La nature comme havre de tranquillité
La nature dans les films de Miyazaki est souvent dépeinte comme un refuge de paix et d’harmonie. Dans Mon Voisin Totoro (1988), les vastes champs verdoyants et les paisibles forêts sont des havres de tranquillité où les personnages trouvent réconfort et sérénité. Les moments passés dans la nature offrent des moments de contemplation et de connexion avec l’environnement, soulignant l’importance de préserver ces espaces privilégiés.
De plus, la nature chez Miyazaki offre le plus souvent un contraste saisissant avec les sombres défis auxquels sont confrontés les personnages.
Une force implacable
Parfois, la nature dans les films de Miyazaki peut être présentée comme une force redoutable et surpuissante. Dans Le Voyage de Chihiro (2001), les marais sombres et mystérieux sont le lieu de rencontres dangereuses avec des esprits malveillants. Par exemple, l’esprit de la boue y est représenté comme une masse gélatineuse de boue noire avec une expression menaçante. L’esprit de la boue est généralement considéré comme une créature maléfique, dont l’ire est provoquée par la pollution des Hommes. Dans Le château dans le ciel (1986), la nature a repris ses droits sur le bâtiment céleste à l’abandon, où seul un robot guerrier préposé au jardinage erre toujours, au milieu des ruines envahies par les plantes.
La nature, ainsi, est une force vitale contre laquelle les Hommes s’essaient à lutter, sans succès réel.
Un décor sacré
Selon Yann Calvet, maître de Conférence en études cinématographiques à l’université de Caen Normandie, spécialiste des rapports entre le cinéma, l’imaginaire et les mythes, “Chez Miyazaki, justement, cette dimension religieuse animiste, le rapport au shintoïsme fait que de toute façon, je dirais que dire qu’on est écologiste, ça n’a pas de sens puisque de toute façon on croit que la nature, c’est Dieu. Donc évidemment, c’est une relation naturelle de l’homme avec la nature qui l’entoure que montrent les films de Miyazaki.”
En effet, Miyazaki présente également la nature comme un lieu mystique et sacré, peuplé d’esprits et de divinités. Dans Princesse Mononoké (1977) par exemple, les forêts abritent des esprits protecteurs et des dieux animaux qui incarnent la puissance magique de la nature. Les esprits de la forêt, tels que Moro, la louve géante, et les Kodama, les esprits de l’arbre, symbolisent la connexion spirituelle entre l’homme et son environnement. De même, dans Mon Voisin Totoro, le personnage éponyme est représenté comme une divinité de la forêt, apportant réconfort et protection aux enfants qui le rencontrent.
Vivre en harmonie avec la nature
À travers ses représentations diverses de la nature, Miyazaki nous rappelle que la nature ne peut être possédée ni contrôlée par les humains. Au contraire, nous devons apprendre à cohabiter avec elle.
Yann Calvet conclut “À mon avis, ce que nous dit Miyasaki, c’est que si on veut préserver la nature, il faut que chacun d’entre nous en retrouve en fait une forme d’innocence et une sorte de rapport à l’enfance. […] Il faut vraiment conserver […] ce regard poétique et ce lien avec la nature.”
Maëlle EGGIMANN
Nature et technologie dans l’œuvre de Miyazaki
Chez Miyazaki, la nature occupe une place prépondérante, mais un regard plus attentif révèle également la présence plus ou moins discrète de la technologie.
Dans ses films, cette dernière est souvent représentée comme une force perturbatrice de l’équilibre naturel. Dans Le Château Ambulant (2004), par exemple, une machine de guerre dévastatrice menace de détruire l’environnement paisible où évoluent les personnages. De même, dans Nausicaä de la Vallée du Vent (1984), la technologie destructrice des hommes est directement responsable de la détérioration de l’écosystème.
Pourtant, Miyazaki ne l’oppose pas systématiquement à la nature. Au contraire, il explore les possibilités d’une coexistence harmonieuse entre les deux. Dans Le Château dans le Ciel (1986), la cité volante de Laputa est un exemple de technologie avancée en harmonie avec la nature.
Ainsi, son œuvre condamne la technologie, dans son utilisation irresponsable et destructrice. Le cinéaste propose une approche nuancée selon laquelle la technologie pourrait servir à protéger la nature, mais seulement si elle est employée de manière sage et respectueuse.
M.E.
Maëlle EGGIMANN