Marlène Jobert, du grand écran aux contes pour enfants

Icône du cinéma, actrice emblématique des années 1970, romancière et conteuse: rencontre avec Marlène Jobert.

Un regard qui pétille, un visage constellé de taches de rousseur et une voix reconnaissable entre mille: Marlène Jobert n’a pas seulement marqué sa génération, mais toutes celles qui l’ont suivie. Née à Alger en 1940, elle a donné la réplique à des géants du cinéma – Bronson, Ventura, Depardieu, Belmondo… –, en France comme à l’étranger, et peaufiné son jeu unique au contact de grands réalisateurs – Chabrol, de Broca, Boisset… – avant de se consacrer à l’écriture et à la lecture de contes pour enfants. La Normandie, où elle vit? Sa «région de cœur » …

Quand la comédie est-elle entrée dans votre vie?

A l’adolescence. Mes parents étaient très protecteurs; je sortais peu. Cela me frustrait… Mon père était militaire de carrière. Un jour, la troupe de l’armée est venue chercher mon frère, accordéoniste, et m’a proposé de jouer un sketch. J’ai accepté. C’était l’occasion de quitter la maison! J’y ai d’emblée pris goût. J’ai donc suivi des cours du soir au conservatoire de Dijon. De prestations en prestations, mon père a senti que j’avais ce ‘‘quelque chose’’ qui ne demandait qu’à être exploité…

Quels réalisateurs vous ont particulièrement marquée?

Il y en a plusieurs… Mais je dirais René Clément, pour Le Passager de la pluie (1970). La psychologie de ses personnages est tellement aboutie! C’est très précieux pour un acteur. Les conseils de Robin Davis, lors du tournage de La Guerre des polices (1979), ont considérablement amélioré mon jeu. Je pense également à Claude Goretta, qui communiquait beaucoup avec ses acteurs, ce qui m’a aidée à incarner Nelly dans Pas si méchant que ça (1974) …

Quels sont les personnages les plus emblématiques que vous ayez interprétés?

J’aime beaucoup celui d’Anne, dans L’Astragale (1968), de Guy Casaril. C’est un beau portrait de femme confrontée à un destin difficile… Le rôle de Marie Garcin dans La Guerre des polices, avec Claude Brasseur et Claude Rich, est aussi très fort: pour l’époque, Marie est assez ‘‘masculine’’, audacieuse et courageuse…

Envisagez-vous un retour au cinéma?

Non. Bien que je reçoive quelques scénarios chaque année, je n’en ai plus envie.

Vous menez donc une vie paisible, ici, dans le Calvados?

Je ne dirai pas ça! Vous savez, entre la réédition de mes livres, l’entretien de ma propriété dans cette région de cœur qu’est pour moi la Normandie, j’ai fort à faire. Et puis, j’ai plaisir à suivre et à soutenir la carrière de ma fille Eva, elle-même actrice…


Sa carrière d’écrivain

27 histoires et environ 180 livres adaptés en contes audio
L’envie d’écrire ? Tout a commencé grâce à ses deux filles, Eva et Joy. « J’avais peur de ne pas être à la hauteur dans mon rôle de maman, explique-t-elle. J’ai lu de nombreux ouvrages de pédopsychiatre : le rôle bénéfique du conte y était abondamment souligné… » Si elle en lit donc beaucoup à ses enfants, elle finit par inventer de toutes pièces ses propres histoires, à partir d’une anecdote, ou d’un rien survenu dans la journée. « Je me suis prise au jeu de cette création, cela m’a passionnée… » Or, c’est de ce rendez-vous familial, de ce moment sacré partagé avec ses filles qu’est née sa vocation d’écrivain. « Un jour, une amie m’a incitée à les publier. Son premier argument : laisser un souvenir à Eva et Joy. Les éditions Glénat ont accepté. Par la suite, j’ai interprété mes romans en contes audio. J’étais la seule à faire cela ; je suis heureuse du succès rencontré ! » Précisons qu’outre ces œuvres, Marlène Jobert a également publié Les Baisers du soleil, son autobiographie, en 2014, chez Plon.

Propos recueillis par Elisa Auzerais, étudiante en Humanités Numériques, Université de Caen Normandie.
Photo ©editionsGlénat

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