La Grâce de Dieu en 1986, ce sont des tours, du béton et un champ où les gens chassent, qui deviendra plus tard le terrain de sport. « Il y avait des bagnoles qui cramaient, des graffitis nique la police, nique la Bac, nique tout le monde… Des jeunes dans les cages d’escalier qui crachaient partout, des pitbulls », se souvient Melvin McNair.
Ce quartier situé au sud de Caen se développe après la Seconde guerre mondiale et ses destructions. Il faut reconstruire, bâtir vite, pour accueillir de nouveaux habitants. « À la fin des années 1950, des milliers de Caennais vivent encore dans des baraquements, sans chauffage, sans confort, parfois sans eau », explique un panneau au cœur de la Grâce de Dieu. Le quartier qui rassemble de petites maisons va profondément être transformé. On y construit de grands ensembles. Des commerces au milieu du quartier. Des tours. Et au pied, des parkings : les habitants doivent rejoindre en voiture la Société métallurgique de Normandie, Moulinex, ou d’autres usines de la région, où ils travaillent en grande partie. Après 1962, la Grâce de Dieu accueillera aussi des Français d’Algérie.
Mais avant de devenir un quartier de la ville, ce quartier n’est qu’une grande plaine, une sorte de frontière, qu’il faut traverser, « à la Grâce de Dieu ». Ce qui, sans doute, lui a valu ce nom.
« Melvin, on a besoin de vous. Vous, les américains, vous savez faire. Nous, on ne sait pas.»
Rémy Pautrat
Melvin McNair atterrit ici, avec sa femme Jean et deux enfants. Leur fils Johari est reparti vivre aux Etats-Unis. L’ancien patron de la direction de la surveillance du territoire (DST) et futur préfet du Calvados, Rémy Pautrat, le prend sous son aile. Il est alors l’un des seuls à connaître le passé du couple. Melvin Mc Nair raconte : « Des gamins, des groupes, commençaient à brûler tout. Monsieur Pautrat me dit : Melvin, on a besoin de vous. Vous, les américains, vous savez faire. Nous, on ne sait pas. Quelles idées avez-vous ? Je lui dis : avec le sport comme moyen, on peut faire des choses. Il me dit : ok, cool. » Melvin obtient un poste Fonjep (fonds jeunesse et éducation populaire). « À partir de là, il fallait tout créer. Des projets. Si tu n’en as pas, tu peux rester chez toi. On a découvert la loi 1901 ! Whaou, on était libres! »
« Ce que j’apprécie particulièrement chez lui, c’est sa pudeur, son humilité.»
Olivier Martigny, directeur du centre socio-culturel de la Grâce de Dieu, géré par la Caf.
« Melvin est une personne qui a du charisme, une personnalité, de l’humour qui aide à faire passer des messages. Ce que j’apprécie particulièrement chez lui, c’est sa pudeur, son humilité. Grâce à sa vie, son expérience, ce qu’il a vécu dans le quartier, il est à l’écoute des habitants et est capable de relayer la parole des habitants. Il n’est jamais dans une position moralisatrice, mais il amène l’autre à se questionner.
La première fois que j’ai rencontré Melvin, c’était il y a 15 ans. Je venais d’arriver dans le quartier. Melvin est arrivé dans mon bureau pour se présenter : nous allions travailler ensemble. Et il a commencé par me raconter son histoire. Je ne le connaissais pas. C’était incroyable de l’écouter. Je pensais que tout le monde était au courant. Je me suis rendu compte quelques années plus tard que ce n’était pas le cas…
En 2015, un journaliste de France 3 a décidé de faire un film documentaire sur l’histoire de Melvin et Jean. Nous avons alors organisé une séance en plein air, dans le quartier, pour diffuser Les enfants de la Grâce de Dieu. Plus de 400 personnes du quartier sont venues. C’était un moment d’émotion et de partage très important. Beaucoup ont découvert leur histoire et leur investissement sur le quartier.
