La quête « tchernobylienne » de Galia Ackerman

Publié le 26 avril 2021

26 avril 1986, accident nucléaire de Tchernobyl. 11 mars 2011, accident de Fukushima. À Caen, l’historienne et journaliste franco-russe Galia Ackerman participe à un groupe de recherche sur les conséquences sociales de ces catastrophes.

«J’ai commencé à m’intéresser à Tchernobyl dix ans après l‘accident. Lorsqu’il est survenu, j’étais jeune maman, déjà installée en France et j’ai suivi comme tout le monde les nouvelles à la télévision. Je n’étais pas encore journaliste et je croyais moi aussi que le nuage s’était arrêté à la frontière. En 1998, on m’a proposé de traduire en français le livre de l’écrivaine biélorusse Svetlana Alexievitch, La Supplication, pour lequel elle a interrogé de très nombreux témoins de l’accident. Je l’ai accompagnée quand elle venue en France pour la promotion de son livre. C’est comme ça qu’est né mon propre engouement pour l’histoire de cette catastrophe et les conséquences qu’elle a engendrées. J’ai rencontré Frédérick Lemarchand, professeur de sociologie à l’Université de Caen, qui avait déjà entamé un long travail de recherche sur les conséquences de Tchernobyl. Ce fut le début de notre collaboration.

Ce monde d’après Tchernobyl

En 2003, j’ai été sollicitée pour être commissaire d’une grande exposition sur Tchernobyl au Centre de culture contemporaine de Barcelone. J’ai travaillé pendant trois ans à constituer une collection. J’ai fait plusieurs voyages en Ukraine, en Biélorussie et en Russie; j’ai visité la centrale, la zone interdite et des zones contaminées. J’ai rencontré des centaines de personnes, recueilli des photos, des vidéos, des dessins d’enfants, des médailles de liquidateurs, des objets ethnographiques, des livres, des coupures de presse etc. Plus je plongeais dans ce monde d’après Tchernobyl et plus il m’apparaissait qu’il y avait bien peu de certitudes à propos de la catastrophe et de ses conséquences. Dans Les Silences de Tchernobyl (Ed. Autrement) codirigé en 2006 avec Frédérick Lemarchand et Guillaume Grandazzi, je présente quelques résultats de ma quête. Depuis, je n’ai jamais lâché le sujet. J’ai publié, en 2016, le livre Traverser Tchernobyl (Premier parallèle), qui raconte mes voyages sur cette terre devenue fantomatique.Nous préparons actuellement un nouvel ouvrage collectif qui paraitra au printemps. »

© Claire Moliterni

Galia Ackerman est spécialiste du monde russe et ex-soviétique. Née en Russie en 1948, émigrée en Israël en 1973, elle vit en France depuis 1984. Docteur en histoire à la Sorbonne, elle est journaliste à RFI de 1988 à 2012, à la Revue Politique Internationale depuis 1995 et collabore au Huffington Post. Elle est l’auteure et la collaboratrice de plusieurs publications sur l’Ukraine et la Russie post-soviétique (Le régiment immortel. La guerre sacrée de Poutine ; Tchernobyl, retour sur un désastre; Hommage à Anna Politkovskaïa…) et a traduit une centaine d’ouvrages dont ceux d’Anna Politkovskaïa, de Svetlana Alexievitch, Mikhaïl Gorbatchev. Elle est chercheure associée au laboratoire de sciences sociales CERREV (centre de recherche Risques et Vulnérabilités) de l’Université de Caen.

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