En 2023, la température maximum à ne pas dépasser sur terre a été franchie. Cette hausse de 1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle a accéléré la fonte des glaciers et provoqué la multiplication des feux de forêt. Les premières personnes impactées par la hausse des températures sont celles habitant les îles tropicales en raison de l’élévation de la mer qui va les inonder et par conséquent les faire disparaître. C’est le cas pour Tuvalu, petit archipel polynésien, situé dans l’ouest de l’océan Pacifique Sud. Les premiers réfugiés climatiques ont été accueillis en Australie, devenue «terre d’accueil» pour les 11000 habitants de l’archipel. D’après France Info, les neuf atolls qui composent l’archipel de Tuvalu sont menacés de disparition d’ici un siècle. Depuis quelques années le pays est grignoté par l’océan, ce qui augmente la fréquence des inondations et l’érosion des côtes. De plus, la salinisation des sols a rendu l’activité agricole plus compliquée. La mer monte vite, l’Australie s’est engagée à réunir 16 millions de dollars australiens, soit l’équivalent de 9,5 millions d’euros, pour consolider les côtes et récupérer du terrain sur la mer. La solution de dernier recours est l’évacuation de l’archipel…
Le rôle des pays
Le rôle des COPS est de répondre à ces problèmes majeurs. Mais comment faire pour trouver une solution commune pour ralentir le réchauffement climatique, sachant que chaque pays va essayer de préserver son intérêt? Chaque pays fonctionne différemment et ne dispose pas des mêmes moyens. L’idéal serait qu’il y ait une entente internationale, c’est-à-dire que les pays les plus riches investissent davantage pour aider les pays les plus pauvres. Cela pourrait notamment aider certains pays à trouver des énergies alternatives, c’est-à-dire limiter l’utilisation d’énergie fossile et favoriser les énergies renouvelables.
Rien n’est perdu
D’après les scientifiques, il est encore possible de changer les choses. En effet, l’urgence climatique est aujourd’hui une évidence, mais il y a encore des moyens de limiter son impact. En un siècle, les conséquences que cela a engendrées sont déjà bien visibles: fonte des glaciers, montée des eaux de 20 centimètres, modification des écosystèmes, augmentation des cyclones, etc. Et toutes ces conséquences pour une hausse de seulement 1,1°C alors que l’on parle de 3 ou 4°C supplémentaires encore d’ici la fin du 21e siècle!
Lorsque l’on se projette vers l’horizon 2100, il y a deux scénarios possibles: le premier, qualifié d’«optimiste», par l’application immédiate d’une politique climatique internationale, provoquerait quand même une augmentation d’environ 1°C. Le second scénario, qualifié de «pessimiste», sans politique climatique, entraînerait une élévation de l’ordre de 4°C, avec des conséquences environnementales et sociétales irréversibles.
En France, par exemple, on réfléchit déjà aux adaptations nécessaires dans le cadre d’une augmentation de 4°C, comme si ce très fort réchauffement pour le futur était inéluctable… Est-ce à dire qu’on ne peut plus agir dessus? A-t-on déjà acté que la bataille était perdue?
Ce type de positionnement n’est pas un signal fort pour agir dans la recherche d’une atténuation du phénomène, de l’échelle du gros industriel à celle du simple citoyen. Or, toutes les actions sont importantes, des plus grandes aux plus petites, car chaque gramme de CO2 en moins dans l’atmosphère compte !
Ilona ROMAIN
«Tout le monde peut et doit encore faire quelque chose!»
Interview d’Olivier Cantat, Professeur de Géographie à l’Université de Caen-Normandie et expert pour le GIEC Normandie.
Est-ce qu’à notre échelle, nous avons encore un impact sur le changement climatique?
Il n’est jamais trop tard. À partir d’aujourd’hui, de cette minute, tout ce qu’on n’envoie pas comme gaz à effet de serre dans l’atmosphère est bénéfique pour limiter le réchauffement planétaire. […] Si on veut réduire notre empreinte sur le climat, il va falloir qu’on fasse des efforts au niveau de tous les pays. D’après les travaux du GIEC, les COP successives montrent bien ce qu’il serait nécessaire d’entreprendre à l’échelle internationale, mais également au niveau de chaque pays, de chaque région et de chaque individu. Tout le monde peut et doit encore faire quelque chose!
Y aura-t-il des pays beaucoup plus impactés que d’autres?
Oui, nous sommes tous affectés par le changement climatique, mais à des niveaux différents. La géographie et le niveau de vie expliquent souvent ces disparités. Les premiers touchés sont les habitants des petites îles tropicales. Pourquoi eux en premier? Parce que pour certaines, comme les atolls, ne disposant que de terres proches du niveau de la mer, elles vont être les premières à subir l’élévation de celle-ci en raison de la fonte des glaces continentales. [ …] En regardant à l’échelle du globe, les COP montrent que les solutions possibles pour lutter contre le réchauffement sont difficiles à mettre en place car les intérêts des pays divergent. Les pays les plus actifs sont ceux correspondant aux petites îles tropicales déjà évoquées car leur survie est en jeu! Sous leur impulsion, le seuil de réchauffement à ne pas franchir fixé à +2°C à la suite des accords de Paris en 2015 a ainsi été ramené à 1,5°C. Malgré cela, on voit déjà apparaître les premiers «réfugiésclimatiques», avec la population des atolls de Tuvalu qui va être accueillie par l’Australie…
Pensez-vous que les grandes entreprises ont un rôle dans la motivation des Français, car nous pouvons être découragés face à l’inaction des industries et l’enjeu écologique?
Je dirais que c’est le pouvoir de l’exemple. Il est certain que si on avait des décisions fortes prises au niveau international et par les grandes multinationales qui gèrent la planète, cela encouragerait les niveaux « inférieurs » (régional et local, privé comme public, et jusqu’à l’échelle du simple citoyen) à poursuivre et prolonger cette impulsion positive. Cela donnerait plus de confiance dans les actions à mener et dynamiserait le système pour aller vers une société plus vertueuse et respectueuse de son environnement…
Propos recueillis par Ilona ROMAIN
Et à l’échelle de la France, quels effets du changement climatique?
«Si les conséquences du changement climatique à l’échelle mondiale sont bien visibles et documentées, c’est aussi le cas en France, à l’image de l’Europe qui est la partie du globe la plus touchée par le réchauffement climatique, comme l’a récemment démontré un article scientifique. D’après Météo France, l’année 2022 est l’année la plus chaude jamais enregistrée. Sur l’ensemble de cette année, la température moyenne était de 14,5°C. Parallèlement, on a observé un fort déficit de pluie, tous les départements étant concernés par ce phénomène (entre 10% et 40% de précipitations en moins). Ce manque de pluie a créé une période de sécheresse remarquable, les trois quarts du territoire étant affectés, ce qui impacta aussi le niveau d’eau des nappes phréatiques. Enfin, l’été 2022 a connu trois vagues de chaleur extrêmes, allant jusqu’à plus de 40°C localement, notamment dans l’Ouest du pays, région pas habituée à ce genre d’excès.
«Plus précisément, en Normandie, d’après les données de Météo France de Caen-Carpiquet, on observe une diminution des jours de froid et les très fortes gelées se font de plus en plus rares. Depuis les années 1970-1980, cela représente environ 9jours de gelées en moins.
« Inversement, les jours de chaleur ne font qu’augmenter. Les très fortes chaleurs, au-delà de 35 °C, sont notamment de plus en plus fréquentes. Ce qui équivaut à 8 jours de chaleur supplémentaires. »
I.R.
Ilona ROMAIN