À Quiberville-sur-mer, le camping déménage face à la montée des eaux

Publié le 30 novembre 2022
Le camping actuel de Quiberville-sur-mer, en Seine Maritime. ©Conservatoire du Littoral / T. Drouet 

Quiberville-sur-mer, station balnéaire de la côte d’Albâtre (547 habitants en hiver, 2 500 en été), est en proie à des inondations et submersions marines à répétition. En cause: la montée des eaux et le recul du trait de côte, qui a perdu 70 m en quelques années. Pour s’adapter, le camping municipal déménage et on laisse rentrer la mer.

C’est l’une des premières opérations de recomposition spatiale d’un territoire face au changement climatique en France. À Quiberville-sur-mer, le camping municipal quitte le front de mer pour déménager 700 mètres plus loin, sur un ancien herbage en pente de 6 ha, acquis par la municipalité. Un nouveau camping tout neuf, avec le même nombre d’emplacements doit ouvrir l’été prochain. Quant à l’ancien camping, situé en zone inondable, il va disparaitre pour permettre la reconnexion du cours de la Saâne à la mer.

Laisser entrer la mer

Ce déménagement n’est pas anodin: il est la première phase d’un vaste chantier pour «adapter et déplacer des équipements inadaptés face aux impacts du changement climatique», explique Régis Leymarie, délégué adjoint Normandie au Conservatoire du littoral, qui coordonne depuis 2012 le projet de territoire de la basse vallée de la Saâne. Depuis la fin des années 1950, le fleuve côtier est contraint de passer par une buse étroite pour rejoindre la mer et une digue-route protège l’arrière-pays. Mais ces structures de défense sont devenues inappropriées face à l’élévation du niveau de la mer et au recul du trait de côte.

« Aujourd’hui, le progrès ne consiste pas à prétendre maitriser la nature, mais à collaborer avec elle. »

En 2024, la digue-route sera ouverte sur dix mètres, reliée par un pont qui enjambera la Saâne, à la place de l’ancienne buse. Le fleuve rejoindra alors plus facilement la mer et celle-ci pourra entrer dans la vallée lors des grandes marées. Pour cela, il faudra aussi élargir le lit actuel de la Saâne en créant un nouveau méandre à l’emplacement de l’actuel camping. « On redonne la nature à la vallée avec sa faune et sa flore, ses zones humides. » Pour améliorer la qualité des eaux de baignade, une nouvelle station d’épuration est en cours d’achèvement à Longueil (560 habitants), l’une des trois communes de la basse vallée de 20 km2 avec Quiberville et Saint-Marguerite-sur-Mer.

La buse et la digue-route. ©Conservatoire du Littoral / T. Drouet 

Un chantier inédit sur le littoral

Ce projet à 30 millions d’euros (6,9 M€ pour le déménagement du camping) est financé par les collectivités et à 70 % par les fonds européens dans le cadre d’un projet PACCo (Promouvoir l’adaptation aux changements côtiers) avec l’Angleterre. Le chantier de la Saâne devrait être achevé en 2025. « Il est inédit sur le littoral de Dunkerque à l’estuaire de la Loire, souligne Régis Leymarie. Il est réplicable dans les communes côtières impactées par le changement climatique. À condition qu’il y ait une volonté et un portage politique comme à Quiberville. »

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