Pubs papier ou numérique : quel impact ?

Nombreux sont ceux qui estiment que les publicités papier sont plus polluantes que leurs cousines numériques, mais qu’en est-il vraiment ? Des analyses approfondies révèlent qu’en réalité, la publicité papier génère une empreinte écologique plus minime que le numérique.

Concernant l’impact numérique, une étude de la Data & Marketing Association (DMA) montre qu’en 2022, les Français recevaient 7,15 messages publicitaires par jour, soit 2,46 de moins qu’en 2021. Ces messages incluent emails promotionnels, notifications et newsletters. Pour les entreprises, ils permettent de diffuser des informations ciblées et de fidéliser les clients par des offres. En revanche, chaque email transite par plusieurs serveurs et s’il n’est pas supprimé définitivement de votre corbeille, il reste stocké dans des centres de données nécessitant un refroidissement constant, consommant ainsi énormément d’énergie.

Le papier peut se montrer tout aussi polluant car bien qu’il soit entièrement recyclable, il n’est pas toujours recyclé. En France, seuls 46% des déchets ont été triés en 2022 selon le Ministère aménagement du territoire et transition écologique (MTE), ce qui signifie qu’un Français sur deux ne participe pas à ce geste simple. Lorsque le papier n’est pas recyclé, il est généralement incinéré ou enfoui dans des décharges. L’incinération émet des gaz toxiques (dioxine, métaux lourds, particules fines) et augmente les risques sanitaires pour les populations proches.

L’enfouissement, lui, peut contaminer sols et eaux souterraines et génère du méthane, un puissant gaz à effet de serre. Il nécessite aussi de nouveaux sites, posant des problèmes environnementaux et sanitaires. L’Analyse du cycle de vie (ACV) révèle que le papier a 1,7 fois moins de conséquences que le numérique sur l’appauvrissement de la couche d’ozone.

Des solutions existent pour limiter l’impact des publicités. Le bilan carbone des e-mails dépend du nombre de destinataires, du poids des pièces jointes et du temps de stockage sur les serveurs. Pour s’assurer de nos bons gestes, trier et supprimer nos e-mails inutiles, installer un anti-spam ou se désabonner des newsletters réduit notre impact écologique. Pour les publicités papier, des dispositifs nationaux ont été mis en place, en 2004, l’autocollant « Stop Pub » a limité leur diffusion. Depuis 2022, ceux qui les acceptent doivent apposer un « Oui Pub ». À Agen, cette expérimentation a fait chuter les imprimés collectés de 64,4 à 8 tonnes en un an.


Analyse des habitudes publicitaires

Dans le cadre de cette étude, une enquête anonyme a été menée afin d’analyser les pratiques en matière de publicité numérique et papier. Celle-ci a été réalisée auprès d’un échantillon composé d’employés de bureau (33,3 %) et d’étudiants (34,7 %), permettant ainsi de comparer leurs habitudes et préférences face aux différentes formes de publicité.

La plupart sont abonnés à 0-10 newsletters, mais seul 1 sur 3 se désabonne des entreprises qu’ils ne consomment plus. Parmi les 72 répondants, 43 % envoient des e-mails quotidiennement et 35 % une à deux fois par semaine, mais seul 1 sur 7 pense à compresser leurs pièces jointes. Côté papier, 68 % reçoivent des publicités, mais cela importe peu pour 75 % d’entre eux. Concernant les bonnes pratiques, un quart utilise déjà Stop Pub et, après explication, la moitié se dit prête à l’adopter, contre 1 sur 8 pour Oui Pub.

Y a-t-il, selon vous, des facteurs qui font que l’un peut devenir plus polluant que l’autre (publicité papier/numérique) ?

« Le stockage des publicités numériques sur des serveurs consomme énormément d’énergie. Dans les années 1990, ma mère recevait les catalogues de La Redoute une fois par semestre. Aujourd’hui, en numérique, on peut recevoir jusqu’à deux ou trois publicités de la même marque par jour. »

« La pollution du papier est plus visible, bien que beaucoup de Français recyclent leurs journaux. En revanche, la publicité numérique peut être limitée par l’utilisateur, réduisant ainsi son impact environnemental. »

Articles réalisés par Lucie Pereira Catarino