35 % des espèces étudiées sont menacées d’extinction

Publié le 25 mai 2023

C’est un travail inédit à l’échelle de la Normandie, une sorte d’état des lieux de la biodiversité de la faune – et de ses menaces. Grâce à l’expertise et aux données de plusieurs associations naturalistes régionales, l’Agence normande de la biodiversité et du développement durable a coordonné la création de six listes rouges d’espèces d’animaux et d’insectes menacées de disparition.

L’Agence normande et ces associations ont analysé les données de 10 ans d’observation de terrain, concernant 322 espèces, pour parvenir à un chiffre, édifiant, qui donne à voir la dégradation de notre environnement sous l’emprise de l’activité humaine : 35 % des espèces étudiées sont menacées ou quasi-menacées. Chez les amphibiens étudiés, 1 espèce sur 2 est menacée d’extinction ; 1 sur 3 chez les reptiles ; 1 sur 3 chez les mammifères ou encore 1 sur 6 chez les rhopalocères (papillons de jours). Et 15 espèces ont disparu de la région, dont le castor.

Pour établir qu’une espèce est menacée, l’ANBDD a repris la méthodologie de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) qui établit neuf statuts différents, d’espèce éteinte à préoccupation mineure. Les espèces sont ensuite rangées dans ces catégories en fonction de leur risque de disparition. Pour cela, l’UICN fixe cinq critères dont la réduction de la population, la répartition géographique ou le déclin d’une petite population. Il suffit qu’un seul des critères soit rempli pour que l’espèce soit classée dans une des catégories de menace.

20,9% des espèces de mammifères menacées

Pour les mammifères par exemple, 67 espèces ont été évaluées. 14 espèces de mammifères présentes en Normandie sont considérées comme menacées, soit 20,9 % des espèces de mammifères de la région. Parmi elles, le loir gris est en danger critique d’extinction ; et l’hermine est en danger. 16 sont des espèces quasi menacées comme le muscardin, le lapin de garenne ou le marsouin commun. 33 sont classées en préoccupation mineure, donc non menacées, comme le campagnol des champs, le hérisson d’Europe, l’écureuil roux ou la pipistrelle commune. Et trois espèces sont considérées comme disparues : le castor d’Eurasie, le chat forestier et le vison d’Europe.

L’objectif de la démarche est d’alerter les décideurs sur les pressions qui conduisent à ces menaces. « Tant que les pressions comme les pollutions, la destruction de milieux naturels comme l’artificialisation des sols, ou l’apparition de nouvelles espèces dues aux activités humaines comme les transports internationaux, ces espèces et d’autres seront en danger », explique Romain Matton, chargé de mission animation de la biodiversité et du réseau des contributeurs, au sein de l’ANBDD. « Ces listes rouges doivent être un outil d’aide à la décision, afin de quantifier l’impact des politiques publiques via certains aménagements. Ces espèces menacées mettent en lumière l’intérêt écologique de certaines zones et les pressions qu’elles subissent. Quand une espèce est quasi-menacée aujourd’hui, il faut éviter à tout prix qu’elle ne bascule vers la menace de la disparition… Malheureusement, on sait que cette bascule se fait très rapidement. » En Normandie, un élevage conservatoire de sonneur à ventre jaune, un petit crapaud menacé d’extinction, a été créé.

Effet du changement climatique

Le changement climatique influence également la présence de certaines espèces. La mante religieuse en fait partie. « Très peu présente il y a une 20aine d’années dans la région, elle se disperse aujourd’hui à très grande vitesse sur tout le territoire », ajoute Romain Matton. Parfois, sous l’effet d’une colonisation naturelle, des espèces réapparaissent. C’est le cas par exemple du loup gris, qui a été observé à quelques reprises en Normandie ces dernières années.

Quelles espèces seront menacées dans 10 ans ? Lesquelles auront disparu ? L’ANBDD et ses partenaires referont un point d’étape, dans une dizaine d’années, pour mesurer les évolutions à partir des données de 2022.

Au premier semestre 2014, une étude paraîtra sur les populations d’oiseaux en Normandie, qui n’ont jusque là pas été étudiées. Le 15 mai dernier, une étude d’envergure a montré que 20 millions d’oiseaux disparaissent en moyenne d’une année sur l’autre en Europe, depuis près de quarante ans ; et que ces disparitions sont provoquées principalement par l’agriculture intensive.

Plus d’informations ici : https://www.anbdd.fr/publication/liste-rouge-des-mammiferes-de-normandie/
Photo de une : Petits rhinolophes, F. Schwaab/ANBDD

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