D’après l’enquête de Caen la mer de mars 2023, le plan du développement de la mobilité douce n’est pas un processus nouveau sur le territoire car le département s’inscrit dans cette dynamique depuis 2004. L’idée n’est pas d’équiper seulement les villes et les communes, mais également de créer un réseau départemental. Dans l’élan que Caen poursuit pour construire une ville plus axée autour des transports bas carbone, d’autres acteurs se mobilisent pour la transition climatique.
Il existe par exemple l’association Les Dérailleurs à but non lucratif, des acteurs citoyens actifs dans toutes les étapes de l’adaptation du territoire, passionnés de vélo. Ils veillent à sensibiliser aux pratiques vertes et au bon déroulement des travaux d’aménagement en proposant des travaux d’adaptation des pistes cyclables. Le travail des Dérailleurs s’inscrit dans une logique de contrôle de la pérennité des installations cyclables pour l’amélioration des conditions de circulation.Son objet est la promotion du vélo dans le Calvados. Les actions sont majoritairement le plaidoyer auprès des élus et des techniciens pour le vélo, la bonne cohabitation avec les différents usagers, et les promenades dominicales qui permettent de découvrir un territoire avec ses enjeux et les stands d’informations.
Il n’est pas rare que l’Orne déborde de son lit, ce qui peut inonder les pistes, d’autant que le département du Calvados est grandement composé de plaines, ce qui rend les pistes particulièrement submersibles en cas d’inondations. Caen est sujette aux catastrophes naturelles présentes et futures.
122,3 km sont prévus pour les aménagements de ce réseau cyclable à Caen. Le budget de la communauté urbaine Caen-la-Mer 2019 était de 450 000 euros. Le département du Calvados a voté un budget de 38 millions d’euros pour l’année 2023 à 2028 afin de continuer l’aménagement du territoire. En 2023 le budget avait été de 4,25 millions d’euros. Une partie du budget futur devrait être consacré au plan d’aménagement cyclable porté par les Dérailleurs.
Augustin DARONDEL
Les Dérailleurs, l’accompagnement citoyen au développement des pistes cyclables
Interview de Enzo Brière, service civique aux Dérailleurs.
Pouvez vous présenter le projet Caen axe Nord-Sud et ce qu’il implique dans la transformation de la ville?
Ce projet consiste à faire une continuité cyclable dans Caen du Nord au Sud pour pouvoir traverser d’un bout à l’autre. C’était le projet d’il y a un an ou deux. Cette année, nous réfléchissons à un projet express vélo, au-delà de Caen, dans un ensemble jusqu’à Bayeux, c’est un réseau tout entier pour relier les grandes villes de façon rapide, simple et efficace.
Le Calvados a débloqué 38 millions d’euros pour l’aménagement du territoire, est-ce que le budget est suffisant pour toutes les ambitions d’aménagement ?
Une partie de ces financements vont dans des réaménagements, nous essayons de travailler plus avec les collectivités de Caen, Lisieux et Bayeux, les collectivités n’ont pas toutes les mêmes compétences, tous les schémas de réseaux se font par collectivités, ce qui rend l’unification des projets difficile.
Comment avoir un réseau cyclable pérenne écologiquement?
Il y a d’abord la question des matériaux qui sont utilisés pour la construction des pistes. Les voies vertes par exemple sont faites en stabilisé (technique de revêtement des sols) qui se dégradent rapidement ça comporte deux problématiques: le premier est la durée de vie des pistes qui est faible, elles résistent mal aux intempéries et doivent être renouvelées tous les cinq ou deux ans. Le second est que le choix des matériaux est crucial pour ne pas y revenir trop souvent.
Pourquoi la France met-elle autant de temps à se tourner vers le vélo?
Au moment des différentes crises économiques, nous ne nous sommes pas tournés directement vers le vélo comparé aux Pays Bas par exemple, ils se sont tournés vers le vélo plutôt que la baisse du prix du pétrole et se sont tournés plus facilement vers l’aménagement des pistes cyclables. Là-bas, le terrain est plus plat. Nous avons pris ce tournant moins rapidement, mais le facteur projet de long terme que les élus se renvoient joue également et comme la voiture est bien installée, il y a aussi une inertie parce que ça marche bien, les habitudes sont difficiles à changer.
L’aménagement fait-il partie des préoccupations de la ville ?
Il n’y a pas de schéma directeur de l’aménagement des pistes cyclables à Caen, tout est fait par tronçons isolés d’un plan d’ensemble. Du côté de Bayeux, le schéma directeur a été voté l’année dernière. Une fois que c’est voté, c’est bon pour les quinze ans suivants. Mais en même temps Caen essaie aussi d’innover par exemple sur les chemins ruraux ils ont testé un nouveau procédé qui apporte moins de matières premières en utilisant ce qui est sur place et un liant hydraulique.
Propos recueillis par Augustin DARONDEL
Le cas de l’estuaire de l’Orne
Ce site localisé sur le littoral est l’endroit où l’Orne se termine. Il fait le lien entre la partie portuaire de Caen et la promenade plus naturelle, moins industrialisée, est entretenue par le Conservatoire du littoral de Normandie. Zone de conservation de la faune, de la flore et de l’habitat des humains, elle fut sujette à la rupture de sa digue principale qui entraîna une importante inondation du site.
La voie verte qui longe l’estuaire se retrouve souvent inondée. La dépoldérisation (poldériser : espace clos, conquis sur les eaux au moyen d’endiguements, puis asséché par le drainage à des fins traditionnellement agricole, la dépoldérisation est le retrait des polders) ouvre la voie à une restitution écologique du site environnemental. Dans ce cadre de restructuration du paysage a des fins d’adaptation environnementale la piste cyclable sera décalée d’un kilomètre plus loin que le littoral en cas de crue. Le projet n’est pas de retirer les adaptations humaines du littoral, mais de les replacer par rapport aux évaluations de risques écologiques à venir tout en laissant l’espace ouvert à des activités humaines.
A.D.
Augustin DARONDEL