La députée Laurence Dumont, qui avait soutenu cette diffusion, a invité un petit groupe de la Grâce de Dieu, autour de Melvin, à venir à l’Assemblée nationale. Après la visite, le président de l’Assemblée, Claude Bartolone, nous a reçu et a fait un discours sur le militantisme de Jean et Melvin… La France, la République, reconnaissait son implication dans les quartiers, à lui qui à l’époque avait détourné un avion aux Etats Unis pour lutter contre la ségrégation raciale. C’était un moment magique !»
Jean McNair crée une association d’aide aux devoirs, Espérance et jeunesse, au cœur du quartier, dans le centre socio-culturel géré par la Caisse d’allocations familiales (Caf). Des universitaires, des professeurs, bénévoles, font du soutien scolaire. Plus de 5 000 enfants vont passer par la structure. « Jean était une fonceuse, raconte Olivier Martigny, directeur du Centre socio-culturel Caf de la Grâce de Dieu. Il était important pour elle de mettre en place des actions. Elle avait une personnalité très forte»
Jean se bat contre la discrimination des femmes. Une priorité que partage Melvin. « Certains ne supportent pas que des femmes soient fortes, raconte son mari. Il fallait insister sur ces discriminations envers nos sœurs. Jean était une femme libre, qui refusait que je la mette dans une boîte ! Merci le mouvement de libération féministe français ! (rires) ».
À la maison, c’est Melvin qui cuisine, fait la vaisselle. Jean est bricoleuse, capable de réparer des voitures. « Elle savait tout faire. Moi je ne savais même pas où trouver les fils. »
« Savoir communiquer, maîtriser le verbe… cela évite d’être violent. Surtout pour les mecs. »
Melvin parcourt le quartier, tisse du lien, apprend à connaître les familles. Il travaille avec le centre socio-culturel de la Caf, les centres de loisirs. Insiste sur la communication, organise des débats pour que les gens puissent discuter. « Savoir communiquer, maîtriser le verbe… cela évite d’être violent. Surtout pour les mecs. »
Grâce au baseball, ils accompagnent des jeunes en difficulté. Au détour d’échanges qu’il a avec eux, il lâche parfois :
– Moi aussi j’ai fait une connerie.
– Mais qu’est-ce que t’as fait comme connerie, Melvin ?
– Tu sais, j’ai détourné un avion.
– Non, tu te fous de ma gueule. Tu dis des conneries.
Et Melvin racontait. Entre eux, les jeunes se passent le mot. « Tu sais qu’il a détourné un avion? ».
– C’est vrai ?, me demandaient-ils ensuite.
– Oui, calme toi un peu. Pour l’instant, on va jouer au base-ball. Ensuite, je te raconterai. Mais tu sais, il n’y a pas que ça…
« Les parents venaient ensuite me voir :Melvin, tu as détourné un avion ? C’est vrai, ça ?
– Oui, excusez-moi Madame.
– Alors il faut qu’on mange ensemble, que tu me racontes tout. »
Mais l’histoire des McNair est aussi utilisée pour les décrédibiliser. « Tu sais qu’il a détourné un avion, quand même ? » Cela lui colle à la peau. « Est-ce que je peux être autre chose, quand même ? Un être humain, qui lutte toujours contre la stigmatisation, la discrimination. »
« Melvin gagne à être connu au-delà du mythe qu’il représente.»
Boris Helleu, président du club de baseball/softball de Caen, basé à la Grâce de Dieu
« Melvin a longtemps été un salarié du club. C’est à partir du club qu’il accompagnait des jeunes dans le base-ball, mais aussi à côté. Quand je suis devenu président du club, on a essayé de mettre en place un projet associatif favorisant l’échange, le partage, le plaisir, la transmission de valeurs, la mixité, le loisir. Des objectifs que Melvin a toujours défendus. C’est comme cela qu’on s’est rencontrés.
