affiché cet ingrédient en rouge, ce qui a fait que, rapidement, l’industriel a retirer ses produits du marché en voyant que les consommateurs refusaient d’en acheter. Cela s’est fait au moment de l’interdiction en France de cet ingrédient dans les produits alimentaires et donc cet industriel, bien que cet ingrédient n’avait pas d’autre effet que d’opacifier un peu le dentifrice, a choisi de rechercher d’autres ingrédients moins controversés. C’est d’autant plus intéressant de leur part puisque l’on note les composants au niveau de leur transformation chimique mais aussi de leur rejet dans la nature. On essaye ici d’avertir des dangers de certains ingrédients qui sont non dégradables et rejetés dans la natures, affectant ainsi l’environnement.
Et une application engagée!
Nous sommes partenaires avec l’association «1% for the Planet». Dans le cadre de ce partenariat, nous reversons 1% de notre chiffre d’affaires à cette association qui œuvre pour l’environnement. Bien que nous financions cette association, ce n’est pas vraiment une solution, au sens où il ne s’agit que d’une compensation écologique. Il faut maintenant que les grandes entreprises de cosmétiques prennent véritablement conscience des enjeux écologiques, sans chercher à compenser leur pollution sans agir sur leur origine.
Propos recueillis par DENEUVE CAROLE et DUMONT Isaline
Tandis que les questions écologiques deviennent omniprésentes dans notre société, la tenue récente du GPExplorer au Mans fait débat concernant sa pertinence par les temps qui courent… Alors, véritable erreur écologique ou énième exagération d’Internet ?
Par Cassiane Clochard et Cédric Boucly, en L3 Humanités Numériques.
Internet a encore frappé. Le 9 septembre dernier se tenait au Mans la seconde édition du GPExplorer, organisé par le youtubeur Squeezie. Véritable course de Formule 4 entre vingt-quatre personnalités du web, cet événement a réuni plus d’un million cent mille spectateurs sur Twitch, plateforme de diffusion en direct, et soixante mille personnes au circuit Bugatti. Ainsi, avec cet événement, culture web et culture automobile furent mélangées pour donner un spectacle grandiose à l’internet tout entier
Cependant, force est de constater qu’un tel événement mettant sur le devant de la scène le sport automobile, dans une société pressée par l’urgence climatique, peut nous questionner sur sa pertinence. Ce qu’une partie de la communauté n’a pas manqué de soulever sur le réseau social X (anciennement Twitter) pour en créer une nouvelle polémique, au point que Squeezie lui-même prendra la parole à ce sujet. Alors, ce GPExplorer, véritable pied-de-nez écologique ou drama exagéré ?
Cela n’échappe à personne : l’automobile, ça pollue. Ainsi, logiquement, le sport automobile, ça pollue aussi. Du transport du matériel aux trajets des équipes et du public, chaque étape de ce sport est très énergivore et polluante. A une période où les enjeux climatiques poussent à passer le parc automobile passer au tout-électrique, avec notamment l’interdiction de la commercialisation des voitures thermiques en 2035, l’utilisation d’iconiques voitures ultra légères thermiques comme les Formules 4 pour la course, ou l’exhibition de réelles Formules 1 au GPExplorer, symbole des moteurs thermiques par leur bruit, semblent aller en contradiction avec la politique écologique. Créer un événement d’une telle ampleur autour de véhicules si iconiques, c’est forcément promouvoir les véhicules thermiques, à une ère où l’électrique peine encore à prendre la relève sur les thermiques.
Cependant, le réel problème est ailleurs. En effet, la course ne représente qu’un pourcent de la pollution totale des grands prix. Le transport des équipes et du matériel, mais également les déplacements du public, le tout à travers le monde, a un impact très important et c’est cette logistique qui pollue le plus. De plus, les circuits de course sont souvent construits dans des zones naturelles, ce qui peut entraîner la destruction de la végétation, de l’habitat animal et de l’écosystème local.
