C’est l’histoire de Jean-Marie, quinquagénaire, cheveux et barbe blanche, qui a traversé de longues années à la rue avec sa chienne, Princesse. « C’est elle qui m’a sauvé quand j’étais sur le point de baisser les bras. C’était ma seule raison de vivre quand je descendais trop bas. » C’est l’histoire de Pascal, 26 ans à vagabonder dans la rue, qui a toujours refusé de rejoindre un hébergement d’urgence parce que sa chienne n’y était pas acceptée. « Mon credo c’est, jamais sans nous deux. » Comme Pascal et Jean-Marie, de nombreuses personnes à la rue ont fait le choix de partager leur vie d’errance avec un animal et se retrouvent, de ce fait, à la porte des foyers d’hébergement d’urgence.
L’animal comme dernier lien social
Dans un reportage pour Reporterre, le journaliste Alexandre-Reza Kokabi et le photographe NnoMan sont allés à la rencontre de l’association Gamelles Pleines, née en 2008 dans les rues de Caen, pour lutter contre l’exclusion sociale des sans-abris en les aidant à prendre soin de leurs chiens.
L’association distribue croquettes et antipuces aux animaux, vêtements chauds, nourriture et conseils à leurs maitres. Surtout, elle milite pour que les structures d’accueil acceptent de recevoir les animaux. À Caen, trois structures ont sauté le pas, dont le foyer du Cap Horn, près de la gare et le centre de réinsertion de la Cotonnière, dans le quartier du Chemin-Vert. « Je trouve inadmissible de demander à des personnes qui n’ont rien d’autre que ce lien avec un animal de s’en séparer, explique Martine, animatrice sociale, dans le reportage. Bien sûr, il faut fixer des règles, mais ce n’est pas insurmontable et au contraire, ces animaux apportent de la vie et font du bien aux habitants et au personnel. » Aujourd’hui, l’association Gamelles Pleines existe dans onze villes en France. À Rennes, Lyon, Paris, Montpellier ou Strasbourg, les bénévoles organisent des maraudes pour discuter avec les sans-abris à les aider à garder, nourrir et soigner leurs compagnons à quatre pattes.
©photo : NnoMan