Le terrain de base-ball a été renommé « Melvin et Jean McNair », en 2014. À cette occasion, on a organisé une fête pour saluer son investissement dans le club.
Melvin est tellement attaché au terrain qu’il a récemment déclaré qu’il souhaitait être enterré ici …
À son départ à la retraite, Melvin est devenu membre d’honneur du club. On le traite comme un pacha : quand il vient voir les matchs, il a son sandwich merguez.
Melvin gagne à être connu au-delà du mythe qu’il représente. On pourrait facilement tomber dans la fascination : les black-panthers, l’avion … Melvin est avant tout un être humain avec ses qualités et ses défauts, avec qui on a plaisir à échanger. Son sourire, sa jovialité, marquent ceux qui l’ont rencontré. »
Au fil des années, Melvin et Jean voient défiler les jeunes. Ils développent une approche « compréhensive » des problèmes qui les entourent. « Personne n’est méchant à la base, justifie Melvin. Il y a toujours un blocage. Pourquoi des gamins traînent dans la rue ? C’est une forme de maltraitance. Peut-être que chez lui, il ne peut pas être là tranquillement ? Qu’il est obligé d’aller dans la rue, de se débrouiller, dans la jungle ? Il faut savoir comment écouter ces attentes. C’est lent, ça !»
«Tu peux être bourré de toute sorte de théories, quand tu es confronté à un gamin en souffrance (…), il faut trouver le petit truc en lequel il aura confiance. »
Melvin voit des enfants maltraités qui ne veulent pas dénoncer leurs parents, de peur d’être séparés de leurs frères et sœurs. Des parents qui utilisent l’argent des allocations familiales pour boire de l’alcool, et qui ne peuvent pas acheter de livres aux enfants. « J’ai été témoin de choses où la réalité n’est jamais aussi simple que ça. Tu peux être bourré de toute sorte de théories, quand tu es confronté à un gamin en souffrance, tellement replié sur lui-même, qu’il n’a plus confiance, il faut trouver le petit truc en lequel il aura confiance. » L’animateur croit en l’accompagnement des enfants, de la naissance jusqu’à leur mort. L’État providence à la française.
Un jour, on accuse les McNair de faire partie d’une secte. Un autre, la fatigue assaille Melvin, en burn-out. « Au début, j’étais trop généreux. Je donnais beaucoup, sans contrepartie. J’ai passé quelques années à le comprendre. Je me suis protégé, ensuite. Je te donne ça, tu me donnes ça. (…) Tu ne peux pas sauver tout le monde. Tu peux essayer. Tu peux dire à quelqu’un : tu vas droit dans le mur. Tu peux tout faire pour enlever le mur, mettre un matelas pour l’adoucir. Boum. Ça fait moins mal. Mais ils ne vont pas comprendre jusqu’à ce qu’il y ait un déclic. Certains comprennent. D’autres dix ou quinze ans après. »
Comme ce jeune retrouvé il y a quelques semaines dans le quartier. « Je l’ai aidé au club de baseball, à 13 ans. Je l’ai motivé. Il voulait faire du rap. Depuis, il a fait ses va-et-vient en prison. Et là, il vient me voir et me dit : Melvin, je t’aime… et il commence à pleurer. Il ne pouvait pas s’arrêter. Il m’embrassait. Tu ne peux pas imaginer le bien que ça m’a fait quand tu as essayé de me parler quand j’avais 13 ans. Il en a aujourd’hui 24. Et il a commencé à comprendre. J’étais ému, très touché comme ça. Parce qu’avec ma présence, il a commencé à lâcher… les nerfs. »
« Ici, même quand ça va mal, rien ne brûle, dit une habitante du quartier dans le documentaire Les enfants de la Grâce de Dieu. Parce que Melvin et Jean sont là, on sait que c’est leur travail, on les respecte.»
