« Espace convivial citoyen ». La promesse est affichée sur la vitre de ce local de la rue de la Gare, à Vire. Le lieu est tenu par Advocacy, une association nationale qui a quatre antennes en Normandie. « C’est pour ceux qui ont un problème de santé mentale », commence à m’expliquer l’une des personnes présentes ce jour là. « Non, non, ce n’est pas que ça, intervient Eric. Il ne faut pas dire ça. Ici on fait plein de choses. » Et Eric commence à m’expliquer. Les activités réalisées tous ensemble – la cuisine, l’aviation, l’équitation, les jeux, le théâtre. Les réunions pour les déterminer collectivement – le lieu est géré par les adhérents aux côtés d’une animatrice. Le repas de Noël qui sera préparé par des membres de l’association, avec les conseils d’un grand chef cuisinier.
Eric est très bavard. « Passionné », comme il se décrit lui-même. Il ne fait pas les choses à moitié. A mille projets. Son hypersensibilité peut faire qu’il se mette à « péter les plombs ». Mais avec le temps, explique-t-il, il est parvenu à mieux gérer ses émotions. A ses côtés, Oriane essaie d’en placer une. Elle a longtemps été secrétaire dans un établissement médico-social. Mais les crises d’épilepsie qu’elle connaît fréquemment l’ont progressivement coupée du monde du travail. Elle aime ici le contact humain, les randonnées, les marches. « Revenir vers les gens » pour tenter de vaincre sa maladie. « Grâce à ce lieu, j’ai pu diminuer les traitements, et me sentir mieux. » Et même si Eric parle de trop pour qu’elle puisse finir sa phrase, elle glisse : « C’est aussi grâce à Eric, qui m’a dit des paroles gentilles. »
Les différents confinements ont été rudes pour ces personnes isolées. Aelig Raude, l’animatrice de Vire, a mis en place des rendez-vous téléphoniques collectifs. « Au départ, j’appelais chacun d’entre eux pour prendre de leurs nouvelles. C’était long, et on ne savait pas forcément quoi se dire. » Par téléphone, les personnes, éloignées du numérique, se connectent entre elles et expérimentent la relaxation. A la fin du confinement, ils réalisent ensemble une émission de radio.
C’est la crise sanitaire qui a poussé France à arriver à Vire. Et cela fait quinze jours qu’elle fréquente l’espace convivial citoyen. « J’ai été licencié 8 jours avant l’annonce du confinement », explique-t-elle. « Cette période, je l’ai vécue durement. » Celle qui a été cheffe de cuisine à Paris a envie de transmettre son savoir-faire et de créer un jardin collectif, derrière le local, « pour qu’on puisse manger ces légumes ».
Pour en savoir plus sur Advocacy: advocacy-normandie.fr