Les écuries et les sportifs se sentent concernés et cherchent des solutions pour diminuer cette pollution. De plus en plus de moteurs électriques, alimentés par batterie, sont développés et utilisés pour les courses. Des biocarburants sont également créés, composés de 90% d’essence et de 10% d’éthanol, qui permettent de limiter la pollution des gaz d’échappements. D’autres biocarburants sont en train d’être développés, notamment à partir d’algues. De plus, des normes sont instaurées et doivent être respectées, sous peine de disqualification : certaines technologies de pointe doivent être utilisées pour limiter la pollution. Les écuries doivent trouver des solutions pour réduire leurs émissions de CO2, et les spectateurs sont encouragés à prendre les transports en communs. Le bilan n’est cependant pas suffisant. Lors du GPExplorer, et notamment durant le débrief fait par Squeezie quelques jours après, l’accent est mis sur l’écologie, mais il est difficile de mêler écologie et automobile.
Nos précédentes analyses nous donnent maintenant une idée de la situation : oui, le sport automobile pollue. Cependant, se focaliser uniquement sur la pollution d’un GPExplorer ou d’un GP de Formule 1 n’aurait que pour effet de s’attarder sur une micro-partie des problèmes environnementaux. Il s’agit d’une opportunité de montrer comment la technologie et l’innovation peuvent contribuer à des pratiques plus respectueuses de la planète. Cependant, il est crucial de continuer à se concentrer sur les problèmes environnementaux les plus critiques, tels que le changement climatique, la perte de biodiversité et la gestion des ressources naturelles.
Le sport automobile peut avoir un impact moindre sur l’environnement par rapport à d’autres secteurs majeurs tels que l’industrie de l’énergie, du transport, et de l’agriculture. Il est important de maintenir une perspective globale et de se concentrer sur les domaines qui ont le plus grand impact.
Les grands prix automobiles peuvent devenir des événements qui non seulement divertissent, mais aussi sensibilisent et mettent en avant des transports durables. Les efforts déployés pour réduire l’empreinte carbone et éduquer le public sur les enjeux environnementaux sont essentiels pour faire de ces événements une force positive dans la lutte contre le changement climatique
Le fast-fashion, ou « mode rapide » en français, est un modèle de l’industrie de la mode qui est devenu extrêmement populaire au cours des dernières décennies. En réaction, le slow fashion et la seconde main se démocratisent via les friperies. Le témoignage de Jules Figard, créateur de Fripe à la mode de Caen.
Le fast-fashion a radicalement transformé la manière dont les consommateurs perçoivent et achètent la mode. Cependant, ce modèle a également été critiqué pour ses impacts environnementaux et sociaux. En témoigne le site chinois Shein (prononcé Shi-in) qui en 2022 représente pour la tranche des adolescents “28 % d’émissions de CO2” en France et possède ⅓ des parts du marché de l’ultra fast-fashion entre 2020 et 2023.
Jules Figard est créateur de Fripe à la mode de Caen, dans le secteur depuis sept ans. Il commence son activité en proposant des vêtements de seconde main via un site Internet et sur les festivals de l’Ouest de la France. En 2017, il ouvre une première boutique, place de l’Ancienne-Boucherie et finit par migrer en 2021 rue Pigacière dans un local de 200 m², pour proposer un plus grand choix de vêtements vintages, allant des années 2000 jusqu’aux “seventies”.
Pourquoi la ville de Caen ?
Je suis caennais, et je connais bien la ville… Caen est dynamique, c’est une ville étudiante. Ouvrir une friperie dans cette ville semblait donc évident.
C’est quoi le fast fashion selon vous ?
C’est de la m ***, car on est sur des productions en grands volumes où sont proposés des articles à bas prix. Cela fait des ravages d’un point de vue écologique, avec une industrie qui pollue de par son cycle de production et sa logistique.
En clair, le fast fashion c’est le fait de produire des vêtements en masse pour suivre les tendances, au détriment de la qualité et de l’éthique.
Quelles sont les problématiques auxquelles vous êtes régulièrement confrontées ?
Dans l’imaginaire, les gens confondent bien souvent friperie et Emmaüs en pensant que les prix sont identiques. Si Emmaüs tient sa marchandise de dons et peut se permettre de faire des tarifs avantageux, pour le cas des friperies il s’agit d’articles soigneusement sélectionnés auprès de fournisseurs, impactant directement les prix… Or, nous nous retrouvons bien souvent en difficulté pour justifier les prix auprès de la clientèle en raison de cet amalgame.
Aussi, il y a de plus en plus de personnes qui sont attirées par le secteur du vintage, ce qui conduit à une raréfaction des vêtements de bonne qualité et une hausse des prix.
Les friperies se démocratisent ?
