Transformer son jardin en paradis pour la biodiversité 

«41% des espèces d’oiseaux de jardin sont en déclin», selon le bilan du programme de l’Observatoire des oiseaux des jardins. D’après les spécialistes, cette chute de la population d’oiseaux, des petits mammifères et des insectes est dû à la difficulté à trouver des ressources alimentaires, des abris et à circuler entre les jardins privés. Cette situation trouve en partie son origine dans la manière dont les espaces verts sont conçus maintenant. Des lieux fermés, qui demandent peu d’entretien et qui sont esthétiques. Mais il existe différents moyens pour adapter son jardin afin de coexister avec ces écosystèmes, tout en gardant un lieu agréable à vivre.

La création d’espaces mixtes

Pour qu’un jardin devienne un lieu adapté à la faune, il faut qu’il y ait des espaces ouverts comme une pelouse, mais également des espaces bocagers avec des arbustes et des haies. Cela va créer des zones protégées qui pourront servir d’habitats et de lieu de chasse pour les petits mammifères. Cependant, il est important de prendre en compte quelques paramètres pour que celles-ci répondent aux besoins des animaux. L’Office français de la biodiversité (OFB) conseille de planter des espèces végétales indigènes, c’est-à-dire locales. Les espèces exotiques, bien que considérées plus jolies, altèrent l’équilibre de la biodiversité locale. Elles perturbent les animaux et sont inutiles pour eux. Il également important de choisir quelques espèces qui gardent leurs feuilles en hiver, pour maintenir ces espaces protégés des regards toute l’année.

Adapter la tonte et le taillage au printemps

En mars, la nature se réveille et les végétaux poussent plus rapidement. Cependant, bien que cette végétation soit essentielle à l’équilibre de la biodiversité, de nombreux jardins sont tondus et taillés presque militairement. Dans l’idée de cohabiter avec la faune et la flore, il est conseillé d’adapter l’entretien de son jardin jusqu’en septembre. Comme compromis, les haies peuvent être taillées dans des formes plus simples et des zones de tonte peuvent être délimitées pour laisser certains espaces au naturel. Selon l’OFB, la présence de pelouses entretenues et de zones plus herbagées est bénéfique pour «assurer au niveau du sol un microclimat et une humidité favorables à de nombreuses espèces». Au sujet des outils, il y a des précautions à prendre avec l’utilisation des robots tondeuses. De nombreux petits mammifères se retrouvent scalpés par les machines qui leur passent dessus sans les sentir. Il est important d’adapter les horaires du robot pour éviter ça.

L’importance des points d’eau

Souvent, les personnes pensent à mettre de la nourriture à disposition, comme des graines pour les oiseaux, c’est un bon geste, mais il est important de penser à installer des points d’eau pour les animaux. Cette ressource est essentielle et plus difficile d’accès qu’on ne le pense. L’idéal est d’en laisser même en hiver. Il est conseillé de privilégier des coupelles larges et peu profondes pour qu’elles soient accessibles à tous. Cependant, il faut faire attention à mettre des points d’accroche pour éviter les noyades. Le plus simple est de mettre quelques pierres dans la gamelle ou des branches à proximité. Pour éviter les bactéries et les moustiques, l’eau doit être changée régulièrement.

Léa-Cassandre TIR


Un hérisson dans la ville

Dans cette idée d’adapter un jardin à la biodiversité, le projet Piqu’en ville développé par le Groupe Mammalogique de Normandie (GMN), propose de créer des passages à hérisson entre les jardins pour faciliter le déplacement de l’espèce. Nicolas Klatka, chargé de mission mobilisation citoyenne au GMN, présente le projet.

Comment cela se passe pour installer un passage à hérisson chez soi?

On ne fait pas qu’un trou dans le jardin, on va chercher s’il n’y a pas des passages déjà existant dans son jardin. On n’est pas forcément dans la création, mais dans la valorisation. Si c’est un morceau de grillage, on le refait peut-être à la bonne taille. L’autre question que l’on se pose est: qu’est-ce qu’on peut faire pour améliorer son déplacement dans le jardin pour éviter qu’il passe sur les trottoirs et le long des routes?

Un hérisson a besoin d’un territoire de quelle superficie?

Il a besoin de plusieurs hectares de domaine vital. Après un domaine vital ce n’est pas un territoire, il y a pas de défense de territoire et c’est pas aussi délimité qu’on l’imagine. Sur ce domaine, il va y avoir un noyau qu’il va beaucoup fréquenter. C’est là que ça va être riche en insectes, en invertébrés, où il va trouver des endroits pour faire des abris.

Si le passage est entre deux propriétés, est-ce qu’il faut l’accord des deux personnes?

Oui, c’est hyper participatif. Au départ, la personne vient nous voir et nous leur donnons les éléments pour aller voir leurs voisins. Comme ça ils comprennent bien comment ça fonctionne, quel passage on va devoir réaliser, si c’est du mur ou du grillage et quelle forme cela a.

Un passage fait quelle taille dans l’idéal?

C’est 15 cm de diamètre dans un mur parce qu’on le fait à la carotteuse et vous allez voir dans les grillages où c’est un peu plus variable suivant le type de grillage.

En termes de chiffres, il y a combien de passage aujourd’hui?

Sur l’ensemble de la région, on a 336 jardins et espaces publics participants, 170 passages créés au total et 214 jardins et espaces publics connectés avec ces passages.

Propos recueillis par Léa-Cassandre TIR


La lumière, un nuisible insoupçonné

Depuis quelques années, les éclairages extérieurs sont développés dans un but esthétique ou pratique. Pourtant, ces systèmes, s’ils sont mal réglés, deviennent un facteur nocif et peu connu, la pollution lumineuse. En effet, ils bouleversent complètement la faune et la flore dans les jardins. Ils perturbent les cycles de sommeil des animaux nocturnes et diurnes, deviennent des pièges pour les insectes et empêchent la circulation des petits mammifères qui veulent échapper au regard. Une étude sur les conséquences de la pollution lumineuse de l’université d’Exerter, explique que celle-ci altère la chute des feuilles chez les arbres. Pour éviter cela, il y a plusieurs paramètres à prendre en compte afin d’adapter ces éclairages extérieurs. Il est conseillé de privilégier les lumières avec des tons chauds comme l’ambré. Mais également de faire attention à ce que celles-ci ne soient pas trop intenses. Le mieux est d’avoir un éclairage qui ne dépasse pas les 35 lumen/m². Il faudrait également limiter le nombre de lumières et prioriser celles qui sont réellement utiles.

L.-C. T.

Léa-Cassandre TIR