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Souvenirs d’enfance du débarquement

Nous sommes les élèves de la classe de CE2-CM1-CM2 de Saint Aubin sur mer. Avec notre maitre, nous avons eu la chance de rencontrer monsieur Pierre Bouet le 08 avril dernier dans notre école. Ce dernier avait 7 ans lors du D-DAY et il nous a fait le récit de ses souvenirs dans son village de Fontaine Henry. Nous vous proposons de plonger dans un témoignage authentique qui nous a éclairés et inspirés.

« Bonjour, je m’appelle Pierre, j’ai 87 ans et je vais vous raconter mes souvenirs du débarquement. Nous sommes le 6 juin 1944, j’ai 7 ans, il est deux heures du matin, mon père me réveille. J’entends des bombardements qui proviennent de la côte. Je ne suis pas très loin, j’habite à Fontaine Henry dans une petite maison non réquisitionnée par les allemands. Mon père nous emmène mes frères et moi se cacher dans une carrière. L’ensemble des habitants se trouvait là-bas. Les personnes âgées ne voulaient pas abandonner leur maison car certaines étaient malades. C’est le grand jour, les Allemands ne voulaient pas y croire, pourtant c’était bien réel, le débarquement avait débuté. En effet, le 06 juin 1944 à 17h Fontaine Henry était libéré par les Canadiens. Les Canadiens étaient surpris de ne voir personne dans les maisons. Pourtant nous resterons à l’abri dans cette carrière pendant un mois de peur d’éventuelles représailles des allemands.  Nous avons attendu la libération de la ville de Caen, elle aura lieu le 19 juillet 1944.

L’ambiance dans la carrière était festive, et même euphorique. Nous avons découvert des nouveautés gustatives et c’était très surprenant par exemple, j’ai mangé pour la première fois de ma vie du pain blanc ou encore des bonbons en caramel de forme carrée.

Le premier soir, nous avons donné du bon cidre aux Canadiens pour les remercier. Ce geste n’était pas une bonne idée, nous avons fait une erreur. En effet, les Allemands n’étaient pas loin et les Canadiens éméchés sont sortis de la carrière et sont passés devant la Kommandantur qui se trouvait à proximité d’une autre carrière au péril de leur vie. Le bilan fut tragique : un mort et deux blessés.

Un peu plus tard, je peux vous dire que les Canadiens ont sauvé ma propre vie. En effet, je suis tombé malade, je ne savais pas ce que j’avais mais je n’arrivais pas à m’en remettre. Un jour, un Canadien s’inquiétant de ne plus me voir, me proposa un médicament pour me guérir. Quelques jours plus tard, j’étais remis, je crois que j’avais pris un antibiotique pour la première fois de mon existence.

Nos relations avec les Canadiens étaient agréables. Je me souviens de balades dans leurs camions pour porter des repas dans des grandes marmites de camp en camp, de Beny à Basly par exemple.  Ils me défiaient de chanter en anglais « it’s a long way to tipperary », et même si je chantais faux, cela les amusait et ils m’offraient une louche de pruneaux à la crème. C’était la liberté, comme si c’était une période de grandes vacances.

Je pourrais vous raconter bien d’autres choses. Ces souvenirs sont gravés à jamais dans ma mémoire, et aujourd’hui doivent être gravés dans les vôtres, il est impératif de les transmettre aux nouvelles générations et de devenir des passeurs d’Histoire.»

Les élèves de CE2-CM1-CM2 de Saint Aubin sur mer