Oui, il y a de plus en plus de personnes qui sont intéressées par les vêtements d’occasion, que ce soit pour des raisons écologiques, économiques ou esthétiques.
Qu’est-ce qu’un vêtement durable ?
La durabilité du vêtement dépend de sa qualité. Il s’agit de vêtements avec un bon gramage, des matériaux de très bonne qualité, robustes, qui ne s’agrandissent pas avec le temps. Par exemple, les vêtements des années 90 n’ont pas la même qualité que ceux de 2023, même sur des vêtements bon marché.
À cette durabilité s’ajoute la question de l’éthique, qui dépend du mode de production et de rémunération à toutes les échelles. Le vêtement éthique se caractérise aussi par un choix de matériaux bien spécifiques, on retrouve par exemple la mise en place de cultures de coton bio renouvelables.
Autre alternative pour donner une seconde vie aux vêtements : l’upcycling ou l’art de donner une nouvelle peau au vêtement :
C’est top, on utilise de la très bonne matière, mais semble complexe à instaurer, car ça prend du temps pour se développer. En effet, il semble difficile de faire du gros volume de production et la main d’œuvre est chère, car nécessitant un savoir-faire ainsi qu’un temps de travail conséquent.
Voyez-vous un changement sur les modes de consommation des clients ?
J’ai constaté une sensibilisation pour le seconde main après la Covid. Ce fut de courte durée car on voit le retour de la surconsommation vestimentaire avec les chiffres de ventes de Zara qui explosent actuellement.
Un mot pour la fin ?
Consommez du seconde main, c’est bon pour la planète et donne un style unique… En clair vous avez tout à y gagner.
Avec la sortie de leur nouveau film Le Garçon et le Héron, le studio Ghibli place leur art au service de la nature. Retour en détail sur le soft power environnemental made in Ghibli.
Par Cédric Boucly et Cassiane Clochard, en L3 Humanités Numériques
Récemment, l’actualité cinématographique fut marquée par la sortie du dernier chef d’œuvre du studio Ghibli au cinéma : Le Garçon et le Héron. Sorti en juillet au Japon et le premier novembre en France, ce dernier a fait unanimement bonne impression auprès des publics japonais et français. Ce film raconte l’histoire de Mahito, un jeune garçon quittant Tokyo suite au décès de sa mère pour aller s’installer à la campagne avec son père. Rencontrant un héron cendré plus qu’atypique, ce dernier fait avancer Mahito dans des aventures poussant le jeune garçon à découvrir les nombreux mystères de la vie.
La sortie de ce nouveau titre signé Miyazaki nous donne l’occasion parfaite pour nous replonger dans l’univers Ghibli, réputé pour ses histoires d’une certaine profondeur poétique, son style unique et ses nombreux messages très engagés et récurrents à quasiment tous les films. Et justement, s’il y a bien un thème pour lequel les films du studio Ghibli sont réputés, ce sont justement les thèmes de la nature et de l’écologie, dont Le Garçon et le Héron n’échappe pas justement, qui résonnent intensément auprès des spectateurs dû aux enjeux climatiques et de préservation de l’environnement. Ainsi, avec notre équipe au sein de Radio Culture, nous nous sommes penchés sur la question, celle du soft-power environnemental à la sauce Studio Ghibli.
L’un des thèmes récurrents dans les films de Ghibli est la manière dont les humains menacent la nature. Dans des films tels que Princesse Mononoké, les actions impulsives et l’avidité des êtres humains conduisent à la destruction des forêts et à la colère des esprits de la nature. Le personnage principal, San, ou princesse Mononoké, est l’exemple parfait de la cohabitation entre l’homme et la nature, portant un masque de loup et vivant avec les loups de la forêt après avoir été abandonnée par ses parents. Son existence même incarne cette dualité entre les deux mondes.
L’urbanisation est un autre sujet exploré dans les films de Ghibli. Dans Le Château Ambulant, on voit une ville industrielle en constante expansion, dévorant la campagne environnante. Ce thème souligne l’impact négatif de l’urbanisation non régulée sur la biodiversité et la qualité de vie. Le château lui-même est une représentation de cette urbanisation, en constant mouvement et expansion. Les écosystèmes marins sont également à l’honneur dans l’œuvre des studios Ghibli, en particulier dans Ponyo sur la falaise. Ce film met en lumière la beauté des fonds marins et la fragilité des écosystèmes face à la pollution et à la surpêche en revisitant le célèbre conte de la petite sirène. Il incite à la prise de conscience quant à la préservation des océans et à l’importance de l’équilibre entre l’homme et la mer.
