Des jeunes concernés

Ils et elles se sont engagées dans la politique, pour la défense des droits, auprès des enfants, pour l’égalité des sexes ou pour trouver une place, une communauté. Ils et elles sont étudiant-es et racontent à la première personne ce cheminement vers l’engagement.

« Je me suis engagé avec mes idées et mon cœur »

Eloi Gatineau, jeune étudiant normand à Sciences Po Toulouse, âgé de 21 ans, raconte comment son engagement politique, né en 2022, est devenu une source d’enrichissement personnel et un moyen essentiel de contribuer au changement.

« Vivant entre Caen, Toulouse et Madrid, je me suis intéressé à la politique comme mode d’action pour porter la voix de celles et ceux qui n’en n’ont pas. J’ai toujours été sensible aux enjeux de société qui traversent notre époque. La politique a quelque chose de très personnel, dans la mesure où c’est d’abord ta vie et tes expériences qui conditionnent le chemin que tu prendras. Je me suis construit en tant que citoyen qui, voyant les choses changer, pensait à construire un futur meilleur pour la collectivité. 

Une révélation

Je me lançais dans l’inconnu. C’était autant un centre d’intérêt intellectuel qu’une curiosité personnelle. Je me suis engagé avec mes idées et mon cœur. Les rencontres que j’y ai faites étaient d’emblée une motivation supplémentaire. Je me suis rendu compte que la politique était surtout une aventure humaine. L’idée du combat politique m’a aussi stimulé, dans la mesure où c’est un engagement de tout temps :  les déceptions, les victoires, les doutes. En tant qu’étudiant, la politique me permet de mieux comprendre comment fonctionne notre système. 

« Je me suis intéressé à la politique comme mode d’action pour porter la voix de celles et ceux qui n’en n’ont pas »

Sans relâche

Je me suis engagé en tant que militant en 2022, à l’âge de 19 ans, auprès d’un candidat aux élections législatives dans le Calvados. J’ai ensuite rejoint son équipe parlementaire en tant que stagiaire, à trois reprises entre 2022 et 2024. Je milite par ailleurs dans un parti politique sur de nombreuses thématiques : travailleurs des plateformes, SNU, logement, droit aux vacances… En 2024, la dissolution de l’Assemblée nationale nous a contraints à repartir en campagne, j’ai assuré la direction adjointe de la campagne de ce parlementaire, candidat à sa réélection. Concrètement, je dirigeais la mobilisation militante, je participais à l’organisation d’événements, l’agenda du candidat, la coordination de l’équipe de campagne et des 500 personnes mobilisées, soit la direction logistique de campagne.

Vouloir toujours plus

Cet engagement peut être très chronophage et énergivore. J’ai « de la chance » d’être encore étudiant et de ne pas m’y dédier à 100%. Ce genre de métiers-passions mènent à un effort physique et mental élevé avec des journées à rallonge et une grosse charge émotionnelle. L’incertitude du lendemain et les espoirs qu’on y met transforme notre quotidien. S’engager en politique, c’est aussi être perfectionniste, vouloir toujours plus.

Un enrichissement personnel et professionnel

Étant en master de sciences politiques, c’est évidemment une entrée en matière privilégiée. J’ai pu y découvrir tout le monde institutionnel, en découvrant le Parlement, les collectivités territoriales et les institutions locales. Au-delà d’une riche culture politique, cet engagement permet d’étudier avec une vision critique la richesse des phénomènes qui s’y jouent. Le monde de la politique est tellement grand, c’est un apprentissage et une remise en question permanents.

L’importance de l’engagement

« L’engagement peut être un rempart contre l’isolement et le repli sur soi »

L’engagement peut être un rempart contre l’isolement et le repli sur soi. Il permet d’avoir confiance en ses capacités et de découvrir du monde. À l’université, il est fondamental car les enjeux sont nombreux : réussite académique, vie étudiante et associative, précarité, santé mentale, lutte contre les violences sexistes et sexuelles et contre les discriminations. Chacun peut s’engager à son échelle.

