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« C’est important, dans cette tranche d’âge, d’essayer d’ouvrir leur esprit »

Le collège est parfois le lieu d’expression de racisme ou de discriminations entre élèves. Au collège du Val de Vire, la principale, Mme Caillaud estime qu’il est important d’ouvrir les esprits des élèves et de leur faire prendre conscience de la gravité de certains propos.

Y a-t-il eu des cas de racisme dans votre collège?

Des élèves sont venus se plaindre de propos racistes, des réflexions qui peuvent être interprétées comme des propos racistes. Il n’y en a pas souvent mais ça arrive régulièrement, en tout cas au collège du Val de Vire. Je n’ai pas trop de souci avec ce type d’intervention, mais on reste vigilant. J’ai par contre eu à intervenir avec des élèves très récemment : un élève a eu une réflexion déplacée envers une maman qui portait un foulard, lors d’une réunion au collège. L’élève lui a dit : « ici c’est un collège laïc ». On ne peut pas forcément l’accuser de racisme mais d’une certaine forme de discrimination envers cette personne. Cette réaction laisse penser que quand on est dans un collège public, personne ne peut rentrer avec un foulard (or, les parents d’élèves peuvent porter un voile à l’intérieur d’un collège, ndlr). Si quelqu’un avait quelque chose à dire, ce n’était certainement pas à lui de le dire. Des petites réactions comme cela laissent penser que des formes de discrimination existent mais au quotidien il n’ y a pas de soucis entre les élèves .

Et dans votre carrière professionnelle ?

Dans ma carrière j’ai eu, effectivement, dans d’autres établissements, des situations à régler, des phénomènes racistes, parfois avec des élèves, parfois avec les parents. Si un élève avait des origines, était transgenre, des apparences physiques, une nature de cheveux, un accent… J’ai parfois assisté à des accusations rapides du genre « c’est un arabe », « c’est un voleur » , des choses comme ça. C’est effectivement des situations qu’il ne faut jamais laisser passer, surtout dans l’intérêt des élèves, du vivre ensemble. Quand on est collégien entre 11 et 14 ans, on n’a pas forcément encore une opinion à soi, on a une opinion qui est parfois influencée par l’entourage, les parents, la famille. C’est important, dans cette tranche d’âge, d’essayer d’ouvrir leur esprit : travailler autour du racisme et de se faire leur propre opinion. Développer l’esprit critique, c’est notre rôle d’éducateurs.

Entre professeurs, est-ce déjà arrivé que des situations de ce genre arrivent ?

Je n’ai jamais vu une situation de ce type entre adultes.

Au collège, y-a-t-il des sensibilisations sur le racisme ?

Dans le cadre du programme scolaire, de l’EMC (éducation morale et civique) et puis d’autres actions de préventions, nous éduquons les élèves à l’acceptation de la différence, à dire non à la discrimination, à la lutte contre tous ces phénomènes de pensée. Le racisme est interdit par la loi. Dans l’établissement, la loi est appliquée donc une victime peut porter plainte. La personne qui a tenu les propos peut recevoir des sanctions disciplinaires.

Est-ce qu’il y a des personnes qui ont des propos ou des actes racistes sans même le savoir ?

Des élèves peuvent avoir des expressions inhabituelles, ils inventent régulièrement des blagues et les utilisent sous forme de plaisanterie. Sauf que c’est important que le racisme ne soit pas un sujet de blague. On leur fait comprendre que ce n’est pas bien, et que c’est même grave. On ne leur donne pas de sanction quand on est persuadé que ce n’est pas volontaire. On leur demande de s’excuser auprès du camarade, mais si c’est récurrent, ils sont sanctionnés.

Léo, lilou, Maxence , Paolo