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« Côtoyer d’autres personnes qui ont une culture très différente est une richesse »

Vincent Simon est directeur de l’éducation pour la ville de Vire Normandie. Il travaille pour les écoles de la commune nouvelle mais aussi toutes les activités pour les enfants, en dehors du temps scolaire (étude, garderie, centre social, etc.).

Dans vos fonctions, avez-vous déjà été confronté à des cas de racisme, sur le territoire ?

En 25 ans, je n’ai jamais eu de cas de racisme à traiter, mais pas mal de cas de manquement à la laïcité. A Vire, il y a énormément de tolérance et d’intégration, ce qui permet de réduire voire d’éliminer les cas de racisme.

Vire parvient-elle à intégrer ses étrangers ?

Pour le moment, oui. Depuis quatre ou cinq ans, la population change beaucoup dans les quartiers du Val de Vire, il y a plus d’étrangers issus de l’immigration à Vire, mais ils ne s’installent pas sur une longue durée. La ville est un point de passage.

Le changement de population enrichit-il culturellement Vire et par extension la France ?

Selon moi, oui, c’est le fait de côtoyer d’autres personnes qui ont une culture très différente, ce qui est une richesse. Le plus important pour nous, c’est la lutte contre le racisme et la lutte pour le respect de la laïcité dans les écoles. Mon métier, c’est d’être toujours vigilant. A Vire, il y a eu des problèmes avec toutes les religions, par exemple avec des chrétiens qui voulaient vendre des bibles dans un centre social. En ce qui concerne la religion musulmane, le seul problème que j’ai rencontré, c’est la nourriture pour les restaurants scolaires. Nous mettons en place des repas de substitution, c’est-à-dire des repas qui, par exemple, peuvent être destinés aux enfants qui ne mangent pas de porc – aujourd’hui ces repas représentent 15 % des repas servis.

Pourquoi des immigrés, étrangers, sont-ils concentrés au Val de Vire  ?

Ce n’est pas à moi qu’il faut poser la question, c’est au Centre d’accueil pour demandeurs d’asile qui leur propose ces solutions d’hébergement, et c’est aussi lié à la politique d’habitation de la ville. Ils ne sont pas uniquement au Val de Vire mais les logements de ce quartier sont libres, abordables. Les immigrés n’ont pas d’argent, donc peu de possibilités pour se loger : la solution est donc le Val de Vire. Cependant, il n’y a pas que des immigrés dans ce quartier, il y a également des gens qui n’ont pas les moyens de se loger ailleurs.

Le fait que ces populations soient regroupées dans un même quartier crée-t-il des différences avec les autres habitants de la ville ?

Selon moi, ce n’est pas le lieu qui crée des différences mais le revenu. Quand on est pauvre, on vit dans un quartier de pauvres : un émir du Qatar ne sera pas logé au même endroit qu’un immigré syrien ! Ce qui est important, c’est la mixité sociale : comment les populations se mélangent et s’enrichissent mutuellement. Dans une école où les élèves sont pauvres, l’important c’est de tirer l’établissement vers le haut. Aujourd’hui, on parle d’égalité des chances mais ce n’est pas possible ! Ce qui serait mieux, c’est l’équité des chances : donner un peu plus à ceux qui en ont besoin et donner un peu moins à ceux qui n’en ont pas besoin. Ce n’est pas parce que l’on est pauvre qu’il faut le rester !

Le fait qu’il y ait énormément d’origines différentes au Val de Vire crée-t-il plus de discriminations ou au contraire plus d’entraide ?

Je ne sais pas. On ne voit pas, on n’entend pas parler de problèmes ; quelques habitants ont des soucis de cohabitations mais dans la globalité, on ne sait pas. Dans les prochaines années, nous allons travailler sur l’interculturalité, donc comment brasser efficacement les populations.

Quels sont les prochains projets autour de la lutte contre le racisme à Vire ?

L’État, par le biais de la Préfecture, va organiser des formations sur la laïcité pour informer les nouvelles populations immigrantes de ce principe et des ses applications. Ensuite, nous avons un projet de territoire dont l’objectif est de s’occuper des gens qui viennent de l’étranger. Enfin pour les enfants qui n’ont pas la possibilité de se rendre dans des centres de loisirs, nous mettons en place des animations de loisirs afin de divertir et occuper les enfants et les parents.

Louis, Keo, Memet