Le temps a passé à la Grâce de Dieu. Au début des années 2000, le quartier est entré dans une phase de rénovation urbaine. Les espaces ont été élargis. La Grâce de Dieu est devenue plus lumineuse. Le tram y est entré. Il y a plus de métissage. Un centre commercial a été créé en plein cœur. « On a lavé le visage. Ok, ça brille. Mais à l’intérieur, ça souffre autant », estime Melvin. « Les gens qui ont un peu de revenus ne viendront pas ici. Les familles cassent facilement. Un petit truc et ça pète. » D’après l’observatoire des solidarités territoriales de l’Agence d’urbanisme de Caen Normandie Métropole, 50,4% des foyers fiscaux du quartier, en 2015, vivent en dessous du seuil de pauvreté. 40,9% des actifs sont au chômage.
« Le quartier est très éclaté», souligne Olivier Martigny. On y trouve désormais des logements sociaux qui ne sont plus abordables pour certaines familles tellement les loyers sont élevés ; à côté d’appartements aux propriétaires aisés ; ou encore d’un d’immeuble qui rassemble des familles vivant sous le seuil de pauvreté.
De l’autre côté de l’Atlantique, 72 ans après la naissance de Melvin McNair, la ségrégation officielle a disparu. Mais le racisme et les discriminations ont persisté. Les assassinats de Noirs par des policiers sont le symbole visible de la violence endurée par les populations noires. « Mais en France, tu as beaucoup plus de moyens pour te défendre qu’aux USA, souligne Melvin. Le racisme n’est pas systématisé, institutionnalisé. En Amérique, si tu roules alors que la police est derrière toi, il ne faut pas faire un geste bizarre. Comme les policiers sont terrorisés, ils ont peur, ils ont une violence inimaginable. Ils n’ont pas de maîtrise d’eux. S’ils l’avaient, ils ne réagiraient pas comme ça. »
L’ex-animateur plaide pour un apprentissage de la maitrise de soi au cours de la formation des policiers. Il rappelle aussi l’importance de la police de proximité. « Moi je connais de bons policiers, sympas, cools, qui encaissent, qui bavent. Qui voient tous les jours plus de souffrance, de misère. Tu imagines le traumatisme ? Tu rentres le soir: ça va chéri, tu as passé une bonne journée? »
« Il faut toujours continuer à comprendre ces problématiques, à travailler ensemble. Cela ne va pas être parfait. Mais il faut respecter les différences de l’autre. »
«Quand il prend la parole, c’est pour pousser à « faire ensemble ». »
Anne-Claire Prugnières est coordinatrice de projet au Tunnel. Cette association développe des actions culturelles, grâce à la musique, dans le quartier de la Grâce de Dieu.
« Cela fait dix ans que je connais Melvin. Depuis quatre ans, il est membre du Conseil d’administration du Tunnel. Au départ, je ne connaissais pas son histoire. Parce que j’aime bien rencontrer les gens tels qu’ils sont, au moment présent. Ce sont des habitants du quartier qui m’en ont parlé. Il est discret sur ce passé mais il sait le partager. J’ai conscience de la charge de la transmission de son histoire que Melvin se met sur les épaules. Il doit et sait la transmettre et c’est essentiel pour le vivre ensemble.
Melvin est une force tranquille. Il a une vraie connaissance du territoire, qu’il sait traduire ensuite auprès des jeunes et des institutionnels. Il s’investit, partage, échange, transmet. Au cours des réunions que nous avons, il arrive à exprimer le quotidien des habitants du quartier que des acteurs de la politique de la ville ne parviennent pas toujours à appréhender. Il mélange les exemples concrets et les points d’analyse, en faisant un pas de côté. Au sein de notre association, il contribue à adapter nos actions afin de permettre aux habitants d’avoir une place.
