La Cité de l’Alimentation : un lieu de rencontre et de partage autour de la cuisine

Publié le 11 février 2025

Depuis 2024, l’ancien bâtiment du lycée Rabelais, à Hérouville-Saint-Clair, abrite un projet inspirant, un restaurant participatif et accessible à tous : la Cité de l’Alimentation. Portée par deux passionnés, Didier Hays et Clément Charlot, cette initiative allie convivialité, transmission et ouverture à l’autre, faisant de l’alimentation un véritable vecteur de lien social.

Le mercredi 15 janvier 2025, réservation prise pour six couverts à la Cité de l’alimentation. En arrivant, dix convives sont déjà attablés. La salle, spacieuse et baignée de lumière, est décorée de nappes aux couleurs vives et fleuries. Sur une ardoise, le menu du jour est soigneusement inscrit. On nous précise le fonctionnement du restaurant qui s’appuie sur un système de cagnotte solidaire permettant à chacun de contribuer selon ses moyens. Trois tarifs sont proposés :

Le menu classique (entrée-plat-dessert) à 16 €

Le prix de soutien à 20 €, permettant d’alimenter la cagnotte solidaire

-Le prix solidaire à 6 €, accessible aux personnes aux moyens plus modestes grâce aux associations partenaires

«  Créer un lieu qui rende accessible au plus grand nombre une alimentation de qualité »

L’idée à l’origine est de permettre à chacun de cuisiner et de manger des produits locaux et biologiques, sans barrières financières ni sociales. L’objectif est de « créer un lieu qui rende accessible au plus grand nombre une alimentation de qualité », explique Didier Hays. Pas un restaurant bio destiné à un public averti, mais un lieu où cette alimentation devient accessible à tous, sans devenir pour autant un restaurant social basé sur le don alimentaire ou la redistribution. La Cité de l’alimentation veut être un espace où se croisent des publics variés, et où se réinvente ensemble une alimentation plus solidaire. Un sujet complexe que d’autres avant eux ont tenté de mettre en place.

Le projet repose sur l’implication des participants : ici, on ne se contente pas de consommer, on met la main à la pâte en cuisine. Chaque jour, la Cité de l’alimentation accueille 6 à 8 cuisiniers pour préparer le service du midi. C’est là que les échanges se font naturellement, au-delà des différences : « On partage, on discute; tout de suite, on trouve un terrain commun en fait. On parle de nourriture, on parle de cuisine », souligne Didier Hays.

Un des nombreux moments marquants pour l’équipe a été la carte blanche donnée à l’Épivert, l’épicerie sociale du Chemin Vert, pour gérer le restaurant un vendredi midi. Une douzaine de femmes ont préparé et servi un repas syrien dans une énergie incroyable. « Cela faisait deux mois qu’on avait ouvert, on s’est regardé avec Clément et on s’est dit, en fait c’est ça qu’on imaginait pour le projet ! », raconte Didier Hays.

Les apprentis cuisiniers peuvent également se retrouver lors d’ateliers de cuisine. Beaucoup d’associations et d’écoles sont d’ailleurs demandeuses. Par ailleurs, on retrouve chaque dernier vendredi du mois, des ateliers-diners thématiques proposés par les bénévoles : Cameroun, Tomate, soirée bretonne, allemande, etc.

D’autres activités viendront enrichir cette dynamique :

-Une crèmerie, avec la fabrication et la vente de beurre et yaourts maison

-Des ateliers de conserverie à partir des excédents des maraîchers qui seront cuisinés en collectif.

-Une boulangerie autour des pains du monde : « Dès qu’on reçoit en cuisine des personnes qui viennent de quelque origine que ce soit, le pain arrive toujours dans la conversation », indique Didier Hays. L’idée ne sera donc pas de proposer de la baguette mais de s’appuyer sur la diversité culturelle des habitants d’Hérouville-Saint-Clair.

Un fonctionnement collectif, diversifié et informel 

L’association fonctionne grâce à l’implication de cinq salariés (salle, cuisine, gestion mais et partenariat), soutenus par un conseil d’administration actif composé de trois coprésidents, une trésorière et un administrateur. Elle peut également compter sur un collectifs de 200 adhérents : qu’ils soient passionnés de cuisine, en reconversion professionnelle ou en recherche de lien social, stagiaires… tous ont leur place.

Les bénévoles se réunissent peu à travers des « réunions ». L’expérience a montré que, pris par le quotidien et leurs obligations, peu de personnes étaient disponibles pour des échanges cadrés en fin de journée. À l’inverse, les moments partagés en cuisine ou lors des repas post service, favorisent des discussions spontanées et enrichissent les échanges. 

Du côté des partenaires, la Cité de l’Alimentation bénéficie du fort vivier associatif d’Hérouville Saint Clair et se sent pleinement intégrée. « C’est un territoire où les structures fonctionnent beaucoup entre elles, la communication est facile et naturelle », souligne Didier Hays.

Selon lui, le premier défi d’une initiative est de trouver un local. Si la dynamique collective est essentielle, il est tout aussi crucial de la préserver pour éviter qu’elle ne s’essouffle trop vite. Lors du lancement du projet Coop 5 % en 2015, dont Didier et Clément étaient à l’initiative avec trois autres coopérateurs, le collectif fut structurer avant de trouver le lieu. Sa recherche fut longue et éprouvante pour certains membres. Forts de cette expérience, les deux porteurs de projet ont fait le choix de trouver d’abord un local puis fédérer un collectif autour du projet.

Par ailleurs, parmi les indispensables d’une initiative, on retrouve :

-Un modèle économique qui doit être évidemment bien construit en amont du projet et réactualisé au fur-au-mesure

-Une gouvernance bien pensée pour travailler en collectif

Et la suite ?

À travers ses actions, la Cité de l’Alimentation incarne un projet à la fois solidaire et inclusif. En moins d’un an, elle a su créer un lieu de rencontre où chacun peut participer activement à la préparation et à la consommation d’une alimentation de qualité. Son ambition est de continuer à se développer mais aussi de se rendre encore plus accessible à certains publics qui ne s’y rendent pas encore aujourd’hui.

Nolwen Gouhir

Pour en savoir plus :
Le site Internet de la Cité de l’Alimentation
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