La Vache qui Lit anime la vie sociale et culturelle du canton de Saint-Sever depuis plus de 25 ans à travers divers ateliers : conversation franco-anglaise, théâtre, tennis de table, informatique, cuisine, couture, etc. Née d’une initiative collective, cette association a su évoluer au fil du temps en proposant des espaces de rencontres, des débats et des activités variées. Rencontre avec Alain Legrain, administrateur de l’association depuis ses débuts.
C’est au sein de l’ancienne école maternelle de Noues de Sienne, siège de la Vache qui Lit depuis deux ans maintenant, que j’ai rendez-vous avec Alain, en présence des quatre salariés de l’association. Alain explique qu’à l’origine, en 2000, son fondateur Pascal Banning et un groupe d’amis, souhaitaient rassembler les habitants autour d’un espace pour se retrouver, échanger et débattre. L’objectif fut d’offrir un lieu de sociabilité et de culture sur un territoire rural où les espaces de rencontre étaient rares (mis à part peut être les bars à l’époque…! ).
Une reconnaissance institutionnelle grâce au numérique et les activités jeunesses
C’est dans un dépôt vente situé à Saint-Sever que l’équipe de la Vache qui Lit s’établit pour ses débuts. Ils y installent un lieu de convivialité avec un café, quelques livres et un espace débat : « Aussitôt nous avons rencontré un gros succès : c’était devenu le rendez-vous du dimanche dans le coin », se remémore Alain Legrain. L’association quitte ce lieu en 2002, faute de place, et trouve un grand garage à Saint-Sever pour les douze prochaines années, où tout était à faire. L’aventure démarre donc avec des chantiers coopératifs.
À partir de ce moment, l’association diversifie ses activités : les ateliers se développent, des services sociaux et éducatifs de proximité, comme l’aide aux devoirs se mettent en place tandis que des soirées cabarets, des concerts et des lectures sont organisés pour générer des revenus. À cette époque, en l’absence de soutien de la collectivité, ces événements, associés aux adhésions, constituaient les seules sources de financement de l’association. La Vache qui lit propose également un accompagnement technique et humain pour les projets des habitants et associations du territoire.
Dès 2002-2003, La Vache qui Lit embrasse l’évolution numérique en devenant La Vache qui Clique : elle propose des ateliers informatiques pour réduire la fracture numérique. Elle obtient même le label Espace Public Numérique en 2010, en présence du président de la Région qui fait le déplacement.
En 2016, l’Association reprend la gestion des activités jeunesse de la commune. Cette nouvelle mission marque une reconnaissance supplémentaire et permet d’étendre encore davantage son impact.
Le local : le défis majeur de la Vache qui lit
Malgré son rôle moteur sur le territoire, La Vache qui Lit peine à sécuriser un lieu pérenne. À la suite du décès du propriétaire du garage qu’elle occupait, l’association se retrouve dans l’impossibilité de racheter le local, tant pour des raisons financières qu’humaines, l’héritière refusant de le vendre. Contraints de déménager à plusieurs reprises, ses membres poursuivent néanmoins leurs activités avec détermination.
Autre défi de taille : l’arrivée d’un pôle socioculturel géré par la collectivité. « Avant, on était les seuls à proposer ce type d’activités. Maintenant, il y a une médiathèque et des ateliers animés par des salariés municipaux », explique Alain Legrain. Plusieurs activités historiques de La Vache qui Lit ont ainsi été absorbées par ces nouvelles structures. Mais l’association a un atout majeur : « On garde une liberté et une souplesse que les collectivités ne peuvent pas avoir », poursuit Alain. L’animation hors temps scolaire, les rencontres informelles et la salle de convivialité restent des éléments qui favorisent le lien et la pérennité du projet. « La clé, c’est aussi la diplomatie », estime Alain.
Après plusieurs successions à la présidence, le conseil d’administration décide d’instaurer une coprésidence ainsi qu’une co-direction impliquant les quatre salariés de l’association. Si la coprésidence est toujours en place aujourd’hui, la direction est quant à elle redevenue unipersonnelle en raison notamment de difficultés liées à la répartition équitable des missions.
Aujourd’hui, La Vache qui Lit continue d’écrire son histoire. Sa capacité d’adaptation et sa résilience en font un modèle inspirant pour les initiatives collectives en milieu rural.
Nolwen Gouhir
En photo : l’équipe de 4 salariés de la Vache qui Lit et Alain Legrain, administrateur de l’Association