Les friperies, une alternative au fast-fashion?

Le fast-fashion, ou « mode rapide » en français, est un modèle de l’industrie de la mode qui est devenu extrêmement populaire au cours des dernières décennies. En réaction, le slow fashion et la seconde main se démocratisent via les  friperies. Le témoignage de Jules Figard, créateur de Fripe à la mode de Caen.

Le fast-fashion a radicalement transformé la manière dont les consommateurs perçoivent et achètent la mode. Cependant, ce modèle a également été critiqué pour ses impacts environnementaux et sociaux. En témoigne le site chinois Shein (prononcé Shi-in) qui en 2022 représente pour la tranche des adolescents “28 % d’émissions de CO2” en France  et possède ⅓ des parts du marché de l’ultra fast-fashion entre 2020 et 2023.

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Jules Figard est créateur de Fripe à la mode de Caen, dans le secteur depuis sept ans. Il commence son activité en proposant des vêtements de seconde main via un site Internet et sur les festivals de l’Ouest de la France. En 2017, il ouvre une première boutique, place de l’Ancienne-Boucherie et finit par migrer en 2021 rue Pigacière dans un local de 200 m²,  pour proposer un plus grand choix de vêtements vintages, allant des années 2000 jusqu’aux “seventies”.

Pourquoi la ville de Caen ?

Je suis caennais, et je connais bien la ville… Caen est dynamique, c’est une ville        étudiante. Ouvrir une friperie dans cette ville semblait donc évident.

C’est quoi le fast fashion selon vous ?

C’est de la m ***, car on est sur des productions en grands volumes où sont proposés des articles à bas prix. Cela fait des ravages d’un point de vue écologique,  avec une industrie qui pollue de par son cycle de production et sa logistique.

En clair, le fast fashion c’est le fait de produire des vêtements en masse pour suivre les tendances, au détriment  de la qualité et de l’éthique.

Quelles sont les problématiques auxquelles vous êtes régulièrement confrontées ?

Dans l’imaginaire, les gens confondent bien souvent friperie et Emmaüs en pensant que les prix sont identiques. Si  Emmaüs tient sa marchandise de dons et peut se permettre de faire des tarifs avantageux, pour le cas des friperies il s’agit d’articles soigneusement sélectionnés auprès de fournisseurs, impactant directement les prix… Or, nous nous retrouvons bien souvent en difficulté pour justifier les prix auprès de la clientèle en raison de cet amalgame.
Aussi, il y a de plus en plus de personnes qui sont attirées par le secteur du vintage, ce qui conduit à une raréfaction des vêtements de bonne qualité et une hausse des prix.

Les friperies se démocratisent ?

Oui, il y a de plus en plus de personnes qui sont intéressées par les vêtements d’occasion, que ce soit pour des raisons écologiques, économiques ou esthétiques.

Qu’est-ce qu’un vêtement durable ?

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La durabilité du vêtement dépend de sa qualité. Il s’agit de vêtements avec un bon gramage, des matériaux de très bonne qualité, robustes, qui ne s’agrandissent pas avec le temps. Par exemple, les vêtements des années 90 n’ont pas la même qualité que ceux de 2023, même sur des vêtements bon marché.
À cette durabilité s’ajoute la question de l’éthique, qui dépend du mode de production et de rémunération à toutes les échelles. Le vêtement éthique se caractérise aussi par un choix de matériaux bien spécifiques, on retrouve par exemple la mise en place de cultures de coton bio renouvelables.

Autre alternative pour donner une seconde vie aux vêtements : l’upcycling ou l’art de donner une nouvelle peau au vêtement :

C’est top, on utilise de la très bonne matière, mais semble complexe à instaurer,  car ça prend du temps pour se développer. En effet, il semble difficile de faire du gros volume de production et la main d’œuvre est chère, car nécessitant  un savoir-faire ainsi qu’un temps de travail conséquent.

Voyez-vous un changement sur les modes de consommation des clients ?

J’ai constaté une sensibilisation pour le seconde main après la Covid. Ce fut de courte durée car on voit le retour de la surconsommation vestimentaire avec les chiffres de ventes de Zara qui explosent actuellement.

Un mot pour la fin ?

Consommez du seconde main, c’est bon pour la planète et donne un style unique…  En clair vous avez tout à y gagner.

Baïze--Feral Oline

Les résidences

De quelques jours à plusieurs semaines, les journalistes et photographes de Grand-Format s’immergent dans un établissement scolaire, une médiathèque, une ville... pour y mener des ateliers d’éducation aux médias et un travail journalistique. Avec des jeunes et des moins jeunes, nous construisons ensemble ces éditions spéciales de Grand-Format issues de ces résidences.