Doublée par la SNCF dans les Pays de Loire, RATP Dev vient d’être choisie par la Région Normandie pour exploiter à partir de juin 2027 les trains régionaux autour de Caen. Les syndicats craignent des conséquences sur l’emploi.
C’est une première en Normandie et dans l’Ouest : des TER, trains régionaux, ne seront plus gérés par la SNCF. Il y a presque trois ans, la Région votait l’ouverture à la concurrence de certaines lignes normandes. Première étape : des lignes autour de Caen. Filiale à 100% de la RATP, présidée par Jean Castex, RATP Dev est le « candidat pressenti » à l’exploitation des lignes dites de l’Etoile de Caen. Le choix doit être validé le 15 décembre en assemblée plénière.
L’ouverture à la concurrence devient réalité
L’ouverture progressive à la concurrence des lignes de trains régionales est une exigence européenne, transposée dans le droit français en 2018. Les régions françaises, autorités organisatrices des mobilités, ont jusqu’à 2033 pour désigner par appel d’offres le ou les exploitants des lignes dont elles ont la charge dans le cadre d’une délégation de service public (DSP). Pour l’heure, la SNCF a remporté 7 des 11 lots régionaux ouverts à la concurrence.
La RATP exploiterait dès juin 2027, les trains régionaux TER reliant Caen à Coutances, Saint-Lô, Evreux, Cherbourg, Rouen, Lisieux, Granville, Rennes ainsi que ceux entre Lisieux et Trouville-Deauville et entre Trouville-Deauville et Dives-Cabourg. C’est la première fois que la RAPT fera circuler des trains en dehors de la région parisienne.
Selon Le Monde, le contrat s’élève à 842 millions d’euros pour dix ans et demi d’exploitation. C’est sur ce point que RATP Dev a fait la différence par rapport à la SNCF. « Elle a présenté une offre nettement plus convaincante techniquement et financièrement, estime Jean-Baptiste Gastinne, vice-président de la Région en charge des Transports. Nous avions fixé comme condition au nouveau contrat de multiplier par deux le nombre de kilomètres parcourus sur ces lignes. Sans l’ouverture à la concurrence, nous n’aurions jamais eu cette possibilité. Et ça ne coûte rien à la Région. » Et de citer l’exemple de la ligne Caen-Evreux qui devrait passer d’un seul train aller-retour à l’heure actuelle à huit.
Les syndicats craignent une dégradation du service
Seules les Régions Provence-Alpes-Côte-d’Azur et Grand-Est ont déjà confié certains de leurs trains régionaux à un autre opérateur que la SNCF, la société allemande Transdev. Avec des résultats mitigés.
La CGT, soutenue par le PCF, condamne « une mise en concurrence destructrice d’un service public vital ». La CFDT craint « une dégradation du service ». « 357 (équivalents temps plein) cheminots sont potentiellement concernés », assure la CGT. Des salariés qui seront automatiquement transférés à la RATP, comme le prévoit la loi en cas de changement de délégataire. Ceux qui bénéficiaient du statut de cheminot conserveront les avantages acquis. Et tous bénéficieront du « sac à dos social », également prévu par la loi, qui garantit leur salaire, une partie de leurs avantages, ainsi que le bénéfice, pendant quinze mois, des accords de l’entreprise qu’ils quittent. Les syndicats préparent des actions pour les prochaines semaines.
Les bus et tramways caennais aussi
La RATP Dev a aussi repris, depuis janvier 2025, l’exploitation des bus et tramways de Caen la mer, gérée depuis plus de vingt ans par la société Keolis. L’offre retenue par la collectivité permettait « une économie de 8 millions d’euros sur une période de six ans », rappelait alors le président de Caen-la-Mer, Nicolas Joyau. Parmi les nouveautés apportées par le nouveau prestataire, l’extension de la flotte de vélos électriques accessibles en libre-service, de voitures en autopartage et, à terme, des innovations au niveau de l’offre de bus. Depuis la rentrée, le service de vélos électriques, victime de son succès, peine à répondre à la demande. Trouver un vélo est de plus en plus difficile. Les pistes d’amélioration annoncées au printemps se font attendre.