"La liberté d'expression, c'est aussi l'expression de soi-même"

Elisabeth Aimé est adjointe à la mairie de Saint-Sulpice-sur-Risle, où elle est très investie dans l’animation et la communication. Elle nous a parlé de son expérience en tant que femme en politique mais aussi de la place de la femme dans la société et de la liberté d’expression qu’on leur donne.

En tant que femme est-ce qu’on a restreint votre liberté de parole?

Sans doute, mais je n’ai pas d’exemples précis. Je pense que notre souci, souvent, quand on est une femme c’est qu’on s’autocensure. On a peur de faire du mal, on a peur de blesser ou de se faire contester. Malheureusement, les hommes peuvent le faire aussi bien. Donc je pense que de nous-mêmes, il y a des choses qu’on ne veut pas dire, de peur de se faire remettre en place. Moi, c’est un peu ce que je me dis. Il ne faut pas toujours suivre cette petite musique intérieure, «Si je dis ça, qu’est-ce que je risque?». Il y a une part de risque, mais je pense que, petit à petit, il faut se dire maintenant «je vais le dire» « Je vais trouver les mots». Et puis, on apprend à dire les choses, c’est libérateur de dire, de savoir dire.

 » On apprend à dire les choses, c’est libérateur de dire, de savoir dire. »

Est-ce que c’est plus facile d’être femme en politique qu’il y a 20 ans?

Je pense que c’est beaucoup plus facile maintenant.La place de la femme évolue quand même dans beaucoup de domaines même s’il reste des choses à faire. C’est beaucoup plus facile pour une femme actuellement de prendre la place, de dire les choses. Déjà avec l’avantage de la parité, nous sommes équivalentes.

Pour vous, qu’est-ce que la liberté d’expression?

Pour moi, je pense que c’est la chose la plus précieuse qu’on puisse avoir. Dès lors qu’on perd la liberté d’expression, on perd une partie de soi-même. Parce que l’expression, c’est ce qui nous structure, c’est ce qui fait que vous allez vous connaître, vous apprécier, que vous allez au contact de l’autre et que vous apprenez des choses. Je pense que la liberté d’expression c’est aussi la liberté de soi-même. Avec le temps, on évolue, et les idées qu’on a à votre âge, puis celles que vous aurez quand vous passerez votre BAC, dans votre formation professionnelle et dans votre vie familiale évolueront obligatoirement. Je pense que c’est la chose qu’il faut préserver. On a de la chance, nous sommes dans un pays libre où notre expression est grande même s’il y a quelquefois des dysfonctionnements.

Jade Olivier, Ema Mabire-Clinchamps, Justine Ruel

Les résidences

De quelques jours à plusieurs semaines, les journalistes et photographes de Grand-Format s’immergent dans un établissement scolaire, une médiathèque, une ville... pour y mener des ateliers d’éducation aux médias et un travail journalistique. Avec des jeunes et des moins jeunes, nous construisons ensemble ces éditions spéciales de Grand-Format issues de ces résidences.