Renault Trucks Blainville : objectif zéro eau rejetée d'ici 2025

Le deuxième consommateur d’eau sur le bassin de l’Orne, Renault Trucks se met au recyclage de ses eaux usées. Un projet majeur pour l’usine. 

Ce 23 octobre 2023, Laurent Lalouelle, ouvre les portes de l’usine Renault Trucks de Blainville-sur-Orne, près de Caen. Correspondant environnement de l’entreprise depuis 2008, il surveille et vise à réduire l’impact environnemental ainsi que les déchets liquides et atmosphériques de Renault.

Renault Trucks est une entreprise de 75 hectares située sur le bassin de l’Orne à Blainville sur Orne. On y fabrique des cabines de camions. Tout part d’une bobine de tôles métalliques, à la transformation en cabine, puis la peinture et le garnissage des cabines et enfin, l’assemblage du châssis et de la cabine. L’atelier tôlerie et peinture s’occupe de dégraisser la cabine afin de la traiter pour quelle puisse être peinte et affronter les diverses agressions externes. Celle-ci a donc besoin d’un apport d’eau conséquent pour atteindre son objectif.

«Quel type d’eau?»

Il faut savoir que l’entreprise utilise de l’eau de ville dans l’atelier tôlerie et peinture des cabines. Une fois utilisée, elle est traitée et rejetée dans l’Orne. Lorsqu’elle est remise dans la nature, elle n’est pas potable mais elle est conforme aux réglementations.

L’eau qu’on renvoie en milieu naturel doit être conforme.

Ce n’est pas la seule eau qui fait partie des rejets d’eau de l’usine de Blainville : on en compte trois types : les eaux pluviales (qui tombent dans l’enceinte de la zone industrielle, et qui doivent repartir réglementairement), les eaux usées (sanitaires, douches, cantines, qui partent vers la station d’épuration de grand Caen) et enfin les eaux industrielles, qui ont pour projet d’être recyclées.
Actuellement, l’eau est rejetée dans l’Orne et se doit d’être conforme aux 5 000 paramètres réglementaires. Le processus actuel en place pour l’eau comporte des cuves sur trois étages. Ces contenants permettent de tremper des cabines de camions et de les retourner à 360°. Une fois qu’on a de l’huile et de la graisse sur ces cabines, on doit les dégraisser pour commencer les applications d’anti-corrosion et de peinture. 
Il y a quatorze bains dont dix dans lesquels on retrouve 100m3 d’eau et de produits pour traiter ces cabines. Il faut savoir qu’une cabine franchit ces étapes toutes les trois minutes. Régulièrement, ces bains sont vidés de leur eau polluée. Cette dernière doit être traitée avant d’être rejetée en milieu naturel. 230m3 d’eau sont soutirés de ces bains par jour. Deux fois par an, ces mêmes bains sont vidés dans leur entièreté.

Eau propre prête à être rejetée dans l’Orne

« Boues »

« Si tout va bien, il nous restera que ces polluants qui sont envoyés en incinération après. »

Ces déchets sont appelés « boues » et sont envoyés vers une entreprise spécialisée dans l’incinération et le recyclage de ces déchets. Le recyclage de l’eau mis en place, les boues sont alors les seuls déchets de l’eau sortant de l’usine. Une fois que l’eau est traitée, elle est remise dans le circuit.

Objectif zéro eaux usées

A cause des sécheresses à répétition, les nappes phréatiques ne sont plus capables de se recharger en temps et en heure pour répondre à notre consommation d’eau. De plus, la population de la région a augmenté drastiquement et un arrêté sécheresse a été mis en place. Les usines sont alors touchées par des restrictions d’eaux allant jusqu’à 20% de moins. Ne sachant pas comment fonctionner avec un taux aussi réduit d’eau, l’usine de camion serait dans l’obligation de cesser la production. De plus, Renault Truck participe à la COP21 : celle-ci vise à la réduction de carbone mais aussi à une réglementation de l’eau. Aujourd’hui, Renault Trucks consomme 80 000 m3 d’eau et en rejette 55 000 m3. D’ici août 2025, Renault Trucks souhaite rejeter 0 eau usée. « L’objectif c’est d’aller vers le 0 rejet » précise Mr. Lalouelle.

Si le projet arrive à bout, le taux de consommation baissera de 50 %, bien au-delà des 20% demandés par l’administration. L’usine ne sera donc pas arrêtée en cas de sécheresse et pourra continuer sa production. Ceci est une bonne nouvelle pour les 2700 employés et l’environnement.

«Les moins 30% d’eau sont en vigueur pour toutes les usines.»

Il y a trois usines de production de cabines de camion: celle de Blainville, celle d’Umea en Suède et celle de Curitiba au Brésil. Les trois sont affectées par la loi des 30% de réduction mais leur façon de la gérer dépend des problèmes locaux. Par exemple, l’électricité étant moins chère en Suède, l’usine Umea recycle 80% de l’eau qu’elle utilise. De ce fait, la solution diffère d’un pays à l’autre.

Atelier tôlerie et peinture 2ème étage


Mais avant de modifier la structure du bâtiment pour changer le circuit de l’eau, il y a ce qu’appelle Laurent Lalouelle une «chasse au gaspillage». Celui-ci insiste fortement sur ce principe. «La première chose à faire, c’est de réduire et modifier la consommation.»

Article rédigé par Margaux Kergus

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