Et après ?

Mon engagement est diversifié et je compte le poursuivre après mes études. Je souhaite me diriger vers le conseil politique auprès d’élus. Il me permet de militer activement au sein d’un parti politique ou d’une organisation militante. Pouvoir allier connaissance scientifique, réflexion politique et action de terrain pour être utile au plus grand nombre serait bien sûr un accomplissement. C’est mon objectif en terminant ces études de sciences politiques. »

Propos recueillis par Candice Delente et Marion Mangeleer


« Le drag est un outil de protestation »

Drag Queer et co-fondatrice du collectif caennais « Misandrag », Carleuh Bloom parle de son rapport à l’engagement en tant que jeune drag.


Le drag est une forme de performance utilisant notamment le vêtement, le maquillage, la coiffure, et l’expression scénique afin de jouer un genre de façon volontairement exagérée.

Propos recueillis par Lea Cassandre Tir et Esther Perrot


Sulyvan aide les enfants à vivre ensemble

Sulyvan est étudiant en alternance au CRAF2S à Caen et travaille au centre d’animation de Bénouville géré par la Ligue de l’enseignement. Il se reconnait dans les valeurs de l’éducation populaire.

« Ma mission principale est la sensibilisation aux valeurs de l’éducation populaire auprès des enfants par la création de projets d’animation qui leurs plaisent. Le cœur de mon travail réside dans l’apprentissage du vivre ensemble aux jeunes enfants, notamment la gestion des conflits entre les enfants. Au début, je ne savais pas trop comment réagir mais avec l’expérience, j’ai appris à calmer les tensions. Quand deux enfants ne sont pas d’accord, je les assois et j’essaie de trouver la source du problème. Je commence par les faire discuter pour qu’ils se réconcilient et me disent leur version des faits. Souvent les conflits se règlent par le dialogue et nous ne donnons pas de punitions.

Une autre problématique rencontrée est celle du harcèlement, dont sont victimes les enfants les plus différents des autres. Bien que l’on n’y pense pas toujours, les parents aussi ont un impact sur le harcèlement. Pour éviter ces problèmes, les éducateurs essaient à contrario de faire valoir ce qu’il y a d’unique en chaque enfant et de les faire accepter auprès des autres. On leur apprend à ne pas avoir peur des enfants différents car c’est ce qui fait la richesse de chacun, et ce travail s’applique aussi aux parents de ceux qui harcèlent.

Le rapport aux parents

Les relations avec les parents peuvent être un peu différentes, il y a des parents qui demandent comment ça s’est passé et d’autres avec qui on ne parle pas. Mais ils sont généralement très bienveillants avec nous, je n’ai jamais eu de problèmes avec les parents car ils ont toujours été très à l’écoute dans la plupart des centres ou j’ai travaillé. Les parents sont plutôt contents d’avoir le centre à disposition, ils les y mettent soit pour des raisons professionnelles soit pour avoir une journée de repos où ils peuvent souffler.

Tout ce que l’association peut proposer [comme activités aux enfants] est régi par un projet pédagogique, qui répond aux objectifs du centre : développer l’art et la culture chez les enfants, une sensibilité écologique et le sens de la citoyenneté et du savoir vivre. Par exemple, sur l’aspect citoyen, j’ai mis en place un conseil des enfants, où chaque enfant à un rôle prédéterminé dans le centre, qui lui confère une responsabilité particulière. Il peut y avoir le ministre des LEGO, le ministre des ballons, ou le ministre des puzzles, etc. Chaque enfant peut donc gérer lui-même un domaine du centre et les rôles sont changés tous les mois pour que tous les enfants puissent être responsables du domaine qu’ils veulent.

