Le CREPAN regroupe depuis 1968 des particuliers et des associations qui luttent pour la protection de l’environnement en Normandie. Il compte aujourd’hui un millier d’adhérents.
Lorsque Claudine Joly prend la direction du CREPAN, en 2009, il n’y a que des bénévoles. C’est à ce moment-là que l’association commence à se professionnaliser. Elle compte aujourd’hui une dizaine de salariés. Avec son mari agriculteur, Claudine vit sur l’exploitation agricole. Vétérinaire et agricultrice, elle décide à 52 ans de passer une maîtrise de gestion environnementale pour parfaire ses connaissances en espaces agricoles et environnementales. « Je voulais m’engager collectivement pour l’écologie. » Le CREPAN, qui signifie Comité Régional d’Étude pour la Protection et l’Aménagement de la Nature en Normandie, fait partie du mouvement national France Nature Environnement (FNE). « Sa mission est surtout d’informer les élus locaux et le public sur les enjeux de la biodiversité tout en participant au débat public », précise Claudine Joly. « Ce qui divise les associations de protection de l’environnement, ce sont les questions des énergies renouvelables, et notamment l’énergie nucléaire et les parcs éoliens offshore. »
Au-delà des partis…
Le CREPAN a toujours travaillé avec la ville de Caen, quelle que soit sa couleur politique, et est régulièrement invité dans les instances officielles, comme le conseil local de la nature en ville. « On sollicite notre avis, même si notre influence reste limitée », tempère la présidente. L’association plaide pour plus d’espaces verts dans les aménagements de nouveaux logements en ville. Elle promeut la végétalisation des pieds de mur et à ce sujet, elle fait le point une fois par an avec le service espace vert de la ville.
Les relations sont plus compliquées avec le Conseil régional où les sujets de désaccord sont nombreux. Claudine Joly cite en exemple « le projet autoroutier de contournement est de Rouen, porté par la Région, contesté par les associations à cause de l’artificialisation des sols. D’autres sujets nous opposent comme le nucléaire ou le modèle d’agriculture productiviste défendus par la Région. »
Néanmoins, le CREPAN ne se positionne pas politiquement et défend un rôle d’expert écologique, qui lui permet jusqu’à maintenant de pouvoir bénéficier de subventions publiques.
… une question de survie
Le CREPAN réunit beaucoup de jeunes retraités compétents. « Les jeunes engagés dans ces causes en font leur profession et partent du milieu associatif, constate Claudine Joly. Les plus jeunes ont aussi du mal à s’investir quand ils voient le peu de résultats obtenus sur le plan environnemental. »
Le CREPAN dénonce une « vision réductive véhiculé par les médias, qui traitent rarement des sujets sur le fond et décrédibilisent la parole écologique, en assimilant les écologistes à des utopistes ou des extrémistes ». Il y a pourtant urgence à agir, « car l’écologie n’est pas une question politique mais de survie ».
Augustin Darondel et Noa Touvet