Restos du Cœur en Normandie : tous solidaires !

Publié le 2 octobre 2023

Début septembre, le président des Restos du cœur lançait un appel à l’aide. Avec l’explosion du nombre de bénéficiaires, l’association, qui assure 35% de l’aide alimentaire en France, pourrait « mettre la clé sous la porte d’ici deux à trois ans ». Le point sur la situation en Normandie, avec Serge Malet, délégué régional.

Quelles sont les difficultés rencontrées en Normandie?

Comme partout en France, nous connaissons une explosion du nombre de bénéficiaires. D’une croissance annuelle de 3 à 4 % depuis la création des Restos en 1985, nous sommes passés à une croissance de 20 à 50 % selon les territoires sur les deux dernières années. Alors qu’il nous reste encore sept semaines de distribution sur notre campagne d’été, les Restos du cœur en Normandie ont accueilli 57 900 personnes soit 13 % de plus que lors de l’été 2022 et un peu plus de 18 000 bébés soit 18 % de plus. Nous avons distribué 5 230 000 repas, soit 22 % d’augmentation.
On avait déjà senti cette augmentation après le Covid, ça s’est confirmé à l’été 2022, lorsque la campagne d’été a atteint le même niveau que celle de l’hiver précédent. Et depuis, on continue d’augmenter été comme hiver. Au niveau national, on est passés de 140 millions à 170 millions de repas servis cette année.

Identifiez-vous des territoires plus touchés que d’autres?

Tous les territoires sont concernés. Dans les agglomérations où l’on voit de plus en plus d’étudiants et de travailleurs précaires, mais aussi en milieu rural, notamment lors de nos tournées en camion dans les zones éloignées. Les hausses les plus importantes concernent les distributions réalisées par les associations départementales du Havre (+ 22 %) et de Rouen (+ 26 %). Viennent ensuite l’Eure et le Calvados.

En parallèle, vos ressources diminuent…

Oui, et c’est ce qui rend la situation difficile. Les chaînes de la grande distribution ont ouvert des rayons « anti gaspi », ce qui est une bonne chose, mais ce qui fait qu’on ne reçoit presque plus rien d’eux. Y compris dans les petits supermarchés, où nos bénévoles qui font « la ramasse » récoltent moins. D’un autre côté, on a eu une baisse de la dotation de l’Europe, qui, via le Fonds Social Européen (FSE+) fournit à quatre associations en France des denrées alimentaires de première nécessité.   
Enfin, nous subissons comme tout le monde l’inflation des produits alimentaires.
Or les Restos du cœur achètent un tiers des repas qu’ils redistribuent. Au niveau national, nous avons un déficit cette année de 35 millions d’euros, sur un budget de fonctionnement d’environ 200 millions d’euros. Nous avons notamment ressenti l’inflation sur les prix des couches et du lait alors que notre objectif est d’étendre la prise en charge des tout petits jusqu’à 36 mois (actuellement 24 mois).

Au lendemain du cri d’alerte du président de l’association nationale, Patrice Douret, le patron de LVMH Bernard Arnault a annoncé un soutien de 10 millions d’euros. La ministre des Solidarités Aurore Bergé a promis une aide de 15 millions d’euros et des entreprises se sont manifestées. Localement, avez-vous mesuré un afflux des dons?

Nous avons bénéficié dans le Calvados, l’Eure et l’Orne de diverses collectes alimentaires organisées par des sociétés, mais aussi une crèche pour des produits bébés. Des entreprises se sont manifestées notamment au travers de dons dans l’Eure et Orne. Enfin, des chèques de particuliers sont arrivés dans les six associations départementales de la région.
On va pouvoir absorber le déficit cette année, mais après? Il nous faut trouver des solutions pérennes car le nombre de bénéficiaires ne va pas refluer.
Nous manquons aussi de candidats pour renouveler nos 3 000 bénévoles en Normandie. Il y a plus de départs que de nouveaux et peu de candidats sur les «postes à responsabilité» (secrétaire, trésorier, responsable départemental, etc.). Nous avons étendu l’ouverture de nos centres en soirée et le samedi matin pour attirer des bénévoles actifs et s’adapter aux nouveaux profils de nos bénéficiaires. Contre la précarité, nous avons besoin de tout le monde.

Texte et photo : Marylène Carre

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