Un engagement personnel

J’étais en licence de LEA mais ça ne me plaisait pas. J’ai quitté la fac pour passer mon BAFA et j’ai passé le reste de l’année à travailler dans l’animation.  Et j’ai vu que c’était un métier qui me plaisait vachement. Juste le fait de pouvoir inculquer des choses aux enfants, à la limite du professeur et du grand frère, je trouve ça cool. Les enfants que j’ai encadrés se souviennent de moi : ça me touche énormément et ça m’a convaincu d’en faire mon métier. C’est comme ça que j’en suis venu à entrer en formation pour obtenir le CPJEPS, formation diplômante pour devenir animateur professionnel.

Travailler avec la Ligue de l’enseignementet de l’éducation populaire m’a apporté plus d’expérience que dans la plupart des centres gérés par les municipalités. L’association demande plus d’investissements aux animateurs, qui doivent proposer au minimum deux ou trois animations par jour dans ces centres. Ils nous apportent aussi plus d’expérience car ce sont des centres plus petits. Du jour au lendemain, je me suis retrouvé tout seul à devoir tout gérer et m’autonomiser. »

Propos recueillis par Augustin Darondel et Noa Touvet


Soutenir ceux qui se mobilisent

Bérénice Saiter est étudiante sage-femme, présidente de la FCBN, fédération d’associations étudiantes qui soutient l’Agoraé, dont Bérénice est aussi membre. L’Agoraé est l’épicerie solidaire étudiante de Caen.

« On a beaucoup d’étudiants et d’étudiantes qui se sentent isolés et c’est important pour eux d’avoir un lieu de rencontre. Quand je suis rentrée au sein de l’Agoraé, mon but était d’aider les étudiants mais aussi ceux qui tiennent cette association puisque c’est un projet lourd à porter au quotidien. Il y avait besoin de ressources humaines pour gérer l’épicerie, les accompagner sur les collectes ou encore faire le lien avec les fournisseurs. »

Propos recueillis par Evan Lefortier


« Engagez-vous ! »

Mathis Revellat est un étudiant engagé. Il étudie en deuxième année de Licence en Humanités Numériques, à Caen, et est syndicaliste chez Solidaire étudiant.es. Il nous reçoit au sein du local du syndicat pour nous parler de son engagement.

Propos recueillis par Laura Pépin, Ilona Romain et Doriane Samson


Être une personne sur laquelle on se repose

« Je m’appelle Noémie Alves, j’ai 21 ans, je suis étudiante à l’université de Caen, en L2 gestion. J’ai rejoint l’Association des étudiants en économie et gestion (ASEG) grâce à mon copain, qui en est aujourd’hui le président. Je suis vice-présidente, chargée de l’évènementiel. 

Un BDE est un bureau étudiant, une association qui vise à aider et assurer une bonne intégration aux étudiants de la promo, et en cas de besoin, les accompagner. Je rejoint sentais qu’avoir un rôle important m’apporterait de l’assurance et de la motivation pour aider les autres en retour. Être une personne sur laquelle on se repose. J’aurai aimé avoir un BDE quand j’étais étudiante. 

En tant que membre du BDE, je me sens plus importante et cela m’apporte une responsabilité en plus, c’est surtout un travail d’équipe. Cela m’apporte de nouveaux objectifs que je n’avais pas avant. Nous sommes présents aussi pour le bien-être des étudiants, et les accompagner, peu importe de quelle manière.

Mon rôle au sein de l’association est de trouver des projets, des concepts, des lieux propices, des idées novatrices. Il faut savoir se renouveler. Nous avons organisé des soirées pokers, on vise maintenant un projet autour du foot. Notre but est de proposer diverses activités pour toucher un large public, pour les étudiants fêtards ou au contraire plus calmes. Il faut essayer d’inclure tout le monde. 

