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« Le théâtre a été un outil pour diffuser des stéréotypes et des imaginaires racistes »

Margot Caman, remplaçante en relation avec le public au théâtre du Préau pendant un mois, a mené un mémoire sur le théâtre et le racisme.

Comment avez-vous débuté ce travail ?

Pour commencer ma réflexion, je suis partie de mon expérience. J’ai fait des cours de théâtre au petit Conservatoire de ma ville pendant plusieurs années. Pour moi, le théâtre c’était un espace d’imagination où l’on peut par exemple incarner un homme, où nous n’avons pas besoin d’avoir un décor. La couleur de peau n’avait pas d’intérêt spécial. Ensuite, en prenant des cours de théâtre à Paris, je me suis rendue compte que ce n’était pas forcément le cas et qu’il pourrait y avoir encore cette importance de la couleur de peau pour les rôles qu’on peut jouer ou pas. En lien avec mes études, j’ai fait des recherches et j’ai découvert notamment que le théâtre a été aussi un outil pendant la longue période de la colonisation pour diffuser des stéréotypes et des imaginaires racistes. Pendant les expositions universelles, on allait voir des pièces de théâtre où jouaient des personnes des pays colonisés et, par le biais de ces pièces, on diffusait des stéréotypes. Par exemple, l’expression “faire la bamboula” qui est un terme raciste et qui signifie faire la fête, vient du théâtre de cette époque. 

Est-ce que, par exemple, les rôles sont très stéréotypés en fonction de la couleur de peau des acteurs?

Je n’ai pas été personnellement confrontée à ça. Mais c’est vrai que dans le théâtre classique par exemple, il peut y avoir le plus de réticences. On peut apercevoir cela dans les séries ou dans les films lorsque l’on parle de périodes plus historiques où il n’y avait pas de personnes racisées. On peut avoir plus de réticence à donner des rôles à des personnes qui vont être racisées. Le théâtre classique est peut-être un peu plus fermé, moins déconstruit sur ces questions-là. Après c’est quand même de moins en moins le cas.