Casser les codes du lycée

Publié le 4 octobre 2022

Avec les réseaux sociaux et le renouveau féministe de #MeToo en 2017, de plus en plus de jeunes s’emparent, sans concession, du sujet de l’égalité hommes/femmes. Au lycée Marie Curie de Vire, Evane, 17 ans, est porte-parole du collectif «Nous» qui veut rendre son lieu d’étude plus respectueux de chacun.e.

«Nous les jeunes sommes l’avenir, à nous de faire de ce monde un monde meilleur». Lorsque le collectif «Nous» publie pour la première fois en janvier 2021 sur le réseau social Instagram, leur ambition est de taille: sensibiliser, faire «ouvrir les yeux» et agir. Quelques mois plus tard, «@NousCurie2021» compte presque 1000 abonné.es et surtout plusieurs actions coups de poing à la hauteur de cette ambition.

La première d’une longue série, Evane, s’en souvient parfaitement. «C’est parti d’un tweet d’une amie au sujet d’un collage de #NousToutes (collectif féministe national créé en 2018, ndlr) fin 2020. On s’est dit que ce serait fou de pouvoir faire ça à Vire!», raconte la jeune lycéenne, qui, accompagnée de quelques camarades, placarde les murs de son établissement. Une affiche sur le consentement barrant «Protégez vos filles», pour préférer «Eduquez vos fils!» fait partie de la collection de slogans.

Dès sa création, le collectif a reçu un soutien inattendu et pourtant nécessaire de la part de toute l’équipe pédagogique du lycée: du proviseur aux surveillants en passant par l’appui inconditionnel de deux professeures principales et de la documentaliste, tient à souligner Evane, aujourd’hui porte-parole du collectif. Mais «Nous» n’est pas présent qu’à Curie. «Nous» est partout. Il agit tantôt seul, tantôt avec des associations. Au lycée, pour distribuer des capuchons de verre anti-GHB ou faire intervenir des professionnels de l’égalité hommes/femmes. Dans un supermarché de Vire pour récolter des protections hygiéniques redistribuées au lycée. Dans un collège pour sensibiliser à la lutte contre l’homophobie. Et dans la rue, pour coller des affiches lors de la journée mondiale de lutte contre les violences sexistes et sexuelles.

Un «je» devenu «Nous»

Parce que le lycée est le moment où chacun.e construit son esprit critique, Evane pense que l’existence du collectif brise les tabous, «même si je pense qu’il faut en parler dès le plus jeune âge». Ayant grandi dans une famille qu’elle qualifie plutôt d’«ouverte», la lycéenne viroise est passée par un «collège catho» où il fallait, par contre, rentrer dans les codes. Pourtant, c’est précisément à cette période qu’elle s’est intéressée au féminisme, d’abord à la poursuite d’une quête personnelle d’affirmation. Mais elle a vite «pris conscience que le féminisme n’était pas que personnel».

Avec le collectif, son «je» est en effet devenu «Nous». «Le fait d’avoir concrétisé la défense du féminisme face à tout le monde au lycée, même dans Vire, ça m’a donné envie de créer une association peut-être à l’avenir, pourvu qu’elle puisse aider les jeunes», imagine Evane, qui se rêve en journaliste spécialisée dans le rap, bien qu’elle ait envie de «toucher un peu à tout».

Lucille Derolez

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