« Le plaisir de donner son temps pour aider les autres »

Depuis ce début d’année, nous avons eu l’opportunité d’organiser une soirée pour relancer le BDE ; c’était l’occasion de se présenter et d’ouvrir une cagnotte. C’était la première fois que j’organisai un tel évènement, avec beaucoup d’étudiants. À la suite de cela, nous avons pu faire une soirée d’intégration, surtout à destination des L1, et une soirée poker dans un restaurant du centre-ville. Juste avant noël, j’ai travaillé sur un calendrier de l’avent virtuel sur Instagram, pour faire découvrir des traditions de Noël d’autres pays, des recettes de cuisine, des idées de films…

Pour les projets à venir, nous pensons à organiser une soirée au mois de janvier, pour la nouvelle année, avec une sortie en boite de nuit. Je suis aussi en ce moment sur la création de pulls ; suivi d’une soirée Saint-Valentin en février. On adorerait avoir une place sur le marché de Caen ! Il est parfois difficile d’organiser des évènements, comme la soirée d’Halloween qui n’a pas abouti. Nous n’avons pas toujours les mêmes emplois du temps sur les trois niveaux de licence, ou pas assez d’argent.  Mais le faut que nous nous connaissions tous avant d’entrer au BDE facilite les choses.
L’engagement étudiant est mieux valorisé qu’auparavant, c’est une chance d’avoir du tutorat. Il ne doit pas être une contrainte, mais un plaisir de donner son temps, pendant une année scolaire. On aimerait qu’il soit repris l’an prochain. Quant à moi j’aurais appris à écouter les besoins des autres. »

Propos recueillis par Margot Moulin


« J’ai trouvé une bande de potes dans l’association »

Raphael Marin, 19 ans, en 2eme année de licence d’économie à l’Ecole de Management de Caen s’est engagé dans la vie associative en organisant la « Ch’Empion cup », un tournoi de volley-ball inter-écoles.

« Je n’avais jamais voulu rejoindre une association, quelle qu’elle soit. Je voyais toujours ça comme une perte de temps, temps que je ne pouvais pas me permettre de gâcher quand j’étais lycéen. Mais quand j’ai rejoint les études supérieures, je savais que je voulais me lancer. Ça me donnerait un point d’accroche durant l’année, ça me permettrait de rencontrer de nouvelles personnes, tout en supportant un projet qui me plaisait.

J’ai rencontré Ch’EMpion cup en début d’année dernière, lors d’un rassemblement d’associations que mon école avait organisé. Je ne savais pas laquelle rejoindre, mais son concept très novateur m’a conquis. Le but de l’association est l’organisation, une fois par an, d’un tournoi inter-école sde volleyball. Je n’ai jamais fait de volley en club, mais le concept était intéressant et les membres trop motivés pour que je passe à côté. Je l’ai donc rejoint, et j’étais durant la première année membre du pôle partenariat. On se voyait avec les autres membres environ une fois par semaine sur instagram, pour discuter de nos avancées, et débattre des trucs à faire par la suite. L’ambiance était cool et on est tous rapidement devenu potes, mais on travaillait de manière sérieuse quand même, y avait un entre-deux très sympa. On a au final pu organiser notre évènement et même composer une équipe à l’arrache pour y participer.

J’ai donc décidé de renouveler mon engagement et cette fois-ci en tant que trésorier. Cette année, on voulait aussi fonder une équipe de l’école, lui donner des entraînements, etc : c’est ce qui fait vivre une école, c’est ce qui la fait connaître, c’est vraiment plus important que ce que l’on croit. On tenait aussi à ce que l’équipe soit mixte, avec un quota garçon-fille à respecter. L’ambiance dans l’association n’est pas la même que l’année dernière, il y a moins de cohésion qu’auparavant, mais le projet est toujours très plaisant. Le tournoi aura lieu au printemps 2025. L’équipe est formée. On a même remporté le concours organisé par l’école pour soutenir l’association ayant le projet le plus convaincant ! Cela nous a apporté un énorme coup de boost au moral et des moyens. L’an prochain, je ne sais pas si je continuerai : j’aimerais partir à l’étranger pour mes études. »

Propos recueillis par Elliot Maunoury