C’est la valse des squats. La trêve hivernale a débuté le 1er novembre 2024 et s’étendra jusqu’au 31 mars 2025. C’est la période durant laquelle les procédures d’expulsion d’un locataire par un propriétaire sont suspendues. La trêve hivernale ne s’applique pas aux squats selon la loi. Pour autant, expulser en plein hiver est sans doute moins défendable, ce qui expliquerait qu’il y ait toujours plus de procédures à cette période de l’année. Le 29 octobre, le squat de l’ancien couvent à Lisieux a été évacué : une quarantaine d’occupants, dont 26 enfants y vivaient. L’Association Solidarités Exilé.e.s Lisieux Pays d’Auge et environs est née dans la foulée. Un squat a ouvert pour reloger les familles dans l’ancienne maison de retraite de Cambremer. Le même jour, le squat situé au 15, rond point de l’Orne à Caen a lui aussi été évacué. Une quarantaine de personnes y vivaient et 21 étaient présentes lors de l’expulsion, dont une qui a reçu une OQTF. Un nouveau squat a ouvert Avenue de Trouville à Caen, dans l’ancienne Chiffo, qui reste très menacé. Un appel à rassemblement était organisé ce lundi 4 novembre.
Dans les deux cas, l’expulsion a eu lieu suite à une plainte du propriétaire : le groupe immobilier Creadimm à Lisieux, qui envisage d’y construire un hôtel hospitalier, et le bailleur social Inolya à Caen, qui veut détruire l’immeuble. Aucune proposition d’hébergement d’urgence n’a été faite. Les structures d’accueil sont saturées, le numéro d’urgence le 115 n’a pas de solution à proposer et le nombre de sans-abris explose, particulièrement à Caen et Lisieux. Alors, plutôt que de rester à la rue, de nouveaux squats ouvrent… qui seront à leur tour évacués.
L’échec d’une politique de lutte contre les squats
La maire de Cambremer, Sylvie Feremans, expliquait à France Bleu qu’il fallait s’interroger sur l’efficacité de « la politique de lutte contre les squats qui consiste à déplacer la problématique ». Sans vouloir porter de jugement, elle s’active pour trouver la meilleure façon de gérer la situation : « faire en sorte que la cohabitation avec les habitants se passe le mieux possible, et que les enfants qui sont nombreux, soient scolarisés dans les écoles du secteur ». À Caen, la minorité de gauche a dénoncé unanimement l’évacuation du squat du rond point à quelques jours de la trêve. « Ce choix de reléguer à la rue et à l’approche de l’hiver ces personnes y compris des enfants, sans solution d’hébergement, est absolument inacceptable, s’est indigné Rudy L’orphelin, chef de file de Caen écologiste et citoyenne lors du conseil municipal du 4 novembre. Nous savons que ces expulsions sans solution ne règlent rien mais contribuent au contraire à aggraver la situation des personnes déjà grandement précarisées. »