Depuis 2019, l’association La Ruche œuvre à Falaise pour allier réemploi, solidarité et préservation de l’environnement. Porté par Eloïse et une équipe de bénévoles, la ressourcerie est en passe de devenir incontournable pour l’économie sociale et solidaire locale.
À peine l’entrée du hangar franchie, l’accueil est chaleureux. Derrières les sourires de bienvenue des bénévoles, les étagères s’étalent jusqu’au fond de la grande pièce rectangulaire, bariolées d’objets de récupérations. Ici, une seconde vie leur est proposée, via l’association « La Ruche », née en 2018 de la fusion de deux initiatives locales : une association environnementale engagée dans la collecte et la sensibilisation, et un groupe de particuliers souhaitant créer une ressourcerie axée sur la réinsertion. Ensemble, ils ont ouvert la ressourcerie en 2019, soutenus par la communauté de communes locale. Aujourd’hui, l’association regroupe 60 adhérents et une trentaine de bénévoles actifs.
« C’est ici, dans la ressourcerie, qu’on draine l’essentiel du flux », explique Eloise, salariée depuis 2021, d’un geste panoramique de la main. Cependant, deux autres sites à Falaise appartiennent également à l’association, qui entend donc clairement diversifier ses activités. En plus de la ressourcerie elle-même qui recueille les dons et la boutique d’objets revalorisés, un site est dédié à l’atelier vélo, propose des réparations, des cours de mécanique ainsi qu’une vélo-école. Le troisième site concerne le « pôle bois », dans lequel est disponible tout un gisement de bois de réemploi, notamment sous forme de meubles. En 2024, une centaine de tonnes d’objets a été collectée, dont environ 10 tonnes de vélos et autant de bois. Si la ressourcerie atteint un taux de valorisation de 50 à 60 %, ce chiffre grimpe à 80 % pour le bois, mais reste plus faible pour les vélos (20 %).
« Un engagement viscéral »
Pour Éloïse, qui a participé à porter le projet depuis le début, l’engagement dans la ressourcerie est plus qu’une activité salariée : « Je suis une amoureuse de la nature, je ne pouvais pas ne rien faire, c’était viscéral ». En plus de l’aspect écologique du réemploi, l’engagement social que cela suscite résonne particulièrement chez l’ancienne aide à domicile, installée à Falaise depuis 2015. Les dons émanent de particuliers, sont triés, nettoyés, réparés et évalués avant d’être proposés à bas prix à un public varié : « On a à la fois une clientèle qui vient par manque de moyens, mais aussi une clientèle de loisirs qui vient flâner, chiner et faire de bonnes affaires. »
« On ne peut pas sauver toute la planète, mais si chacun agit sur son territoire, c’est un bon début ».
La ressourcerie ne souhaite en revanche pas se positionner en concurrence face à d’autres initiatives locales. Il n’y a de toute façon pas d’autres ressourceries à Falaise, mais il a été décidé de ne pas développer de branche « textile » pour ne pas faire d’ombre au chantier d’insertion « Les Fringues d’Arlette », qui propose déjà des vêtements de seconde main. « L’idée est simplement d’être complémentaires pour limiter les tonnages de déchets », insiste Eloise. D’ailleurs, l’un des objectifs de La Ruche pour 2025 sera de « mieux se faire identifier auprès des professionnels pour mieux capter leur réemploi et éviter que ça parte en destruction, insiste la salariée. On ne peut pas sauver toute la planète, mais si chacun agit sur son territoire, c’est un bon début ».
Pierre-Yves Lerayer