Alex Ducret est le fondateur de la marque Caen j’aime ma peau. Une gamme de produits pour le soin de la peau, en particulier pour les tatouages, mais pas seulement. Les produits sont certifié bio, naturel et vegan.
Pourquoi avez-vous créé votre marque de cosmétique ?
Alors à la base, je créais déjà des produits cosmétiques, mais pour le compte de tiers. Je me suis rendu compte que dans la cosmétique, ce sont beaucoup d’utilisation d’huiles minérales donc des dérivés de pétrole. Les contenants ne sont jamais trop réfléchis donc ça ne m’intéressait pas trop de travailler comme ça. Je me suis dit pourquoi pas essayer de créer quelque chose de plus écologique en partant d’une base de recette très simple. Je faisais à la base un baume pour moi contre le psoriasis et un jour, j’ai été chez un tatoueur dans le centre-ville à qui j’en ai parlé et il trouvait que ça pourrait être pas mal pour la cicatrisation du tatouage. Il a testé le baume dans son salon de tatouage pendant 1 an et demi et ça a bien marché.
Quelles sont les problématiques qui peuvent être rencontrées lorsqu’on veut fabriquer un produit bio/naturel/local ?
Pour le local, j’ai cherché toutes les matières premières, les huiles les plus locales possibles comme le chanvre, la cerise, l’huile de tournesol pour la vitamine E, la noisette. Le problème, c’est qu’il y a des ingrédients qui n’existent pas en France, on ne peut pas les cultiver, comme par exemple le beurre de karité. Donc j’ai cherché une association qui produisait le beurre de karité et je suis tombé sur une association géniale qui s’appelle Ragussi qui est entièrement constituée de femmes qui ont échappé à des violences conjugales et au mariage forcé au Burkina Faso à Ouagadougou. Tout ça a un coût, car ce sont quand même des matières premières plus nobles donc forcément, c’est plus cher. Mais je suis parti du principe qu’en ayant une liste courte d’ingrédients contrôlés, on pouvait réussir à avoir des prix qui soient à peu près au même niveau que la concurrence.
Comment se passent les étapes de recherches et de tests ?
Alors on a fait testé nos produits par un laboratoire agréé français. Ils ont fait des patches tests, ça a duré 10 mois avec 6 mois d’études en accéléré qui a donné la PAO (période après l’ouverture) de 18 mois. Pour le contenant compostable, c’est un mélange de PLA (amidon et maïs) et de blé. Ça met quand même du temps à se décomposer, plus de 2 ans si on le fait chez soi sinon, c’est plus rapide dans les sites de compostage industriels. De même pour les étiquettes, elles doivent être waterproofs, c’est interdit en papier parce que les écritures peuvent s’enlever et ça peut être très dangereux. La DDPP (Direction Départementale de la Protection des Populations), est venue quelques mois après la création de la marque et m’a aidé à être vraiment aux normes.
Normes et utopie
Pourquoi est-ce mieux pour une marque de cosmétique d’être labellisée ?
Ça rassure le client, Caen j’aime ma peau est certifié par La Nouvelle Cosmétique Bio, on doit être minimum à 98 % bio. Ils font de vrais contrôles pour vérifier tout le suivi de chaque matière première. Nos produits sont aussi vegan mais on n’a pas la certification. Le milieu de la certification en cosmétique est un peu particulier, parce que comme c’est un milieu d’association, il n’y a pas de certifications officielles du gouvernement et de l’Etat.
Pensez-vous qu’un jour la majorité des marques seront clean et bio ?
Non, même en partant du principe qu’imaginons dans le meilleur des mondes toutes les matières premières seraient fabriquées de manière bio, sans utiliser de pesticides, ça entraîne une production moindre. Donc tout le monde se les arracherait pour les avoir et donc les prix seraient exorbitants. À la fin, le bout de chaîne, les clients auraient des produits cosmétiques chers.
Coralie Obry