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« On aide les réfugiés ou les demandeurs d'asile à se débrouiller. »

Comment faciliter l’intégration des immigrés? De nombreuses associations s’investissent un peu partout en France. Rencontre avec l’une d’entre elles.

L’association héberge et accompagne des personnes qui sont en demande d’asile et des personnes réfugiées. Ce sont des personnes étrangères qui ont eu de gros problèmes dans leur pays et qui ne pouvaient pas être protégées : pour sauver leur vie, elles sont venues en France. Elles demandent à ce que la France puisse les protéger, leur donner des papiers pour qu’elles puissent rester et vivre ici comme tout le monde, avoir un travail, un logement. Ces personnes sont soit toute seule, soit en famille.

Quelles aides sont proposées aux personnes concernées ?

L’association propose un hébergement et de l’accompagnement. Les personnes migrantes vont être aidées pour des démarches comme l’accès au soin, à la santé (pouvoir aller à l’hôpital, voir un médecin), faire des demandes à la Caisse d’allocations familiales (Caf), pour obtenir des ressources, avoir de l’argent. « Nous les aidons à trouver un travail, une formation ou encore toute la partie administrative pour obtenir un titre de séjour, explique une employée. On organise aussi des activités, des cours de français. »

Combien de personnes un employé de cette association peut-il suivre?

Une personne peut s’occuper de 25 à 30 dossiers. Ça peut être des familles, des couples, des familles plus grandes, des jeunes seuls, des personnes plus âgées, une femme seule avec ses enfants… « Sur le service où moi je travaille, ils ne sont plus en demande d’asile, ils sont protégés, ils sont réfugiés, on a 35 personnes et on est 3, explique une employée. On a 9 mois, on peut demander 3 mois supplémentaires pour accompagner les personnes, pour essayer de leur trouver un logement, un travail, terminer toutes les démarches administratives. Ça peut paraître long mais ça passe très vite. »

Y a-t-il un nombre d’heures prévues pour les cours de français?

Des cours sont donnés par des bénévoles d’une autre association, ils durent souvent une heure, une heure trente. Des cours de français sont aussi obligatoires : entre 200 et 600h, trois jours par semaine. Il y a des évaluations à passer. Pour bénéficier de ces cours obligatoires, il faut être “réfugié”. Rien n’est prévu pour les personnes qui sont en attente de papiers. 

Les cours de français sont-ils aussi prévus pour les enfants?

Les enfants vont à l’école. Même ceux qui n’ont pas le statut de réfugié. « On fait les inscriptions pour l’école de 3 à 16 ans puisque l’école est obligatoire », explique une employée. Au collège, il y a des cours de français pour les personnes étrangères. En primaire, il y a souvent des professeurs des écoles qui proposent des créneaux en plus pour le français. Avant d’aller à l’école, les élèves passent d’abord des évaluations pour connaître leur niveau. Car certains enfants ne sont pas allés à l’école ou très peu.

Comment font les employés de l’association pour communiquer avec les personnes étrangères?

Quand ils ne parlent pas français, ils utilisent des traducteurs, ou ils font appel à des interprètes, les amis ou la famille qui parle français. Certains parlent très bien l’anglais. Parfois, quand les enfants parlent français car ils vont à l’école, c’est eux qui traduisent.

Comment font-ils pour trouver des logements?

L’association a commencé à héberger des migrants en août 2022. L’association est locataire de plusieurs logements et les familles sont hébergées gratuitement. Ils peuvent faire de la colocation. « On les aide à se débrouiller, raconte une employée. On leur demande une sorte de caution, un petit montant. On vérifie l’état de l’appartement quand ils partent et on leur rend ou pas leur caution. C’est une manière de gérer son budget.»

Les salariés de l’association ont-ils déjà rencontré des problèmes d’agression?

« Nous n’avons pas eu ce genre de situation, explique une employée. Les personnes qu’on accompagne sont assez discrètes. Elles savent que s’ ils ont des problèmes avec la justice notamment, ce sera plus compliqué pour eux. Ce qu’ils veulent c’est avoir une vie comme tout le monde, aller travailler… »

Pour les rendez-vous, est-ce eux qui viennent vers vous ou c’est vous qui allez à eux?

« Cela dépend des besoins, explique une employée. Notre rôle est de nous rendre invisibles au fur et à mesure, qu’ils puissent faire leurs démarches seuls. Nous ne devons pas faire à leur place. »

Les personnes qui arrivent ont-elles de l’argent?

Certains avaient des entreprises, d’autres étaient à l’école. Il y en a qui mettent toutes leurs économies pour le voyage pour quitter le pays. La gestion de l’argent en France est parfois difficile : le coût de la vie ici est assez élevé. Ce n’est pas du tout le même mode de vie, ils n’avaient pas du tout le confort qu’on a ici. « Dormir dans un lit pour certains, c’est tout nouveau. » Certaines personnes arrivent en France avec des représentations qui sont complètement erronées. « Ils pensent qu’ils vont gagner 2000 euros par mois, avoir un grand appartement, avoir de l’argent facilement, explique une employée. C’est aussi ce qu’on leur dit quand ils passent les frontières. Une fois ici, ils se confrontent à la réalité, à la demande d’asile, aux problèmes de langue, aux problèmes administratifs et du coup c’est compliqué. »

Si les personnes ne travaillent pas et qu’elles n’ont pas du tout d’argent, l’association leur donne-t-elle un peu d’argent pour qu’elles puissent manger?

C’est l’Office Français de l’Immigration et de l’Intégration qui verse l’allocation aux demandeurs d’asile. « Ce n’est pas très élevé (environ 200 euros pour une personne seule), mais c’est censé permettre aux personnes de subvenir à leurs besoins », explique une employée. « Elles vont se payer un forfait téléphone, c’est important pour eux pour garder le lien avec leur famille, c’est leur repère car ils sont partis mais ils ne voulaient pas partir. Elles s’achètent à manger, des vêtements… Et elles vont aux Restos du cœur. Elles sont assez solidaires entre eux. »

L’association aide-t-elle les personnes à trouver un emploi?

Elle oriente les migrants vers des organismes comme la mission locale, Pôle emploi, des boites d’intérim, le réseau… Certaines personnes vont en formation au Greta, un établissement de formation. « On leur explique aussi que on peut les aider à chercher des stages des emplois, mais elles doivent aussi de leur côté, quand elles sont demandées pour aller faire un stage, qu’elles se présentent, qu’elles fournissent des efforts dans l’apprentissage du français », explique une employée. Parfois, des migrants ne peuvent pas trouver en France un poste malgré les compétences et les diplômes acquis dans leur pays d’origine. Des avocats, des médecins…

Les migrants ont-ils droit à un accompagnement psychologique?

« Il y a une problématique récurrente, explique une employée, qui n’est pas forcément liée au territoire, c’est les rendez-vous avec les médecins. Des médecins refusent de voir des personnes car elles ne parlent pas français. C’est un obstacle à la prise de rendez-vous. Le médecin peut renvoyer la personne ou nous contacter s’ils ont nos coordonnées et demandent pourquoi on leur a envoyé cette personne. »

Anaïs, Morgane et Soizic