Quand il prend la parole, c’est pour alimenter la réflexion et pousser à « faire ensemble ». Dans le quartier, il est très présent sans être omnipotent. »
Jean et Melvin n’ont jamais pu retourner aux États-Unis. Le détournement de l’avion leur a fermé définitivement les portes de leur pays d’origine. Leur fils, Johari, est retourné vivre là-bas. En 1998, il est mort, en Caroline du Nord, dans un règlement de comptes. Il repose aujourd’hui dans un cimetière de Caen.
En 1976, juste avant son procès, Jean a écrit au juge :
« Aucun d’entre nous n’est content de ce qu’il a fait, aujourd’hui. Nous l’avons fait car nous avons pensé qu’il nous aiderait à faire un bien. Mais nous nous sommes trompés. Et c’est trop tard pour que ça change maintenant. Heureusement, il y a toujours l’avenir. Sincèrement, Jean McNair. »
En 2012, William May, le pilote de l’avion détourné, est venu à Caen pour rencontrer Jean et Melvin. Leur rencontre a été filmée dans le film « Jean et Melvin : la révolte ou l’exil« . En 2015, le terrain de baseball a été renommé Jean et Melvin McNair. C’est là que Melvin souhaiterait être enterré, a-t-il récemment déclaré.
Jean est décédée en octobre 2014 d’une crise cardiaque. En septembre 2020, l’association Caen à ELLES lui a attribué une plaque de rue, en sa mémoire.
« Ils sont partis et ils ne savent pas que c’est pour toujours »
« Jean et Melvin sont dans l’avion, dans la carlingue envahie de volutes, ils sont jeunes et beaux, leurs enfants jouent ou dorment sur les sièges, ils volent au dessus de l’Atlantique, presque quarante mille pieds de hauteur, vitesse autour de mach 0,8, et ils ne pensent même pas au mec du FBI en caleçon et maillot de corps, ou s’ils y pensent c’est dans un simple et vague sourire, car tout est devenu très petit, le ghetto, la ségrégation, la violence des Blancs, la guerre au Vietnam, même la grande Angela Davis a pris des dimensions minuscules, ils sont ensemble et ils sont heureux que ça ait marché,
d’avoir accompli cet acte désespéré et dangereux, d’avoir échappé au piège, ils sont partis et ils ne savent pas que c’est pour toujours, ils veulent quelque chose de mieux, une vie sans peur (…) et Melvin demande à embrasser le sol, les hommes de la sécurité algérienne les accompagnent, Jean tient dans ses bras Ayana, ils donnent la main à Johari sans savoir qu’il fera le voyage dans l’autre sens, qu’il en mourra, eux aussi mourront un peu.
A ce moment, ils croient accoster et c’est seulement le début du voyage, de leur périple de vie, de leur trajet sans retour. Ils ne seront pas heureux comme Ulysse. »
Extrait de Nous avons arpenté un chemin caillouteux, Sylvain Pattieu, éditions Plein Jour
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Les auteurs
Le Making-of
C’est au cœur du quartier, dans le centre socio-culturel de la Caf que l’on a retrouvé Melvin en août 2020. C’était son QG, c’est toujours ici qu’il donne ses rendez-vous. Pendant trois heures, Melvin nous a raconté sa vie, se mettant parfois théâtralement dans la peau des personnages qu’il décrivait. Depuis quelques mois, on voulait raconter son histoire et comprendre ce qu’elle avait à nous dire sur notre société actuelle.
Pour écrire cet article, nous nous sommes aussi appuyés sur l’excellent petit livre de l’historien Sylvain Pattieu, Nous avons arpenté un chemin caillouteux, que nous remercions vivement, ainsi que son éditrice, pour les extraits republiés tout au long de notre récit. Nous avons aussi visionné les deux très bons documentaires Melvin et Jean : la révolte ou l’exil de Maia Wechsler (en ligne ici), et Les enfants de la Grâce de Dieu de Delphine Aldebert (en ligne ici).