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Comment le théâtre permet de lutter contre le racisme

Au théâtre du Préau, à Vire, la programmation multiculturelle est une porte ouverte sur la diversité du monde. Mais comment attirer un public éloigné de ces problématiques ? Marine Costard, directrice des relations avec les publics et à la communication explique les moyens mis en œuvre pour toucher un large public.

Comment pensez-vous lutter contre le racisme et les discriminations grâce au théâtre?

D’abord, nous avons une attention particulière dans notre programmation pour chercher une équité, notamment entre hommes et femmes. De la même façon, nous tentons de diversifier les propositions artistiques et notamment représenter diverses cultures sur le plateau et avoir des artistes d’origines différentes.

Ensuite, nous cherchons des spectacles qui, en parlant de sujets d’actualité, évoquent la diversité culturelle, le vivre-ensemble, la différence et les divers problèmes de racisme. On accueille donc très régulièrement des spectacles multiculturels. On accueille aussi bien des équipes franco-chiliennes, colombiennes, haïtiennes mais encore d’Afrique de l’Ouest. Il y a deux ans, nous avons programmé un spectacle qui se nomme Harlem Quartet, et qui parlait de la ségrégation.

Les spectacles de notre programmation sont assez diversifiés, ils vont montrer une diversité de points de vue, de culture et aborder cette question du vivre-ensemble. Nous avons aussi soutenu des artistes afghans qui sont venus se réfugier il y a trois ans au Préau. Ils ont donc participé à la vie artistique du Préau et ont monté un spectacle mis en scène par notre directrice. Puis nous avons accueilli en mars 2022, un certain nombre d’artistes ukrainiens, les Darks Daughters qui sont des comédiennes, chanteuses. Et nous allons avoir, également à partir de janvier, un partenariat avec des comédiens Hawaïens qui sont encore en école de théâtre.

Pensez-vous que vos pièces touchent le public ?Et quel public est visé par ces spectacles?

Je pense par exemple à un spectacle que nous avions accueilli qui s’appelait Mujer Vertical, qui mêlait des artistes français avec des artistes colombiens. Ceux-ci avaient été victimes de violence par l’État. Nous avons sensibilisé différents publics à ce spectacle, des collégiens, des lycéens, avec une préparation en amont du spectacle. Nous avons aussi travaillé en partenariat avec différentes associations comme, par exemple, des associations pour les droits de la femme, des centres socio-culturels et CAF qui accompagnent des femmes isolées, des associations jumelées France-Colombie qui sont un peu plus directement liées au sujet du spectacle. Cela a créé un public assez mixte dans la salle et nourri des échanges assez riches. L’idéal serait de faire venir dans la salle des gens qui ont un petit peu plus besoin d’une sensibilisation. Souvent, les personnes qui viennent voir le spectacle ont un minimum d’intérêt pour la thématique et adhèrent au propos. L’idéal serait de faire venir dans la salle des gens qui ont un petit plus besoin d’une sensibilisation.

Comment toucher un public moins aguerri sur ce sujet ?

Le travail via les associations sur le territoire est important. Il faut réussir à s’associer à des structures, travailler ensemble par le biais de spectacles au Préau avec leurs différents publics. Parce que nous seuls, nous ne pouvons pas y arriver. Mais c’est en créant ces échanges-là avec ces partenaires que l’on peut cibler un plus grand public.

Est-ce que vous auriez un exemple de pièce traitant du racisme cette année ?

Pas cette année. En revanche, nous avons encore des propositions multiculturelles, nous avons par exemple un spectacle qui s’appelle Port-au-Prince et sa douce nuit qui raconte l’histoire d’un couple à Port-au-Prince en Haïti. Nous avons un autre spectacle proposé dans le cadre du Festival à Vif, qui se nomme, Mémoire bafouée qui traite de la double identité, double culture franco-chilienne et decomment on arrive en France, comment on y vit, comment on survit, comment on cohabite avec deux identités, deux cultures. Faut-il freiner l’une pour faire vivre l’autre? Quel équilibre peut-on trouver? Et il y a aussi un spectacle qui ne traite pas directement du racisme mais plutôt de ce qu’on appelle, le “délit de faciès”. Ce spectacle autobiographique s’appelle Fille de, il est écrit et mis en scène par Leïla Anis. Elle raconte un départ précipité de son pays quand elle était adolescente avec sa mère. Elle raconte également une première expérience dans le théâtre où elle pensait être embauchée pour un rôle de comédienne et finalement la metteuse en scène l’engage comme comédienne mais en lui demandant aussi de faire le café, de s’occuper un peu de la régie !

Philomène, Eloïse, Zoé