L'AG lutte contre les expulsions depuis dix ans

Publié le 23 avril 2023

Depuis 2013, l’AG de lutte contre toutes les expulsions met à l’abri les personnes sans logement dans l’agglomération caennaise. Un concert de soutien est organisé le 19 mai au Bazarnaom.

«L’AG déplore ses dix ans. Ce n’était pas notre objectif de durer. Mais avec les nouvelles lois en préparation (Loi Darmanin contre l’immigration irrégulière et loi anti-squat), on ne risque pas de voir le problème se résoudre», explique un membre du collectif. Le problème, celui qui a motivé la création de l’AG en 2013, c’est le manque de places en hébergement d’urgence pour accueillir les demandeurs d’asile ou les déboutés du droit d’asile. La première action a lieu en juin 2013, lorsque des militants associatifs et politiques décident de monter des tentes devant le Théâtre de Caen pour héberger une trentaine de personnes qui n’ont plus de places en centre d’hébergement d’urgence.
L’action a un effet immédiat et la préfecture reloge les campeurs. Mais très vite, d’autres expulsions ont lieu. Le dispositif de l’urgence est saturé, sans que les pouvoirs publics ne solutionnent le problème. L’AG a alors mis en place son mode opératoire: occuper les logements vides à Caen, les équiper, les protéger pour mettre à l’abri des familles, des femmes et des hommes seuls. Fin 2020, le collectif estimait à plus de 6 000 le nombre de logements vides à Caen.

48 heures d’occupation avant l’officialisation

«En 2019, on logeait environ 500 personnes dans 9 squats différents, dont le squat du Marais, le plus grand jamais ouvert dans les anciens bureaux d’Engie, avec 250 migrants dont 80 enfants.» La méthode est toujours la même: au bout de 48 heures d’occupation, l’existence du squat est officialisée et ne peut être expulsé sans décision de justice. Quand, au terme de la procédure, un squat est fermé, un autre ouvre. Il faut alors l’aménager, le transformer, notamment s’il s’agit de convertir des bureaux en pièces de vie, remettre en route l’électricité, l’eau, solliciter des dons pour l’équiper, résoudre tout un tas de questions, techniques, juridiques, administratives. Autour du collectif se mobilisent d’autres associations qui, une fois le lieu ouvert, viennent apporter de la nourriture, donner des cours de français, proposer des activités pour les enfants…

150 personnes logées dans des squats

Pendant le confinement, la situation a changé provisoirement. La préfecture a relogé toutes les personnes expulsées. «En 2020, on n’avait plus que 40 personnes en squat », note le collectif. Puis la situation s’est tendue à nouveau. «L’AG loge aujourd’hui 150 personnes dans 8 squats: des maisons appartenant à la ville ou à des bailleurs sociaux vouées à la démolition ou vendues à des privés, la maison du gardien du stade de foot à la Folie-Couvrechef, mais aussi 8 appartements à la Grâce-de-Dieu, dans un immeuble de Caen la mer Habitat encore occupé par quelques rares locataires. La cohabitation fonctionne bien: les demandeurs d’asile ont ramené un peu de vie dans l’immeuble abandonné. Depuis novembre 2022, l’AG occupe l’ancienne pouponnière du Conseil départemental, près de la gare, dans une église désaffectée, où vivent une centaine de personnes, principalement des familles. Faute de mieux, et d’autre solution pérenne.

Pour équiper les squats, faire les travaux et financer les aspects juridiques de la lutte, l’AG a besoin d’argent, d’où cet appel à dons lors de la soirée de soutien du 19 mai au Bazarnaom, avec deux concerts de rap de Sidi Wacho et Yoshi. 

Marylène Carre

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