Inscriptions néo-nazies, dégradations : les mosquées normandes prises pour cibles

Publié le 26 juin 2023

Le 20 novembre 2022, deux individus ont tagué la mosquée franco-turque de Flers (Orne). « Islam hors d’Europe », et « Division Charlemagne ». Cette dernière mention fait référence aux Français engagés au côté de la Waffen SS. Six mois plus tard, les responsables de cet acte n’ont pas été trouvés : le 12 mai dernier, le parquet d’Argentan a annoncé que l’affaire serait classée prochainement sans suite. Et c’est par la presse que les victimes ont appris la nouvelle, explique Lou Syrah, dans Mediapart. Le journaliste raconte comment l’affaire n’a pas provoqué de mobilisation locale, dans la ville ornaise de 15 000 habitants.

En septembre 2021, un homme a été condamné à 4 mois de prison avec sursis pour avoir tagué à plusieurs reprises la mosquée. Dans le récit de Mediapart, le responsable de la mosquée raconte les différents actes islamophobes qui n’ont pas fait la « une » des médias : des côtelettes de porc balancées sur la porte, des gens qui urinent sur la façade, des excréments balancés sur la porte de la mosquée, une tentative d’incendie. Des plaintes ont été déposées, mais la justice a classé sans suite.

Les mosquées ornaises ne sont pas les seules à être victimes d’attaques ou de menaces. Des faits sont reportés un peu partout en France, et la tendance semble s’accroître avec la montée des discours d’extrême droite, auquel fait écho régulièrement le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. En Normandie, l’eurodéputé Nicolas Bay, ancien du Rassemblement national désormais passé au parti Reconquête d’Eric Zemmour est sous le coup d’une enquête pour provocation à la haine raciale. Le 5 mai 2021, devant le chantier d’une mosquée dans la banlieue d’Evreux, il déclare : « Il faut mettre fin à ces dérives, il faut arrêter le communautarisme quand on sait qu’il apporte à la fois de la délinquance, de la criminalité et même du terrorisme, comme on l’a vu avec l’assassinat de Samuel Paty. » Son immunité parlementaire a été levée le 2 février dernier lors d’un vote au Parlement européen.

Photo : Emmanuel Blivet