À Coutances, Roues Libres remet le vélo au cœur du quotidien

Publié le 2 décembre 2025

Atelier d’auto-réparation, vélo-école, des relations avec la collectivité pour améliorer les infrastructures… Depuis cinq ans, l’association Roues Libres, à Coutances, aide à développer le vélo sur le territoire.


« J’avais peur du vélo. C’est gênant à dire, on se sent un peu perdante. Et puis j’ai rencontré l’équipe de la vélo-école… » Michelle Vanackere sourit timidement en racontant ce tournant. Elle a découvert la vélo-école au marché de Coutances, après des dizaines d’années à éviter la bicyclette suite à une chute. « On m’a écoutée sans jugement. Isabelle m’a proposé une progression d’un sérieux incroyable. » Un témoignage qui résume l’esprit de Roues libres en coutançais, une association basée à Coutances (Manche) qui milite depuis cinq ans pour remettre le vélo au cœur des mobilités quotidiennes. 

Créée fin 2020, à la suite d’un appel lancé dans la presse par l’actuel président, Jean-Philippe Chedemois, l’association est née d’un constat simple : très peu d’infrastructures cyclables et beaucoup d’usagers isolés. Quinze personnes répondent alors spontanément, dont Isabelle Jorand, aujourd’hui secrétaire et figure-clé du projet vélo-école. Dès le début, la jeune association est sollicitée par la ville et la communauté de communes, heureuse de trouver un interlocuteur structuré pour représenter les cyclistes du territoire.

« Les participants retrouvent peu à peu le geste, la confiance, l’équilibre. En acceptant les contraintes, ils progressent », explique Isabelle qui a suivi une formation d’éducatrice mobilités à vélo à l’Institut de formation du vélo (Ifv).

Roues libres en coutançais s’inscrit dans un mouvement cycliste, national, structuré et dynamique. Dès sa création, l’association a rejoint la FUB – Fédération des Usagers de la Bicyclette -, un réseau national qui rassemble près de 600 associations engagées pour le développement du vélo. Le conseil d’administration s’est appuyé sur les statuts-type de la FUB pour établir sa structure. Roues libres en coutançais collabore aussi avec d’autres associations comme l’ AF3V – association française pour le développement des véloroutes et des voies vertes – et le réseau d’ateliers de réparations participatifs L’Heureux Cyclage 

Les premiers ateliers d’auto-réparation se tenaient autour d’une remorque, dans une cour d’école. « L’idée était de permettre aux personnes démunies d’apprendre à réparer leur vélo », raconte Jean-Philippe. Avec le matériel de la ressourcerie Tri-tout Solidaire du Pays de Coutances, dont Isabelle est aujourd’hui mécanicienne salariée. Début 2025, l’atelier s’installe dans de nouveaux locaux rénovés de la gare, obtenus après cinq ans d’attente dans le cadre d’un appel à projets de la SNCF.

L’association fonctionne uniquement grâce aux adhérents et aux bénévoles : 118 membres en 2025, des permanences hebdomadaires, et surtout une volonté de promouvoir des alternatives crédibles à la voiture. Les ateliers itinérants sur les festivals locaux, les collaborations avec la ressourcerie Tri-tout Solidaire ou encore l’événement annuel Les Rayonnantes — une semaine de balades, concerts, visites et convivialité — témoignent d’une dynamique bien installée. 

Mais tout n’est pas simple. Les avancées en matière d’infrastructures restent lentes malgré la volonté politique des élus, dont la création d’un service mobilités en 2021 pour la communauté de communes. « Mais on a un millefeuille administratif », regrette Jean-Philippe Chedemois. Réglementations caduques, arbitrages… La sécurisation des trajets cyclables progresse, mais pas au rythme espéré de l’association. Malgré tout, Roues libres en coutançais avance, soutenue par un collectif informel d’associations cyclistes de la Manche.

Et à écouter Michelle Vanackere, l’impact est bien réel : « Grâce à la vélo-école, je vais pouvoir me déplacer à vélo. C’est du plaisir, de la liberté. »

Carolina Roatta