GPExplorer : Véritable hors-sujet dans une société écologique ?

Tandis que les questions écologiques deviennent omniprésentes dans notre société, la tenue récente du GPExplorer au Mans fait débat concernant sa pertinence par les temps qui courent… Alors, véritable erreur écologique ou énième exagération d’Internet ?


Par Cassiane Clochard et Cédric Boucly, en L3 Humanités Numériques.

Internet a encore frappé. Le 9 septembre dernier se tenait au Mans la seconde édition du GPExplorer, organisé par le youtubeur Squeezie. Véritable course de Formule 4 entre vingt-quatre personnalités du web, cet événement a réuni plus d’un million cent mille spectateurs sur Twitch, plateforme de diffusion en direct, et soixante mille personnes au circuit Bugatti. Ainsi, avec cet événement, culture web et culture automobile furent mélangées pour donner un spectacle grandiose à l’internet tout entier

Photo officielle du GPExplorer

Cependant, force est de constater qu’un tel événement mettant sur le devant de la scène le sport automobile, dans une société pressée par l’urgence climatique, peut nous questionner sur sa pertinence. Ce qu’une partie de la communauté n’a pas manqué de soulever sur le réseau social X (anciennement Twitter) pour en créer une nouvelle polémique, au point que Squeezie lui-même prendra la parole à ce sujet. Alors, ce GPExplorer, véritable pied-de-nez écologique ou drama exagéré ?


Le sport automobile, une discipline polluante par essence.

Cela n’échappe à personne : l’automobile, ça pollue. Ainsi, logiquement, le sport automobile, ça pollue aussi. Du transport du matériel aux trajets des équipes et du public, chaque étape de ce sport est très énergivore et polluante. A une période où les enjeux climatiques poussent à passer le parc automobile passer au tout-électrique, avec notamment l’interdiction de la commercialisation des voitures thermiques en 2035, l’utilisation d’iconiques voitures ultra légères thermiques comme les Formules 4 pour la course, ou l’exhibition de réelles Formules 1 au GPExplorer, symbole des moteurs thermiques par leur bruit, semblent aller en contradiction avec la politique écologique. Créer un événement d’une telle ampleur autour de véhicules si iconiques, c’est forcément promouvoir les véhicules thermiques, à une ère où l’électrique peine encore à prendre la relève sur les thermiques.

Cependant, le réel problème est ailleurs. En effet, la course ne représente qu’un pourcent de la pollution totale des grands prix. Le transport des équipes et du matériel, mais également les déplacements du public, le tout à travers le monde, a un impact très important et c’est cette logistique qui pollue le plus. De plus, les circuits de course sont souvent construits dans des zones naturelles, ce qui peut entraîner la destruction de la végétation, de l’habitat animal et de l’écosystème local.

Des efforts, mitigés mais existants, fournis par les écuries.

Les écuries et les sportifs se sentent concernés et cherchent des solutions pour diminuer cette pollution. De plus en plus de moteurs électriques, alimentés par batterie, sont développés et utilisés pour les courses. Des biocarburants sont également créés, composés de 90% d’essence et de 10% d’éthanol, qui permettent de limiter la pollution des gaz d’échappements. D’autres biocarburants sont en train d’être développés, notamment à partir d’algues. De plus, des normes sont instaurées et doivent être respectées, sous peine de disqualification : certaines technologies de pointe doivent être utilisées pour limiter la pollution. Les écuries doivent trouver des solutions pour réduire leurs émissions de CO2, et les spectateurs sont encouragés à prendre les transports en communs. Le bilan n’est cependant pas suffisant. Lors du GPExplorer, et notamment durant le débrief fait par Squeezie quelques jours après, l’accent est mis sur l’écologie, mais il est difficile de mêler écologie et automobile.

Pointe-t-on le bon ennemi ?

Nos précédentes analyses nous donnent maintenant une idée de la situation : oui, le sport automobile pollue. Cependant, se focaliser uniquement sur la pollution d’un GPExplorer ou d’un GP de Formule 1 n’aurait que pour effet de s’attarder sur une micro-partie des problèmes environnementaux. Il s’agit d’une opportunité de montrer comment la technologie et l’innovation peuvent contribuer à des pratiques plus respectueuses de la planète. Cependant, il est crucial de continuer à se concentrer sur les problèmes environnementaux les plus critiques, tels que le changement climatique, la perte de biodiversité et la gestion des ressources naturelles.

Squeezie, lors de son live débriefe : « Je me sensibilise à ces sujets. […] Y’a d’autres combats à mener […] qui auront plus d’impact, plutôt qu’investir autant d’énergie à déglinguer le GPExplorer.« 

Le sport automobile peut avoir un impact moindre sur l’environnement par rapport à d’autres secteurs majeurs tels que l’industrie de l’énergie, du transport, et de l’agriculture. Il est important de maintenir une perspective globale et de se concentrer sur les domaines qui ont le plus grand impact.

Les grands prix automobiles peuvent devenir des événements qui non seulement divertissent, mais aussi sensibilisent et mettent en avant des transports durables. Les efforts déployés pour réduire l’empreinte carbone et éduquer le public sur les enjeux environnementaux sont essentiels pour faire de ces événements une force positive dans la lutte contre le changement climatique

Les résidences

De quelques jours à plusieurs semaines, les journalistes et photographes de Grand-Format s’immergent dans un établissement scolaire, une médiathèque, une ville... pour y mener des ateliers d’éducation aux médias et un travail journalistique. Avec des jeunes et des moins jeunes, nous construisons ensemble ces éditions spéciales de Grand-Format issues de ces résidences.