Le plus célèbre des Ghibli, Mon Voisin Totoro, est comme un câlin chaleureux de la nature. Dans cette aventure, les sœurs Satsuki et Mei rencontrent un esprit de la forêt, et leur voyage les mène à apprendre à coexister harmonieusement avec la nature. Tout est magique : les péripéties, les rencontres, et surtout la leçon de vie que nous offre le Studio Ghibli.
Simultanément, Nausicaä de la Vallée du Vent (1984), un des premiers joyaux du studio, nous plonge dans un monde post-apocalyptique envahi par des forêts toxiques. Nausicaä, notre héroïne intrépide, incarne la quête de compréhension et d’équilibre avec la nature. Elle découvre les secrets de cet environnement transformé et cherche à vivre en harmonie avec lui.
Ce qui rend les personnages de Ghibli si spéciaux, c’est cette capacité à trouver un équilibre entre l’homme et la nature. Ils nous montrent que la clé du bonheur réside dans la cohabitation respectueuse avec notre environnement. Alors que Satsuki, Mei et Nausicaä vivent leurs aventures, elles nous enseignent la beauté de la nature, la nécessité de la préserver et la joie qui naît de la compréhension mutuelle.
L’urbanisation est un autre sujet important dans les films de Ghibli. Prenez Le Château Ambulant, par exemple. Dans ce film, une ville industrielle ne cesse de grandir, dévorant tout sur son passage, y compris la paisible campagne environnante. Mais au lieu de nous décourager, cela nous rappelle l’importance de trouver un équilibre entre la vie urbaine trépidante et la beauté de la nature.
Le Studio Ghibli a réussi à transformer son art en un puissant outil de soft power environnemental. À travers ses films, il a suscité la réflexion, inspiré l’action et éveillé la conscience sur les enjeux écologiques. L’opposition qu’il dresse entre la beauté de la nature et la destruction de l’humanité est devenue une métaphore pour les dilemmes actuels de notre planète. Les studios Ghibli ont également mis en lumière la responsabilité de l’homme dans la préservation de la nature et la nécessité d’un équilibre entre progrès et respect de l’environnement.
Alors que Le Garçon et le Héron rejoint la longue liste des chefs-d’œuvre du Studio Ghibli, il rappelle au public du monde entier l’importance de préserver notre planète. Le soft power environnemental de Ghibli est un exemple exceptionnel de la capacité de l’art à inspirer le changement et à promouvoir la conscience environnementale. En fin de compte, le studio Ghibli continue de nous rappeler que l’avenir de notre planète dépend de notre engagement à vivre en harmonie avec la nature.
Entretien. Plongeons dans l’univers du vrac, une révolution dans notre façon de consommer.
L’essor du vrac dans le secteur de la vente, au cours de la dernière décennie, a été le signe d’une révolution silencieuse mais puissante dans nos habitudes de consommation. Cette tendance, initiée dans les années 2010, a pris racine dans la conscience collective en réponse aux défis environnementaux pressants qui menacent notre planète. Face à l’urgence climatique et à la pollution plastique croissante, le vrac émerge comme un remède novateur et responsable.
En 2017, Amélie Lemarchand et Mathilde Pinson ont concrétisé leur idée en créant la Maison du Vrac, située au 14 rue Gémare à Caen. Cette initiative reflète leur engagement envers un mode de vie sans déchets, inspirant ainsi la communauté locale à adopter des habitudes de consommation plus durables.
Selon vous, qu’est-ce que le vrac ?
Le vrac, c’est l’idée de faire ses courses en consommant seulement le produit brut. Tout est pesé et vendu au poids, c’est donc un mode d’achat sans emballage. Les commerçants reçoivent des produits en gros contenants. On met ça dans des silos et les gens se servent. Ainsi, même à la source, on limite aussi l’emballage.
Est-ce avec cette idée du vrac que vous avez créé ce commerce ?
