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« Quand on vient dans un pays, on doit l’aimer, [...], on doit s’adapter à ses valeurs. »

Freddy Sertin est député suppléant de la circonscription de Vire. Alors que la loi immigration venait d’être votée à l’Assemblée, des élèves l’ont rencontré pour parler du racisme.

Les élèves: Est-ce qu’il y a des cas de racisme dans la région?

Pas tant que ça. Quand j’avais votre âge, certains pouvaient tenir des propos racistes sur le ton de l’humour. Malheureusement, ils ont dû blesser beaucoup de jeunes à cette époque, sans le vouloir. Soyez vigilants parce que je pense que nous à nôtre époque, on l’était beaucoup moins. Comme je vous le disais en préambule, sur le ton d’une blague ça peut vite dégénérer. Pour moi, on ne doit rien laisser passer à ce niveau-là, que ce soit sur la question de la couleur, de l’orientation sexuelle, de la religion ou même du genre. Donc à vous aussi d’être les vigies à ce niveau-là vis-à-vis de vôtre entourage, de vos amis et dans vos classes et puis de pouvoir échanger régulièrement et informer vos professeurs lorsque vous détectez des restrictions ou des remarques où vous pourriez, à un moment donné, blesser vos camarades.”

Vire a été une terre d’accueil pour des réfugiés…

A chaque période de l’histoire la France a su ouvrir ses frontières, accueillir celles et ceux dans le besoin. Sur le territoire virois, il y a 40 ans, on a accueilli une communauté cambodgienne relativement importante. Beaucoup d’associations et de familles se sont mobilisées pour pouvoir les accueillir et les installer au mieux sur le territoire.

A l’époque, nous avons été sollicités, mes parents, moi, et bien d’autres, pour pouvoir accueillir des familles cambodgiennes et les accompagner au mieux dans leur quotidien. Pour eux, c’était un déracinement. Comme l’ont vécu les populations Irakiennes qu’on a accueillies à un moment sur Vire. Cette ville a toujours été une terre d’accueil. Justement, souvent, on dit qu’en ruralité les habitants sont repliés sur eux-mêmes, ne s’ouvrent pas aux autres. Il y a ce que l’on dit et ce que l’on fait, c’est comme en amour : des mots c’est bien mais des actes c’est mieux.

Que pensez-vous de la loi immigration?

J’ai voté favorablement cette loi. Nous savions que les sujets qui allaient contre les valeurs républicaines, insérés par d’autres groupes politiques, seraient rejetés par le Conseil constitutionnel. Mais certains médias ont fait croire que nous portions ces valeurs anti-républicaines. Nous savions que ça ne passerait pas.

L’immigration est un véritable sujet et enjeu pour notre société : on a besoin de l’immigration dans notre pays. Un pays ne peut pas vivre et se construire sans des apports de l’extérieur, sans des brassages culturels religieux. Avec ce texte de loi, on avance sur la partie intégration des travailleurs étrangers. On sort également les enfants des centres de rétention, les mineurs. On maintient le droit du sol parce qu’un certain nombre d’articles voulaient remettre en cause ce droit du sol. A l’heure actuelle, nous régularisons 10 000 personnes par an, en France, et avec ce nouveau texte on régularisera 10 000 personnes de plus. Donc on passe à 20 000 personnes. Je pense qu’il faut prendre beaucoup de recul.

Pensez-vous que cette loi renforcera le racisme en France ?

Le problème c’est qu’on a déjà des tensions communautaires relativement importantes. Vous l’avez vu notamment avec la communauté Israélite ou bien la communauté musulmane. Donc renforcer le racisme en France, je ne pense pas. Au regard des crises que nous avons traversées, je pense que les médias ont un rôle important dans le clivage qu’il peut y avoir entre nous. Pour moi, ce sont les médias qui adorent mettre de l’huile sur le feu et encouragent quelque part ces divisions.

Étudiez le texte en profondeur, comprenez-le, demandez à vos professeurs de vous le présenter. En fait, vous comprendrez l’ensemble des articles, et surtout vous vous ferez votre propre opinion. Et je pense que vous vous rendrez compte, en fait, que c’est juste un texte qui permet de mieux réguler, en gros, des personnes étrangères en France, qui viennent et qui ne souhaitent pas s’intégrer ou qui commettent des crimes et des délits. Il faut qu’on puisse les renvoyer plus facilement dans leur pays. Ça vous choque ou pas ? Vous voulez qu’on les garde chez nous ? Quand on vient dans un pays, on doit l’aimer, clairement, on doit s’adapter à ses valeurs. On ne doit pas renier ses origines, sa culture, sa religion, ça, là-dessus, on est entièrement d’accord. Par contre, il y a des valeurs républicaines (égalité, liberté, égalité, fraternité) et puis toutes les valeurs de la constitution et de qui font l’union de notre République, qui doivent être accepter par ces personnes qui viennent dans notre pays. Et si elles ne le veulent pas, on fait quoi ? On les renvoie.

Pour moi, un pays ne peut pas se construire seul, en se repliant sur lui-même. Ce n’est pas possible, on a eu des vagues migratoires depuis des centaines d’années. Là, en deux siècles, on a eu : les Espagnols, les Portugais, les Italiens. Ensuite, avec le retrait de la France des colonies, un certain nombre de personnes des colonies ont également été accueillies. Ce que je considère comme des populations françaises. Un pays ne peut pas se construire sans l’immigration.

Maxime, Andrew, Erwann, Louna et Mélissa.