En justice contre le lobby des ondes

Publié le 14 décembre 2020

Élevages décimés, agriculteurs malades, mur du silence. La journaliste sarthoise Nathalie Barbe a enquêté pendant deux ans sur les effets des champs électromagnétiques générés par les lignes à haute tension, les éoliennes et les antennes relais sur les exploitations de l’ouest de la France.  

En juillet 2018, elle publie son travail dans l’hebdomadaire L’Avenir agricole, l’un des rares titres indépendants de la presse agricole, avant d’en faire un documentaire télé, « Agriculteurs sous tension, une omerta française », coproduit par France 3.  

« En 2015, je rencontre un couple d’éleveurs sarthois qui souffrent de migraines depuis l’installation d’une antenne relais, mais ils ne veulent pas témoigner, explique Nathalie Barbe. Trois ans plus tard, ils me recontactent. Quand j’arrive chez eux, ils sont cinq ou six éleveurs, qui ont constaté des mortalités importantes et des comportements anormaux de leurs troupeaux. »  

Son journal lui donne trois semaines pour enquêter. François Dufour, ex- porte-parole de la Confédération paysanne, la met en contact avec un éleveur du Sud-Manche, Serge Provost, dont l’exploitation est située sous la ligne à très haute tension Cotentin-Maine, qui accepte de lui ouvrir ses archives. « Trente ans de combat des éleveurs, méprisés par leurs responsables professionnels, y sont relatés. ».

Nathalie publie son article. Les langues se délient. L’association Animaux sous tension, créée en 1993 par Serge Provost, se reconstitue. Pendant un an, elle est la seule journaliste à assister à ses réunions, prémices d’une future bataille juridique.  

Car Me François Lafforgue, l’avocat des victimes de l’amiante et des pesticides, a accepté de défendre les éleveurs. Et il a une stratégie pour inverser la charge : « ce n’est pas aux agriculteurs, mais à RTE ou aux opérateurs téléphoniques d’apporter la preuve qu’ils ne sont pas responsables des changements dans l’exploitation ». Les premiers dossiers ont été déposés concomitamment dans les tribunaux administratifs de résidence des éleveurs. « On rentre désormais sur le temps long judiciaire », observe la journaliste, qui a décidé de poursuivre son enquête à l’échelle européenne.

Son documentaire en ligne : Agriculteurs sous tension, l’omerta française A lire aussi, l’enquête du journal le Poulpe sur les agriculteurs normands meurtris par les courants électriques.

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