Oui, nous voulions ouvrir une épicerie bio/locale. Nous souhaitions proposer aux clients de consommer sans jeter des déchets avec une large gamme de produits, non seulement alimentaires, mais aussi des produits ménagers, des cosmétiques et même des articles en consigne. Par exemple, nous vendons les produits emballés, et ensuite les clients peuvent réutiliser l’emballage, comme les bouteilles en verre pour la bière, qu’ils peuvent ramener en magasin pour les remplir de nouveau. C’est le même système pour les dentifrices, les crèmes, et le maquillage. Pour les produits cosmétiques, comme les crèmes avec une texture onctueuse, il n’y a vraiment aucun déchet, aucun emballage puisque le contenant est en verre et peut être de nouveau rempli à la demande. Le vrac peut donc s’adapter dans l’optique de limiter ses déchets pour tout.
Comment avez-vous eu l’idée de cette épicerie écologique ?
Nous voulions toutes les deux travailler ensemble dans un domaine qui correspond à nos valeurs. Quand on commence à prendre conscience de l’importance de réduire les déchets et les emballages, on les voit partout. Se lever le matin en se disant que l’on aime ce que l’on fait, c’est important. Nous avons pris un an à mettre la boutique en place, tout s’est déroulé à grande vitesse.
Est-ce que le vrac permet de réduire le gaspillage alimentaire ?
Énormément ! Le vrac permet de choisir la quantité dont on a besoin. Nous n’avons pas besoin d’acheter un paquet de pâtes d’un kilo si nous n’en voyons pas l’utilité immédiate.
À votre niveau de commerçant, avez-vous remarqué un impact du vrac sur vos déchets ?
Nous produisons beaucoup moins de déchets que d’autres commerçants, car nous passons de grosses commandes qui sont souvent regroupées dans des sacs de 25 kilos. De ce fait, on n’a pas une multitude de couches de plastique pour un seul et même produit.
Par contre, il y a beaucoup de manutention à faire, et donc, plus de travail physique. C’est pourquoi les grandes surfaces ne veulent pas s’embêter avec ça: cela nécessite du personnel en permanence pour nettoyer les silos et maintenir la propreté.
« On produit de plus en en plus de déchets sur une planète qui ne peut en supporter autant. »
En parlant de propreté, avez-vous remarqué avec la crise du COVID une diminution de la clientèle en raison des préoccupations sur l’hygiène du vrac (ex. toucher les produits avec les mains) ?
Au début, avec l’ouverture en 2017, nous avons eu de très belles années avec des clients qui s’intéressaient de plus en plus au vrac. Malheureusement, le premier confinement a changé beaucoup de choses : les gens ont favorisé les grosses commandes dans les grands magasins et évitaient ainsi les petites boutiques. À propos de l’hygiène, certaines personnes avaient peur de toucher les silos, bien qu’ils soient propres. Encore aujourd’hui, il n’y a plus la même attirance qu’avant.
De ce fait, bien qu’une dizaine de boutiques se sont implantées au fil des années, beaucoup ont fermé suite au premier confinement. C’est général, à l’échelle nationale, le marché du bio et du local sont en baisse importante. Quand il y a des grosses crises, les gens ne font plus d’efforts pour les problèmes environnementaux et reprennent leurs mauvaises habitudes. Ils « priorisent » d’autres domaines que l’écologie.
Y a-t-il des contraintes à consommer en vrac ?
Consommer en vrac demande de l’organisation : par exemple, il faut se munir de bocaux au préalable. Nous n’avons pas tous les produits en boutique, cela demande ainsi parfois de passer dans plusieurs magasins pour trouver ce que l’on souhaite.
Il y a des petites habitudes qui se prennent comme garder un sac avec nous. On ne peut pas venir les mains dans les poches et repartir sans contenant comme cela peut être le cas en grande surface.
Quand les clients arrivent, il y a deux cas de figure : soit ils viennent sans contenant, mais, si besoin, nous fournissons des sachets en kraft ou des bocaux à la vente, soit le cas le plus fréquent, ils viennent avec leurs propres contenants que nous pesons. Ensuite, ils font leurs courses en retirant le poids du contenant préalablement pesé. Ces contenants peuvent être des sachets, des bouteilles, des bocaux…
Est-ce que vous observez une différence de prix entre les produits de grande consommation et les produits plus responsables tels que ceux en vrac ?
Les produits en vrac ne sont pas si chers que ça. En fait, on peut économiser de l’argent en achetant en vrac. Nos produits sont tous bio, donc il faut comparer avec des produits bio. De plus, nous réduisons les coûts liés au marketing et à l’emballage : tout ce qui est transport n’est plus pris en compte, et il y a moins d’intermédiaires entre les clients et nous.
