« Je ne perds jamais. Soit je gagne, soit j’apprends. »

En décembre, sur Grand-Format, nous vous parlons de Territoire zéro chômeurs, à Colombelles : une nouvelle façon de lutter contre le chômage. Après un parcours difficile, Sofian a commencé à travailler pour Territoire zéro chômeurs. Les jeunes de la mission locale l’ont interrogé dans le cadre des ateliers d’une résidence de journalisme.

Comment est-ce que tu es arrivé à travailler pour Atipic?

Sofian : Quand j’étais à l’école, j’étais un élève perturbateur. Les professeurs me disaient: «Tu es un bon à rien. Tu ne feras jamais rien de ta vie.» Je partais à la dérive, je commençais à faire la fête tous les soirs de la semaine. Et puis j’ai voulu montrer à ceux qui me disaient que j’étais à bon rien que j’étais capable. J’ai rattrapé deux ans de CAP en 4 mois. Un CAP de serrurier métallier. J’ai montré à tout le monde que j’étais capable. Avec la volonté, le mental, on peut apprendre de choses. J’ai repris des études et je me suis lancé dans la cuisine. J’ai arrêté l’école à 20 ans. Pendant quatre mois, je n’ai rien fait, mais je n’arrive pas à ne rien faire! J’ai repris une formation: l’école de la deuxième chance, à Hérouville Saint Clair.

En janvier 2018, j’ai commencé en tant que commercial avec Atipic. Je devais proposer les services d’Atipic aux entreprises, aux personnes. Cela ne s’est pas bien passé. En septembre, j’ai tout fait pour entrer en garantie jeune. Avec l’aide de la mission locale, je suis rentré en CDI au sein d’Atipic, dans l’équipe travaux. C’est un tremplin pour pouvoir monter en compétences et me diriger ensuite vers d’autres entreprises pour laisser de la place à d’autres qui en ont besoin.

Tu as une phrase que tu apprécies beaucoup, et qui est affichée au milieu de l’atelier…

Oui, c’est «Je ne perds jamais. Soit je gagne, soit j’apprends.» C’est une phrase de Nelson Mandela que j’aime me rappeler quand je perds confiance en moi. Quand tu l’ancres dans ta tête, cela permet de te dire que ce n’est pas un échec. Dans ta vie, tu en apprends toujours. Aujourd’hui, en obtenant mon contrat maraichage et travaux, je souhaite me spécialiser dans l’espace vert. Je ne suis pas ce qu’ils m’ont décrit. J’en suis fier: en peu de temps, j’ai réussi à faire ce que les autres ne pensaient pas que je sois capable de faire.

Pourquoi as-tu choisi de travailler aux espaces verts?

Je ne connaissais pas du tout. Je pensais que c’était des choses assez banales. Dans les faits, on s’aperçoit que cela ne l’est pas du tout. Cela rend service à des particuliers, à des personnes âgées, cela leur plait. La taille de haie, certains veulent des motifs particuliers. Couper un laurier en boule, par exemple, ça demande des compétences. J’ai demandé une formation pour apprendre tout cela.

Qu’est-ce qui te plaît le plus dans ton travail?

Je travaille avec des gens qui ont de l’expérience. Ils peuvent m’apprendre beaucoup. Et moi aussi: je pourrais leur apprendre la soudure. Le côté financier est aussi important: quand j’étais en formation, ou apprenti, je n’étais que très peu payé. Le fait d’avoir un CDI est bien, mais il ne faut pas oublier que ça peut s’arrêter à tout moment. On ne fait pas toujours la même chose, mais je ne me lève jamais pour rien. Je me lève pour apprendre, parce que j’ai envie, je suis motivé. La paie est une motivation. L’argent y contribue aussi, sinon je serai bénévole. Et puis nos activités changent des choses à Colombelles: un taxi solidaire a été monté. Cela aide les personnes.

Propos recueillis par Brayan, Marina, Benjamin, Valentin et Elodie, dans le cadre d’une résidence de journalisme à Colombelles.

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Les résidences

De quelques jours à plusieurs semaines, les journalistes et photographes de Grand-Format s’immergent dans un établissement scolaire, une médiathèque, une ville... pour y mener des ateliers d’éducation aux médias et un travail journalistique. Avec des jeunes et des moins jeunes, nous construisons ensemble ces éditions spéciales de Grand-Format issues de ces résidences.