Noël et crise climatique : la fête avant tout ?

En décembre, qui ne rêve pas de voir sa maison ou les rues décorées ? Guirlandes lumineuses, sapins ou encore papier cadeau… le choix esthétique passe souvent avant celui de l’écologie. Pour quel impact environnemental ? Quelles sont les solutions envisageables pour éviter de faire de cette fête un véritable attentat de la planète ?

Crise énergétique, quel impact en 2022 à Caen ?

L’année 2022 a été celle de la crise énergétique. En effet, après une forte hausse en partie due à l’invasion russe en Ukraine, les prix de l’électricité ont tendance à se stabiliser dans l’Union Européenne, selon les dernières données publiées par Eurostat (office de statistiques de l’Union Européenne). Néanmoins, l’année 2022 a largement été influencée par la menace de coupures d’électricité, et notamment vers les fêtes de fin d’année. Durant cette période, la ville de Caen a appliqué un plan de sobriété pour ses illuminations de Noël. La Grande Roue devant l’Hôtel de Ville en a fait les frais. Plus encore, la pose de guirlandes lumineuses a été divisée par 5 et seuls 3 km de guirlandes ont été installées à Caen en 2022, contre 15 km les années précédentes. La ville a aussi choisi d’investir dans l’installation de 19 décors en 3D qui ont été déposées dans tous les quartiers de Caen.
Cette année, la crise semble moindre. De fait, la ville de Caen a cette année fait le choix d’un retour progressif à la normale avec le retour de la grande roue, 4 km de guirlandes, ainsi que 800 décors et motifs sur candélabres ou dans les arbres et dix-huit décors 3D.

Guirlandes électriques et pollution lumineuse: quelles conséquences?

Les installations lumineuses dans les villes s’ajoutent à l’éclairage public et ne sont pas sans conséquences sur la faune et la flore. Certaines espèces nocturnes ne chassent qu’à la nuit tombée. Les lumières artificielles les font fuir là où leurs proies, et notamment les insectes, sont particulièrement attirées. La lumière nocturne impacte également la croissance ou la floraison des espèces végétales en ville. L’on peut ici parler de pollution lumineuse, c’est-à-dire la propagation d’une luminosité artificielle supérieure à plus de 10 % de la lumière naturelle.
Aussi, pour préserver, il est préconisé d’éteindre les lumières de minuit à 5 heures du matin, et de laisser le plus possible des espaces sans lumière artificielle à la tombée de la nuit. Mais que faire durant la période des fêtes de fin d’année ? La solution la plus évidente semble être de prioriser les décorations qui ne nécessitent pas d’éclairage. Une option moins drastique serait de privilégier l’installation de décorations lumineuses dans les espaces déjà très éclairés afin de préserver les espaces encore protégés des lumières artificielles. En France en 2020, plus de 700 villes avaient d’ores et déjà rejoint le label Villes et villages étoilés et s’engageaient à mettre en place un éclairage raisonné en période de fêtes.

Des décorations non-recyclables, des cadeaux importés de Chine

En France, les spécialistes constatent une augmentation de 20% des déchets pour la période des fêtes de fin d’année. Les guirlandes et boules de Noël trouvées dans le commerce sont très polluantes dans leur fabrication, parce qu’elles sont encore en majorité faites en plastique. Elles ne sont donc pas recyclables, c’est pourquoi il convient d’en prendre soin afin de les réutiliser chaque année. De plus, les paillettes utilisées dans ces décorations, que ce soit les boules du sapin ou le papier cadeau, sont des microplastiques très polluants, même si leur vente est proscrite en France et dans l’Union Européenne depuis octobre 2023.

Pour ce qui est des emballages cadeaux, ceux-ci sont en majorité faits avec du papier-cadeau à usage unique, irrécupérable quand il est déchiré. Pour éviter cela et en récupérer le plus possible, le test du froissage peut-être réalisé : si le papier peut garder sa forme après avoir été froissé, alors il peut être recyclé. Concernant les cadeaux, beaucoup d’entre-eux sont non-désirés donc revendus. Il convient de revoir nos habitudes en achetant moins, de meilleure qualité ou local et d’occasion afin de réduire notre empreinte carbone. 62% des jouets sont importés de la Chine, où des gaz toxiques et des plastifiants sont utilisés pour leur conception, produits rejetés en grande partie dans l’environnement. Le transport de ces produits se fait par avion, le moyen de transport le plus polluant. Mais loin devant les jouets, les produits les plus offerts à Noël restent les textiles. Or cette industrie est très polluante et très consommatrice en eau. Noël, avec ses décorations et ses cadeaux, reste une fête donc très polluante.

Sapins factices ou sapins sacrifiés ?

En France, en moyenne, un foyer sur quatre achète un sapin à Noël. Soit sept millions de sapins achetés chaque année. Proportionnellement, cela correspond environ à 84% de sapins naturels contre 16% de sapins artificiels.  Quel serait le choix écoresponsable ? Acheter tous les ans un sapin naturel, dont les années de croissance sont sacrifiées pour quelques semaines dans un foyer ? Ou bien s’offrir un sapin artificiel, certes constitué de plastique mais plus durable ? Malheureusement, il semble que le sapin artificiel ne soit qu’une fausse bonne idée. En effet, constitué de dérivés de la pétrochimie, le sapin artificiel n’est pas recyclable. Plus encore, son bilan d’émission de CO2 est largement supérieur à celui du sapin naturel, dans la mesure où il est, le plus souvent, acheminé depuis un pays lointain. Ainsi, il faudrait en moyenne conserver son sapin artificiel une vingtaine d’années pour que son bilan carbone redevienne positif.

De son côté, le sapin naturel absorbe le CO2 durant toute sa croissance et peut être recyclé bien plus aisément. Néanmoins, son transport s’avère également lourd en bilan carbone. Plus encore, les forêts de conifères dédiées à la production de sapins de Noël sont généralement pauvres en biodiversité et contribuent largement à l’acidification des sols. Alors, que choisir ? Il semble que, pour concilier attitude écoresponsable et achat d’un sapin de Noël, il faille avant tout faire le choix des producteurs à proximité. En France, les sapins sont désormais un marché à part entière et produits pour la période des fêtes. Ils sont généralement issus de terres françaises ou, dans le cas du Nordman, importés du Danemark ou de la Finlande. Pour le recycler, il faut le déposer à un point de collecte ou bien de le recycler soi-même via une cheminée, un poêle à bois, ou un compost. Désormais, il existe même certaines astuces (trouvables sur les sites de vente de certaines grandes marques de jardinerie), permettant de conserver son sapin de Noël naturel d’une année sur l’autre.

Même si le bilan écologique des fêtes de fin d’année est lourd, nous pouvons néanmoins agir à une échelle individuelle en évitant de surconsommer et en choisissant des décorations respectueuses de l’environnement. De par des actions simples à mettre en place, il est possible de faire de Noël une fête respectueuse de la planète tout en conservant sa magie !

Texte : Carole Deneuve et Isaline Dumont.
Photographies : Isaline Dumont

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