Nous sommes donc moins impactés par l’inflation et pensons pouvoir maintenir nos prix stables.
Est-ce que tout le monde peut acheter en vrac ?
Cela dépend du budget de chacun. On peut acheter moins mais mieux, de manière plus responsable. On achète différemment avec des produits bruts. Au final, quand on fait soi-même, cela revient à moins cher. C’est important de se reconnecter avec de bons produits bruts locaux sains pour la santé. Pour les produits ménagers, nous n’avons pas besoin d’en avoir des tonnes et des tonnes : seulement du vinaigre et du bicarbonate fonctionnent très bien. Au début, l’investissement initial peut être plus élevé, mais les produits durent plus longtemps: c’est donnant-donnant.
Selon vous, est-ce que c’est un mode de consommation qui tend à se développer ?
Oui, et de toute façon, c’est nécessaire. On produit de plus en plus de déchets dans une planète qui ne peut pas en supporter autant. Ainsi, il est essentiel d’adopter des gestes qui comptent vraiment pour la planète, comme réduire la consommation de plastique. Par la force des choses, on va être obligé de tendre vers le vrac.
Nous touchons des personnes qui commencent à se rendre compte de l’importance de ces gestes. De nombreux jeunes, peut-être car plus sensibilisés, s’y mettent et y prêtent attention.
Voyez-vous d’autres solutions que le vrac pour aider la planète ?
Il y a de nombreuses solutions possibles : il faut d’abord réduire la consommation en général. Même en achetant d’occasion, on n’est pas obligé d’acheter tout ce qui est disponible, on peut vivre avec moins. Il faut acheter des choses utiles que l’on utilise réellement.
Il est également important de favoriser les produits locaux, fabriqués près de chez nous, et d’opter pour des moyens de transport doux comme le vélo. Si chacun fait un petit geste, cela peut vraiment changer la donne.
Propos recueillis par Marylou Pautrat Chereau & Adeline Brard.
Caen, « ville verte », a été nommée capitale de la biodiversité en 2016 et 2017, notamment grâce aux initiatives écologiques qui continuent à être mises en place régulièrement. Julie Calberg-Ellen, référence du mouvement LREM et adjointe au maire de Caen en charge de la transition écologique depuis mi-décembre 2020, partage sa vision de la transition afin « que dans 10, 15, 20 ans, l’on vive toujours aussi bien à Caen ».
Quels ont été les premiers projets mis en place à court et à long terme pour le développement écologique de la ville de Caen ?
En sachant que, par nature, c’est un sujet qui est très transversal, il y a donc des choses qui ont été faites historiquement. En matière de biodiversité par exemple la ville était assez précurseur, et l’on a été parmi les premières villes à avoir un maire adjoint de l’environnement, Luc Duncombe, qui a notamment créé la colline aux oiseaux. Il y a eu à l’époque des réflexions sur la protection de la biodiversité et, par exemple, la ville distribue des larves de coccinelles au jardin des plantes parce que ça sert d’insecticide naturel. Et ça, ça date du tout début des années 80. C’est un marqueur de la collectivité, et donc ça c’est un des aspects premier de la ville. […]
Ensuite, il y a eu un certain nombre de choses qui ont été faites, là aussi il y a quasiment 15 à 20 ans. Je pense au développement des pistes cyclables pour essayer de favoriser un changement de mobilité. La mobilité durable c’est essentiellement du coup trois leviers, à savoir la marche à pied, les déplacements cyclables et puis le transport en commun. Evidemment les transports en commun ça existait depuis longtemps ! Et puis le tram est arrivé avec la restauration de la ligne de tram existante pour que l’ancien soit plus efficient.
En matière scolaire, il y a aussi un certain nombre de choses qui sont faites ! Il y a beaucoup de projets qui sont conduits dans les écoles en matière de de transition. Par exemple, sur la consommation, sur les déchets, sur les économies d’énergie…
Concernant tous les projets qui ont été mis en place, est-ce qu’il y en a certains qui ont été freinés ou bloqués par des opposants ou des riverains même, qui n’accepteraient pas une transition jugée trop brutale ?
Il y a toujours des résistances, mais c’est tout simplement lié à la diversité du genre humain. Il est rare que tout le monde soit d’accord, c’est l’expression de la pluralité des opinions et du dialogue citoyen. On retrouve cela dans l’exemple du tramway qui faisait débat autour de son trajet. Ce n’est pas qu’à Caen, c’est le principe du « not in my backyard » (1), c’est-à-dire, je suis
d’accord avec les pistes cyclables, tant qu’elles ne passent pas devant chez moi. Et donc, le tramway, tout le monde est pour, sauf quand il passe sous ses fenêtres ! De même que tout le monde est pour l’incinération des déchets produisant de la chaleur et donc de l’énergie mais sans avoir l’incinérateur à côté de chez soi.
Comment Caen se classe parmi les autres villes françaises en termes d’écologie ?
Certains vous diront que l’on en fait trop, d’autres vous diront que l’on en fait pas assez. Ce qui est sûr, c’est que de toute façon, vu les enjeux qui nous attendent, l’ensemble des collectivités a encore beaucoup de marge de manœuvre. Même si la part du vélo augmente, il y a un gros enjeu à ce qu’il y ait moins de voitures, et notamment de voitures polluantes qui circulent dans les villes. Même si on a patrimoine arboré important, on a encore à Caen des îlots de chaleur, des îlots urbains, et on sait qu’il faut les traiter parce que c’est un vrai enjeu de santé publique. […]
Mais je crois que le sujet, c’est vraiment, qu’est-ce qu’on peut faire concrètement pour que la vie des Caennais et des Caennaises d’aujourd’hui, avec l’évolution du climat, reste dans des conditions de vie qui soient agréables. Parce que les conditions de vie, chez nous, ne sont pas non plus les mêmes qu’à Perpignan ou à Strasbourg ! Donc l’enjeu, c’est surtout de faire en sorte que dans 10, 15, 20 ans, l’on vive toujours aussi bien à Caen.
Est-ce que les aménagement récents, comme la réhabilitation du tram, ont d’ores et déjà prouvé leur efficacité en termes de répartition des flux de voitures par exemple ?
C’est assez difficile à expliquer, dans la mesure où cela reste multifactoriel. Il y a, je crois, moins 10% de trafic automobile en ville depuis 10 ans. C’est en parti lié au remplacement du tram, et au fait que depuis 2019 maintenant, il est plus efficient. C’est aussi lié aux messages sur la mobilité durable, sur le passage de l’automobile à la marche à pied, au vélo ou au transport en commun, qui sont de plus en plus prégnants dans les médias. Le vélo électrique est plus répandu. Il reste coûteux aujourd’hui mais on a un certain nombre d’aides dans la ville de Caen. L’augmentation de la fréquentation du tram a justifié la création de la seconde ligne.
L’équipe municipale s’est fixé un objectif de +10 000 arbres plantés entre 2020 et 2026. Donc on plante des arbres, et on a déjà planté plus de 2 000 arbres. Mais, vu l’évolution du climat, nous allons vers une mortalité des arbres plus importante, donc peut-être que finalement, vers la fin du mandat ou dans les années qui vont suivre, le nombre d’arbres va à nouveau diminuer. La ville est jumelée avec Würzburg, en Allemagne. Ils ont perdu un nombre très important d’arbres à cause de sécheresses, de périodes sans pluie très importantes, notamment au printemps. Ce sont des conditions particulières mais que l’on doit commencer à appréhender doucement et qui font que parfois, on peut avoir des difficultés à atteindre les objectifs fixés. C’est un sujet sur lequel on essaie d’anticiper ! Si l’on perd des arbres, l’on peut en replanter d’autres qui seront plus résistants durant ces périodes de sécheresse. Ce sont donc tous ces sujets qui nous préoccupent, mais ce n’est pas forcément simple de dire si oui ou non nos objectifs sont atteints bien que cela soit important afin de pouvoir juger l’action publique.
(1) Cette expression tirée de l’anglais signifie « pas dans mon arrière-cour » et désigne l’attitude qui consiste à accepter un projet tant que celui-ci n’est pas mis en œuvre près de chez soi de par les nuisances que cela peut apporter. Ce terme a été utilisé pour la première fois par Mike Davis en 1990 dans City of quartz : Los Angeles, capitale du futur pour désigner l’attitude des communautés amérindiennes envers la municipalisation des quartiers de l’agglomération.
Propos recueillis par Carole DENEUVE et Isaline DUMONT. Photos : Isaline DUMONT.